Mamou : Oti il faut rester sage ici hein. N'embêtes pas trop les soeurs avec tes caprices là, m'as-tu compris ? Je reviendrai te chercher très bientôt... Je t'aime très fort fiston.
Suite à ces mots elle me prit dans ses bras et me fit un gros câlin, elle était toute silencieuse et l'instant d'après je senti mon épaule humide : Mamou pleurait. C'était la dernière fois que je la voyais.
Quelques minutes après, elle se leva, prit son sac à bagage et remercia la sœur. Avant de sortir elle m'envoya un baiser avec sa main et la sœur lui remit une croix qu'elle rangea bau fond de la poche de sa robe. Ah Mamou était partie.
Deux heures plus tard, nous sommes réveillés par des bruits stridents de la sonnerie. Pourquoi nous ? Et bah tout simplement parce que je n'étais pas le seul orphelin de l'orphelinat. A l'écoute de la sonnerie, on devait tous se réunir dans la grande cours où nous devions faire une prière afin de confier cette journée qui commençait au très Haut, ensuite chacun regagnait sa parcelle pour exécuter une tache bien précise, C'est seulement après le dîner que chacun de nous pouvait vaquer à ses occupations si l'on peut dire ça. On se retrouvait dans la cours où l'on s'adonnait à des jeux de toutes sortes. jusqu'à vingt heures heure à laquelle nous devions tous regagner nos chambres.On ne vivait pas du tout dans le luxe, un lit de deux places était occupé par six orphelins.
De temps en temps on recevait des visites de personnes de bonne volonté qui venaient nous faire des dons : nourriture, vêtements, argent et j'en passe. Tout était accepté. Le samedi tous les enfants étaient réunis se dans la salle d'études où des cours de catéchisme nous étaient dispensés. Il était important que nous ayons des connaissances sur notre Créateur.
Au fil des jours les enfants venaient, d'autres partaient car ils avaient enfin trouvé une famille. Sœur Florence s'occupait toujours aussi bien de moi mais ne me présentait jamais aux familles quand bien même ils désiraient adopter un enfant. Tout le monde y passait sauf moi. Elle avait pour habitude de m'appeler « Oti ». Cela me faisait penser à Mamou. Le temps s'est chargé de faire en sorte que je l'oublie un peu.Je me disais à ce moment qu'elle avait vraiment décider s'effacer complètement de ma vie. Mais je suppose que de temps en temps elle prend de mes nouvelles auprès de Sœur Florence.
Les orphelins ? il y en avait de tout genre. Grands petits, gros, minces, bébés, garçons, filles. On était tous la. Quand j'ai su ce qu'était un orphelinat j'ai détesté mes parents parce que je ne savais absolument rien de mon passé si ce n'est que Mamou est venue me déposer ici. Je me demandais comment des parents pouvaient avoir un cœur aussi dur, comment pouvait-on en arriver à abandonner son propre enfant? J'ai pensé à un moment que certains étaient peut-être morts ou démunis. Alors les miens étaient-ils morts ? M'avaient-ils abandonné ? N'avaient-ils pas assez de moyens pour subvenir à mes besoins ? Tant de questions qui se bousculaient dans ma petite tête et auxquels Dieu seul pouvait y répondre.
Parfois lors de la prière je demandais au petit Jésus de me trouver une famille, pour avoir la vie d'un enfant normal de six ans. Et oui une année s'était déjà écoulé depuis le jour où Mamou était venue me déposer ici. Les soeurs m'avaient créé une date d'anniversaire pour que je sois comme tous les autres enfants. Elles avaient alors choisi le 15 juin. Je me suis créer beaucoup d'amitiés avec les enfants ici mais chaque jour je les voyais partir un à un alors que moi j'étais toujours là.
Mais alors que je ne m'y attendais pas du tout Sœur Florette me fit appel dans son bureau un dimanche après la messe. Je fus tout d'abord étonné parce qu'elle le faisait rarement et en général c'était pour nous gronder ou nous sanctionner lorsque quelqu'un avait commis une bêtise et personnellement je ne me reprochais de rien. Je me dirigeai vers son bureau embarrassé et arrivé au pied de la porte je baissais la tête car je ne pouvais affronter son regard. C'était un signe d'impolitesse et en aucun cas je ne souhaitais paraître impoli à ses yeux. Après un silence qui me semblait durer une éternité :
Sœur Florette : Anthony pourquoi baisses-tu la tête ?Oui j'avais une nouvelle vie et par conséquent un nouveau prénom. Je ne m'appelais plus Otiti mais Anthony. C'était plus beau et moderne.
Moi : Parce que je sais que...que quand vous nous appelez ici c'est parce qu'on a commis une bêtise.
Sœur Florette : Oui tu as raison mais cette fois-ci ce n'est pas pour cette raison que je t'ai appelé. Tu sais tu n'es pas arrivé ici par hasard. Ta tante ou encore ta maman Obone est venue te déposer ici il y a de cela un an et demi maintenant. En partant elle m'a fait promettre de tout te dire notamment 'le pourquoi' de ta venue ici. Il y a deux ou trois jours une femme nommée Madame Manet est venue ici pour adopter un enfant. Je crois que tu seras l'enfant idéal pour elle mais avant de partir je dois te raconter ton histoire car tu viens de loin et n'es pas né quand du tronc d'un arbre.
Elle me souleva puis me déposa délicatement sur ses genoux déja fatigués par le poids de l'age. Puis elle commença son discours avec ces propos « tu es né au bord d'une rivière... elle a promis qu'elle viendra te retrouver avant de partir ».
C'est ainsi que j'ai connu mon histoire, mon origine, ma naissance au bord d'une rivière, que j'ai été chassé par les vieux du village et ainsi retrouvé dans un orphelinat ; ma maman étant morte par ma faute, Mamou n'avait pas d'autres choix que de venir me déposer ici. La seule chose qui me reconfortait c'est le fait qu'elle m'ait promis de me retrouver. Quand elle eût fini de parler je sentis comme un nœud dans sa gorge mais je ne voulais qu'elle soit triste par ma faute
Moi : Pourquoi es-tu triste Sœur Florette ?
Soeur Florette : Parce que tu es un enfant bien et les enfants comme toi ne mérite pas un tel traitement. Etre banni de son village alors qu'on ai innocent personne ne devrait subir cela. Je suis aussi triste parce que tu étais comme mon enfant Oti et dans deux jours tu devras faire tes valises pour aller vivre auprès de Madame Manet. Je pense qu'elle saura être une bonne mère pour toi. La séparation avec les enfants est toujours compliquées mais je dois m'y faire. Quand tu sortiras d'ici va ranger tes affaires car tu pars dans deux jours.Je suis contente d'avoir rempli ma part du contrat, j'ai pris soin de toi comme la prunelle de mes yeux et désormais tu connais ton histoire. Je te souhaite le meilleur dans ta vie.
A ces mots je sentis une joie m'envahir. Le Tout-Puissant avait écouté mes prières et m'a donné une vraie famille. En même temps j'étais un peu triste de laisser Sœur Florette en pensant à tout ce qu'elle a bien pu faire pour moi. Je sortis du bureau et me dirigeai vers le dortoir pour annoncer la bonne nouvelle à mes amis Mathieu et Paul. Ils étaient tristes mais connaissaient par cœur la réalité de l'internat. Ils savaient que j'aurai désormais droit à une vraie vie de famille et redoubleraient d'efforts dans leurs prières afin que le bon Dieu puisse leur accorder les joies d'une vie en famille.
Le jour J est vite arrivé, Le temps est beau et je faisais mes adieux à l'orphelinat. Vu la couleur du ciel et la température on pouvait lire sur le visage de la nature qu'il était environ dix heures. Madame Manet était dans le bureau de Sœur Flo. Elle se tenait là, assise sur la chaise en face de celle-ci. Et moi, je me tenais à la porte et je la fixais. Elle était noire, trente-cinq ans environ , avait les cheveux en coupe carrée, une silhouette fine et des jambes assez longues. Mais pourquoi ce nom Manet ? Bref je la regardais quand la sœur me regarda et dit :
Sœur Florette : Tiens voila le bambin dont nous sommes en train de parler. Viens Anthony ne fais pas ton timide et approche-toi. Dis bonjour à ta maman