Je me réveille le lendemain matin dans ma chambre, le doux rayon de soleil filtrant à travers les rideaux me tirant du sommeil. Il est étrange, mais agréable, de retrouver ce lieu que j'avais quitté depuis si longtemps. Mon regard balaye la pièce, et un sourire se dessine sur mon visage en constatant que, malgré mon absence prolongée, la chambre est restée presque inchangée. Le mobilier et les décorations sont les mêmes, témoignant d'une fidélité aux souvenirs que j'avais laissés derrière moi. Je me lève doucement, sentant la fraîcheur du matin sur ma peau, et m'avance vers la fenêtre pour observer le paysage de Dakar, torse nu et en jean.
À travers le vitrage, je vois la ville s'éveiller. Les rues, bordées de bâtiments aux couleurs vives, se remplissent progressivement de l'agitation matinale. La brise légère fait onduler les arbres, et je peux entendre les sons familiers de la ville qui se réveillent doucement : les klaxons des voitures, les appels des vendeurs ambulants, et les rires des enfants partant pour l'école. Dakar, avec son mélange unique de modernité et de tradition, m'offre une vue qui me réchauffe le cœur.
Plus tard, je me dirige vers le salon, où l'odeur alléchante du petit-déjeuner m'accueille. Ma mère et ma grand-mère sont déjà en train de préparer les mets traditionnels. En entrant, je suis accueilli par un chaleureux de ma mère, suivie par le sourire bienveillant de ma grand-mère. Leurs visages rayonnants et leurs gestes attentionnés me rappellent à quel point je suis chanceux d'être entouré de ces femmes qui m'ont tant manqué.
Ma grand-mère se précipite pour m'asseoir à la table, tandis que ma mère s'assure que tout est parfaitement servi. Les plats sont délicieux : des pastels chauds, des accras de poisson croustillants, et un grand bol de bissap rafraîchissant. Je déguste chaque bouchée avec une gratitude immense, appréciant les saveurs que je n'avais pas goûtées depuis si longtemps.
La conversation autour de la table est animée, remplie de rires et de souvenirs. Cependant, au moment où le déjeuner touche à sa fin, je remarque quelque chose d'étrange. Les femmes de la maison commencent à se lever et à se retirer, laissant mon père et moi seuls dans le salon. L'atmosphère change subitement, et je me sens un peu déconcerté par ce départ collectif.
Quand la dernière femme a quitté la pièce, mon père, se tourne vers moi avec une expression sérieuse. Je le regarde, intrigué et légèrement inquiet par ce changement de ton. Après un silence pesant, il prend la parole.
- « Tidiane, je suis heureux de te retrouver ici, mais il y a quelque chose d'important que nous devons discuter. Aujourd'hui, il y a une réunion avec les autres actionnaires de l'entreprise. Je veux que tu y assistes. »
Je me redresse dans ma chaise, mon esprit déjà en train de se préparer pour ce qui semble être une réunion cruciale. Mon père n'entre pas dans les détails, ce qui me laisse perplexe. Je sais que cette réunion doit être importante, mais je me demande pourquoi il est si nécessaire que je sois présent. Le ton sérieux de mon père ne laisse aucune place à l'hésitation.
- « D'accord, papa. Je serai là », réponds-je, même si une appréhension croissante commence à se faire sentir.
Mon père se penche ensuite légèrement en avant et me pose une question qui semble presque détachée du contexte.
- « Tidiane, est-ce que tu es venu pour rester définitivement au Sénégal ? »
Je prends un moment pour réfléchir avant de répondre. Ce n'est pas une question que j'avais anticipée, mais elle est importante. Je veux être honnête avec lui sur mes intentions.
- « Oui, papa. Je suis venu pour rester. J'ai pris cette décision après avoir réfléchi à ce que je veux vraiment. »
Mon père hoche la tête, comme s'il attendait cette réponse. Il semble soulagé, mais son expression reste grave. Nous n'avons pas le temps pour plus de détails, car il est évident que la réunion avec les actionnaires est une priorité immédiate.
Alors que nous nous préparons pour la réunion, mon esprit est envahi par une vague d'inquiétude. Bien que j'essaie de garder une façade calme, je ne peux pas m'empêcher de me demander ce qui m'attend. Mon père ne m'a pas donné toutes les informations, et le fait que les femmes de la maison aient été exclues de la discussion ajoute une touche de mystère à l'ensemble de la situation.
Je me rends compte que cette réunion pourrait être un tournant important pour moi, tant sur le plan personnel que professionnel.
______ [Amina]
Je m'approche du hall de l'entreprise, le livre sur le droit des affaires toujours en main. Plongée dans ma lecture, je ne fais pas attention à ce qui se passe autour de moi. Les mots défilent devant mes yeux, me permettant d'échapper, même temporairement, aux pressions et attentes que j'ai sur les épaules. Mon esprit est entièrement concentré sur les nuances du droit des affaires en Afrique, sur les défis que je souhaite surmonter et sur l'avenir que je veux bâtir.