Sans toquer, j'entre et la trouve encore endormie. La voir si insouciante ne fait qu'accroître ma mauvaise humeur. Je m'approche d'elle et tire l'oreiller sur lequel elle a posé sa tête ce qui fait en sorte qu'elle se réveille en sursaut et panique pendant une fraction de seconde.
Je prends place sur le lit ensuite et l'observe d'un air dédaigneux.
Moi: C'est bon ? La nuit a été à ton goût ?
Elle pose son regard sur moi et fronce les sourcils en se levant à son tour.
Léana: Mamannnnnn, pourquoi tu as fait ça ?
S'exclame t'elle d'un air grincheux.
Moi: Comment peux-tu dormir alors que ta sœur est de retour ?
Elle s'empresse de rétorquer.
Léana: Elle n'est pas ma sœur ! Je n'en ai pas et je ne souhaite même pas en avoir.
Je souris.
J'aime cet état d'esprit provenant d'elle.
Moi: Je sais trésor mais tu vois, ce genre de langage tu devras t'abstenir de le prononcer devant ton père et surtout jouer le jeu.
Léana: Ça m'énerve !!!
Dit-elle en rouspétant.
Moi: Il faut qu'on soit sur nos gardes maintenant et surtout qu'on fasse très attention.
Léana: C'est compris maman.
J'aime quand elle m'écoute ainsi. L'instant d'après, je quitte sa chambre pour me rendre à la cuisine .
_ Bertha !!!
_ Oui Madame !
S'exclame la gouvernante.
_ La fille de mon époux revient au pays en ce jour. D'ailleurs je suppose qu'à cette heure, elle doit probablement déjà être là. Je voudrais que vous apprêtez sa chambre et faîtes en sorte que tout se trouve à sa place. Aucun écart de conduite ne sera toléré !!!
_ D'accord Madame.
_ Je compte sur vous pour passer le mot au reste du personnel.
_ Soyez sans crainte Madame, je le ferais !!!
_ Bien.
Je tourne les talons et regagne à nouveau ma chambre. Dès que je traverse la porte, j'apperçois mon époux debout près de la fenêtre. Je me rapproche de lui et l'encercle de mes bras. Mon geste le prend de court, il sursaute et se retourne pour me faire face.
Moi: Désolée mon amour, je ne voulais pas te faire peur !
Collins: Pas grave ....
Il semble être ailleurs et ça m'intrigue.
Moi: Tout va bien mon amour ?
Collins: Ma fille m'a appelé...
L'évocation de son enfant fait renaître ma colère.
Moi: Elle sera là à quelle heure ?
Collins: Elle est déjà arrivée, elle ne pas plus tarder ...
Mon coeur fait un bond dans ma poitrine. Ça y est, d'ici peu je n'aurais plus l'attention complète de mon époux. Va t'il se désintéresser totalement de moi ? Pourrais-je encore me servir de lui pour m'offrir tout ce que je veux ?
Ces questions sans réponse parviennent à saper mon humeur. Il le constate et me questionne...
Moi: Je suis un peu nerveuse chéri.
Collins: À quel sujet ?
Moi: Notre rencontre après toutes ces années. Va t'elle nous accepter ou nous serons obligées de vivre comme des inconnus ?
Collins: Ma fille n'est pas comme ça ! Lors de notre dernière discussion, elle m'a clairement fait comprendre qu'elle était passée dessus.
"Elle ment !!!"
Dis-je au dedans de moi.
Je ne pense pas qu'elle ait pu me pardonner si facilement la mort de sa mère. Elle doit avoir quelque chose en tête.
Moi: Dans ce cas, ça me rassure !
Je réponds en affichant un faux sourire car au fond de moi, la colère a pris une puissance exponentielle vraiment troublante.
Juste après, il me prend dans ses bras et me rassure.
Moi: Merci mon amour, tu as toujours été si bon envers moi.
Collins: Je t'aime et tu es ma femme.
Et dire que je l'avais rencontré en premier mais cette salope avait réussi à avoir l'avantage sur moi grâce à sa famille.
Les Gilbert's qui ne les connait pas dans la région ? Bizarrement après son décès, on n'a plus entendu parler d'eux. À croire qu'ils n'ont jamais existé. Même venir réclamer leur petite-fille, ils n'ont pas été capables de le faire.
Comme c'est ridicule...
Au moins ça m'avait permis de souffler un peu durant toutes ces années. J'ai réussi à m'intégrer dans la haute société et y laisser mes marques par la même occasion.
Plus tard, je décide de me préparer en attendant qu'elle ne vienne. Je me dois d'être impeccable et surtout de renvoyer une image forte et puissante afin qu'elle comprenne que je suis LA MAÎTRESSE DES LIEUX ....et qu'elle est uniquement la fille de mon époux.
Rien d'autre.
....
#Ruby
Lorsque le véhicule s'arrête quarante cinq minutes plus tard devant le manoir , je sors et prends un court instant pour observer l'un des biens que m'a laissé ma mère.
Cette demeure et plusieurs autres dans le pays appartiennent à la famille de ma mère. À l'époque, je n'étais pas au courant mais un jour j'ai reçu le coup de fil du notaire de ma défunte mère. Il m'a fait part de ses avoirs et m'a expliqué mon rôle.
Elle n'était plus là, je me devais de protéger ses biens pour que sa disante meilleure amie ne mette pas la main dessus car je suis sûre d'une chose, elle ne s'est pas associée à mon père juste pour le plaisir.
Du peu que j'ai pu voir, je dirais que c'est une personne manipulatrice et sans cœur. Ce genre de personnes qui seraient prêtes à tout pour atteindre ses objectifs quite à blesser autrui. C'est pourquoi j'étais certaine d'une chose: Nous n'allons pas nous entendre.
En franchissant la barrière principale, je ne peux m'empêcher de contempler le jardin que ma mère aimait tant prendre soin par le passé.
Elle me disait toujours : Sois comme une plante, agréable à regarder, douce et utile. À l'époque, je ne comprenais pas vraiment ses propos mais en grandissant, j'ai eu une sorte de révélation si on peut dire ça ainsi. Dans ce monde, quand tu ne sers à rien on te met facilement à l'écart, quand tu ne sais pas te tenir, tu seras toujours mis de côté ou pointé du doigt. En fait dans cette société , les personnes fonctionnent essentiellement sur le paraître et le visuel.
Je vois, ça me plaît je valide pourtant nos yeux peuvent nous tromper. Comment peut-on porter un jugement en se servant d'un organe qui n'est même pas capable de différencier deux entités presque similaires comme du sel et du sucre à vu d'œil ?
C'est pourquoi, j'ai toujours mis un point d'honneur à me baser sur ma propre expérience avant de porter un jugement. J'ai vu ce que cette femme a fait dans ma famille, jamais je ne lui pardonnerai cela.
*
J'arrive devant l'entrée principale du manoir et je remarque tout le protocole qui a été mis en place pour m'accueillir. Quelques instants après, mon père fait son apparition en compagnie de son épouse et une silhouette familière les suis timidement.
Collins: Ma princesse, bienvenue chez toi !!!
Moi: Merci papa.
Dis-je en souriant.
Il me prend dans ses bras affectueusement et l'instant d'après, son épouse s'approche de moi.
Catherine: Ruby, tu as beaucoup changé c'est hallucinant !
Moi: Vous de même mais à la différence que je n'ai pas eu recours au botox !!!
Repondé-je d'une voix tranchante.
Elle ouvre grandement les yeux et caresse son visage discrètement la seconde qui suit. Mon père quant à lui, me lance un regard plein de reproches. Je l'ignore et avance vers la demeure de ma mère avec assurance.
Dès que je franchis la dernière marche, je croise le regard de ma demi-soeur. Elle force un sourire mais ses yeux sont pleins de rage. À croire qu'il y'a certaines personnes qui ne savent pas être convaincants dans leurs rôles.
Léane: RUBY !!!, bienvenue.
Je souris et me rapproche d'elle.
Moi: Désolé mais est-ce qu'on se connait ?
Elle fronce les sourcils et plisse le visage au même instant. Juste après elle ouvre la bouche pour s'exprimer mais sa mère la devance.
Catherine: Voyons ma fille, tu...
Je l'interrompt.
Moi: Est-ce vous qui m'avez mis au monde ?
Elle s'offusque et lâche un cri de stupeur en portant son regard ensuite vers mon père afin qu'il puisse venir à son secours .
Du grand n'importe quoi !!!
Collins: Ma chérie, pourquoi autant d'agressivité ? Tu n'as pas fait un bon voyage ?
Moi: Bien au contraire papa ! Le trajet fut agréable.
Catherine: Mon chérie, ne lui tiens pas rigueur s'il-te-plaît.
Je l'observe du coin de l'oeil. Quelle bonne actrice !!! Pour peu on croirait qu'elle est sincère.
La minute suivante, je me rends à l'intérieur et fait le constat amère concernant les modifications de la maison. Elle a enlevé toutes les traces de ma mère pourtant cette maison ne lui appartient même pas.
Furieuse, je me dirige dans les différentes pièces pour noter tout ce qu'elle a fait comme changement. Ça me prend une demi heure environ.
Mon père qui ne m'a pas lâché d'une semelle, me fixe d'un air perplexe.
Collins: Qu'est-ce que tu cherches ma fille ?
Je me retourne et soutiens son regard sans broncher. La seconde suivante, je me dirige vers ma chambre. Lorsque je m'apprête à entrer, j'entends une voix qui s'élève près de moi et m'ordonne de ne pas me faire.
J'esquisse un sourire ...
Peu importe qui c'est cette personne ne tient pas à sa vie. Je me retourne et tombe nez-à-nez avec ma demi-soeur.
Elle semble être nerveuse, c'est compréhensible car elle doit l'être. Je ne suis pas revenue pour leur faire passer un moment de plaisir.