Quelques heures plus tard après la visite chez les Biloa.
- Tu es satisfaite maintenant madame ? Me demanda Xavier en jetant sa veste sur le canapé.
Nous étions déjà de retour à la maison et nous apprêtions à regagner le lit.
- Oui, j'ai été ravie de rencontrer le couple Biloa. Ils sont plutôt sympas. Dis-je en revoyant le visage de Daniel.
- Et surtout très ouverts. Renchérit Xavier. Lucie est une femme très accueillante. Ajouta-t-il.
- Pourquoi Lucie avait l'air aussi triste ? Demandai-je toute curieuse. J'espère qu'elle n'est pas maltraitée. Ajoutai-je.
- D'où sors-tu avec ça ? Elle était sûrement épuisée par le voyage.
- Humm, je ne mettrais pas ce regard triste sur le compte de la fatigue. Insistai-je dans le but de lui tirer quelques verres du nez.
- L'unique chose que je sais, c'est que le couple peine aussi à avoir des enfants et le problème vient de Lucie. Lança-t-il en passant sans davantage de commentaires.
Quand il dit cela, quelque chose sonna dans ma tête. Un sentiment indescriptible que j'avais tout de suite enfoui dans mon subconscient. C'était un sentiment malsain.
Une semaine plus tard le couple nous rendit visite afin de faire ample connaissance et renforcer nos liens d'amitié. C'était toujours un plaisir d'être en leur compagnie. Surtout qu'avec Daniel on ne s'ennuyait pas. Il savait créer une ambiance agréable pour tous. Il avait toujours une intrigue du tribunal á raconter. Des histoires avec lesquelles il nous maintenait animés durant toutes nos soirées.
Daniel et Lucie étaient mariés depuis quelques années déjà. Tout comme moi, Lucie n'avait pas réussi à tomber enceinte. C'est une situation qui nous rapprocha et fit de nous des amis inséparables. On se rendait constamment visite, organisait des escapades les week-ends et plein d'autres choses ensemble. Il m'arrivait souvent de passer la nuit chez eux lors des absences de Xavier. En fait, ce dernier partait me confier à son ami avant de voyager. Pour moi c'était l'occasion de voir Daniel, d'être près de lui et de profiter au maximum d'un bout de lui.
Qui aurait pu imaginer que j'étais attirée par l'ami de mon époux que je venais à peine de rencontrer ? Lucie ne se doutait de rien. Elle était aux petits soins avec moi et m'incluait dans tous ses projets caritatifs. C'était une femme au grand cœur qui œuvrait pour le bien être des démunis et des détenus. Elle avait pour habitude de faire à manger aux prisonniers de la ville toutes les semaines et je l'assistais en cuisine, vu que je ne travaillais pas. Chaque fois que Daniel goûtait mes repas, il en raffolait et en demandait davantage. Avec cette proximité, je commençai à nourrir l'idée qu'il pouvait être le géniteur du bébé que je désirais tant, d'autant plus que le problème de stérilité dans leur couple ne venait pas de lui mais de son épouse.
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Plus on se retrouvait ensemble, plus je développais des sentiments pour lui. J'étais de plus en plus attirée par lui. Ce n'était plus seulement une histoire de bébé mais d'un amour immense.
Un soir, alors que Xavier était en déplacement et Lucie allée poursuivre pour plusieurs jours son traitement dans une clinique á la capitale, il me vint à l'idée de tenter ma chance en allant chez Daniel avec pour prétexte de lui apporter à manger.
Ce soir-là, j'étais particulièrement belle. J'étais bien coiffée et maquillée. J'étais dans une robe dangereusement décolletée. Il fallait vraiment être un saint pour pouvoir résister à la tentation.
- Entre Moni, dit-il affectueusement en me cédant le passage.
- Merci, lançai-je le sourire aux lèvres et me dirigeai vers la cuisine.
Nous nous retrouvions seuls pour la première fois.
J'avais avec moi des côtelettes de porc sautées accompagnées des frites de plantain mûr et du piment pour remonter le goût. Après avoir mis le couvert, je l'invitai à passer à table. Nous avions diné en tête à tête en bavardant comme un couple. La complicité, l'attirance et l'alchimie sautaient à l'œil. C'était indéniable !
- C'est délicieux Moni. Dit-il les yeux rivés dans les miens.
- Merci Daniel, c'est gentil. Lançai-je toute émoustillée à l'intérieur.
- Tu devrais penser à ouvrir un restaurant. Suggéra-t-il.
- Xavier ne voudrait jamais que j'exerce ce genre de métier.
- Mais pourquoi pas ? Tu as pourtant tout ce qu'il faut pour.
- ça ne passe pas avec ses mœurs. Il me voit plutôt comme une institutrice ou une infirmière.
J'étais encore jeune à cette époque et espérais encore travailler un jour à la fonction publique.
- Je vois. Dit-il et continua à déguster son repas.
Le repas terminé, je me mis à débarrasser la table.
Après avoir tout nettoyé, je lui dis au revoir avec des doigts croisés. C'était dans l'espoir qu'il me retienne, qu'il m'invite à rester. Après tout, ça n'allait pas être ma première nuit chez lui, même si c'était en l'absence de son épouse. Me dis-je.
- Bon, je te laisse, il faut que je rentre me coucher. Dis-je en me tenant au beau milieu du salon.
Il jeta d'abord un coup d'œil sur la pendule murale avant de me regarder l' air stupéfait.
- Tu n'es pas sérieuse ! S'exclama-t-il. Je ne te laisserai pas sortir d'ici à cette heure de la nuit. Ce n'est pas du tout prudent. En plus Xavier n'est pas à la maison.
« Waouh » dis-je intérieurement le cœur battant. Mes prières venaient d'être exaucées.
- Tu as raison. Répondis-je sans me faire prier.
Il récupéra lui-même mon sac entre mes mains et alla avec dans la cuisine.
Pendant ce temps je pris place sur le canapé.
Il ressortit de la cuisine avec une bouteille et deux verres en main.
- Du vin pour digérer ce délicieux repas. Dit-il en me tendant un verre.
- Humm merci, c'est juste pour t'accompagner. Dis-je en récupérant le verre de sa main.
Je n'aimais pas beaucoup les boissons alcoolisées à cause du traitement que nous suivions mais rien que pour faire plaisir à Daniel j'étais prête à vider une bouteille.
Au moment de récupérer le verre, nos mains se touchèrent. Un autre électrochoc me saisit, comme si le courant venait de me frapper. Timidement je baissai le regard de peur de laisser transparaitre ce que je ressentais.
Il remplit mon verre à moitié et se servit à son tour.
Après un verre, s'en suivit un deuxième et ainsi de suite. Nous avons commencé à bavarder sans tabou jusqu'à ce que la bouteille soit vidée. Il me parla de son boulot et des difficultés qu'avait Lucie á tomber enceinte. À mon tour, je lui parlai de l'incapacité de Xavier à m'enceinter. On désirait désespérément la même chose : Devenir parents.
Dans ce moment euphorique, il posa sa main sur mon épaule. Je frissonnai les yeux rivés dans les siens. Il la glissa ensuite jusqu'à ma généreuse poitrine. Des attouchements qu'il fit migrer jusqu'à mes cuisses, m'arrachant des soupirs au passage.
Je le fixai davantage du regard, un regard qui en disait long sur mes désirs de baisers et de caresses. Il succomba et tous les deux, sans refléchir, nous nous abandonnâmes à un baiser langoureux.
- Euh pardonne-moi. Dit-il en essuyant ses lèvres.
- Non Daniel, ne t'arrête pas. Dis-je en le tirant vers moi. Chaque fois que je suis à côté de toi, j'ai envie de te toucher, de t'embrasser. Dis-je le cœur battant la chamade.
- Moni, tu as un effet indescriptible sur moi. Je n'arrive plus à résister. Dit-il d'une voix suave en me caressant la lèvre de sa douce main.
Je pris le devant et l'embrassai avec fougue. Ce moment longtemps attendu était enfin arrivé et je ne pouvais tout simplement pas le laisser passer. Cette proximité, ce baiser tant rêvé était enfin arrivé et j'en avais cruellement besoin.
- Moni, murmura-t-il en m'effleurant la joue.
- Daniel, tu me plais tellement. Fais-moi l'amour s'il te plait. Dis-je en le serrant fort contre moi. Tout mon être le réclamait.
Il continua de m'embrasser en m'enlaçant. Il m'entoura de ses grands bras. Cette étreinte fusionnelle était un grand signal pour moi. C'était comme son invitation à l'amour qui m'avait donnée de l'assurance pendant ce moment unique et je me suis donnée à lui corps et âme. Nous avions oublié qui nous étions réellement l'un pour l'autre. Ce feu de désir qui brulait en moi depuis le jour de notre rencontre s'était enfin consumé. Je le laissai me prendre comme bon lui semblait.
Tout de suite après cet acte, Daniel commença à faire comme s'il éprouvait des regrets.
- Désolé, je me suis laissé emporter par mes émotions.
- Il n'y a pas lieu de regretter. J'ai aimé chaque instant Daniel. Je t'interdis de le gâcher avec cette tête. Souris et embrasse-moi. Dis-je très émue.
- Moni... Murmura-t-il en me caressant le cou.
- C'était magnifique. Avec toi c'est différent, j'ai l'impression d'être en train de renaître.
- Oui, mais ça ne doit plus se reproduire. Dit-il en se levant du canapé où nous étions couchés.
- Pourquoi pas ? Nous sommes deux adultes consentants. Exprimai-je
- C'est de la folie Monica. Nous sommes tous les deux mariés !
Je ne dis rien et lui tournai le dos. Il prit à nouveau place à mes côtés.
- Souviens-toi que ton époux est mon meilleur ami.
- Ca, je n'ai pas oublié. Tu veux dire que ce qui vient de se passer était insignifiant ? J'ai ressenti cette fusion entre nous. Nous ressentons la même chose Daniel, articulai-je.
- Je ne nie pas que tu m'attires beaucoup mais nous ne pouvons pas nourrir ces sentiments. Nous ne pouvons pas continuer. C'est dangereux pour toi et moi. Dit-il d'un air sérieux.
- Je refuse de refouler mes sentiments Daniel. Je ne le pourrais même pas si je le voulais. C'est plus fort que moi. Je suis folle de toi. Dis-je la tête enfouie dans son torse.
Il me regarda ébahi.
- Tu n'es pas sérieuse Moni. Tu oublies que je suis marié ? Me demanda-t-il en me montrant son alliance.
- J'ai des sentiments très forts pour toi Daniel. Et l'amour ne réfléchit pas.
J'étais prête à tout balancer en l'air pour vivre cette liaison avec lui et multiplier mes chances de concevoir un bébé.
- Ecoute, je ne peux rien te promettre. Dit-il braqué.
- Dans ce cas je m'en vais. Dis-je en colère en me levant d'un bon du canapé.
- Non Moni, reste s'il te plait. Ne sois pas aussi têtue.
Je ne dis plus rien et me rhabillai. Il avait réussi à me calmer mais ma colère n'avait pas baissé.
J'avais passé la nuit sur le canapé et lui dans sa chambre.
À son réveil, j'avais déjà apprêté le petit déjeuner. Il vint vers moi dans un air très gêné contrairement à moi. J'étais très calme. Pour moi c'était naturel.
-Huhuh... Fit-il en raclant sa gorge.
- Je t'écoute, dis-je en soutenant son regard.
- Moni, je ne veux pas que tu aies l'impression que j'ai profité de toi. Dit-il en tirant la chaise pour s'installer.
- C'est pourtant ce qui s'est passé. Lançai-je pour le faire davantage culpabiliser.
- Tu m'attires aussi beaucoup mais je suis sûr que ça nous passera. Dit-il pour se défendre.
- Tu crois vraiment que tout ceci n'est qu'une passade ou juste une attirance ? Demandai-je le ton monté.
- Qu'est-ce que tu veux de moi Monica ?
- Je veux tout ! Répondis-je.
- Je suis désolé mais je ne pourrais pas te donner ce que tu veux. Je ne veux pas quitter Lucie. Je l'aime énormément. Dit-il en se levant.
Il était furieux. Il s'en alla finalement sans prendre son petit déjeuner.
Profondement déçue, je rassemblai mes effets et quittai immédiatement sa maison.