I.6 - Jouets
La rousse se perd dans le parc d'attractions. Elle passe devant un gigantesque bateau à bascule, vide, puis un petit manège pour enfants, vide, et se faufile dans un magasin de jouets, désertique.
En effet, il ne semble y avoir aucun vendeur. Sur un mur, elle trouve plusieurs modèles de rollers, dont des patins avec des roulettes qui peuvent être déplacées pour servir de chaussures.
Elle jette un nouveau coup d'œil aux alentours ; personne. Alors elle attrape une paire à sa taille et décide de les mettre.
Par ailleurs, elle cherche quelque chose qui pourrait lui permettre de se défendre. Elle aperçoit un peu plus loin, de l'autre côté du magasin, un jeu avec de grosses fléchettes. Une fois qu'elle a fini de se chausser, elle décide alors de s'y rendre.
Tout à coup, elle remarque les jambes et les chaussures d'une personne allongée sur le sol, derrière le rayon où elle se trouve.
Elle continue de s'approcher, à pas de loup, sur ses gardes.
Mais elle s'arrête et recule instinctivement quand elle voit une flaque rose autour du corps.
Rousse, dans sa tête : Qu'est-ce que je fais... ?
Bêta, derrière elle, souriante : Bonjour, Epsilon.
Rousse : AHHH !!!
La rousse se retourne en criant et recule à la vue de Bêta.
Sur sa gauche, par terre, elle découvre ainsi un cadavre avec le haut du corps en morceaux et quelques organes ressortant par-ci par-là.
Le sang est de couleur rose.
***
I.7 - Rencontre
Rousse, sort du magasin en criant : Punaise !!! C'était quoi ?
Bêta, en dehors du magasin, devant la rousse : Un cadavre.
La rousse se retourne et voit Delta sortir du magasin.
Rousse, dans ses pensées : *Mais, elle était à l'intérieur...*
Bêta : Je m'excuse sincèrement du mauvais accueil. Ne vous enfuyez pas, il n'y a pas de raisons pour cela. Nous ne sommes pas là pour vous infliger quoique ce soit. Je suis Bêta, puis derrière vous se tient mademoiselle Delta. Nous sommes dans la même équipe.
Rousse : C'est vous... C'est vous qui avez tué la personne ?
Bêta, souriante : Non.
Rousse : Je ne vous crois pas.
Bêta, toujours souriante : C'était Gamma.
La rousse court pour essayer de s'enfuir.
Bêta, se téléporte et s'agrippe à la rousse : Quelle rapidité, en effet.
Rousse : Ah !! Laissez-moi !
Bêta, ne la lâche pas : Je me demandais : pourquoi posez-vous des questions si de toute façon vous ne croyez pas aux réponses ?
Rousse : Votre sourire est flippant.
Bêta : Excusez-moi, ce n'était pas dans mes intentions de vous faire peur. Je vous en prie, calmez-vous.
Rousse : Lâchez-moi !
Bêta : Vous allez vous enfuir si je vous lâche.
Delta : Euh, Bêta...
Rousse : Et moi, pourquoi devrais-je vous écouter ? Rien ne m'y oblige ! Je ne veux pas vous suivre, je ne veux pas vous aider, et je ne veux pas rester ici !!
Delta : Bêta...
Bêta : Epsilon, si tels sont vos désirs, je vous accorde quelques heures. Promenez-vous, rencontrez d'autres personnes, ou essayez de sortir du parc. Faites comme bon vous semble. Je vous attendrai jusqu'à ce que vous soyez prête pour une discussion un peu plus posée.
Delta : Bêta !
Bêta : Epsilon, baissez-vous.
Rousse : Je ne suis pas Epsilon ! Je m'appelle...
Gamma : TRAÎTRESSE !!!
Gamma sort de nulle part, dans les airs, et se jette sur Bêta, pour lui mettre un coup de pied dans la tête.
Bêta pousse la rousse qui se baisse en même temps. Ensuite elle attrape la cheville de Gamma, et fait un demi-tour sur elle-même pour lancer sa camarade un peu plus loin.
Cette dernière fait une roulade puis dès que ses deux pieds touchent le sol, elle se jette de nouveau sur Bêta, sans se préoccuper de la rousse.
Bêta, pare les coups de Gamma : J'étais en pleine conversation, si je puis me permettre.
Gamma, à la rousse : Je m'occuperai de toi plus tard ! (à Bêta) Toi, tu vas regretter de m'avoir abandonnée comme ça !!
Bêta : Je pensais que le terme "regretter" ne faisait pas partie de votre dictionnaire.
Gamma : Je te déteste !
Bêta : Je suis heureuse que ce soit réciproque.
Pendant ce temps, la rousse en profite pour s'échapper, mais Delta l'attrape.
Delta : Attends !
Rousse : Quoi encore ? Elle m'a même donné l'autorisation de partir !
Delta : Fais attention. Tu...
Elle n'a pas le temps de finir sa phrase.
Une balle traverse de gauche à droite son crâne.
Une tâche rose commence à se répandre sur sa capuche blanche.
Delta tombe.
***
I.8 - Portail
Sans un mot de plus, de manière naturelle, Bêta va prendre Delta et disparaît avec elle, puis Gamma se dirige vers l'endroit d'où la balle est arrivée.
La rousse cligne des yeux. Seule.
Tout à coup, elle recommence à courir. Elle court pour partir le plus loin possible.
Elle court, sans se retourner, son cœur palpitant, sa respiration saccadée.
Elle court.
Rousse : *Elle est morte. Elle est morte devant moi. Et dans le magasin il y avait un cadavre. Un cadavre déchiqueté. Ce parc d'attractions est bien une boucherie. Je dois m'enfuir d'ici !!*
Puis ses pieds quittent peu à peu le sol ; elle vole.
Ses ailes sont de retour. Elle arrive à prendre de la hauteur. Parfois elle retombe, alors elle court, puis elle bat des ailes encore.
Finalement elle s'envole.
Elle finit par arriver devant une barrière qui délimite le parc, mais elle vole assez haut pour la franchir.
Alors elle sort du parc et continue à voler en ligne droite. Puis elle plonge dans le brouillard épais qui enveloppe le parc d'attractions. Elle ne s'arrête pas. Elle avance.
Si un obstacle apparaissait devant elle, elle se le prendrait sans rien pouvoir faire.
Puis au bout d'un moment le brouillard se dissipe.
Elle distingue un portail fermé.
Au-dessus du portail se trouve inscrit :
Manège Interminable
- Infantia -
Elle vole mais n'arrive pas à descendre, ni à changer de direction. Alors elle continue à avancer et franchit le portail.
C'est un parc d'attractions désertique dont la couleur dominante est le rose pâle. Il y a un château sur la gauche, des montagnes russes qui font tout le tour du parc, différents bâtiments, divers magasins, des stands, un carrousel vers le centre, des manèges pour enfants, des chaises volantes sur la droite, puis un peu plus loin, un bateau à bascule que la rousse reconnaît.
Rousse : Non, c'est impossible.
Elle continue à survoler le parc et le traverse entièrement.
Elle plonge encore une fois dans le brouillard. Puis elle arrive à planer en descendant peu à peu. Enfin, elle arrive à atterrir sur le sol, les pieds en premier, puis continue à courir tout droit devant elle.
Le brouillard se dissipe de nouveau.
Rousse : C'est un cauchemar.
Elle se tient debout devant le même portail que tout à l'heure...
Celui du Manège Interminable.
***
I.9 - Transport
Après une dizaine de tentatives, la rousse arrive une fois de plus devant le portail, à bout de souffle.
Rousse : J'en ai marre !!
Elle s'allonge, sur le sol, fatiguée.
Soudain, le portail émet un grincement. La rousse se redresse impulsivement.
Le portail s'ouvre, comme pour l'accueillir.
Rousse, elle s'adresse au portail : Non, je ne rentrerai pas dans cette boucherie ! Jamais !
Elle s'assoit devant en tailleur.
Brusquement, un fort courant d'air la pousse avec violence à l'intérieur du parc. Elle fait quelques roulades avant puis arrive décoiffée, allongée sur le sol, de l'autre côté du portail.
Le portail se referme.
Rousse : Méchant !!!
Elle se lève puis essaie de faire apparaître ses ailes.
Rien ne se produit.
Rousse, boude : Ça ne se fait pas ! J'ai rien fait pour mériter ça !!
Elle part alors se trouver une cachette en tapant des pieds.
Rousse, marmonne toute seule : Je me trouve très probablement dans un cauchemar, et si je meurs, peut-être que je me réveillerais. Après tout, je suis assez folle pour inventer ce genre de...
Soudain, elle se fait attraper par quelqu'un.
Rousse : Qu'est-ce que vous avez tous à vouloir me kidnapper ?!
La personne est une adolescente, plus petite qu'elle en taille, avec les yeux bridés, et une cape noire.
La rousse essaie de se libérer mais l'adolescente la tient d'une force surprenante qui pourrait briser ses os si elle continuait à se débattre.
Elle se fait ainsi amener malgré elle jusqu'à un train où elle se fait attacher et même ligoter sur un siège.
Adolescente, avec une oreillette : On arrive, Cerf.
Rousse : *Elle a dit chef ou cerf ?*
L'adolescente lance le fonctionnement du train puis se place rapidement à un siège derrière la rousse.
Le train avance doucement sur les rails, et monte.
Rousse : Euh, attendez, on est sur des montagnes russes là ? Sérieusement ? C'est votre moyen de transport ? Si c'est un rêve, je pense que je devrais devenir écrivaine ou scénariste, c'est un truc de fou ici. Non mais ce monde ne peut pas être réel, déjà, je débarque, tout le monde s'appelle par des noms d'animaux, ah non, sauf certaines personnes, nuance, ce sont des lettres grecques. Et tout le monde s'entre-tue, il y a des morts, des cadavres, et vous réagissez comme si c'était normal, habituel. Non mais je rêve ! Vous êtes tous dingues ! Et d'où la magie existe ? J'ai des ailes ! J'ai-des-ailes !! Elle est où la logique et la vraisemblance ? On se trouve dans un jeu de survie virtuel avec deux camps qui s'affrontent dans un parc d'attractions ?
Elles arrivent au sommet et le train s'apprête à faire une longue descente.
Rousse : Vous savez, il y a plus pratique comme transports communs que çaaaAAA !!!
Le train tombe à une vitesse ahurissante, la descente est totalement verticale. Le sentiment de tomber dans le vide serre son cœur. Puis elles passent un tunnel, avant de remonter à la surface.
Ensuite le train tourne vers la droite puis à gauche avant de descendre et de faire un looping. Au moins, elle était sûre de ne pas tomber même si elle avait la tête en bas puisqu'elle était totalement ligotée.
Puis elles arrivent à une station. Le train ralentit et s'immobilise.
Trois personnes en cape noire attendaient leur arrivée. Deux hommes, l'un avec des lunettes fines, l'autre avec un fusil, puis une femme : Mouton.
Silence.
La rousse tourne sa tête vers la droite et les regarde.
Rousse : Je peux refaire un tour ?
***
I.10 - Contrôle
Une silhouette allongée et noirâtre monte des escaliers, en laissant sur son passage une fumée grise.
Elle arrive à l'étage et rentre dans une pièce. En parallèle, on entend la voix de Bêta à travers l'oreillette.
Bêta : Gamma, où êtes-vous ?... Gamma, répondez-moi... Gamma !
La silhouette bousille un placard.
Bêta : Calmez-vous !
On entend un rire machiavélique en guise de réponse.
Bêta : Je savais que vous adorez m'ignorer, mais tout de même...
Bêta apparaît devant la silhouette par surprise.
Bêta : Trouvée.
Bêta l'attrape et se téléporte avec elle dans la chambre de Delta.
Gamma rit. Ses doigts sont fins avec des griffes acérées, et son corps est allongé. Ses longs cheveux raides cachent son visage. D'ailleurs elle ne porte plus son costume, mais une robe blanche déchirée.
Elle ressemble à un fantôme maudit.
Gamma, entre deux ricanements : Je tuerai Aigle !
Bêta : Ce n'est pas à vous de le décider.
Gamma se fige.
Quelques secondes passent. On entend sa lourde respiration. Elle se redresse puis observe la pièce. Enfin, elle découvre Delta allongée sur son lit.
Gamma retrouve ses esprits ainsi que sa forme et ses habits habituels. Elle regarde du coin de l'œil Bêta.
Gamma : Tu me fais chier.
Bêta : Ça doit être la centième fois que vous me le dîtes.
Gamma : Pourquoi tu m'as emmenée là ? C'est Aigle qui a tiré sur elle, je le sais. Et il était là-bas !
Bêta : Cependant, sans l'aide de Delta, impossible pour vous de le retrouver.
Gamma, regarde Delta : Alors je vais tuer Epsilon.
Bêta : Par pitié, arrêtez de vous répéter, ou de vouloir tuer tout le monde.
Gamma : C'est à cause de cette ingrate !
Bêta : Elle a le droit d'être rebelle, tout comme vous avez le droit d'être folle. Laissons-la sympathiser avec nos chaleureux prisonniers si tel est son choix.
Gamma ne semble pas satisfaite.
Bêta : Elle en assumera les conséquences.
Gamma boude.
Delta se redresse tout d'un coup, en inspirant de l'air.
Delta, d'une traite : Epsilon va nous causer des ennuis.