L'enlevant avec difficulté, je réponds :
-Je ne peux pas faire ça Nicanor. Tu es ma patronne...
-Et ? Nous serons les premiers patron/employé à s'envoyer en l'air ? Je te signale que c'est monnaie courante Jazz. Dit-elle en haussant les épaules
-Non. Je peux faire quelque chose pour toi avant qu'on ne parle affaire ? Dis-je en changeant de sujet
-Aller te faire voir oui...Va au 2ème étage, au restaurant et dit que c'est de la part de Nicanor Adjibi : la commande habituelle. Dit-elle en me foudroyant du regard
J'hoche la tête et sort le plus rapidement possible du bureau.
Si seulement je n'avais pas été stupide, je ne serais pas dans cette situation.
***
Après avoir passé commande, je m'installe au bar et commande une liqueur suffisamment forte pour me brûler le gosier.
-On essaie d'oublier quelque chose ?
Je me retourne et tombe sur la Mélissa. Je soupire avant de dire :
-Tu n'es pas supposée être partie depuis 15 minutes ?
-J'avais des choses à faire. Alors, Nicanor t'a déjà jeté à la poubelle ? Dit-elle avec un sourire faux
-Pardon ?
-Tu sais, Nicanor est vraiment capricieuse et pourrie gâtée. Tu ferais mieux de t'éloigner d'elle.
-Tu n'es pas supposée être sa meilleure amie ou un truc du genre ? Dis-je en la toisant
-Oh je ne suis qu'une femme et je dis ce qui est. Nicanor n'est pas le genre de femme avec qui un homme comme toi devrait sortir. Dit-elle en faisant des manières
-Mais toi, tu es un ange tombé du ciel ! Quelle fille fausse !
-Venant de toi...Bon, bel homme, on aura l'occasion de discuter un peu plus tard. Passe une bonne soirée et n'oublie pas mon conseil.
Je l'observe partir en direction de la porte et secoue la tête : celle-là , c'est un serpent.
***
*Nicanor*
-La commande de Mlle. Bon appétit. Dit Jazz en entrant dans le bureau
Dès qu'il pose la nourriture sur la table, je le prends par le bras :
-Nicanor, s'il te plaît...
-Quoi ? Quoi Jazz ? Tu n'étais pas censé me proposer un super plan pour démasquer Aurélien ? Dis-je en battant des cils
Il laisse échapper un soupir de soulagement avant de prendre la parole :
-Bon, ce que je te propose c'est d'installer un logiciel espion sur ton ordinateur grâce auquel tu pourras avoir tous les détails sur ce qu'il se passe dans ton entreprise surtout les finances. La seconde chose c'est que j'installerai des caméras dans ces bureaux. Avec ça, je pense que tu auras suffisamment de preuves pour envoyer ton comptable derrière les barreaux ou tout ce que tu veux. C'est bon ?
-Je veux bien essayer. Dis-je, peu certaine
-D'accord. Je peux ? Dit-il en désignant mon ordinateur
-Vas-y.
Pendant une bonne trentaine de minutes, il bidouille sur mon ordinateur et sur son portable avec une telle concentration...
-Et voilà . Il te suffit de cliquer sur « Start » et c'est bon. Maintenant, je vais acheter les caméras.
-ça a l'air d'être vraiment ton monde tout ça. Tu as appris ça ou ? Tu étais informaticien avant ? Demandai-je
-Tu n'as pas mangé Nicanor. Profite de mon absence pour manger. Et surtout, fais attention à toi. Répond-t-il, ignorant ma question
J'hoche silencieusement la tête avant de me concentrer sur la nourriture.
A son retour, il n'y a plus personne ici.
Il commence à installer les caméras tandis que moi j'essaie tant bien que mal de me replonger dans le travail. Au bout de quinze minutes, j'abandonne et me rapproche de lui :
-Je peux t'aider ?
-N...
-Je vais le faire. Je n'arrive pas à trouver ma touche personnelle pour la soirée Reggae. Ça me changera l'esprit. Pas de « mais », dis-moi comment faire. J'apprends vite. Dis-je en le coupant
Il soupire de nouveau avant de me montrer quoi faire.
La leçon apprise, je monte sur le bras d'une chaise et commence à manœuvrer :
-Mais qu'est-ce que tu fais ? Comment peux-tu monter sur le bras de cette chaise avec des chaussures aussi hautes ? Tu veux te briser le cou Nicanor ?
-Mais noooon. Rien ne m'arrivera. Je suis Nicanor Adjibi. Dis-je en relevant la tête
-Non mais t'es folle Nicanor ! Fais attention. Dit-il en laissant tomber son matériel
-Oh papa. Du calme ! J'ai fini. Comme une pro...
-Nicanor ! Dit-il en me rattrapant à temps
-C'était quoi le projet ? Te briser le cou ? Non mais comme tu es têtue !
Je suis sur le point de rétorquer quand des frissons parcourent mon corps.
Je sens son torse ferme contre moi, je vois sa poitrine se soulever et s'abaisser rapidement, ses lèvres tentantes, son bras nu contre le mien et mieux, je suis dans ses bras.
Décidée à prendre les choses en main, j'encercle son cou de mes bras et fait courir ma langue sur le lobe de son oreille. Je joue avec celle-ci, suçant chaque centimètre de peau disponible de son oreille à son cou. Ignorant la pression de protestation de ses mains sur mon corps, je m'empare de ses lèvres. Je lui donne de petits baisers jusqu'à ce qu'il me donne accès à sa langue.
Très vite, j'enroule ma langue autour de la sienne et l'embrasse avec passion. Il répond avec la même fougue que moi avant de me relâcher.
Une expression sombre au visage, il me pose rapidement sur la chaise, écartant avec violence mes jambes. En un mouvement, son genou est contre mon string humide.
Il me regarde un instant, réuni mes mains au sommet de mon crane presque nu et s'empare violemment de mes lèvres. Loin d'un baiser doux, c'est un baiser sauvage, brutal, dominateur. Comme s'il voulait me marquer.
Laissant mes lèvres presqu'en sang, il alterne entre coups de langue et morsures sur mon cou avant de baisser ma robe jusqu'à ma taille et de dégrafer rapidement mon soutien-gorge. Très vite, il prend mon téton gauche dans sa bouche. De sa main droite, il pince mon téton droit avec une force impressionnante m'arrachant plusieurs cris de plaisir.
Là , en un geste autoritaire, il me débarrasse de mon string et insère l'index et le majeur de sa main gauche dans ma cave humide, son pouce pressant délicatement mon bouton de plaisir.
-Prends-moi ! Prends-moi s'il te plaît. Je vais mourir Jaaaazz. Dis-je entre deux gémissements
Tout à coup, comme si tout ça n'avait été qu'un rêve, il se retire, s'éloigne de moi et dit :
-Habille-toi le temps que je mette de l'ordre ici.
-Jazz ? Dis-je, subjuguée
-Nicanor ?
-Non mais tu es malade toi ! C'est quoi ce jeu ? Tu te fous de ma gueule, c'est ça ? Dis-je en cognant contre son torse dur
-Je ne joue à rien Mlle. Habillez-vous.
-Vous, vous, vous...Va te faire voir enfoiré. Tu m'embrasses, tu m'excites et tout d'un coup, tu me parles de ménage. Tu es possédé toi ?
-C'est toi qui a commencé. Oublions ça. Nicanor, habille-toi.
-Ah oui ? J'ai collé un pistolet contre ta tempe quand tu m'embrassais ? Quand tu descendais ma robe et dégrafait mon soutien-gorge ? Je te menaçais quand tu suçais mon téton, quand tu...
-ça suffit ! Je peux t'aider à faire quelque chose avant qu'on ne parte ?
-Tu es un gros nul. Si tu crois que tu es le centre du monde, sache que moi, Nicanor Adjibi, je peux trouver mieux.
Furieuse, je marche aussi vite que mes talons me le permette jusqu'Ã mon bureau, me rhabille en vitesse, arrange mon maquillage et prend mes affaires.
Je suis Nicanor Adjibi, personne ne me prend pour de la merde moi.
***
*5 jours plus tard*
*Jazz*
Cinq jours sont passés depuis notre « altercation » et depuis, nos seuls échanges se sont limités à « bonjour », « bonsoir », « fais-moi... ».
Je sais oui, je l'ai cherché mais mieux j'évite les emmerdes.
Je me tiens dans un coin de l'immense jardin où elle et son équipe bosse pour que tout soit prêt pour la soirée Reggae quand elle vient vers moi :
-Ce soir, tâche de porter autre chose que ton « uniforme » (jean+ polo) et évite surtout de casser la gueule à quelqu'un. Je ne perdrai pas un seul franc à cause de toi. Compris ?
-Compris Nicanor.
-C'est Mlle.
-Compris Mlle.
Elle me tourne automatiquement le dos tandis que je forme, inconsciemment mon poing.
Si seulement, je n'avais pas merdé, je ne serais pas dans cette situation...
Quand on parle de merde (mon téléphone sonne) :
Lui : Je n'ai pas eu le rapport que je t'ai demandé. J'espère que tu ne prévois pas de te jouer de moi mon petit.
Moi : (réprimant un soupir d'agacement) Non Mr. Je vous l'enverrai ce soir.
Lui : Tu me l'envoies tout de suite. J'espère que tu n'oublies pas pourquoi tu es là et qui je suis. Tu as un mois. Pas plus. Tu sais ce que je ferai sinon n'est-ce pas ?
Moi : Oui Mr.
Lui : Bien. Ce n'est pas tout. Ma fille aînée à accoucher il y a peu. Je veux Nicanor au Dream Beach, samedi prochain pour le baptême.
Moi : Oui Mr.
L'instant d'après, la communication est coupé.
Je lâche un soupir de soulagement et de rage et fixe Nicanor.
Pour Lucia et Rose.
***
*Le soir*
Il est 2h du matin. La soirée à commencer depuis une heure et demie.
Comme la dernière fois, il y a de l'alcool à flot, des meufs et des mecs à moitié à poil, la musique, la piscine...
Seulement, cette fois-ci, le décor est un peu plus reggae avec tout ce que ça inclut de bon et de moins bon.
Accoudé au bar, j'observe les corps en chaleur se trémousser dans la cours, le visage serré pour signifier aux meufs que je ne suis pas intéressé.
Je me retourne pour commander une autre bière quand la voix dans le haut-parleur m'appelle :
-Bonsoir les amis. J'espère que vous vous amusez bien.
(Cris du public)
Je fais volte-face et tombe sur une Nicanor en short et haut de maillot couleur « Reggae » avec ses éternels talons hauts.
Je marche rapidement jusqu'au podium où une bonne trentaine de personnes est attroupée, fend le public en deux jusqu'au-devant de la scène.
-Eh ben, ce soir, NickyEvents à une surprise pour vous. Je sais déjà que vous allez aimer. Dit-elle en clignant de l'œil droit
Dès les premières notes de Is this Love de Bob Marley, les mecs commencent par pousser des cris d'encouragement.
Nicanor, en bonne provocatrice s'accroupit, les jambes écartées en pointant un type imaginaire dans le public en chantant :
''I want to love you
I want to love you, and treat you right,
I want to love you, every day and every night...''
Les youyous augmentent au fur et à mesure que les paroles de la chanson s'échappent de sa bouche.
Envoûté, je suis attentivement chaque mouvement de son corps, mes oreilles ne retenant que sa voix et ses paroles. Réprimant l'envie folle de monter sur scène et de la prendre comme un homme de Néanderthale, je garde mes mains bien enfoncées dans mes poches essayant de calmer l'érection naissante dans mon pantalon.
Elle veut ma mort celle-là .
***
Quelques minutes plus tard, elle descend du podium sous les ovations du public.
Avec son air suffisant et sa démarche assurée, elle se faufile entre la foule jusqu'à un point donné.
Soudain, je vois ce type posé une main sur sa taille et l'autre sur ses fesses.
C'est qui ce fils de pute ?!!!
Je marche rapidement jusqu'à eux et la surprise et la colère me gagne quand je reconnais le fumier de la dernière fois.
Je m'apprête à faire un pas de plus quand Nicanor pose ses mains sur ses épaules et lui donne un french kiss comme s'ils étaient deux amoureux qui se retrouvaient après une éternité.
Vert de jalousie, je fais demi-tour, acceptant finalement la bière qu'une nana en robe courte me donne. Je ne prête guère attention à son visage, la laissant remuer son cul M contre moi.
J'avale rapidement ma bière quand je vois Nicanor et le type se diriger vers une paillotte.
-Mais elle est sérieuse ? Qu'est-ce qu'elle fout avec cet imbécile ? Hurlai-je en voyant le mec se pencher au-dessus d'elle et l'embrasser
-Hey toi. Tu es avec moi je te signale. Dit la nana M qui puait le tabac
Je la repousse et me dirige jusqu'à la paillotte où je soulève ce fils de pute et lui pète le nez.
-Non mais c'est quoi ton problème ? Ça ne va pas de frapper mon mec, Tarzan ? Dit-elle en pointant un doigt sur moi avant d'aider le type à se relever.
Elle sort un papier mouchoir et nettoie le sang sur sa tronche.
-Sérieusement Nic. Je ne sais pas où tu as trouvé ce type mais sa place est à l'asile. Tu dois te faire soigner toi. Dit l'autre en me lançant un regard noir
-Et toi, arrêter d'essayer de te taper une nana qui te rabaisse.
-Genre ? C'est toi qui va me dire ce que je dois faire de ma vie ? Tu as de la chance. Ce soir, je ne veux pas me battre. Allons Nicanor. Dit-il en prenant sa main
Nicanor me lance des éclairs avant de suivre l'autre
-Mais bien sûr, lot de consolation. Si ton cerveau fonctionnait un peu, tu verrais que tu es sa roue de secours. Celui vers qui elle se tourne quand elle n'a pas ce qu'elle veut. Et toi, franchement, je me demande bien quel genre de mec tu es pour revenir vers une fille qui te traite de demi-portion. Crachai-je, mi- moqueur, mi-rageux
Les poings du mec se forment. Comme si j'avais perdu une fois de plus ma foutue raison, j'oblige Nicanor à me suivre, la tenant bien fermement jusqu'à l'arrière cours.
-ça t'amuse de foutre le bordel dans ma vie ? Je ne te comprends pas. Qu'est-ce que tu me veux à la fin ? Dit-elle, les nerfs à vif
Je prends ses lèvres et l'embrasse pendant une bonne dizaine de minutes, comme si ce geste pouvait effacer toute trace de l'autre.
Reprenant mes esprits, je la relâche et m'excuse.
Elle me fixe pendant plusieurs minutes, essayant de lire en moi avant de se tordre de rire :
-Mon père sait-il que tu es bipolaire ? Tu sais, j'aime m'amuser, provoquer, faire la fête et vivre comme je l'entends mais je ne suis pas un jouet. On ne m'utilise pas et on me jette selon son envie. NON !
-Ce n'est pas ça Nicanor...
-Et c'est quoi ? Dis-moi. Y en a marre. Et surtout ne me sort pas un de ces discours débile patronne-employé parce qu'un employé ne se comporte pas comme toi.
-Je ne peux pas être avec toi. Dis-je en me retenant de dire la vérité
-Quelle nouvelle ! Mais tu peux m'embrasser et me rejeter la minute d'après, me tenir dans tes bras comme personne et me repousser juste après, exploser le nez d'un mec qui s'approche de moi et m'obliger à te suivre comme si je t'appartenais. C'EST QUOI TON PROBLEME JAZZ ! Dit-elle comme une folle
-Nicanor.
-JAZZ !
-Eh ben...Débutai-je en me grattant la tête
-Oui ? Je t'écoute ? Dit-elle en croisant ses bras sur sa poitrine
Inspirant, je lâche :
-Nicanor, j'ai le SIDA. Voilà !
-Quoi ?