Quand je pense que j'étais allée même jusqu'à tenir tête à ma propre mère et être contrainte après tout ça de s'apercevoir que tout ces rêves n'allaient sans doute plus jamais pouvoir se réaliser avec lui d'autant plus que maintenant je m'étais inconsciemment enchaînée a quelqu'un pour qui je ne ressentais absolument rien.
Des jours et des semaines s'étaient écoulés, Malick ne m'avait pas lâché d'une semelle en dépit du fait que je le fuyais et que je faisais tout pour l'éviter ne sachant vraiment pas comment lui dire que la chance que j'avais décidé de lui donner avait été le fruit d'une décision prise sur un simple coup de tête pour me débarrasser de son pote mais qu'en réalité je ne ressentais pas d'amour pour lui.
Mais un mercredi midi, à la sortie du lycée, un événement allait m'obliger à changer de décision et à revoir un peu ma position vis-à-vis de lui. Les cours venaient à peine de s'achever, tout le monde se dirigeait vers l'extérieur. N'étant pas très en forme, j'étais un peu à la traîne, heureusement que mon amie Rokia avait décidé de m'attendre avant de prendre la sortie.
Tandis que nous avancions, on sentait comme une euphorie devant le grand portail de l'école, c'était bizarre car les quelques filles qui d'ordinaire restaient à l'internat perdaient encore du temps devant les alentours du lycée.
Rokia : Nahima, marchons un peu vite on dirait qu'il y a un afférage au portail.
Moi : Ecoute vas-y si tu veux, ça ne m'intéresse pas.
Elle : Tu ne vois pas comment les filles de l'internat sont surexcitées et puis toute cette musique me met dans un bon ''beat'', on se retrouve là bas ne te ramène pas en l'an 3000 ''please''.
Aussitôt dit, aussitôt fait, elle courrait comme toutes les autres animée par je ne sais quel esprit de curiosité. De mon côté, je prenais encore tout mon temps. Et une fois que la plante de mon pied s'apprêtait à balayer le sable de l'extérieur soudainement Rokia revenait vers moi toute essoufflée.
- Nahima, Nahima, ne regarde surtout pas à ta droite je t'en supplie. Garde les yeux sur moi.
Je ne comprenais pas pourquoi elle me demandait cela, je trouvais ça tout simplement absurde en plus il y avait un de ces vacarmes, de la musique coupé-décalé avec un volume tellement festif qu'on se croyait presque à côté d'un maquis géant.
- Et pourquoi donc ? interrogeais-je
- Fait moi seulement confiance, je t'expliquerais plus tard. Répondait-elle
J'essayais donc difficilement de suivre son conseil, mais plus le temps passait, plus les filles qui se trouvaient en face de moi ne cessaient pas de jacasser,gesticuler me lançant des regards presque moqueurs.
De plus Rokia faisait une de ces mines, on aurait dit qu'elle était limite gênée. Profitant d'un moment d'inattention de sa part, je m'étais finalement retournée, elle n'avait rien pu faire d'autre pour me retenir que d'attraper mon bras.
Qu'est ce que je voyais en direct ? ...
Le manque de respect, l'humiliation, la méchanceté, on aurait dit que la terre entière était décidée à s'acharner sur mon pauvre sort.
Une ''Mercedes GLA'' grise était garée pas très loin, les portières du véhicule étaient grandement ouvertes, à l'intérieur de celui-ci se trouvait un jeune homme très bien mit et en face de lui une jeune fille dans sa tenue d'école bleu-blanc flottait presque dans ses bras.
Il ne s'agissait de personne d'autre que Franck et Ludivine qui étaient entrain de s'amouracher sous les yeux de tout le monde devant l'école, une démonstration de leur amour où de la provocation je ne savais pas.
J'étais censée attendre mon chauffeur mais à la vue de tout ceci l'attente commençait à me paraître trop longue alors j'envisageais une autre option. Bien décidée à prendre le large, j'arrêtais tout simplement un taxi orange.
Même pendant que je marchais pour aller monter dans le véhicule, les ''gossipeuses'' du coin ne pouvait pas s'empêcher de parler à haute voix tout ceci dans le but de me provoquer et d'envenimer un peu la situation car après la bagarre qui avait éclaté entre Ludivine et moi tout le lycée était maintenant au courant de toute l'histoire.
- Han ma copine, le gars de Ludivine là il est mignon hein et puis bien chocolaté. Disait l'une d'entre elle.
- Non seulement il est frais mais il à aussi ''ça'', dis moi tu as vu le sac '' Lanvin Padam'' qu'il vient de lui offrir, ça doit coûter des CFA ... rétorquait l'autre.
- Han toi tu dis CFA, ça dépasse CFA, ça arrive dans des euros ou des dollars par là. Non, il est vraiment '' Fan'' de sa go, Ludivine a tout gagné.
- Vraiment, elle a bien fait de se battre pour éloigner les vipères de leur couple, celles qui ont voulu tout gâter... finissait l'autre
J'avais tellement la rage en entendant de telles choses qu'en montant dans le Taxi, je ne pouvais pas m'empêcher de leur jeter un :
<< Cherchez pour vous un jour au lieu d'être toujours entrain de parler des autres >>
- Et toi qui parle avec ta grosse bouche là où est pour toi ? m'agressait en disant l'une d'entre elle.
J'allais avoir juste le temps de lui répondre :
<< ça vient, ce n'est qu'une question de temps >>
avant de voir le véhicule démarrer et filer à toute allure.
Dans un lycée de fille c'était presque comme une obsession d'avoir un petit copain à ses côtés. Je ne sais pas si c'est par ce qu'on passait tout le temps à être entre fille et que la cour de l'école manquait d'ora masculin mais chez nous ça frôlait limite la concurrence.
En rentrant chez moi ce jour là, j'avais pris des décisions radicales en ce qui concernait mon cœur, après l'affront de ce midi, je ne pouvais plus me permettre de me lamenter sur mon sort ou de pleurer sur mon oreiller.
Franck n'avait même pas laissé voler un simple regard sur moi, il m'avait totalement ignoré apparemment le message était à présent clair.
C'est ainsi donc que je décidais d'appeler Malick pour passer à la vitesse supérieure. Un simple coup de fils qui allait pourtant tout changer.
Moi : Allô chouchou ...
D'une voix titubante et très hésitante ...
Lui : C'est, c'est qui ?
Moi : Quelle question donc, c'est Nahima tu ne reconnais plus ma voix où quoi ?
Un peu gêné :
<< Non, ce n'est pas ça mais comme tu as dit chouchou et que tu n'as pas l'habitude de m'appeler ainsi, raison pour laquelle ça m'a fait douter >>
D'un air très déterminé...
Moi : Et bien il va falloir que tu commence à t'y habituer, toi et moi on sort ensemble dorénavant alors quoi de plus normale que de t'appeler par des petits noms de caresses.
Lui : Tu es tout simplement entrain de me faire rêver là, whaou...
Moi : Que dirais-tu de réaliser ce rêve ? Tu as prévu de faire quoi cet après-midi ?
Lui : Euh, euh, rien, rien du tout.
Moi : Alors, alors...
Lui : Alors oui je t'écoute ?
Moi : Essaye de deviner un peu voyons.
Lui : Attend que je réfléchisse...
Moi : Tu vas finir par me faire désespérer
Lui : Ah, tu veux qu'on se voit, c'est ça ?
Moi : A ton avis ?
Lui : Enfin, je ne sais pas...
Moi : Ok, tant pis alors...
Lui : Non, non, je t'en prie soit donc prête à 16h00, à 16H30 je passe te prendre on ira à ''l'alocodrome'' de Cocody.
Moi : Chouette à tout à l'heure...
Je ne sais pas pourquoi mais j'étais très enthousiaste à l'idée d'aller à ce rendez-vous. Je sentais comme un souffle nouveau et je me disais en fin de compte pourquoi pas ? ça pouvait tout simplement être le début d'une belle histoire d'amour.
Mais à peine l'horloge générale annonçait 16h00 que le mythe allait être brisé. Comme prévu, Malick se ramenait devant chez moi mais en compagnie de Patrick. Moi qui pensait qu'on allait être que tous les deux je m'étais déjà bien trompée.
A la différence de Franck, Malick lui n'avait pas de véhicule personnel alors c'est en Transport en commun qu'on se rendait à la pseudo '' rue princesse'' de Cocody pas du tout impressionnante comme celle de Yopougon mais tout aussi animée. Patrick n'avait pas arrêté de parler tout le long du trajet, distançant ainsi Malick qui n'avait pas pu placer un seul mot jusque là. Je me disais que certainement, il attendait qu'on y soit pour se rapprocher un peu plus de moi...
Mais hélas, une fois là bas, il ne me parlait que pour me demander ce que je prenais comme boisson et comme nourriture. Pour le reste c'était Patrick qui prenait encore une fois le dessus, finalement je faisais le macabre constat que Malick et moi ne savions pratiquement pas quoi se dire.
Décidément, il était bien trop timide lorsqu'il s'agissait d'amour et de femme au point où vraiment rien d'extraordinaire ne s'était passé ce jour là entre nous.
Je ne savais plus si c'était moi où alors le poids de ses sentiments qui étaient tant énorme pour l'empêcher ne serait ce que de me regarder droit dans les yeux une seule fois. Nous étions quasiment encore au niveau zéro, cette première rencontre n'avait rien donné de bon j'avais juste l'impression d'avoir passé un petit moment sympa avec deux bons potes sans plus, mon cœur n'avait pas battu la chamade une seule seconde et je n'avais pas eu la possibilité de voir Malick différemment au point d'envisager qu'entre nous l'amour pouvait être belle et bien au rendez-vous un jour.
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