Au lieu que ces mots la calment, ils ont plutôt le don de la mettre encore plus en colère. Elle me lance la lampe que j'esquive de justesse en m'allongeant au sol. Je l'entends se briser au sol à quelques mètres plus loin de moi.
-Mais tu es folle ? Dis-je en me relevant.
-Si tu veux connaitre ma vraie folie, reste encore entre ces murs dans les deux prochaines minutes.
Elle se lève du lit et ramasse une de ses chaussures à talons aiguilles qui trainaient par terre. Je tente de faire une approche mais elle pointe le talon dans la direction de mon entrejambe.
La situation était si surprenante que je ne m'étais pas rendu compte que j'avais toujours le sexe en l'air. Je le range rapidement dans mon slip et fixe Yvanny en pensant à comment je pourrais la désarmer.
Nous nous jaugeons de regard et elle est si concentrée à me fixer méchamment que d'un geste, je lui arrache la chaussure des mains. Elle s'abaisse pour prendre la deuxième paire mais je la rattrape et la pousse violemment sur le lit.
-Tu veux jouer ? Nous allons bien nous amuser. Dis-je en la rejoignant sur le lit.
Je l'enjambe et garde emprisonné, ses deux mains de part et d'autre du lit, en position de la croix.
Elle essaie de se débattre de toutes ses forces mais n'arrive pas à se soustraire de mon emprise. Sa poitrine laissée en liberté me nargue et ses mouvements dans l'espoir de se débarrasser de moi ne font que m'exciter davantage.
Je m'abaisse et prends un téton entre mes lèvres, tout en prenant soin de bien immobiliser ses jambes entre mes genoux. Elle essaie de me cogner la tête avec la sienne alors je change de tactique. Au lieu de maintenir ses bras en position de la croix, je joins plutôt ses deux mains que je ramène au dessus de sa tête et les maintiens ensemble avec une seule main.
Je reprends alors ce que je faisais. Un téton dans la bouche et l'autre malmené par mes doigts. Elle hurle afin que je la lâche mais je suis déchainé. La situation m'excite de plus belle.
Je continue le jeu jusqu'à ce que je la sente se relâcher un peu. Ce n'est qu'alors que je me mets sur le côté, libérant ainsi ses jambes mais gardant toujours ses mains emprisonnées. Elle tente de me donner un coup de pied mais n'y arrive pas.
-Lâche-moi, salop !
Je ne l'écoute pas et me contente de libérer mon membre de sa cachette à l'aide de ma main libre. Je lâche ses bras par la suite et elle tente de se relever mais la rapidité avec laquelle je la retiens la cloue sur place. Je profite de ses débattements pour bien me positionner entre ses jambes, ses bras en position de la croix à nouveau.
Je pose mes lèvres sur les siennes et elle me mord. Ce qui est loin de me décourager. Je la pénètre sans ménagement et elle pousse un cri de protestation.
-Lâche-moi ! Tu veux aussi me violer après tout ce que tu m'as fait subir ?
Sans faire attention à ses paroles, je commence mes mouvements en elle. Elle se met à pleurer bruyamment et je m'arrête.
-Pourquoi tu t'arrêtes ? Mais continue ! Prends-moi de force ?! Plus rien ne m'étonne venant de toi de toutes les façons.
Touché en plein cœur, je me retire d'elle et me mets sur un côté du lit. Elle continue de pleurer de plus belle et se recroqueville sur elle-même. Je me sens tout honteux. Merde !
-Anny, anny. Tentant de la toucher.
Elle se lève à une telle vitesse que je n'arrive pas à la retenir. Elle court se réfugier dans sa salle de bain, en prenant soin de verrouiller la porte. Je pose les mains sur la tête, conscient que je viens d'aggraver la situation. Pourquoi diable suis-je venu ici ce matin ? Je voulais en finir avec cette relation. Pourquoi donc je me sens si mal ?
Je laisse passer dix minutes et vais cogner à la porte de la douche. J'entends ses reniflements et mon cœur se serre de douleur.
-Yvanny, bébé ! Je prends une pause, ne sachant quoi dire. Je me colle à la porte que je caresse comme si c'était elle.
-Pardon chérie, pardonne-moi pour tout. Je sais que je n'ai même plus le droit de t'appeler ainsi. Crois-moi, je m'en veux pour tout à l'heure et pour avant. J'ai été un beau salop, je le reconnais. Sache que si je pouvais remonter le temps, les choses se passeraient autrement. Je t'ai...
Je m'arrête, incapable de finir ma phrase. Avant il m'était si facile de le lui dire parce que je croyais ne pas le ressentir. Maintenant que mon cœur me fait savoir que je me trompais lourdement, j'ai du mal à le lui dire.
-Yvanny, mon ange...
La porte s'ouvre de manière si brusque que je manque de tomber. Yvanny toujours nue, a les yeux rouges de colère et de tristesse.
-Je t'ai aimé de tout mon cœur Marc-Aurel. Je t'ai tout donné de moi. Je te répétais sans cesse combien j'ai souffert du fait que ma mère m'ait eu avec un homme marié. Je t'ai parlé de ce que j'ai eu à endurer pour avoir commis l'erreur d'être conçu à cause de l'infidélité d'un homme. Ne pouvais-tu pas avoir pitié ? Ne pouvais-tu, ne pas m'embarquer dans ce cercle infernal ?
Des larmes perlent sur ses joues pendant qu'elle parle et elle n'essaie même pas de les essuyer.
-Ta femme était ici hier. Il a fallu de peu pour qu'elle me défigure avec de l'acide. De l'acide ! Tu t'en rends compte ?
Elle se met à rire en secouant la tête de gauche à droite. Rire alors que des larmes mouillent encore ses joues, cela relève d'un tel sarcasme !
Elle s'arrête soudain de rire et reprend une mine sérieuse, comme si j'avais tantôt rêvé de ses rires. Elle daigne enfin essuyer ses larmes avec ses mains au même moment et reprend.
-J'aurais pu perdre la vue ou être grièvement blessée parce que j'ai eu le malheur de croiser ton chemin. Tu m'as bercé d'illusions, pire tu m'as incité à suivre un traitement pour concevoir, alors qu'au fond de ton cœur tu savais que tu me mentais.
-Anny !
-Ne me coupe pas la parole ! Hurle-t-elle.
Est-ce que cela en valait la peine ? Poursuit-elle la mine triste.
Elle fait deux pas en avant et se retrouve collée à moi. Elle lève son visage et me fixe intensément avant de continuer.
-Dis-moi si tout le cinéma que tu as fait en valait la peine juste pour m'avoir dans ton lit ?
Le ton de sa voix est calme, posé et doux mais son intonation m'atteint profondément.
-Pourquoi ne pas être parti après la première fois ? Pourquoi avoir poussé la bêtise si loin ?
Je la regarde sans pouvoir dire un mot. Je n'ai d'ailleurs pas de réponse à ses questions. Elle prend mon visage entre ses mains et caresse le contour de mes lèvres avec son minuscule.
Ce geste parait anodin mais il veut dire tant de choses.
-Pardonne-moi. Je suis sincèrement désolée Yvanny !
Je m'en veux tellement ! Réussis-je à dire d'un trait.
Elle se met sur la pointe des pieds de sorte à ce que nos lèvres s'effleurent.
Elle ferme les yeux et m'embrasse en serrant mes joues. Je joue avec sa langue quelques secondes à peine et elle se détache.
-Ils n'auront plus jamais le même goût. Tes baisers sont à présent amers comme du cyanure !
Elle s'éloigne et entre dans la cabine de douche. Une main sur le pommeau de douche, elle me lance.
-Ce bébé je vais le garder Marc-Aurel. Rassures-toi, nous pouvons nous passer de ta présence. Je ne veux d'ailleurs courir aucun risque en tenant compte du fait que ta femme est instable mentalement. Dès que tu franchis cette porte, oublie Yvanny ainsi que tout ce qu'elle a pu représenter pour toi. C'est fini ! Je ne me remettrais au GRAND JAMAIS avec un homme de ta trempe, célibataire, divorcé marié ou veuf.
La meilleure chose à faire était de laisser l'eau couler sous les ponts. J'admets que la blessure est bien encore fraîche et trop profonde pour espérer recoller les morceaux avec elle.
Je retourne sur mes pas et ferme la porte derrière moi. J'entends aussitôt le bruit du jet d'eau et un cri de détresse.
Je me rhabille et sors de l'appartement, complètement chamboulé.
* *
*
Yvanny
J'éclate une fois encore en sanglot tout en me promettant que c'est la dernière fois. Cet homme ne mérite pas mes larmes.
Je finis ma douche et me prépare pour l'hôpital. Bien que ma seule envie du moment c'est dormir, je n'ai plus envie de repousser la visite chez le docteur.
Il faut sincèrement que je pense à m'acheter une voiture, me dis-je après avoir passé près d'une demi-heure à chercher un taxi. En même temps, je me demande si ce serait sage de ma part d'effectuer une telle dépense avec tout ce qui m'attend avec le bébé. De Marc, je n'attends absolument rien. Mon ventre gargouille sérieusement, la faim me donne le vertige.
Je ne discute plus trop le prix avec le chauffeur qui s'arrête enfin devant moi. J'indique ma destination et demande un arrêt à la boulangerie « Bon four ».
C'est avec aise que je prends place à l'arrière, repensant à combien mouvementée fut ma matinée. Nous arrivons très vite devant la boulangerie et je descends prendre des croissants et une bouteille de jus de fruit. Je mange avec appétit et m'endors en route.
Le chauffeur me réveille, une fois garée devant la clinique de sa voix rauque. Je paie ma note avant de descendre du taxi. A peine je fais trois pas qu'il m'interpelle.
-Vous pensez que ma voiture est une poubelle ? Me lance-t-il.
Je me rappelle alors que j'ai laissé les emballages et la bouteille de jus dans sa voiture. Je m'excuse et vais ramasser ma besogne que je jette de suite dans la poubelle posée devant la clinique.
Je longe les allées, traverse les couloirs et monte enfin les escaliers pour me retrouver devant le bureau du médecin. Je m'entretiens avec sa secrétaire qui est plutôt aimable.
-Il est en consultation. Veuillez patienter un petit moment. Me dit-elle.
Je n'ai plus de frais de consultation à payer, aussi, je vais prendre place sur le banc libre. Il n'y a plus personne en attente, quelle chance !
La porte s'ouvre dix minutes plus tard sur mon pire cauchemar, la femme de Marc-Aurel. Elle est suivie d'une vieille dame qui, je devine, ne peut qu'être sa mère.
J'ai instantanément la chair de poule. Elle se fige un instant et me fusille du regard. Je reste égale à moi-même et détourne mon regard d'elle. Décidément, je dois tout changer dans ma vie. Mon domicile pour commencer, mon numéro et maintenant mon médecin. Il ne me manque plus qu'à quitter le Togo.
Le visage souriant du docteur apparait et sa voix m'exhorte à faire mon entrée dans son bureau.
Je me lève et lance un bonsoir à peine audible à la vieille dame avant de disparaitre derrière la porte, le cœur battant la chamade.
* *
*
Daphnée
Voir cette imbécile a le don de me mettre en colère. Cependant, pour ne pas éveiller la curiosité de maman, je me recompose une mine neutre et nous marchons jusqu'à la voiture, laissée au parking de la clinique. Ce gynécologue m'a été conseillé par une amie parce que le mien a quitté le pays.
Chaque semestre, je fais quelques examens de routine pour préserver ma santé. Avec le cancer qui sévit, il vaut mieux dépenser en mammographie et autres examens qu'en chimiothérapie, sans la certitude d'en arriver au bout. Je me demande pour quelle raison elle vient voir le gynéco. Mes sens se mettent en alerte. Mon instinct de femme me dit qu'il y a anguille sous roche.
Une idée me vient alors que je dépose mon sac sur la banquette arrière. Je fais installer maman et lui donne comme prétexte que j'ai oublié de prendre un renseignement avant de retourner dans l'immeuble.
La secrétaire du docteur est très gentille mais je ne suis pas certaine qu'elle me dise aussi facilement ce que j'aimerais savoir.
Tout en marchant, je fourre quelques billets dans mon carnet de santé. Une fois à son niveau, je lui fais mon plus beau sourire, sourire qu'elle me rend.
Je lui demande alors si elle peut me donner la raison de la visite de la jeune femme qui vient d'entrer après moi.
Elle sourit encore et me dit gentiment qu'elle ne pourrait pas. Je fais sortir mon carnet du sac et le lui tends. Vérifies s'il te plait si le docteur n'a pas oublié d'inscrire la date de notre prochain rendez-vous.
Elle prend le carnet, l'ouvre et lève les yeux vers moi. Je lui fais un signe de la tête pour signifier qu'elle pouvait se servir.
Elle ne se fait pas prier et me fais ensuite signe d'approcher. Je m'abaisse et colle mes oreilles à ses lèvres.
Je manque de m'évanouir en apprenant ce qu'elle vient de dire. Je fais tout pour paraitre sereine et la remercie pour son aide avant de quitter les lieux à pas rapides.
Je retrouve maman qui s'est assoupie dans la voiture.
Je n'avais plus la force de continuer mes courses et je fais un effort surhumain pour faire la conversation avec maman. Je la dépose enfin chez elle et prend la direction du bureau de Marc-Aurel. Mon cœur est en feu ! S'il a osé me faire cela, je ne lui pardonnerai pas.