Je me rends compte que ma colère s'est amplifiée alors que je continue à proférer des mots durs.
- « Gnaar naa, séén ay dëgg, dafa am ci wàll ! » (C'est toujours les mêmes qui se croient tout permis !)
L'homme, visiblement vexé, me regarde avec une expression d'incompréhension et de mécontentement. Il tente de se calmer et de me répondre avec calme.
- « Je suis vraiment désolé, je ne faisais pas attention non plus. Je vous présente mes excuses. »
Mais la situation est déjà hors de contrôle pour moi. Mon irritation a pris le dessus, et je ne suis pas prête à lâcher prise. Je continue de le regarder avec mépris, avant de m'éloigner rapidement. Je le laisse derrière moi, sans attendre de réponse ou de réconciliation. Ce n'est pas le moment de m'attarder. Mon esprit est trop occupé par les tensions à la maison et les attentes de mon père.
Je me dirige vers la salle de réunion, où l'atmosphère est déjà chargée de l'anticipation des discussions à venir. En entrant, je remarque que la salle est pleine, et les regards se tournent vers moi alors que je fais mon entrée. Je prends une grande inspiration, essayant de me concentrer sur le moment présent et de laisser de côté la colère que j'ai ressentie plus tôt.
À ma grande surprise, l'homme que j'ai bousculé entre également dans la salle. Il s'assit à une table, visiblement prêt pour la réunion.
- « Vous ! » dit Tidiane, clairement déconcerté.
- « Oui, c'est moi, » répliqué-je avec une froideur calculée, sans tenter de cacher ma contrariété.
Le silence s'installe brièvement dans la salle, et les visages du couple SEYDOU, ainsi que ceux de ma famille, se tournent vers nous avec curiosité. Les regards échangés trahissent une compréhension immédiate de ce qui vient de se passer. Ibrahim et Fanta SEYDOU, se lèvent pour faire les présentations formelles.
- « Tidiane mon fils, je te présente Amina NDIAYE, et tu comprends deja avec ce nom de famille qui sont ses parents. Elle est aussi l'une des meilleures avocates en droit des affaires du pays et l'une des jeunes espoirs de notre entreprise. Amina, voici Tidiane SEYDOU, notre associé et expert en comptabilité, récemment revenu au pays et qui ni plus ni moins que mon fils. »
Les présentations sont faites avec une politesse formelle, mais l'atmosphère est chargée de tension. Le contraste entre la chaleur de l'accueil des parents et la froideur de notre interaction est frappant. Je vois Tidiane essayer de contenir un sourire gêné, tandis que je reste impassible, gardant mon ego en avant.
______ [Tidiane]
En observant Amina durant la réunion, j'ai senti une tension palpable. Malgré les échanges courtois et les discussions professionnelles, il était clair qu'il y avait quelque chose de non résolu entre nous. Sa froideur et son attitude distante témoignaient d'un malaise profond. Même lorsqu'elle tentait d'adopter une façade professionnelle, ses yeux trahissaient une colère refoulée qui me mettait mal à l'aise. Chaque fois que nos regards se croisaient, il y avait un éclat de mépris, comme si elle me rappelait à chaque instant l'incident qui s'était produit plus tôt.
À la fin de la réunion, je suis resté assis à ma place. Je sentais un poids sur mes épaules alors que je me demandais comment gérer la situation avec elle.
Soudain, les deux couples de parents se sont avancés vers nous. Ibrahim et Fanta SEYDOU, mes parents, ainsi que Mohamed et Halima NDIAYE, les parents d'Amina, avaient décidé qu'il était temps de discuter. La formalité de leur démarche n'a pas empêché la tension de s'intensifier. Mon père, Ibrahim, d'habitude si serein, avait l'air particulièrement déterminé. Je ne savais pas encore de quoi il s'agissait, mais l'atmosphère était chargée d'une gravité qui me mettait mal à l'aise.
Lorsque nous avons été invités à rester, je savais que quelque chose d'important allait être annoncé. Les regards échangés entre les parents étaient lourds de significations, et l'air semblait vibrer d'une tension invisible. Mohamed, le père d'Amina, a pris la parole avec une gravité inhabituelle.
- « Tidiane, Amina, nous avons pris une décision importante. Comme vous le savez, nos familles sont étroitement liées par l'entreprise. Nous avons réfléchi à l'avenir de cette société et, après mûre réflexion, nous pensons qu'il serait bénéfique pour l'entreprise que vous vous mariiez. »
Le choc de cette annonce m'a laissé sans voix. Le mariage ? Je savais que les alliances familiales étaient courantes dans notre culture et que les affaires et la famille étaient souvent mélangées, mais entendre cela aussi directement me perturbait profondément. Amina, qui avait semblé si froide et distante, s'est figée à l'annonce, son visage devenant une masque d'incertitude.
- « Nous croyons que ce mariage renforcerait les liens entre nos familles et garantirait la continuité de l'entreprise dans un cadre harmonieux, » ajouta Fanta, ma mère. « Vous serez à la tête de l'entreprise et pourrez ainsi assurer son avenir. »
Les mots de mes parents résonnaient en moi, mais l'acceptation semblait être un choix entre le bien de l'entreprise et mes propres désirs. Mon père, Ibrahim avait toujours montré un attachement profond à cette entreprise. Il voyait en elle non seulement un bien familial, mais un symbole de son rôle de chef de famille. Je savais combien il était important pour lui que l'entreprise reste entre de bonnes mains, de préférence celles de sa propre famille.
Quand il me fut demandé si j'acceptais d'épouser Amina, j'ai pris une profonde inspiration, pesant mes options. Je ne pouvais pas ignorer l'importance stratégique de ce mariage. Refuser aurait pu compromettre l'avenir de l'entreprise et mettre en péril la stabilité familiale. Je sentais également le poids des attentes qui pesaient sur moi. J'étais conscient que cette décision allait bien au-delà de mes sentiments personnels.
- « Je... je suis d'accord, » ai-je fini par dire, ma voix tremblante malgré ma tentative de rester calme. « Je suis prêt à me marier avec Amina. »
La décision était prise avec la responsabilité que cela impliquait. Je savais que cette acceptation n'était pas simplement un accord personnel mais une contribution au maintien de la continuité familiale et professionnelle. Toutefois, ce qui m'a vraiment surpris fut la réponse d'Amina.
Après un long silence, marqué par une tension palpable, Amina a enfin pris la parole. Je pouvais sentir l'inconfort dans ses paroles.
- « Je... j'accepte également. »
L'impact de sa réponse a été comme un coup de tonnerre. Je n'avais pas anticipé cette réaction. Pourquoi Amina acceptait-elle alors qu'elle semblait si en colère et si distante plus tôt ? Je me demandais si elle avait des raisons personnelles ou stratégiques qui l'avaient poussée à accepter. Pour moi, ce mariage était avant tout une nécessité pour protéger l'entreprise, mais pour elle, cela semblait être une décision bien plus complexe.
En contemplant la situation, je me demandais ce qui pouvait bien se cacher derrière sa décision. Était-ce le poids des attentes familiales, ou avait-elle une autre motivation ? Peut-être que la pression familiale ou la perspective d'une position influente dans l'entreprise jouaient un rôle. Sa froideur et son attitude distante semblaient suggérer qu'il y avait plus sous-jacent à sa décision.
À la fin de la réunion, je quittai la salle avec un mélange d'appréhension et de confusion. La décision était prise, mais elle n'était pas facile à accepter. Les implications de notre union, tant personnelles que professionnelles, m'inquiétaient. En acceptant ce mariage, je ne voulais pas seulement préserver l'entreprise, mais aussi comprendre les véritables raisons qui poussaient Amina à accepter cette alliance.
La nuit suivante, je me trouvais plongé dans mes pensées, cherchant à percer le mystère derrière cette décision commune. Les enjeux étaient élevés, et je savais que l'avenir de l'entreprise et de nos familles dépendait de la manière dont nous allions gérer cette nouvelle phase.
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