Nous descendions lentement la montagne, la tension palpable parmi nous. Gabriel marchait à mes côtés, silencieux mais vigilant. Mireille et Tomas, malgré leurs blessures, gardaient un œil sur nos arrières. Ethan, en tête du groupe, semblait perdu dans ses pensées, probablement en train d'élaborer notre prochaine stratégie.
"Elena," murmura Gabriel, brisant le silence pesant. "Nous devons parler de ce que ta mère a dit. Un traître parmi nous, c'est..."
"Je sais," répondis-je, serrant la dague contre moi. "Nous devons rester sur nos gardes. Je ne veux accuser personne sans preuve, mais nous devons être prudents."
Mireille, qui avait entendu notre échange, acquiesça. "Nous ne pouvons faire confiance à personne aveuglément. Nous devons être stratégiques et garder nos soupçons pour nous, pour l'instant."
Tomas, avec un sourire fatigué, ajouta : "Mais un peu d'humour ne ferait pas de mal, n'est-ce pas ? Je parie que c'est Ethan le traître. Il a toujours cette tête de conspirateur."
Ethan se retourna, levant les yeux au ciel. "Très drôle, Tomas. Si j'étais le traître, je n'aurais pas pris tant de coups pour vous sauver."
L'échange provoqua un léger rire parmi nous, dissipant temporairement la tension. Cependant, je ne pouvais m'empêcher de surveiller chaque geste, chaque expression, à la recherche du moindre signe de duplicité.
La descente vers le village fut plus longue que prévu. À mesure que nous approchions, les pensées de ce qui nous attendait m'envahissaient. La sécurité de ma famille, la protection de la dague, et surtout, découvrir qui parmi nous pourrait être un ennemi déguisé en allié.
En arrivant aux abords du village, une silhouette familière se détacha du paysage : une jeune femme élégamment vêtue, avec un sourire séduisant et des yeux perçants. Isabelle, la croqueuse de diamants autoproclamée du village. Elle avait un talent pour se mêler aux situations compliquées et en tirer profit.
"Elena, ma chère," s'exclama-t-elle en s'approchant. "Tu as l'air épuisée. Quelle aventure incroyable as-tu vécue cette fois-ci ?"
Je répondis avec prudence, consciente de la réputation d'Isabelle. "Nous avons eu quelques complications, mais tout va bien maintenant."
Isabelle sourit en coin. "Complications ? C'est un euphémisme, non ? Mais peu importe. Ce qui compte, c'est que tu sois de retour saine et sauve. J'ai entendu des rumeurs étranges, tu sais. Des loups-garous, des prophéties... fascinant."
Gabriel intervint, son ton sec. "Isabelle, ce n'est pas vraiment le moment pour les potins. Nous avons besoin de repos."
Elle haussa les épaules, toujours souriante. "Bien sûr, bien sûr. Mais sachez que si vous avez besoin de quelque chose, je suis toujours là pour aider... ou pour écouter."
Elle s'éloigna gracieusement, me laissant avec un sentiment d'inconfort. Isabelle était-elle simplement curieuse, ou jouait-elle un rôle plus sinistre dans cette histoire ? Je devrais garder un œil sur elle.
Alors que nous pénétrions dans le village, les regards inquiets des habitants nous suivaient. Ils savaient que quelque chose de grave s'était passé, mais les détails leur échappaient. Ma mère, Laureline, nous attendait devant notre maison, ses yeux scrutant chacun de nous avec inquiétude.
"Elena, vous êtes de retour," dit-elle en nous serrant tous dans ses bras. "Mais je sens que ce n'est pas la fin de nos ennuis."
Je lui racontai brièvement notre rencontre avec Lucius et la bataille qui s'en était suivie. Ses yeux s'agrandirent de terreur à la mention de la dague et du traître potentiel.
"Nous devons agir rapidement," dit-elle. "La sécurité du village et la tienne en dépendent."
Nous nous réunîmes autour de la table dans notre petite maison, discutant des prochaines étapes. Il était clair que nous devions protéger la dague et découvrir l'identité du traître avant qu'il ne soit trop tard.
Mireille proposa une idée. "Nous devons faire semblant de baisser notre garde, d'agir comme si nous étions vulnérables. Le traître se trahira peut-être lui-même s'il pense que nous sommes désorganisés."
Ethan, approuvant, ajouta : "Nous pourrions organiser une réunion publique, partager une partie de ce que nous avons vécu, mais en gardant les détails critiques pour nous. Cela pourrait attirer le traître à se montrer."
Je savais que ce plan était risqué, mais c'était notre meilleure chance. Nous décidâmes de mettre le plan en action dès le lendemain. Cette nuit-là, je me tournai et me retournai dans mon lit, incapable de trouver le sommeil. La silhouette de Lucius, les mots de ma mère, la présence inquiétante d'Isabelle, tout cela tournait dans ma tête.
Le lendemain, le village se réunit sur la place principale. Les habitants, curieux et inquiets, attendaient que je prenne la parole. Je racontai notre aventure, omettant intentionnellement certains détails clés. Les réactions furent variées, de la peur à l'admiration en passant par l'incrédulité.
Pendant ce temps, je surveillai attentivement les réactions des personnes présentes. Isabelle était là, bien sûr, souriant comme si tout cela n'était qu'un divertissement. Mais ce fut la réaction d'un autre villageois, André, qui attira mon attention. Il semblait trop intéressé par les détails de notre bataille, posant des questions précises et insistantes.
Après la réunion, je rejoignis Gabriel et Ethan à l'écart. "André m'a paru étrange," dis-je. "Il posait trop de questions, et ses réactions étaient... décalées."
Gabriel hocha la tête. "Je l'ai remarqué aussi. Nous devons enquêter discrètement."
Ethan acquiesça. "Nous devons rester discrets. Toute accusation sans preuve pourrait nous diviser davantage."
Cette nuit-là, nous décidâmes de surveiller André. Gabriel et moi nous relayâmes, cachés dans l'ombre, observant sa maison. Vers minuit, une silhouette furtive sortit de chez lui, se dirigeant vers la forêt.
"Il bouge," chuchota Gabriel. "Suivons-le."
Nous le suivîmes à distance, nos pas silencieux sur le sol humide de la forêt. André semblait nerveux, jetant des coups d'œil derrière lui. Il s'arrêta finalement dans une clairière, où une autre silhouette l'attendait. Je reconnus immédiatement la silhouette élégante et confiante d'Isabelle.
"Alors, as-tu obtenu ce que je t'ai demandé ?" demanda Isabelle, son ton impatient.
André hocha la tête. "Oui, mais ils se méfient de moi. Je n'ai pas pu obtenir tous les détails."
Isabelle grogna de frustration. "Incompétent. Nous devons obtenir cette dague avant qu'ils ne découvrent notre plan."
Je serrai les poings, contenant ma colère. Gabriel posa une main rassurante sur mon bras. "Calme-toi. Nous devons entendre tout ce qu'ils ont à dire."
La conversation continua, révélant peu à peu les intentions d'Isabelle. Elle avait l'intention de s'emparer de la dague pour elle-même, utilisant André comme pion pour infiltrer notre groupe. La trahison était plus profonde que je ne l'avais imaginé.
Alors que nous écoutions, un craquement de branche retentit derrière nous. Je me retournai pour voir Ethan, les yeux écarquillés. Il avait dû nous suivre, mais son arrivée inattendue risquait de nous trahir.
Isabelle et André se tournèrent vers nous, leurs visages se durcissant de surprise et de colère. "Qui est là ?" cria Isabelle, ses yeux brillant de méfiance.
Gabriel et moi nous redressâmes, sachant que notre couverture était compromise. "C'est terminé, Isabelle," dis-je, la voix tremblante de rage. "Nous savons tout."
Isabelle éclata de rire. "Vous pensez vraiment que vous pouvez m'arrêter ? Vous êtes plus naïfs que je ne le pensais."
André, hésitant, regarda Isabelle puis nous. "Je... je ne savais pas que ça irait aussi loin."
Isabelle le frappa d'un regard glacial. "Tais-toi, imbécile. Tu as déjà fait assez de dégâts."
Alors que la tension atteignait son paroxysme, un hurlement perça la nuit, résonnant à travers la forêt. Nous tournâmes tous nos regards vers l'origine du bruit, réalisant que la menace de Lucius n'était peut-être pas complètement éteinte.
"Ce hurlement
..." murmura Gabriel. "Il ne peut pas être encore en vie."
Isabelle sourit, un sourire terrifiant et victorieux. "Vous ne comprenez pas encore, n'est-ce pas ? Lucius n'était que le début. La véritable menace est bien plus grande que vous ne pouvez l'imaginer."
Un frisson glacial parcourut mon dos alors que le hurlement se rapprochait, laissant présager un danger imminent que nous n'avions pas anticipé. Les ombres dans la forêt semblaient se resserrer autour de nous, et une nouvelle bataille se profilait à l'horizon, menaçant de tout détruire sur son passage.