Je n'ai fait que lui donner ce qu'elle voulait, pour avoir ce que moi je voulais. La vie est ainsi faite et la fin justifie les moyens dit-on. Je me rappelle de la première fois que j'ai posé mes yeux sur elle. Ses gestes, son sourire, sa démarche, tout chez elle m'a accroché.
Je suis le genre d'homme qui n'attaque pas une cible sans avoir mené ma petite enquête à son sujet. C'est ainsi que par une de ses collègues, j'aurais appris que madame avait une sainte horreur de se faire courtiser par les hommes mariés. Il parait qu'elle aurait humilié devant tout un petit monde, un client de leur banque, aussi important soit-il, parce que le bon monsieur très marié, lui faisait une cour assidue et qu'elle en avait eu marre de ses insistances malgré ses résistances à elle.
Je voyageais pour Kpalimé, une belle ville au cœur des montagnes à cent vingt kilomètres de Lomé avec une « petite », quand le besoin de retirer des sous en plus pour le voyage s'était imposé. C'était un vendredi vers quinze heures de l'après-midi. J'avais alors fait un détour au guichet automatique de la dernière banque sur ma voie, la JEWERLY Bank et la machine avait avalé ma carte, par une fausse manipulation. J'étais allé me renseigner afin d'être dirigé vers qui de droit pour que mon problème soit résolu. C'est ainsi que j'avais été conduit à elle, Yvanny AMETI, la bombe aux jambes de gazelle.
Elle est la chef au service monétique. Elle n'est pas dotée d'une beauté extraordinaire. Mais, elle avait ce quelque chose que je ne saurais expliquer qui m'a séduit automatiquement. En plus de sa façon d'être qui m'obnubilait au fur et à mesure qu'elle me donnait l'occasion de mieux la connaitre.
Je me souviens qu'elle était de dos, rangeant ou cherchant je ne sais pas quoi dans une armoire où étaient rangés des piles de dossiers, quand j'avais fait mon entrée dans son bureau. Matez-moi son derrière, moulée dans sa jupe lui arrivant juste au-dessus des genoux, avec une petite fente qui était faite là pour susciter la curiosité de nous autres! J'en avais presque eu une érection.
Sa démarche droite malgré qu'elle était perchée sur des escarpins avait eu raison de moi.
Calmement et avec un sourire charmant, elle m'avait expliqué qu'elle ne pouvait rien y faire avant lundi et que pour certaines raisons techniques, les cartes avalées n'étaient retirées qu'au lendemain de l'incident.
Mon avantage ce jour-là, facteur déterminant pour la suite des évènements, avait été le fait que je n'avais pas mis mon alliance. Je le mets rarement d'ailleurs en dehors de chez moi, en bon chasseur que suis-je. J'étais alors reparti, tout excité d'être à lundi pour la revoir.
Mon voyage avait été annulé. Nous avions, la petite et moi, finalement passé le weekend dans un hôtel de la place en raison du peu de liquidité que j'avais. Le lundi, tout élégant dans mon costume fait sur mesure, j'avais cogné à la porte du bureau d'Ivanny, muni d'un bouquet de roses et d'une écharpe arrachée dans une boutique de tissus traditionnels. Elle en portait le vendredi donc, je m'étais dit que ça lui ferait plaisir.
J'avais bien suivi son regard sur mon annulaire gauche, dépourvu d'alliance. Elle avait accepté mes présents et nous avions échangés nos numéros personnels. En sortant de son bureau ce jour-là, j'ai alors soudoyé la réceptionniste qui m'avait filé quelques infos sur elle.
Le reste s'était accompli naturellement, mon charme aidant. Daphnée ma femme était en voyage en ce moment et nos enfants étaient avec sa mère. Ce qui m'avait permis de disposer de tout mon temps pour séduire Yvanny, faire des sorties avec elle, bref, être à son entière disposition.
J'avais dès lors loué un appartement et lui en avais remis une clé dès qu'elle avait commencé par me fréquenter. J'ai joué de mes atouts physiques, notamment ma galanterie et mon savoir-faire sexuel pour la rendre accro.
C'est le genre de fille qui, une fois amoureuse, se voit directement dans une robe blanche, marchant dans l'allée bordée de fleurs de l'église. Elle passait son temps à me dire combien elle avait prié pour tomber sur un homme comme moi. Un qui avait su gagner son cœur par la patience et un dévouement entier, un qui soit surtout célibataire.
Plus les semaines passaient et plus je m'attachais à elle. Au début, je voulais juste me la faire une ou deux fois et disparaitre. Daphnée rentrée entre temps, avait fait en sorte que je ne puisse plus être aussi disponible pour Yvanny. Pour ne pas perdre cette dernière, j'avais dû avancer la carte de fonder une famille et se marier. Le préservatif était déjà un lointain souvenir entre nous. Je lui avais demandé de suivre un traitement pour qu'elle tombe enceinte le plus vite possible après nos pseudos « fiançailles ».
Connaissant son cycle, je faisais toutefois attention mais contre toute attente, la nature m'a prouvé qu'on ne pouvait pas toujours se jouer d'elle. Quand elle m'avait annoncé sa grossesse, j'ai joué le mec très heureux et lui ai dit que j'irai voir les miens vivant hors du Togo, un mensonge en fait, afin que nous venions voir les siens le plus tôt possible. Je ne suis pas le genre qui veuille avoir des enfants de différentes mères. C'est tout un problème à gérer !
C'est ainsi que j'ai trouvé le moyen de faire traîner quelques petites preuves de ma relation avec Yvanny, pour que Daphnée rentre en jeu et que je me débarrasse de cette relation et du fruit qui y a résulté. C'est méchant mais ainsi va la vie qui est une jungle : soit tu dévores l'autre ou tu te laisses dévorer.
J'avais déjà les raisons pour ma défense auprès de ma femme. Le plan était de jouer le mec désolé dans un premier temps avant de me faire passer pour la victime en misant sur la tentation et le diable. Elle se sentirait coupable parce qu'il faut se l'avouer, si j'ai autant pris goût à mes relations extraconjugales, c'est en partie la faute à ses incessants voyages. Bien que cela m'ait toujours arrangé de papillonner de fleur en fleur. Je me rappelle de la scène d'il y a sept jours de cela.
J'avais sciemment laissé la messagerie de mon téléphone ouverte alors que j'échangeais avec Yvanny qui me demandait quand nous pourrions nous voir. J'étais sensé être en voyage.
En remplaçant ma femme dans la douche, naturellement, elle avait jeté un coup d'œil sur mon téléphone alors resté sur le lit. Les brins de conversations que j'y avais laissées ont suffit pour la convaincre que j'avais quelque chose avec Yvanny.
A ma sortie de la douche et comme je m'y attendais, elle m'avait fait une scène, avec cris, pleurs et tout ce qui va avec. J'étais resté silencieux tout le long qu'a duré sa crise avant d'implorer son pardon. Comme prévu, elle ne voulait pas m'écouter, j'ai alors sorti la carte de la victime, l'accusant de m'exposer à la tentation.
-Je n'aurais pas succombé si tu étais à mes côtés, je ne suis qu'un homme après tout ! Après des mois d'abstinence, il faut être Dieu pour ne pas se laisser aller devant un vagin offert ! Lui avais-je crié.
Elle m'a répondu en larmes que je savais pour ses affaires et ses voyages avant de m'engager.
C'est même l'une des raisons pour lesquelles je l'ai choisi elle. Ne pas avoir sa femme à dos tout le temps est le plus beau cadeau de mariage qu'elle m'ait offert.
J'avais fait mon cinéma en prenant soin de sortir les bons mots pour qu'elle se sente le plus coupable possible avant de m'habiller et sortir de la maison en claquant la porte. Bien sûr j'étais revenu quelques heures après pour réitérer mes excuses les plus sincères et faire la promesse de ne plus recommencer. Câlins, mots doux et elle s'est pliée.
Le lendemain, j'ai reçu un appel d'Yvanny en larmes, m'exprimant sa déception. Daphnée lui avait rendu visite au boulot. Je ne m'attendais pas à moins de la part de cette dernière. Mais, elle avait quand même fait fort, en s'y rendant avec des multiples copies de notre acte de mariage. Ah les femmes !
Je m'attendais à une douce collaboration de Yvanny mais apparemment j'ai sous-estimé le poids des mots qu'elle m'a toujours dits.
Je ne saurais tourner la page sans avoir réglé le problème de sa grossesse. Le mieux serait qu'elle avorte ! La gifle de tout à l'heure, je crois que je l'ai bien mérité. Je me sais être un beau salop. Je pousse un soupir de lassitude et redémarre la voiture, en roulant cette fois à vitesse raisonnable.
* *
*
Je retourne au bureau terminer ma journée en pensant à quelle nouvelle stratégie je pourrais adopter pour finir avec cette histoire au plus vite.
Je suis à fond sur un dossier quand la nouvelle stagiaire fait son entrée dans mon bureau. Elle s'habille d'une telle manière que je me demande si elle ne cherche pas autre chose qu'à acquérir de l'expérience professionnelle. Je lui ferai volontiers plaisir en lui offrant gratuitement quelques orgasmes.
Elle pose un porte-document sur mon bureau.
-Ça vient du service informatique. Dit-elle.
-Bien, merci. Répondis-je en la fixant droit dans les yeux.
Je prends le temps de mieux la regarder. Elle est vraiment canon et cette poitrine mise en exergue par son décolleté n'arrange en rien les choses. En tant que directeur adjoint, il me faut peut-être faire instaurer un code vestimentaire à certaines. C'est carrément du viol visuel!
Je me lève de mon siège et fais quelques pas jusqu'à son niveau. Elle me fait un sourire qui me donne le courage de donner une tape sur ses fesses.
-Monsieur SOSSOU ! Ricane-t-elle.
-Tu sais que tu es bandante à mort ? Lui dis-je en me mordant la lèvre inférieure.
-Excusez-moi. Répond-elle en me faisant un clin d'œil, avant de disparaitre, non sans balancer de façon provocante son derrière.
-Mince ! M'exclamai-je.
* *
*
Je finis ma journée un peu plus tard que prévu et rentre pour retrouver une Daphnée tendue comme un string assise au salon, le regard dans le vide. Je lui fais la bise sans qu'elle ne se rende compte de ma présence.
-Daphnée ! J'hurle en la secouant.
-Ah chéri, tu es rentré. Sursaute-t-elle.
-Où sont les filles ?
-Chez maman.
-As-tu encore envoyé mes enfants chez ta mère sans même prendre la peine de m'en informer alors que tu es présente et surtout en pleine forme ?
-J'ai commis une grave faute aujourd'hui ! Répondit-elle d'une voix triste.
-Quoi ? Comment ça ? Qu'est-il arrivé à mes enfants ?
-Il ne s'agit pas de nos enfants, mais de ta maîtresse Yvanny.
-Tout d'abord, elle n'est pas ma maitresse. Tu continues avec cette histoire ? Je t'ai dit la main sur le cœur que c'était fini et que je ne recommencerai plus. Cette fille c'est du passé, chérie !
-Je suis désolée mais ce n'est pas si facile. Elle savait que tu étais marié mais cela ne l'a pas empêché de se mettre avec toi en espérant se retrouver à ma place. Il me fallait lui donner une bonne leçon.
Je soupire, dépassé par cette jalousie tenace. La pauvre Yvanny ne savait rien mais ce n'est pas la version que j'ai servi à ma femme.
-Qu'as-tu fait ? Finis-je par demander, m'attendant à une réponse comme, un autre scandale sur son lieu de travail. Quel manque de classe en fait !
-Je suis allée chez elle. Réplique-t-elle calmement.
-Comment connais-tu chez elle ? Dis-je, pris de peur.
-Lomé est petit tu sais, avec les relations et un peu d'argent, on obtient tout ce qu'on veut.
Ça devient dangereux me dis-je. Il aurait fallu de peu pour qu'on se croise là-bas et qu'elle apprenne pour la grossesse.
-Tu es allé chez elle, et ? Reprends-je l'air serein.
-Je lui ai versé de l'acide dessus.
-C'est une blague j'espère. Tu as fait quoi ? Demandai-je les yeux écarquillés.
-Elle a esquivé, heureusement. Je n'ai pas réussi à l'atteindre.
Une immense colère s'empare de moi. Il ne faut pas abuser quand même !
-Non mais tu es folle ? Tu veux aller en prison c'est ça ?
-Je regrette déjà assez mon geste, ne me cries pas dessus en plus Marc-Aurel. Encore que c'est en partie de ta faute !
-Ce n'est pas la peine ! Dis-je dépité avant de la planter là et me rendre dans notre chambre.
Je desserre le nœud de ma cravate et enlève ma veste que je jette sans faire attention à l'endroit où elle atterrit. Je prends place sur le lit, les mains soutenant ma tête qui pèse une tonne en cet instant précis.
Comment-a-t-elle pu agir de façon si cruelle ? Je me demande comment va Yvanny, dans son état en plus. Oh mon Dieu ! Les conséquences de mes actes sont bien plus graves que je ne les estimais.
Daphnée ouvre la porte et avance timidement jusqu'à moi. Elle se met à genou entre mes jambes et pose sa tête sur mes cuisses. Elle se met à pleurer en jurant qu'elle regrettait de s'être comportée de la sorte.
-Il est bien tard pour les regrets, tu ne trouves pas ? Imagine qu'elle porte plainte contre toi. Tu veux ruiner ta vie pour une erreur ?
J'hurle à m'égosiller et elle accentue ses pleurs qu'à un moment donné, la pitié s'empare de mon cœur. Je la relève et la prends dans mes bras.
-C'est bon, c'est fini maintenant. Tout est de ma faute, je n'aurais jamais dû succomber aux avances de cette fille et te causer autant de peines.
Elle n'arrive pas à parler et se contente de pleurer en silence. Je la renverse sur le lit et me place au dessus d'elle.
Je commence par un chaste baiser sur ses lèvres avant de descendre sur sa poitrine, en m'attardant sur son cou. Peu à peu les reniflements font place aux halètements qui sont à leur tour remplacés par des gémissements. Je m'attarde sur ses tétons, la sachant très sensible à ce niveau. Elle ne tient plus sur place et pour mieux la torturer, j'immobilise avec ma main, les siens au-dessus de sa tête. Je lèche, mordille et suce ses tétons dressés et aussi durs que la gomme au bout d'un crayon.
L'excitation atteint son summum quand j'explore sa cave de mes doigts libres, insistant sur son bouton rose gonflé sous le coup de mes caresses. Je mets fin aux préliminaires et lui arrache sa robe avec précipitation. Je me dépouille de mes vêtements et la retourne sur le ventre. Je plonge en elle d'un seul coup et commence la danse la plus vieille du monde.
* *
*
Daphnée dort à poing fermé à côté de moi, repue de plaisir. Je m'éclipse du lit et marche à pas de loup jusqu'à la porte que je prends soin d'ouvrir et de refermer avec le moins de bruit possible. Je récupère mon téléphone au salon et monte me poser au balcon.
Ma conscience, cette alarme, sonne et son chant m'empêche de dormir. Je lance l'appel vers le numéro d'Yvanny et l'annule ensuite avant que ça ne commence par sonner. Après cinq minutes, je refais la même chose sans toujours trouver la force d'aller jusqu'au bout.
Finalement, je réunis mon courage et laisse sonner. Il est quand même minuit dépassé de quelques minutes. Elle ne décroche pas et je me surprends à recommencer encore et encore jusqu'à émettre vingt appels, tous sans réponse.