Premier round
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Chapitre 4 Martin

Le matelas est dur et empeste, certainement à cause des vieilles taches de transpiration ou d'urine qui le jaunissent. L'odeur en devient dérangeante, presque insupportable. Je commence à remuer, mal à l'aise. Dans un demi-sommeil, les souvenirs de la veille me reviennent en mémoire.

J'habite au rez-de-chaussée d'une petite résidence, aux portes de la ville, dans une rue calme qui aboutit à un cul-de-sac. J'étais tranquillement vautré dans l'angle de mon canapé devant l'épisode final d'une série espagnole. La sonnette de mon appartement a retenti à deux reprises, inopinément. Je n'attendais personne. Bien que maugréant, car j'étais sur le point de découvrir la résolution de l'intrigue, je suis allé ouvrir. Sans méfiance. Le choc reçu au menton fut sec et brutal. Sonné au premier coup.

Où suis-je ?

Je me redresse. Inspecte l'environnement autour de moi. Il n'y a pourtant pas grand-chose à voir.

Le cadre est sordide. Sale. Je suis enfermé entre quatre murs à peine recouverts d'une peinture lamentablement appliquée. Des graffitis d'amateurs, quelconques, et des insultes obscènes transpercent encore sous la couche grisâtre. Sans doute un endroit depuis longtemps abandonné. Possiblement le siège de piteux marginaux.

Au sol, une terre cimentée, souillée d'une multitude de gouttes sombres, et ce matelas insalubre sur lequel je suis étendu. Deux portes aux encadrements métalliques sont encastrées dans les parpaings. Elles sont blindées. Une protection maximale.

Aucun W.C. pour mes besoins élémentaires. Je devrai donc me soulager dans un coin, comme une bête en cage... Inconcevable. D'autant plus que le parfum ambiant est d'ores et déjà aqueux, nauséabond.

J'essaye de me lever. À chaque mouvement, je sens la douleur au menton, la tête qui tourne. Debout, je bâille, passe ma langue sur toutes les dents. Mes molaires sont en place. Je me réveille le visage en effectuant des grimaces infernales. Je m'étire et fais craquer chaque articulation. Mes doigts. Mes coudes. Mes genoux. Hormis cette sensation de brûlure qui me déchire la figure et le froid qui s'immisce en moi, ça va...

Je porte les mêmes vêtements que la veille, jean et débardeur blanc. Les pieds nus. On m'a conduit ici comme on m'a trouvé.

Je veux crier à l'aide, toutefois aucun son ne quitte mes lèvres, comme si je me ravisais inconsciemment. Je m'avance vers l'une des portes, tente de l'ouvrir. En vain. Fermement verrouillée. Je tire un peu plus, m'excitant sur la poignée. Rien ne cède. Je tambourine dessus et mes coups retentissent comme des S.O.S. : Il y a quelqu'un ? Merde ! Au secours ! Dites-moi ce que je fiche là ?

Un long silence en guise d'explication.

Je cogne la porte plus violemment. Mon corps se réchauffe et se ranime à chaque bourrasque donnée. Putain, laissez-moi sortir ! Je me doute que c'est utopique de penser qu'on viendra si facilement me délivrer, cependant je ne peux y croire. Qu'est-ce que vous attendez de moi ?

Quelques heures auparavant, j'étais en sécurité, chez moi. Sans ennui ni souci. À présent, je me retrouve séquestré dans une chambre froide, lugubre, sans repères ni raison valable. Aucune brèche dans ces cloisons en béton épais ne me permet de définir si le soleil est à son point culminant ou si le crépuscule pointe à l'horizon. Le vieux néon grésillant au plafond est mon seul éclairage. Blafard. C'est quoi ce bordel ?

Chacune des injures proférées me soulage, mais me renvoie à la réalité. Tragique. Cruelle.

Je suis captif !

Plus que la terreur – je ne sombrerai pas si tôt –, la colère m'envahit peu à peu. Connaître le sort qui m'est réservé dans ces dispositions barbares devient mon unique priorité.

J'en oublie mon mal de crâne, mes membres ankylosés, le froid qui s'insinue à l'intérieur de ma peau et me mets à l'œuvre. Minutieusement. Quelque chose a dû m'échapper. Il doit y avoir un indice dissimulé dans les parages.

En dépit du peu de lumière, mon regard décode la moindre calomnie déchiffrable sur ces murs barbouillés –Allez tous vous faire enculer, Gouvernement de fachos, etc. –, examine les moindres recoins de l'espace et s'épingle soudain au niveau d'un angle profond.

Bingo !

Une arme y trône. Puissante. Lustrée. Je devine de quoi il s'agit sans difficulté. Mais à quoi va-t-elle me servir ? Abattre ce blockhaus ?

J'empoigne la batte de base-ball avec vigueur. Elle doit cacher un secret, un renseignement. Son rôle est sûrement primordial. En effet, une inscription y est gravée, comme une légende sous un graphique. Trois mots incrustés d'une écriture travaillée et raffinée : Périr ou Combattre.

Je prends conscience de l'ampleur du problème. Un événement malsain se manigance en ces lieux...

            
            

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