Je me prénomme Monica, orpheline de père et de mère à l'âge de 5 ans. Mes parents et moi avons eu un accident de voiture et ils sont morts sur le coup. J'étais la seule survivante. Une passante m'avait récupérée et conduite dans l'église la plus proche. J'ai donc grandi dans un orphelinat dirigé par les bonnes sœurs jusqu'à mes 18 ans, l'âge de la majorité dans mon pays. Dans cet orphelinat, nous étions soumis à l'apprentissage de tous les métiers possibles y compris l'informatique qui était mon domaine de prédilection.
Deux ans après ma sortie de l'orphelinat, je décroche un poste de secrétaire dans un cybercafé de la place. Ce n'était pas le travail de mes rêves mais il fallait bien que je survive !
Un jour, au moment de fermer, une grosse cylindrée gara en face et de l'intérieur sortit un type très pressé, marchant à pas géants dans ma direction.
- Monsieur, nous sommes sur le point de fermer, seules les impressions sont encore possibles. Lui dis-je en transportant les derniers meubles du call box vers l'intérieur du cyber.
- Pardonnez-moi mais j'ai absolument besoin d'une saisie. Il s'agit uniquement d'une page.
- Toutes les machines sont éteintes. Je ne peux rien faire pour vous.
- Je vous en supplie madame, je serais prêt à doubler le prix.
- Il n'est pas question d'argent. Je dois rentrer chez moi avant la tombée de la nuit.
Je ne vivais pas à la porte d'à côté et l'insécurité continuait de progresser dans ce coin de la ville et j'étais inquiète.
- Je triple le prix. Dit-il l'air désespéré.
Il avait tellement supplié que j'avais fini par plier et fis ses saisies.
Il avait tout le temps les yeux braqués sur moi pendant que je m'efforçais à bien effectuer mon travail. Il ne me quitta pas une seule seconde des yeux. Il fallait que je le réveille de temps en temps pour le suivi de son document. Il n'était plus concentré que sur moi.
- Monsieur, ça va ? Lui demandai-je en pointant l'écran.
- Pardon ? Demanda-t-il perdu.
- Je demande si je peux déjà l'imprimer. Dis-je déjà irritée car le temps pressait.
- Ah excusez-moi. J'étais un peu déconcentré. Oui, vous pouvez l'imprimer. Fit-il sans même le contrôler. Il était comme obnubilé par moi.
J'imprimai le document et le lui remis. Il le récupéra, sortit une liasse d'argent de son portemonnaie et la pressa dans la main.
- Monsieur c'est trop. La page c'est 600 francs.
- Je sais, c'est la récompense pour ton sacrifice et le bon service rendu.
- Non monsieur ! Payez-moi juste ce qu'il faut. Dis-je en repoussant sa main.
- J'insiste ! Dit-il en fermant ma paume de main dans laquelle il avait inséré l'argent.
Je le repoussai à nouveau.
- Vous n'avez pas besoin. Considérez que je vous ai fait cette faveur.
- C'est gentil de votre part. Dit-il accompagné d'un sourire.
- De rien. Parlez de notre cyber à vos amis et connaissances et venez de temps en temps nous faire la recette. Dis-je en rassemblant mes effets.
- Sans faute mademoiselle. Je recommanderai votre cyber. Soyez en sûre.
- C'est l'heure de fermer. Dis-je en regardant ma montre.
La nuit était sur le point de tomber et j'avoue que j'étais un peu inquiète par rapport au taxi car en trouver à cette heure de la soirée n'était pas évident.
- Et si je vous déposais plutôt à destination ? Proposa-t-il.
Je réfléchis pendant quelques secondes. Il avait l'air de quelqu'un de bien mais ne dit-on pas que tout ce qui brille n'est pas or ?
- Ce serait pour la compensation de ton temps. Insista-t-il.
- Je préfère encore cette option. Là on sera quitte tous les deux !
Je n'avais pas l'habitude d'emprunter le véhicule des personnes inconnues mais à cause de l'heure tardive, j'acceptai son offre. Je ne le connaissais pas mais j'avais la foi qu'il ne pouvait rien m'arriver de mal. Mon sixième sens me dit qu'il était inoffensif.
Il me conduisit jusqu'à destination. Pendant qu'on était en chemin, il chercha à en savoir plus sur moi. J'avais jugé ne rien lui dire de bon. Je m'étais limitée à mon prénom. Il se prénommait Xavier.
Il revint le lendemain mais cette fois vers midi au moment même où je m'apprêtais à faire une pause. Il demanda à se joindre à moi. Chose que j'avais trouvé bizarre pour un homme de son rang social de vouloir prendre son repas dans un simple restaurant. En même temps, je n'avais pas la force de rejeter sa proposition parce que mon ventre se faisait déjà entendre.
- Vous ne me laissez pas le choix. Murmurai-je.
- On peut se tutoyer si tu veux bien.
- Ça me va. Lui répondis-je.
Il me suivit dans le petit restau en face de notre cyber.
- C'est moi qui invite hein. Et ne dis pas non. Me dit-il avec le sourire aux lèvres.
- Comme vous voulez.
- On se tutoie Monica. Ne l'oublie pas.
- Oups ! Pardonne-moi Xavier.
- Tu es d'une beauté foudroyante surtout quand tu souris. Lança-t-il.
- Merci. Dis-je gênée par sa drague.
Je n'avais pas lui renvoyer le compliment pour ne pas alimenter ce que je voyais venir.
La dame du restaurant vint sans tarder prendre nos commandes.
Pendant le repas, il se confia à moi. Sa fiancée venait de le quitter et il avait de la peine à surmonter la rupture. Je lui avais parlé de moi et du fait que j'étais seule au monde. Au départ, il ne croyait pas que j'étais orpheline. Il refusa d'y croire parce qu'il me trouvait bien éduquée et selon lui, j'avais l'air d'une fille de riches. Mais quelque temps après, quand il eut confirmation, il changea sa façon de me traiter.
Il devint mon protecteur, mon ami et ce grand frère que je n'avais jamais eu. Il sortait d'une rupture et j'étais comme une sorte de thérapie pour lui. En fait, il m'utilisait pour oublier celle qui l'avait quitté brusquement et je ne pouvais pas me plaindre. Au contraire ça m'arrangeait d'avoir quelqu'un sur qui m'appuyer. Une personne pour me protéger des coups de la vie.
- Je veux que tu rencontres ma sœur.
- Pas de soucis. Ça me fera une connaissance de plus, j'espère qu'elle est aussi gentille comme toi.
- Vous allez bien vous entendre j'en suis sûr.
- Okay.
Sa sœur venait à peine de se marier et attendait un bébé. Exactement le genre de vie que je voulais avoir. Nous nous sommes rencontrées et le courant est très vite passé entre nous. Xavier avait perdu ses parents mais il avait des tantes et des oncles avec qui il était assez proche.
Il m'avait présenté à toute sa famille, qui en très peu de temps m'avait adoptée comme une des leurs.
Je savais qu'il avait un faible pour moi et j'étais un peu comme sa seconde chance mais jamais je n'aurais imaginé que les choses allaient prendre une autre tournure que celle à laquelle j'étais déjà habituée.
Un soir, contre toute attente, il me demanda de l'épouser. J'avoue que j'étais surprise, vu qu'à mes yeux il n'était qu'un ami et il savait pertinemment que je ne ressentais que de l'amitié pour lui.
- Moni, quand je disais que je voulais être là pour toi ce n'était pas une plaisanterie. Je veux faire de toi mon épouse si tu le veux bien.
- Mais Xavier. Fis-je surprise.
- Je suis fou amoureux de toi Moni. Je n'imagine plus ma vie sans toi. Dit-il avec sincérité.
Toute ma vie, je n'avais qu'un seul rêve. Celui de me marier et de fonder une grande famille. Mon rêve était de vivre entourée d'un mari et de beaucoup d'enfants. Ce qui fait que bien qu'étant sous le choc après sa demande en mariage, au lieu de prendre mes jambes à mon cou, je lui dis fièrement OUI !
Il était heureux et sans tarder, nous nous sommes dit oui devant le maire le mois qui suivait dans la capitale du pays.
Xavier se révéla être un mari aimant et dévoué. Il était prêt à tout pour moi. Le seul hic était le fait que je n'arrivais pas à concevoir et le problème venait de lui. Cela m'avait été révélé par notre médecin après plusieurs examens médicaux. Malgré cela, je suis restée à ses côtés en gardant espoir qu'un miracle allait se produire tôt ou tard, surtout que notre médecin m'avait assurée que le traitement qu'il nous faisait suivre allait résoudre le problème.
Trois années se sont écoulées mais il n'y avait pas toujours de cris de bébé sous notre toit. Même pas un retard d'un jour. C'était devenu frustrant et insupportable. Après tout ce temps j'ai perdu tout espoir et dans le désespoir, j'ai posé mes yeux sur un autre homme. Et pas n'importe quel homme !
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