Comme si je sortais d'une léthargie.
Je suis engourdie, j'ai des frissons. Mes yeux s'ouvrent lentement. Je me relève avec peine, et découvre avec effroi que Kastiel n'est pas à côté de moi. Que se passe-t-il ? Kastiel, où est Kastiel ? Je balaie du regard tout autour de moi. Je suis, effectivement, encore sur le canapé, dans la vieille maisonnette, mais l'odeur est différente, ça sent... ça sent le réglisse, le miel ? Il y'a aussi une odeur de bois et de terre mouillée assez prononcé. Hormis le canapé ou j'ai probablement dormi, tout a changé, il y'a un autre canapé en face de moi, il y a même une petite table basse en bois. L'étagère est emplie de livres anciens mais qui ont à première vue, l'air en parfait état. La cuisinière semble neuve, la table décorée avec une broderie blanche en son centre. Il n'a plus autant de poussière ou de toiles d'araignée qu'avant. J'ai l'impression d'avoir changé de maison. Je me lève et crie ;
-Kastiel ? Si c'est une de tes blagues, c'est réussi, certes, mais là ce n'est plus drôle.
Aucune réponse.
-Kastiel ?! KASTIEL ?
Toujours aucune réponse, et je sens des sueurs froides m'envahir et me rendre folle. Je suis seule, dans une maison, dans une forêt où je ne vais jamais, je n'ai pas pris avec moi de sac à dos car il est déjà en classe, j'ai juste mon téléphone et un chewing-gum dans ma poche. J'ai encore dans ma tête une vague idée d'où aller pour rentrer à la maison, mais la frousse de l'emprunter seule. Et puis si ça se trouve, Kastiel me fait juste une blague. J'ai le ventre qui se noue de plus en plus, à mesure que j'observe les moindres recoins de chaque meuble de la pièce. Si seulement j'avais suivit Ael. Comment la maison peut-elle se remplir seule, je veux dire, comment ces meubles-là sont arrivés ici ? J'avoue ne pas y avoir prêté une grande attention en arrivant avec Kastiel, mais je peux jurer que ces autres meubles n'étaient pas là, et pas en si bon état. Et où est Kastiel bon sang. J'agrippe avec peine et dépit mon téléphone et essaie de l'appeler mais il n'y pas de réseau. Je le laisse alors tomber sur le canapé, et mets mes mains sur mon visage. Que faire ? Maintenant que j'y pense, c'est lui qui m'a tendue un sandwich, puis je me suis ''endormie'' ? Ça me dégoute, que s'est-il passé pendent que je dormais ... ? Pourquoi il n'est plus...là ? C'était ça son plan ? Me faire des choses pendant que j'étais endormie ? Non, mais non, non. Impossible. Mais alors, que s'est-il passé... ? Kastiel ne ferait jamais ça. Depuis le temps que je le connais. Et je ne me sens pas différente, juste un peu, engourdie. Peut-être est-il parti que l'histoire de quelques minutes et il va revenir, pas vrai ?
Je m'approche des fenêtres, pour estimer l'heure de la journée, et me changer les idées. J'avance d'un pas lent et difficile, surement du à ma léthargie. Je m'approche et à peine ais-je posé les yeux sur l'horizon, que je remarque alors quelque chose d'incroyable, de grandiose, tout as changé. Il y'a une forêt de champignons géants et il y a des plantes que je n'ai jamais vues, des couleurs si atypiques pour des végétaux. Comme si ces plantes réfléchissaient la lumière et la rendait multicolore. Il y'a d'autres plantes pourpres ou mauves que je n'ai jamais vues et d'autres encore d'un bleu nuit ou d'un jaune soleil si fabuleux, comme si toutes les fleurs du monde s'étaient données rendez-vous dans ce petit endroit, juste pour moi. Toute la forêt brille de mille feux. Comme si elle s'était mise à revivre joyeusement dès mon réveil. J'aperçois également des dizaines de lucioles qui luisent d'un vert clair si doux, mais si éclatant à la fois, même en journée. Ce que je vois m'emplit de joie et me rends tellement émue. Je veux le voir de plus près encore, ce spectacle si miraculeux. Je me précipite vers la porte, prends la poignée à deux mains, et pousse d'un grand coup d'épaule pour l'ouvrir très rapidement. Une bouffée d'un air nouveau me caresse le visage, une odeur de miel, de réglisse, de terre mouillée et d'autres senteurs étranges et nouvelles parviennent à mes narines et me font me sentir intriguée et curieuse. J'avance avec cette envie d'aventure et de découverte qui guide mes pas juste devant la maisonnette. Je m'arrête un instant et remarque que je vois à peine le ciel sur ma tête, tant la forêt est si immense, si dense, elle s'étend même au-dessus de moi. Il y'a des feuilles énormes de partout, des gros rochers et énormément de lianes et de petites bestioles dans l'air, ces champignons géants sont lumineux sous leurs chapeaux.
Je pénètre dans ce bain de lumière, de nouveauté. Mes soucis se sont envolés. J'avance alors vers cette verdure étonnante, me délecte de chaque coloris atypique, chaque petite lumière venant de chaque petite fleur. J'essaie joyeusement et très vaguement d'emprunter le sentier par lequel je suis passé avec Kastiel. Mais tout y est si différent. On dirait une Amazonie d'un univers de film, c'est si impressionnant, si amusant.
Soudainement, ça m'arrive comme un éclair. J'y repense encore... tout n'est plus si beau finalement, combien de temps ais-je dormi ? J'essaie de marcher consciencieusement, pour ne pas oublier mon chemin, mais c'est qu'il n'y a plus de ''chemin'' juste des feuilles de partout, et des énormes buissons bleu violacés, et Dieu sait quelle bestioles il doit y'avoir là-dedans. Je crains ne plus pouvoir avancer dans ces conditions. Je fais demi-tour et m'arrête devant l'entrée de la maison. J'essaie à nouveau d'appeler Kastiel, en criant son prénom, mais en vain, personne ne répond. Malgré cette beauté naturelle devant moi, le stress surgit. Que dois-je faire ? Où-dois-je aller ? Sûrement continuer le chemin et rentrer à la maison... maman... papa... venez me chercher... même Paloma a une voiture, elle aurait pu venir. Pourquoi Kastiel n'est pas là ? Pourquoi la forêt est-elle comme ça ?
Allé, reprenons des forces, du courage.
Je m'en vais d'un pas décidé, vers ce chemin qui n'en est plus un, et écarte toutes les branches sur mon passage. Tempi, si je me fais piquer, s'il y a des bestioles, si il y'a des araignées, des serpents mutants ou que sais-je d'autre, je dois rentrer, il le faut. Je force le passage avec un bras devant le visage, l'autre pour écarter les branchages. L'ascension est compliquée, d'un espace plat, c'est ici devenu pentu. Je ressens à chaque pas effectué l'énergie de mon corps me quitter. C'est si lent, si pénible. Il fait trop chaud et humide j'ai vraiment besoin de partir d'ici. Si je recroise Kastiel, je pense que je serai capable de lui fracasser le crâne contre n'importe quoi. Plus jamais je m'embarque dans ces histoires, sécher les cours, aller dans une vieille bicoque, ne même pas m'attendre et partir sans moi. Plus jamais. J'aurai du rester dans le bus, ou même partir avec Ael pour retourner en cours.
J'aurai du. Je m'en veux.
Plusieurs minutes passent.
Je marche avec peine dans ces immenses fougères que le soleil illumine d'une douce couleur dorée. Soudainement, mes pieds, qui jusqu'à présent s'enfonçaient légèrement dans la terre humide, découvrent un sol dur et ferme. J'écarte les buissons avec mes mains pour apercevoir le ciel. Me voilà sur un énorme rocher, depuis lequel j'ai une vue incroyable pour découvrir un paysage fantastique et une végétation davantage surréaliste ! Je pouvais voir aussi la rivière et l'îlot qu'elle isolait de l'autre côté des flots. Un champignon doré énorme se dressait près de la berge. Un champignon qui semble entièrement fait d'or ! Il y a encore et toujours plus de verdure atypique, des arbres qui semblent doux ? Des feuillages avec des piques mauves ? Epuisée, je m'assois sur le rocher à son point culminant. Je suis si inquiète et stressée. J'ai des vagues de sanglots dans ma gorge, qui remontent et qui se transforment en marrée au bord de mes paupières. Je suis toute liquide à l'intérieure, je ne pouvais contenir ces flots qui devaient sortir. Je suis là, seule, en train de sangloter face à ce paysage irréel, devant cette immensité qui me dépasse. Cette solitude insurmontable. Je ne sais pas quoi faire et encore moins où aller. C'est ici que devait se trouver le début de chemin que nous avions emprunté avec Kastiel. Il n'en est rien. Tout a véritablement changé. Ou alors, me suis-je trompée ? Toutes les idées et mes sentiments se confondent en moi et me font pleurer davantage. Je n'ai qu'une envie, c'est de me réveiller de ce cauchemar. Je me recroqueville sur mon rocher. J'aurai tout donné pour voir Ael, sortir d'un buisson et me dire joyeusement <
Sur mon rocher, avec mes cheveux portés au gré du vent, je suis là et j'attends. Mon cerveau a cessé de fonctionner, et mes jambes ne veulent plus me porter. Je suis épuisée. Je repense au début de journée que j'ai eu, à Kastiel, à Ael. Si j'avais su... j'aurai emporté plus de toasts avec moi ce matin. Et voilà que je me mets à rire, puis à nouveau pleurer. Il va falloir que je me trouve de quoi manger, mais surtout chercher de l'aide.
Mes yeux balayent le paysage du regard, et s'arrête sur une fleur à ma gauche, juste après l'énorme caillou ou mes fesses ont trouvé un repos confortable. Je me tourne alors vers la plante atypique et l'analyse attentivement. Elle est majoritairement blanche, mais jaune clair sur les bords des pétales. Elle possède aussi des pétales à la base de la fleur, des sortes de voiles dorés, des mini-voiles, avec des boules blanches au bout. On dirait une cloche, mais ce qui m'attire c'est qu'elle brille de l'intérieur, comme si les pétales cachaient au centre, un fruit lumineux. J'arrache d'un coup sec la plante. J'écarte délicatement les pétales et touche à peine du bout du doigt la boule de lumière. Je l'approche près de mon nez, ça ne sent pas extrêmement bon, mais c'est vraiment beau à regarder. Je n'avais pas remarqué en arrivant, mais il y'a des dizaines d'autres fleurs similaires à celle-ci un peu plus loin.
-Hey dit moi, la bouboule qui brille, tu saurais toi, où est le chemin qui mène à ma maison ? Es-tu comestible au moins ?
Comme si j'attendais véritablement une réponse, je suis là à l'observer. La scruter dans les moindres détails. Je deviens complètement débile, je parle à une plante. Au noyau d'une plante.
-Je suis désolée, je t'ai arrachée du sol, je n'aurai pas dû. Mais, est-ce que ça te dérange si je te garde avec moi ? C'est que tu es magnifique. J'ai jamais vu de telles fleurs qui brillent autant.
Je n'ai même pas été voir le plus incroyable. Sur l'îlot en face de moi, il y'a un champignon géant qui plus est doré, ça aussi, ça relève du miracle. Mais alors que je discute avec ma nouvelle amie, un petit bruit strident parvient à mes oreilles. Je me relève et tente d'en trouver la provenance. Je balaye à nouveau tout ce qui m'est possible de voir, depuis mon promontoire. Et j'aperçois une bête semblable à un genre de chat, couvert de feuilles et de fleurs roses et blanches. Je me mets à quatre pattes, et tente de descendre du rocher sans faire trop de bruit, pour m'approcher de la rivière. Je remarque que le ''chat'' se mets à manger les plantes dorées au pied du champignon. J'essaie alors de marcher discrètement encore plus près. Le seul problème sera de passer la rivière. Heureusement, il y'a des cailloux assez haut qui me permettent de marcher dessus, sans trop toucher l'eau. J'avance discrètement sur les pierres, et arrive saine et sauve sur la berge de l'autre côté. Le chat n'a pas bougé d'un centimètre, il se contente de manger. J'approche ma main de ma poche. Zut ! J'ai oublié mon portable dans la maisonnette, faut que j'aille le chercher plus tard. Je l'observe attentivement. Cette chose est magnifique... son pelage vert parait moussu, et les fleurs sont si belles, on dirait des marguerites. J'aimerai bien le caresser. Mais c'est assez petit quand même. Je dirais cinquante centimètres de haut à peine. J'essaie d'approcher encore, mais mon pied vient de faire craquer une petite branche mauve. La bête se retourne et me regarde droit dans les yeux. Mince ! Que faire ? Je la regarde droit dans ces yeux jaunes et lui tends la main. Je n'y crois plus trop à présent, je me suis probablement trop rapprochée. Mais en même temps, c'est le genre de trucs que tu dois voir qu'une seule fois dans la vie.
Miracle ! Elle se rapproche de moi. Je me mets complètement au sol, avec l'autre main visible, pour qu'elle remarque que je ne vais pas l'attaquer, je ne sais pas si elle prendra ça en compte mais j'essaie quand même. Elle se rapproche doucement, tandis que moi je lui fais un énorme sourire. Le chat fleuri renifle ma main et colle sa tête contre, c'est si mignon... je le caresse alors en faisant bien attention à ne pas arracher les fleurs sur lui, ou son pelage moussu.
-Bonjour toi ! Ouah ! Que tu es mignonne ! C'est ta maison ici ?
Le chat fleuri miaule en retour. Je sursaute.
-Mon dieu, tu comprends ce que je dis ?!
Je me sens si bien avec elle, j'ai une impression de symbiose totale.
Une fléchette atterrit et se plante juste à côté du Chat, qui s'empresse de fuir.
-Quoi ?! Qu'est-ce que ?!
Je ne comprends rien à ce qui se passe ! Je me lève et décide de courir aussi et de m'enfuir dans la direction du Chat. Attends on veut me tuer ? Bordel j'ai peur, je n'y comprends rien. J'enjambe rapidement les branches, sans me retourner, je me griffe sur toutes les ronces. Je trébuche mais me remets rapidement sur pied et je continue à courir, je n'ai aucune stricte idée d'où je vais mais je n'ai réellement pas envie de mourir. Mon cœur bats tellement vite que je ne m'entends presque plus penser. J'ai perdu le chat de vue depuis un moment déjà mais je n'arrive plus à m'arrêter. Je remarque au loin plein de fougères et de gros buissons, mais juste trois mètres avant des trous de partout et des grosses racines je vais essayer de tenir jusqu'à la bas, et ne pas tomber. Ne pas tomber, ne pas trébucher ne pas tomber ne pas trébucher... je m'élance de plus en plus vite vers l'avant, et tente de tout esquiver sur le passage mais je sens mon pied s'engouffrer dans une racine plus haute que les autres. Je tombe sur les genoux dans les ronces et les cailloux.
-Aïe... j'ai mal... ahhh...
Je me tourne avec peine, je découvre mes genoux complétement écorchés et ensanglantés. Je rampe puis me relève difficilement et me cache derrière un gros champignon. Merde merde merde, je fais quoi maintenant ?! J'observe discrètement voir si quelque chose m'a suivi, mais hormis les fougères devant moi, je ne vois pas grand-chose. J'écarte ces buissons et ne remarque rien non plus de l'autre côté.
-Yo Miss ! Ça va ? Je crois que je t'ai fait peur.
Je me retourne avec effroi et remarque un garçon accroupis sur un rocher en face de moi. J'ai tellement peur, mes mots ne veulent pas sortir de ma bouche. Il a des yeux gris de chat... ? Il a des oreilles de chat aussi ?! Et une queue ?! Sa peau est brun foncée et poilue, ces cheveux sont courts et gris, ils virent au noir sur les pointes. Il porte un gilet blanc qui fait comme une cape sur le dos. Et un short marron foncé avec une dague à la ceinture. Il est vraiment beau ce gars, et ces yeux... je me perds dans son regard. Mais dites-moi que je suis en train de rêver, y'a un mec tout droit sorti d'un jeux-vidéo en face de moi. Mais oui c'est ça, la forêt, le Chat Fleuri, tout est un cauchemar étrange. Je suis certaine que c'est une caméra cachée. Mon Dieu, je vais vomir.
-Hey, Miss ? Tu sais parler ? Tu viens de Nela-Sol ou quoi ? La Sevirys de tout à l'heure tu la cache où ? Hey... ?
Mais qu'est-ce qu'il raconte... je ne comprends rien. Il saute de son rocher sans aucun bruit, et atterris agilement, il s'approche de moi. Vite je dois partir, il est louche, il a un couteau là, il va me tuer, me revendre en pièce au marché noir, je n'ai pas confiance.
- Hey, calme-toi ! La fille là, tes plaies vont saigner d'avantage si tu rampes comme ça.
Je dois partir de là, retourner à la maisonnette, reprendre mon téléphone portable rentrer à la maison... rentrer...
-Je t'avais prévenue, vous les humains... tous les mêmes... allé viens ici.
Rentrer... à la ... maison...
Je n'arrive plus à bouger je suis allongée sur le côté et je n'arrive pas à me relever... je le vois m'approcher, non... il va me dépecer et me manger... c'est un genre de homme-chat après tout... j'ai si peur. C'est la deuxième fois que je m'évanouis, je commence à en avoir marre de ce sentiment. Est-ce que je vais mourir cette fois-ci ?
A l'aide... j'ai peur...