- C'est pourquoi je te suggère dans un premier temps de rester calme et de ne rien dire au retour de Xavier.
- Et s'il découvre ? J'ai des nausées matinales et l'estomac noué tout le temps. Je ne pourrai pas échapper à son interrogatoire.
- Dans ce cas, tu lui feras croire que le bébé est de lui, le temps pour moi de trouver une solution adéquate pour tous.
- Ok, dis-je le moral plombé.
Il me prit dans ses bras et me caressa les cheveux en signe de réconfort.
- Reste calme. Dit-il en me serrant fort contre lui
- D'accord mon amour.
Il me donna ensuite quelques baisers sur le front avant de quitter les lieux. Il n'était plus le même. Je pouvais sentir de la distance dans son étreinte, même le goût de ses baisers avait changé.
**
*
Je désirais tellement devenir maman que c'était devenu une obsession. Xavier et moi avions songé à adopter un enfant mais sans suite. Ce vœu était enfin réalisé et je ne pouvais pas me taire.
Je savais que c'était mal ce que nous faisions Daniel et moi, et que c'était le début de mon karma mais je n'éprouvais aucun regret. Ma belle-famille avait déjà commencé à nous mettre la pression mais ce n'était pas le problème de Xavier. Au contraire, il multipliait ses absences à la maison. Sa sœur qui était mon amie m'évitait déjà croyant que c'était moi le problème. Je voulais tellement enfanter que j'étais prête à tout pour y arriver. En plus, Daniel était tellement charmant que je n'avais pas pu résister depuis le début. Je ne voulais d'ailleurs pas enfouir ce que je ressentais pour lui, vu que c'était réciproque d'après l'impression qu'il donnait. Même si j'avais essayé, je n'aurais pas pu tenir longtemps, j'allais toujours finir par craquer. Il était presque à ma merci. Toutes les conditions étaient réunies pour que ce soit lui le géniteur de mon enfant. Daniel était tellement attentionné que je ne pouvais que succomber à la tentation de me livrer à lui. J'aimais beaucoup Xavier mais j'aimais encore plus Daniel. C'était un homme très positif. Plein de vitalité et d'optimisme. À ses côtés je me sentais en sécurité, j'étais vraiment heureuse. Xavier quant à lui était plutôt triste et frustré. Il n'était jamais satisfait de quoi que ce soit. La vie lui avait pourtant beaucoup apporté sur le plan professionnel mais ce n'était pas suffisant. Il était très avare et gourmand, d'où sa quête permanente du succès qui a entraîné ses multiples absences à la maison.
*** Daniel Biloa***
J'étais sous le choc après l'annonce que Moni venait de me faire. C'est à l' instant que j'avais réalisé l'impact de notre liaison sur nos vies, sa dangerosité et tout le mal que cela allait créer autour de nous si jamais la vérité venait à éclater. J'étais foutu. Celui qui avait le plus à perdre était moi. Ma réputation, mon mariage, parce que Lucie n'allait pas me louper sans compter la foudre de sa famille. Xavier était alors comme un fou. Il pouvait se montrer très calme mais c' était une bombe à retardement prête à exploser. Le connaissant depuis notre enfance, je savais exactement de quoi il était capable quand il se sentait trahi.
- Dany, tu as l'air soucieux depuis ton retour à la maison. Il ya un souci ? Demanda mon épouse Lucie en me fixant de regard.
- Non, chérie tout va bien. Je suis juste un peu épuisé. Répondis-je adossé sur ma chaise de bureau.
- En passant, où étais -tu ? Il parait que tu es rentré à pied.
- Je suis allé faire cent pas après le boulot.
Elle me posait sans arrêt des questions. Et comme un bandit, je ne lui répondais que des mensonges. Je n'étais pas un homme fidèle et Moni n'était pas ma première relation extra conjugale mais là, j'étais allé un peu trop loin. Je ne peux pas expliquer le pourquoi ni le comment mais j'avais touché le fond.
- J'ai une très bonne nouvelle à t'annoncer. lança-t-elle tout excitée.
- Je t'écoute. Dis-je le cœur battant.
- Un ami au Canada vient de m'informer qu'il y'a un nouveau traitement pour la fertilité. C'est assez loin mais on dit qu'il obtient de bons résultats. Dit-elle avec beaucoup d'enthousiasme.
- Hummm, Soupirai-je en levant les yeux vers elle. Tu en es sûre ? demandai-je encore confus. Je ne veux pas te voir souffrir à nouveau.
Elle éprouvait de la culpabilité chaque fois qu'un traitement échouait et j'avais de la peine pour elle.
- Mon amour, je sais qu'on a déjà beaucoup essayé mais on ne devrait pas baisser les bras et essayer à nouveau. Insista-t-elle.
- Ok, tu as raison. Qui ne risque rien n'a rien.
- Oui, le seul problème est que cela va se faire à l'étranger. Je dois donc me préparer, demander le visa et tout ce qui va avec.
- Il n'y a pas de souci ma chérie. Prépare-toi et fais-moi savoir tout ce dont tu as besoin pour ce fait.
- Ok Daniel, tu es un ange.
- C'est normal, je suis ton mari et je ferai pour te rendre heureuse.
- Merci chéri pour tout. Surtout pour ta patience.
- Tu n'as pas à me remercier Lucie. Nous sommes ensemble dans cette situation et je suis sûr que cette fois sera la bonne.
- J'espère. Croisons les doigts et prions. Un bébé dans cette maison, tu imagines ! dit-elle les yeux scintillant de bonheur. Je l'imagine courir partout dans le salon.
- Je crois que le ciel nous a déjà entendu. Dis-je en lui tapotant le dos.
Elle s'en alla.
Comment aurai-je pu annoncer à mon épouse que la femme de mon ami qui, en même temps était sa meilleure amie attendait un enfant de moi ? Cela lui aurait brisé le cœur d'apprendre que j'avais enceinté une autre femme alors qu'elle-même ne pouvait pas avoir d'enfant.
Les jours qui suivaient étaient longs. Je n'avais pas toujours trouvé de solution pour Moni qui m'appelait toutes les heures. Ne supportant plus sa pression, j'avais craqué et je lui avais dit le fond de ma pensée. Je ne pouvais pas assumer ce bébé publiquement.
*** Monica Nonga***
Bien que je me sois toujours considérée comme une femme forte, qui pouvais supporter sans se plaindre les multiples absences et le désintérêt de son mari, j'avais subitement ressenti la nécessité d'avoir quelqu'un qui m'apporte beaucoup plus de soutien, quelqu'un qui me dise " ne t'inquiète pas je suis là, voici mon épaule où tu peux t'y reposer", c'est ce que j'avais trouvé auprès de Daniel.
Mais cette histoire ne pouvait pas avoir une fin heureuse. Ce n'était pas simple ni pour l'un ni pour l'autre. Je pris très vite conscience que je ne pourrais jamais avoir une vie de couple avec Daniel. Ce dernier non plus ne voulait pas quitter son épouse.
Un jour Daniel m'appela et me dit ouvertement qu'il ne pourra jamais divorcer de Lucie pour se mettre avec moi. Qu'il ne pouvait pas l'abandonner.
Pour moi c'était le coup fatal, le coup de trop !
- Tu t'es joué de moi tout ce temps ? De quel genre d'amour m'aimes-tu ?
- Non Moni, crois-moi, je t'aime mais comprends-moi. Comment allons-nous procéder ? C'est mieux pour nous de tout arrêter et que chacun reprenne le cours de sa vie.
- Le cours de ma vie ? Mais il y a déjà un enfant au milieu. Un enfant de nous Daniel, notre rêve à tous les deux. Le fruit de notre amour.
- Je sais mais je ne peux pas faire ça à Lucie. Elle ne le mérite pas. Elle se tue depuis des années à mes côtés et je ne peux pas la lâcher du jour au lendemain. Ce serait cruel de ma part.
- Donc c'est ton enfant et moi qui méritons que tu nous abandonnes ? Ce n'est pas plus cruel d'abandonner une femme enceinte ?
- Il faut préciser que cette femme enceinte est mariée à un autre. lança -t-il sans scrupules.
- Je n'en crois pas mes oreilles. Tu t'es bien foutu de moi hein. Dis-je le cœur serré.
- Je t'aime profondément mais je crois que la meilleure décision serait de tout arrêter et de ne rien révéler. Xavier sera ravi d'apprendre qu'il sera papa. Me lança-t-il comme si ce que nous avions vécu n'était pas signifiant.
- C'est bon, je comprends maintenant que tu n'as jamais rien ressenti pour moi. Je n'étais qu'un passe temps pour toi. Parce que le vrai amour que je connais est le sentiment le plus irrationnel qui existe, il se moque des convenances, des tensions et du mal qu'on pourrait faire à d'autres personnes.
-Toi au moins, tu as ton époux qui t'aime éperdument. Lucie n'a personne d'autre que moi. Elle est ma femme et je m'occuperai de vous même si ce sera à distance. Dit-il et mit ensuite fin à la conversation.
Une douleur atroce me saisit à la poitrine. J'avais affreusement mal au cœur après cette conversation, que pour me venger de lui, je décidai d'annoncer à Xavier dès son retour de son voyage qu'il allait devenir papa. Je voulais le punir en donnant la paternité du bébé à mon mari. Je voulais définitivement couper tous les ponts avec lui. Mais seulement, je ne savais pas ce qui m'attendait.