Entre mer et désert, fraîcheur, chaleur et immensité j'étais encore endormie lorsqu'on commençait à survoler la ville. L'arrivée venait d'être annoncée pour l'aéroport Internationale Félix Houphouët Boigny.
Après un long vol à destination de la capitale magique je n'étais plus qu'à quelques minutes de voir enfin mon rêve d'enfance se réaliser, toute ma famille allait être réunie et j'étais de plus en plus excitée à l'idée de savoir que j'allais bientôt pouvoir serrer ma mère dans mes bras.
Lorsque je penchais ma tête vers le hublot les couleurs du ciel étaient si chatoyantes que je savais d'hors et déjà qu'il faisait beau au pays, le temps avait été clément et ça tombait bien car au fond de moi j'étais persuadée que je partais pour vivre une expérience inoubliable.
Mon voisin d'à côté semblait lui aussi très impatient d'y être tant il affichait une mine détendue et heureuse.
Cela faisait maintenant 17ans bien comptés que j'avais vécu à Paris dans le 6eme arrondissement avec mon père qui travaillait dans cette ville depuis ma naissance.
Ma mère quant à elle vivait à Abidjan avec mes deux frères, contrairement à ce que l'on aurait pu penser mes parents n'étaient pas séparés, ils étaient toujours bels et bien ensemble, un véritable couple atypique.
Ne me demandez pas pourquoi nous vivions auparavant ainsi car je serais incapable de vous répondre, je n'avais pas la réponse. Ces choses que je ne comprenais moi même pas, je les avaient toujours trouvées comme ça et était contrainte de vivre avec.
La seule chose que je savais c'est que c'était à présent terminé, les choses allaient être différentes car on partait rejoindre les autres pour toujours, fini la vie à deux comme si nous étions seuls au monde.
Mon père et moi foulions maintenant le sol de notre nouvelle terre d'accueil. A peine sortons-nous de l'aéroport qu'on apercevait une femme qui ne cessait pas de s'agiter au loin.
Lui : regarde Nahima, là-bas, c'est maman.
Je n'avais même pas encore eux l'occasion de bien la contempler qu'elle m'avait déjà sauté dans les bras, une foule impressionnante se pressait pour enlacer mon père on aurait dit qu'il était un Héros.
- Nahima ma fille, regarde comment tu es belle, tu es toute grande, atout,monte sur mon dos ooh, je suis trop contente de te voir. Disait Bernadette ma mère en me prenant dans ses bras.
Prise entre joie et frisson une chose ne cessait pas de retenir mon attention, je ne comprenais pas pourquoi tant de monde pour deux personnes, on n'était pas des rescapés de guerre à ce que je sache, apparemment j'étais vraiment décalée et ce n'était là que le commencement.
Au même moment, mon père en rajoutait une couche :
- Tu n'embrasse pas tes frères ? Allez Fabrice et Arnaud ne soyez pas timides salués votre petite sœur.
Euh aucune réaction malgré ça, ils étaient encore un peu statiques certainement pris entre émotion et gêne.
Bon on allait quand même pas se regarder comme ça longtemps alors je prenais les devants.
Je me rapprochais d'eux et je leur faisais la bise.
- Vous allez bien ? demandais-je
- Oui et toi tu as fait bon voyage ? questionnais Arnaud le plus grand.
- Un peu fatiguée mais bon je suis qu'à même contente de vous voir et c'est l'essentielle.
- Bonne arrivée alors ... terminait Fabrice le frère cadet.
Chez nous en France on disait ' soit la bienvenue' et ici c'était 'bonne arrivée' un tas d'expression comme ça avec lesquels je devais rapidement me familiariser si je voulais m'en sortir côté linguistique.
Pour me rassurer, papa disait que j'allais très vite finir par m'y habituer....
Ensuite, on se dirigeait tous vers un énorme 4X4 noir qui se glissait rapidement dans les rues ensoleillées de la capitale.
Je découvrais la ville, c'était une grande première, le paysage était différent de ce que j'avais toujours l'habitude de voir mais quelque part ça avait du charme, rien avoir avec les clichés qu'on pouvait avoir sur l'Afrique de l'autre côté de l'occident.
Jusque là je n'ai vu ni jungle, ni cabane, mais plutôt une civilisation charmante, agréable, pleine de vie et de modernisme.
La voiture s'arrêtait à la Riviera devant une petite Villa très coquette, qui allait être notre lieu d'habitation durant tout notre séjour; moi qui avait toujours vécu du haut d'un immeuble de 12 étages en arrivant dans ma nouvelle maison j'avais juste l'impression d'être dans un château, quant à ma chambre un véritable jardin, enfin bref ... le 'kiff' quoi.
Très rapidement je prenais mes marques et je retrouvais une vie de famille normale.
Un jour alors que je traînais encore dans ma chambre, maman venait m'annoncer que pour cette année, c'est-à-dire ma dernière année au lycée, elle m'avait inscrit dans une école catholique de sœur ou il n'y avait que des filles.
La nouvelle tombait dans mes oreilles comme un véritable coup de massue. L'idée ne m'enchantait absolument pas d'autant plus que durant tout mon cursus j'étais dans un lycée mixte et là apprendre d'un coup qu'on voulait m'éloigner de l'univers masculin alors que j'étais déjà habituée à leur présence c'était tout simplement inimaginable pour moi.
Je me sentais déjà quasiment isolée il fallait que ça change car, pour moi ce n'était absolument pas possible.
Malheureusement la décision de maman était sans appels, ça allait être comme ça un point c'est tout, elle disait à qui voulait l'entendre que cette école était un véritable nid d'Elite et que toutes les femmes influente du pays y avaient pris leur marque du coup j'étais un peu obligée de me soumettre à cette décision qui était sans équivoque.
Voilà une autre chose avec laquelle j'allais avoir du mal l'autorité parental. Mes habitudes différaient totalement de ce qu'on semblait vouloir me montrer, ici, en gros, s'agissant de tout ce qui me concerne je n'avais pas mon mot à dire ma mère décidait tout pour moi et je devais le prendre comme ça.
Bizarrement mon père qui depuis toujours m'avait laissé faire se désolidarisait peu à peu de moi et m'observait dépourvu de moyen subir la presque dictature de ma mère mais , heureusement que, malgré des débuts difficiles car j'avais un mal fou à m'adapter à tout cela je finissais tout de même par m'y habituer et à prendre mes marques.
C'est ainsi que, peu de temps après, j'avais fait la rencontre de Rokia, une voisine de maison qui fréquentait le même lycée que moi et qui allait par la suite devenir l'une de mes plus fidèles amies.
Peu à peu elle et moi partagions un peu plus que nos études, on se disait pratiquement tout et rien ... Au point où, lorsqu'arrivait les premiers congés d'hivers autrement dit les vacances de noel et que mes parents avaient décidé de m'envoyer faire une semaine à Paris histoire de changer d'air très rapidement je sentais un manque.
Le jour de mon retour donc, je ne perdais pas une seconde, avant même de défaire mes valises, je filais rapidement rejoindre mon amie, ma nouvelle sœur qui m'avait tant manqué.
Une fois chez elle, je parcourais toutes les pièces de la maison direction sa chambre en ouvrant la porte toute enthousiaste, j'étais saisie de surprise, elle n'était pas seule, en effet, un jeune-homme se tenait couché à côté d'elle, lorsque, celui-ci dévoilait son visage et que mon regard croisait le sien, quelque-chose d'inhabituel se passait, une sorte de trouble, un bouleversement,j'étais un peu confuse et c'était assez impressionnant comme sensation.
Dès lors, mon aventure en Afrique allait prendre une véritable tournure, c'était là, le début du bal des sentiments qui marqueront ma vie à tout jamais.................................................................................................................................
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