– Oui, car tu sais très bien que la comptable a des voyages à faire, donc il doit assurer en son absence. Tu me comprends, j'espère ?
– Oui, très bien même, mais en voyant ce jeune homme, je crois qu'il sera compétent.
– Tu as peut-être raison, car ses diplômes le montrent. L'apparence est trompeuse, dit-on, il vient juste de commencer. Nous verrons sa capacité sous peu. Bon, je vais me coucher.
Ils quittèrent le bureau et main dans la main, se dirigèrent vers leur chambre.
Le lendemain...
**** RICHY *****
Je m'étais rendu au travail, mais mes pensées étaient toujours tournées vers mon père, car il ne lui restait qu'un jour, selon les dires du Docteur. Mon esprit était totalement absorbé par ses soucis, au point que je n'avais même pas remarqué la présence de la femme de mon patron dans le bureau.
– Hey, Richy ? Es-tu là ? me lança-t-elle.
Ces mots me firent redescendre sur terre. Je vis la Directrice Générale Adjointe (DGA) en face de moi et nous nous saluâmes.
– Bonjour madame !
– Bonjour Richy, y a-t-il un problème ?
– Non madame ! Tout va bien. Ne vous inquiétez pas.
Elle fronça les sourcils en répliquant ;
– Je n'en suis pas si sûre. Je peux lire sur ton visage charmant que tu n'es pas heureux. Y a-t-il un souci avec ta famille ou n'aimes-tu pas travailler ici ?
– Non madame ! Tout va bien. Je pensais juste à quelque chose, dis-je en baissant la tête.
– À quoi donc ? Ta femme est-elle enceinte ?
– Oh non ! Je n'ai pas de femme. Je vous promets de rester concentré désormais.
– Bien. Passe me voir dans mon bureau !
Mon patron retourna dans son bureau après avoir dit cela. J'étais envahi par la peur, car c'était déjà mon deuxième jour de travail. De plus, en tant que comptable, il est important de ne pas laisser ses émotions influencer son travail. J'obéis à la demande de la femme de mon patron et me rendis dans son bureau. Une fois là-bas, elle reprit avec les mêmes questions et je fus obligé de lui parler de la situation de mon père. Je sentais qu'elle compatissait. Elle récapitula pour s'assurer qu'elle avait bien compris.
– Alors, ton père est mourant ?
– Oui madame !
– Pourquoi n'as-tu pas pu m'en parler ?
– ...
– Certes, tu as commencé à travailler ici il y a seulement deux jours, mais nous sommes tous des êtres humains. Je veux t'accompagner à l'hôpital où ton père est hospitalisé.
Les larmes aux yeux, je montai dans sa voiture et nous nous rendîmes à l'hôpital. Une fois sur place, elle régla les frais médicaux de 500 000 francs pour que mon père puisse être pris en charge. Ma mère et moi étions vraiment reconnaissants, et je ne cessais de la remercier intérieurement. "Nos problèmes commencent à trouver des solutions", me disais-je.
Les jours passèrent...
L'opération fut un succès et mon père put vivre un peu plus longtemps. Ma mère décida de rendre visite à sa famille, bien que je doutais qu'elle y serait bien accueillie, car elle avait été rejetée lorsqu'elle s'était mise en couple avec mon père.
Mes sœurs se partageaient les tâches : l'une restait au chevet de notre père à l'hôpital, tandis que l'autre se rendait au marché. Elles s'adaptaient parfaitement à tout, ne trouvant rien trop difficile.
L'opération avait pour but de prolonger la vie de notre père. Il nous fallait réunir un million pour qu'il puisse recouvrer totalement sa santé. Le médecin nous prévint qu'il ne donnerait aucun signe avant de partir, ce serait une mort subite.
Tout allait bien à l'entreprise et je donnais le meilleur de moi-même pour satisfaire les attentes de mon patron. Cependant, une situation étrange se produisit :
Depuis que madame Marina m'avait donné cinq cent mille francs pour l'opération de mon père, elle avait totalement changé de comportement envers moi.
Ce changement de comportement était remarqué dans l'entreprise, même la comptable avec qui je travaillais m'interrogeait. "Je n'ai rien avec madame Marina", disais-je. Elle s'intéressait beaucoup trop à moi, et les autres employés commençaient à chuchoter entre eux.
Je me concentrais uniquement sur mon travail et mon seul souci était la santé de mon père. Je réfléchissais aussi à comment rembourser cette somme à madame Marina, bien qu'elle m'ait dit de ne plus y penser.
Une fois libérés de l'hôpital, nous sommes rentrés chez nous. Maman n'était toujours pas rentrée. Mes sœurs s'occupaient bien de notre père, et il semblait en forme. Je les laissai tous les trois et me rendis à l'entreprise. J'analysais certains documents quand la comptable vint me faire part de son voyage prévu avec le patron dans deux jours. J'étais déjà au courant de ce voyage, et son rappel me sembla étrange.
– Richy, continua-t-elle, prends soin de toi et surveille bien tes arrières. Je remarque comment les autres employés te regardent. Sois prudent, car je suis sûre qu'ils s'immisceront dans des affaires qui ne les concernent pas.
– Merci pour tes précieux conseils, Nicole.
Les deux jours passèrent, Nicole et notre patron prirent leur vol. Juste après leur départ, madame Marina m'invita chez elle.
J'étais à la demeure familiale, tandis que mes sœurs s'efforçaient d'égayer mon père. L'absence de ma mère pesait de plus en plus lourdement sur mon cœur. J'ai tenté par tous les moyens de la contacter, mais malheureusement... Maman ne possède pas de téléphone, et son unique frère est déjà décédé. Pourtant, j'étais certain qu'elle reviendrait.
Je venais à peine de pénétrer dans ma chambre quand mon téléphone se mit à sonner. Sur l'écran s'affichait "Madame Marina". Sa communication me surprit, néanmoins, je décrochai pour comprendre ce qu'elle désirait.
– Allô ? Bonsoir, Madame Marina.
– Bonsoir Richy, comment se passe ta soirée ? J'espère que tu es bien rentré chez toi ? Ou bien es-tu toujours chez ton...
– Non, Madame, je suis déjà chez moi. Comment allez-vous ?
– Je me trouve là, dans ma solitude. Tu sais bien que ton patron est en voyage, donc je me retrouve seule à la maison.
– Vous avez raison, mais il y a vos femmes de ménage et le gardien de la maison.
– Tu as raison, mais je me sens seule. Tu viens de dire que tu étais chez toi.
– C'est exact.
– Es-tu occupé ?
– Euh... Que puis-je faire pour vous ?
– Je souhaite que tu viennes chez moi dans une heure.
– Y a-t-il un problème ?
– Non, rien. Ne puis-je pas te demander de venir chez moi ?
– Bien sûr, Madame ! À tout à l'heure, Madame.
– Richy, attends ! Une chose...
– Je vous écoute...
– Arrête de m'appeler "Madame" !
– Mais, Madame...
– Non, nous ne sommes pas au travail aujourd'hui, donc laisse cela de côté ! Appelle-moi par mon prénom, ou si tu veux, appelle-moi "Marie".
– Bien entendu !
– À tout à l'heure...