J'ai poussé un cri, lâché mon roman et je me suis retournée. Il y avait un client qui me regardait le plus calmement possible. Il m'a regardé sans aucune émotion soupirer puis lui sourire.
-Moi: ouh! Vous m'avez fait peur! Bonjour.
Il ne répond rien et me fixe juste. Bon il n'a pas l'air d'être un grand bavard.
-Moi: Je vous sers quoi? Il n'y a presque plus rien.
Il se lève et penche vers mon espace pour voir ce qui reste.
- Donne-moi tout.
-Moi: euh?
Il ne répond pas. Bon c'est vrai que j'ai compris ce qu'il a dit mais il pourrait faire un effort pour me répondre. Mais est ce qu'il est encore avec moi? Il s'est retourné pour fixer la route.
Bon je l'observe à la dérobée (j'ai enfin pu placer cette expression que je lis tout le temps dans mes romans youpiiii). Il est grand mais pas trop. Je dirais qu'il a la taille d'Yves qui m'a dit qu'il fait 1m85. Mince mais musclé. Il a un vieux jean et un tee-shirt noir. Il est de profil et a 3 scarifications justes en dessous de l'œil. Tout ce qu'il y a de plus banal. Mais il me donne la chair de poule. On sent que c'est quelqu'un de calme. Il est peut être calme mais il n'a pas l'air de pouvoir payer tout ce qui reste.
Je prends donc juste 2 œufs que je casse. Je rallume mon réchaud à pétrole. Je mets le saucisson ou pas? Bon une tranche, je garde les deux autres. Quand je me mets à battre il me lance sans se retourner:
-Je t'ai dit de tout me donner.
Je serre les dents. Il m'agace et disons le, me fait un peu peur, mais je me lance.
-Moi: Il faut payer avant d'être servi.
-Je ne paye rien si je ne vois pas la marchandise.
Toujours sans se retourner. Il me vex (m'énerve)! Je ne fais rien et je dépose le bol où il y avait les œufs battus. J'éteins le réchaud.
Le manque de bruit fait qu'il se retourne. Totalement, plus seulement la tête. Le torse et les jambes suivent. Il penche légèrement la tête et me regarde de bas en haut avant de bloquer sur mon visage. Mes poils se sont dressés sur mes bras. J'étais pétrifiée. Mais j'ai compris ce qu'il voulait. J'ai rallumé mon réchaud ajouté les autres œufs et le saucisson. Il m'a regardé faire pendant 30 seconde avant de se remettre à regardé la route. J'aurais quand même essayé de résister c'est déjà ça.
Anti! (Exclamation béti qui exprime l'étonnement). Le djo si est bizarre. Je suis sure que c'est un braqueur. Il me fiche la trouille. Je prépare rapidement son omelette. Je fends le pain. Il est hors de question qu'il mange sur place. Je suis fébrile et j'ai vraiment froid dans le dos. Je m'apprête à mettre les œufs dans le pain quand:
-Je mange sur place.
Non tu ne mange pas sur place. C'est hors de question. Tu as menti!
-Moi: non je...je dois fermer.
Il se retourne encore une fois totalement. Il n'a même pas eu besoin de me fixer. Je prends un plat propre et je le sers. Il prend une fourchette sur le comptoir et se met à manger tranquillement. Comme si il ne vient pas de me menacer de manière implicite. Il me lance de temps en temps un vague regard. Je m'active et je me mets à tout ranger. Le plus rapidement possible. Eh! En plein 14h les problèmes viennent te trouver? Je suis sure qu'il va finir de manger puis il va me prendre mes dos(argent). Je m'active encore plus vite. Histoire de lui mettre la pression. Puis j'appelle Pierre pour qu'il vienne me chercher. Il faut que M. Menace sache que quelqu'un arrive. Je déplaçais pour la énième fois le sac où il y avait les assiettes propres quand M. Menace a ouvert la bouche.
-Assied toi et ne bouge plus. Tu me donne le vertige à bouger comme ça dans tous les sens.
Je me suis assise et je suis resté coite sur mon tabouret. Dans ma tête je suppliais Pierre de se bouger les fesses et de débarquer ici le plus rapidement possible.
Je constate que M. Menace à presque fini. Je me lève tout doucement. Il me tend son plat vide. Je le laverais à la maison.
Quand j'essaie de le récupérer il ne le lâche pas.
- Je t'ai dit de tout me donner. Je n'aime pas me répéter.
Je lui arrache le plat et je mets le reste de pates puis je verse la viande hachée. Monsieur ajoute le piment lui même.
- Une tasse de lait...stp
Donc les braqueurs boivent le lait?
Je fais le lait et je pose devant lui. Je reçois un texto de Pierre qui me di qu'il arrive dans 30 minutes. J'ai presque envie de pleurer. Je reste debout au garde-à-vous devant lui.
-Assied-toi.
Je m'assois et mes yeux se dirigent partout sauf vers lui. Finalement il fini de manger et boit son lait à petites gorgées. Quand il termine il pose sa tasse dans le plat et me tend le tout. Je prends. Je me tourne pour ranger et quand je me retourne il n'est plus là. Il y a 2000 posé sur le comptoir.
Je pose un gros soupir de soulagement et je m'assois lentement sur le tabouret. Mes jambes ne me portent plus. Mon Dieu il faut vraiment que je quitte ce pays! Comment, mais comment quelqu'un peut venir menacer les gens comme ça? Même si il m'a payé je suis sure qu'il a fait quelque chose de mal. Il ne devrait pas se balader en liberté. En Europe ça ne se passerais pas comme ça, j'en suis sure!
La peur que j'ai ressentie m'a complètement vidée. Je range lentement toutes mes affaires et j'attends Pierre. Il faut vraiment que je fiche le camp de ce pays.
Pierre arrive et je peux enfin rentrée chez moi. Je m'écroule sur mon lit. Trop d'émotions. Ekiéé ! Même si on me dit quoi mon dernier client là, c'est un braqueur. J'espère qu'il ne reviendra pas.
Commentez et likez si vous voulez, et si vous ne voulez pas...beh allez au champ!