Reconquérir mon ame-soeur perdu
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Chapitre 3 Chapitre 3

Elle s'appelait Mireille. Française, elle parlait couramment l'anglais, avec un accent charmant. Je lui ai proposé de marcher un peu, mais rapidement, nous avons réalisé que le trottoir était trop encombré pour une conversation tranquille. Mireille a alors suggéré que nous allions dans un endroit plus calme.

Nous avons hélé un taxi, et bien sûr, le chauffeur nous a demandé où il devait nous conduire. Pris de court, nous étions un peu embarrassés. C'est moi qui ai dit, sans trop savoir pourquoi : « Au musée Guggenheim, s'il vous plaît. » Et la voiture a filé vers la Cinquième Avenue, dans l'Upper East Side.

Mireille semblait ravie de mon choix. Elle voulait savoir pourquoi ce musée me plaisait, et j'ai dû avouer que, bien que je sois souvent passé devant, je n'y étais jamais entré. Elle, en revanche, connaissait bien l'endroit. Elle m'a confié qu'elle l'avait visité plusieurs fois et que c'était un de ses lieux préférés à New York, avec Central Park et le MOMA.

Après avoir payé nos billets, nous sommes entrés dans le hall. En levant les yeux, nous avons observé la spirale en béton qui forme l'ossature du musée. Les œuvres sont exposées sur ce mur unique qui serpente du sommet du bâtiment jusqu'au rez-de-chaussée, là où nous nous trouvions.

« Il faut prendre l'ascenseur pour aller directement en haut », a dit Mireille. « Ensuite, on n'aura qu'à se laisser glisser d'une œuvre à l'autre. C'est un peu comme une tour de Babel, sauf qu'au lieu de monter au ciel, on redescend sur terre après un voyage à travers l'art moderne. » Elle semblait parfaitement à l'aise dans ce lieu.

Dans l'ascenseur, nous étions seuls. J'aurais peut-être dû l'embrasser... Je ne l'ai pas fait. Elle me regardait en silence, et je n'ai rien dit non plus. Ce silence n'avait rien de gênant, et c'est sûrement ce qui était le plus surprenant, le plus réconfortant, et aussi le plus attachant. Nous étions ensemble, et c'était suffisant.

Au musée, Mireille parlait beaucoup ; elle donnait son avis sur les œuvres, reconnaissait la signature d'un artiste, s'approchait des cartels pour vérifier un nom ou une date. Moi, je posais des questions, découvrant la peinture avec un intérêt nouveau. Ce jour-là, grâce à elle, j'ai vu l'art d'un œil totalement différent.

À la fin de notre visite, vers vingt heures, nous avons décidé de dîner dans un restaurant italien. Nous avons commandé les mêmes plats, que nous avons dégustés avec le même appétit. Nous avons beaucoup parlé, mais pas comme deux étrangers le feraient d'habitude. Nous n'avons pas évoqué nos noms de famille, nos âges, nos professions, rien de tout cela.

Nous avons partagé nos aspirations, nos sentiments, nos regrets, nos remords, nos espoirs et nos rêves. D'un accord tacite, nous avons évité de parler de choses matérielles ou de personnes. Notre conversation était immatérielle, purement spirituelle. Le temps a filé sans que nous nous en rendions compte. Nous étions bien.

Quand j'ai proposé qu'on rentre, Mireille m'a suivi sans hésiter. Mais dès qu'on est arrivé au Standford hôtel, elle s'est dirigée droit vers la réception et a réservé une chambre pour une nuit, pour une personne. À ce moment-là, j'ai compris que nous ne partagerions pas la même chambre, alors j'ai aussi demandé ma propre clé. J'ai brièvement songé à l'inviter à boire un dernier verre, mais je n'ai rien dit finalement.

Nous étions seuls dans l'ascenseur. J'ai eu l'espoir que quelque chose pourrait encore se passer, que nous pourrions nous rapprocher, mais nous avons simplement convenu de nous retrouver pour le petit déjeuner le lendemain. Je suis descendu au 8ème étage, là où était ma chambre, et Mireille est montée jusqu'au 15ème étage pour rejoindre la sienne.

J'ai fermé ma porte à clé, me suis déshabillé et je me suis glissé sous les draps. Le sommeil commençait à me gagner. Avant d'éteindre la lumière, j'ai remarqué que mon portable clignotait avec plusieurs messages en attente. Je ne sais pas si j'ai hésité, mais je les ai tous effacés sans les lire et j'ai éteint mon téléphone.

Je me suis endormi aussitôt, heureux d'avoir revu cette femme, qui n'était plus une inconnue, mais Mireille. J'ai passé une nuit paisible, sans réveils, sans rêves, du moins aucun dont je me souvienne... Peut-être que mon voyage dans le temps n'avait pas encore commencé.

Le lendemain, j'ai rempli une assiette d'œufs brouillés et de bacon, une autre de fromage, et encore une avec des toasts et de la marmelade. Mireille était déjà installée dans la salle du petit déjeuner, elle m'a souri quand je me suis assis en face d'elle. Elle avait pris un thé et un croissant. Quand je lui ai demandé ce qu'elle voulait faire, elle a proposé qu'on aille visiter le Metropolitan.

Nous avons quitté l'hôtel et traversé Central Park, évitant les cyclistes et les rollers. L'air du matin était encore frais, mais la balade était agréable. Arrivés devant l'entrée du musée, nous avons monté les marches jusqu'au grand hall, comme si nous n'avions pas de temps à perdre.

Mireille, pour une Française, connaissait très bien les musées américains. Elle me guidait avec assurance et rendait chaque œuvre intéressante. Là où je ne voyais que des portraits poussiéreux, elle me faisait découvrir des sourires, des regards, des expressions qui dévoilaient de véritables personnalités.

Elle a cherché des tableaux qu'elle tenait à me montrer, des portraits romains. Mais, absorbés par d'autres œuvres, nous nous sommes éloignés de la galerie où ils étaient censés se trouver, et elle m'a dit que de toute façon, son préféré n'était pas au Metropolitan, mais à Paris, au musée du Louvre.

Après quelques heures passées à parcourir les expositions permanentes, nous avons pris un verre au café du musée. Pendant que Mireille était aux toilettes, j'ai jeté un coup d'œil à un journal posé sur une table et j'ai vu un article parlant de la disparition d'une hôtesse de l'air française. La photo qui accompagnait l'article lui ressemblait étrangement.

Quand elle est revenue, je lui ai montré le journal en disant : « C'est vous sur la photo ! » Elle a éclaté de rire : « Je fais si vieille que ça ? Je pensais avoir dix ans de moins ! » C'est vrai que la photo montrait une hôtesse à l'air sévère, avec les cheveux tirés en chignon, alors que la femme en face de moi avait une allure juvénile, les cheveux tombant sur ses épaules.

Le serveur est venu nous apporter l'addition alors que le service changeait, et nous avons laissé notre place à deux dames cherchant à s'asseoir. Mireille m'a dit : « Ne passons pas à la librairie, sinon je vais encore acheter un livre. Je crois que j'ai déjà le guide des principaux musées du monde en double ou triple exemplaires. »

En retraversant Central Park, Mireille a proposé qu'on visite le Louvre. Animée et persuasive, elle ne manquait pas d'arguments pour justifier un voyage en Europe : passer d'une capitale à une autre, quitter mon pays pour le sien, et découvrir les portraits romains manqués au Metropolitan.

J'ai acquiescé sans hésiter. D'habitude, je n'étais pas très aventureux, mais sa proposition ne m'a pas semblé extravagante. Après tout, rien ne nous retenait à New York. Elle était enthousiaste à l'idée de ce voyage, alors je l'étais aussi. L'heure n'était ni aux questions ni aux hésitations.

Nous sommes rentrés à l'hôtel pour faire nos valises. Seul dans ma chambre, j'aurais pu appeler chez moi ou répondre à mes messages, qui devaient s'accumuler. Mais j'ai pensé que cela compliquerait les choses. J'avais hâte de retrouver Mireille, de monter dans un avion et de quitter New York. C'était comme si je n'avais plus de temps à perdre.

Dans le taxi pour l'aéroport, j'ai remarqué que Mireille n'avait pour tout bagage que son grand sac à main. Je ne lui ai pas demandé pourquoi elle n'avait pas de valises, pas plus qu'elle ne m'a questionné sur ma décision soudaine de partir pour la France sans prévenir personne.

Nous avons fait la queue au guichet d'une compagnie américaine avec un vol pour Paris et réussi à obtenir deux places en business class. Vu le prix élevé des billets, j'ai insisté pour payer, mais Mireille a refusé catégoriquement, tenant à régler le sien.

            
            

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