-Moi: Bonjour, ça va. J'y vais là. A ce soir.
-Marc: comment ça tu y vas? Et les enfants? Ils ne sont pas prêts!
J'ai regardé Marc interloquée. C'était quoi cette histoire encore? On avait établit un modus vivendi qui nous convenait à tous les 2. Je commençais plus tôt que lui donc, c'est lui qui s'occupait des enfants le matin. Et moi le soir. D'où mon étonnement.
-Moi: mais oui c'est normal, vu que c'est toi qui doit les préparer. Bon j'y vais.
-Marc: Non! Ce sont tes enfants, ils doivent aller à l'école et toi tu préfères aller à ton travail là plutôt que de t'occuper d'eux?
J'ai regardé ma montre. Je n'allais pas pouvoir préparer la réunion de ce matin comme je voulais vu le cinéma que Marc me faisait. J'ai déposé mes affaires et je me suis déshabillée à la vitesse de l'éclair. Puis j'ai réveillé les enfants et je les ai préparés. Je n'allais pas perdre mon temps à discuter avec Marc. Il cherchait les problèmes et moi il fallait que j'aille travailler. La solution la plus simple était que je m'en occupe. C'était la maxime de ma vie "faire/aller le/au plus simple" ou "plus c'est simple mieux c'est".
Pendant que les enfants prenaient le petit déjeuner je suis repartie m'habiller. Mars est venu me rejoindre.
-Marc: si je ne t'avais pas arrêté ce matin tu allais encore négliger tes enfants au profit de ton travail. Tu penses que c'est ça une bonne mère? Tu persiste à travailler alors que tu sais que je peux subvenir à nos besoins! Tu ne veux pas passer du temps avec tes enfants. Quel genre de mère es-tu?
Encore une fois faire le plus simple. Discuter avec Marc allait me faire arriver encore plus en retard. J'ai filé prendre MES enfants, que j'ai bu dans un verre d'eau, et je les déposé à l'école avant de me diriger vers mon travail.
Je reviens un instant au présent pour écouter Jean louer la coopération entre le Cameroun et le Gabon et blablater. Je souris intérieurement en pensant en Marc. Moi arrêter de travailler? JAMAIS. Je me souviens d'une période à la fin de mes études où j'étais au chômage et Marc travaillait. Tout l'argent du couple venait de lui. Pour faires les courses je devais demander l'argent 3 semaines avant la date prévue. Quand je lui demandais des sous pour n'importe quoi, j'avais l'impression de quémander. Il m'accordait à peine un regard et me répondait par des "je vais voir". Une fois je lui avais dit combien je trouvais son comportement pénible et insultant. Il m'avait dit que j'étais aussi pénible tout le temps lui demander de l'argent. J'ai donc retenue la leçon. Je m'accroche à mon boulot.
-Jean: donc Cameron tes interlocuteurs pendant tout ton séjour vont être Mlle Sora et moi même.
Je me suis tourné vers Cameron, j'ai fixé un point entre ses 2 yeux et j'ai souri. J'essayais de cette manière de tenir la bride à mon esprit mais, sans doute lassé de ne pas pouvoir aller à où il voulait, mon esprit s'est rebellé. Je me suis donc retrouvé à observé les plus discrètement possible Cameron Nguéma.
Ciel! C'est le genre de type qui m'attirait quand j'étais encore célibataire. Et si j'étais encore libre, je n'aurais pas hésité à jouer de mon charme. Outres ses oreilles que, décidemment, je trouvais fascinantes, il avait aussi les yeux les plus doux que j'ai jamais vu. J'y voyais donc de la douceur, de la gentillesse, mais aussi quelque chose qui me parlait plus que n'importe quel mot. L'insatisfaction. Ainsi qu'un peu de cynisme. Ce que je voyais dans ces yeux, je le voyais chaque matin quand je me brossais les dents devant mon miroir. Oui comme moi il attendait plus de la vie, mais... c'était son problème et celui de sa femme, ai-je complété quand mes yeux son tombés sur son alliance. Je ne devais pas penser à ses problèmes...je ne devais même pas penser à lui tout court. Jean était quelqu'un de très consciencieux. Je sais qu'il allait très bien s'occuper de Cameron. Moi je n'allais intervenir que lorsqu'il sera complètement indisponible.
La réunion est terminée. Chacun retourne dans son bureau. Moi et certaines filles on se retrouve dans notre coin "Kongossa", le temps d'avaler un café.
-Il est vraiment trop mignon le gabonais.
-Je confirme. C'est un "sac" (façon de dire qu'à lui seul il vaut plusieurs hommes. L'expression complète est "un sac d'hommes/de femmes).
-et il est tellement calme. Toujours souriant. Il a l'air paisible. Comme si il n'avait aucun problème dans ce bas monde.
Apparence! Moi j'avais remarqué ce qu'il y avait dans ses yeux, mais bon je n'aillais pas le dire.
-C'est vrai, il est très apaisant. Même quand tu parle avec lui. N'est ce pas Vivi?
Je ne pouvais pas répondre vu que je n'avais jamais parlé avec lui plus de 30 secondes. Et je n'avais pas l'intention de changer cet état des choses.
-Moi: je pense qu'il est marié les filles. Vous devriez arrêter de fantasmer sur lui.
ON devait toutes arrêter.
-Il est marié et alors? Une l'alliance a déjà arrêté quel homme ? Chez certains, l'alliance les poussent même à faire encore plus de bêtises. Il n'y a que les femmes qui pensent à la fidélité. On crie partout à l'égalité des sexes. Moi j'ai décidé que dans ce domaine d'être l'égale de mon gars dans tous les sens du terme. Je vais rendre coup pour coup. Les hommes croient même que quoi?
Je la comprenais parfaitement, Marina. A un moment il y en a marre d'être prise pour une moins que rien. Pour celle qui doit supporter et pardonner. "Une vraie femme supporte et ne quitte pas son foyer au moindre problème". Et un vrai mari c'est quoi? Quelqu'un qui trompe sa femme, attend d'elle qu'elle lui pardonne, mais est incapable de faire pareil si Madame va voir ailleurs?
Je me posais la question mais je m'en foutais de la réponse. J'avais trop de problèmes dans ma vie pour me battre encore pour la condition des femmes. C'est plus simple de ne rien faire et de supporter. Et vous savez comme j'aime les solutions simples. Ce n'est certainement pas moi qui vais changer le monde et faire avancer la cause féministe.
Je suis repartie bosser et je me suis attelée à mon travail. J'ai décidé de ne pas me laisser distraire par la voix que j'entendais dans le bureau d'à côté. J'ai toujours trouvé l'accent gabonais un peu bizarre, mais là je me surprenais à le trouver charmant. C'est la seule fois où je me laissais distraire, quand j'entendais sa voix mélodieuse. Ce n'était pas bien méchant. C'est vrai qu'il a parlé au téléphone toute la journée, mais bon...c'était plus simple de l'écouter que de me concentrer pour ne pas entendre sa voix. Et moi j'aime les choses pragmatiques et simples.