Madame (regardant son mari) : quoi?
Il lui explique que c'est dangereux que je vienne à aussi tôt, seule, et elle est du même avis.
L'avantage ici, les employés ont des extensions. Les gardiens, le chauffeur et moi-même avons la possibilité de dormir ici.
Je reste à table jusqu'à ce que les enfants terminent de manger.
Quand je me lève pour retourner à la cuisine ma patronne me suit.
Elle (marchant derrière moi) : Tolanie?
Moi (me tournant) : oui madame?
Elle : ton soutien-gorge.
Moi (ne comprenant pas où elle veut en venir) : pardon?
Elle : je t'ai déjà dit que je ne voulais pas que monsieur voit la couleur de ton soutien.
Je m'excuse et je l'arrange. Je ne me rendais pas compte que les bretelles étaient dehors.
À mon arrivé dans cette maison ma patronne m'avait fait asseoir. Elle m'avait dit tout ce qu'elle ne voulait pas.
Dans sa liste, il y avait le fait de ne pas rester longtemps avec Monsieur dans la même pièce.
Elle était directe! Je ne dois pas porter un débardeur car on peut voir ma poitrine. Tout doit être au niveau des genoux.
Je respecte ça jusqu'à présent. Parfois quand monsieur veut parler de quelque chose je le laisse seul en lui signifiant que j'ai du travail.
Je fais tout pour ne pas me retrouver dans une position inconfortable.
Je suis venue ici chercher mon argent!
Je vais travailler à la cuisine le temps qu'ils terminent de manger.
Quand je viens pour débarrasser, sans faire exprès je fais tomber quelque chose dans le verre de jus de l'ami de mon patron.
Il lève ses yeux vers moi et je m'excuse systématiquement.
Ma patronne : reviens avec un autre verre.
Lui : non ça va.
Il dépose lui même son verre dans mon plateau et m'aide en me passant ce qui est devant lui.
Moi (évitant son regard) : merci.
Je fais un aller-retour et en revenant je tombe sur une conversation entre mes patrons.
Madame : on doit changer le chauffeur là. Il ne sert à rien, il est toujours en retard pour prendre les enfants.
Son mari : j'allais même te le dire. J'étais prendre les petits la dernière fois et le gardien de l'école m'a dit qu'ils restent souvent là-bas jusqu'à 14h.
Elle : le travail n'est pas forcé, je vais faire une annonce. Ils font ça aux enfants des gens comme s'ils n'allaient jamais en avoir un jour
Lui : on peut demander au gardien de chercher.
Elle : c'est lui le prochain que je vais virer donc ça ne sert à rien!
Son mari rigole et je me permets de glisser ma proposition.
Moi : madame j'ai quelqu'un sous la main si vous voulez.
Elle : un gardien?
Moi : oui enfin il est plutôt chauffeur.
Elle : il travaille bien? Il est de quelle nationalité?
Moi : il est Gabonais.
Son mari (septique) : ah les Gabonais font aussi ce travail?
Elle : tu peux lui dire de passer?
Moi : vous souhaitez qu'il passe quand?
Elle : demain si possible.
Moi : il n'y a pas de problème.
Je fais un petit sourire et je m'éclipse!
Je pense à appeler Tom mais je vais lui en parler ce soir.
Je passe la journée à travailler et quand je termine vers 22h30 je quitte les lieux.
J'arrive chez moi à 23h avec toute la fatigue du monde.
C'est à la maison que je me souviens ne pas avoir dit au chauffeur de venir me prendre demain matin.
Je regarde l'heure, il se fait tard, prochainement.
Je m'arrête devant la porte et j'entends Tom discuter avec quelqu'un au téléphone.
Lui : non! C'est tout ce que tu trouves pour moi? Tu ne m'aimes pas!
Lui (après la réponse de la personne) : tu m'appelles quand tu as mieux!
Lui (après la réponse de la personne) : tu n'as pas un oncle maire? Il n'a pas besoin de quelqu'un à la mairie?
Lui (après la réponse de la personne) : tu lui demandes!
3 minutes plus tard je rentre dans la chambre et quand il me voit il raccroche.
Je le regarde et :
Lui : tu es là!
Moi : bonsoir.
Je ne dis pas plus, je vais prendre ma douche et je reviens le trouver sur le lit.
Moi : demain tu as quelque chose de prévu?
Lui : non, pourquoi?
Moi : je t'ai trouvé quelque chose.
Lui : quoi?
Moi : demain on ira ensemble chez ma patronne. Elle cherche un nouveau chauffeur pour ses enfants.
Lui : et c'est à moi que tu as pensé? C'est ce que tu me vois faire? Pendant que les autres femmes veulent me mettre à la mairie?
Moi : les autres femmes?
Il me tourne le dos et s'allonge.
Moi : les autres femmes tu dis? Ces femmes là te promettent le travail dans un bureau c'est ça?
Lui : elles me proposent ce que je mérite!
Moi : tu as fait quoi pour mériter le bureau? Tom tu es un blagueur! Tu as quel diplôme pour aller dans un bureau? Quelle formation? Tu oses même encore choisir!
Lui : heureusement qu'elles voient ce que tu ne vois pas. Tu es là partout à dire que tu as un gars. C'est pas tout de le dire, il faut valoriser son homme. Si ça ne te dérange pas de me voir en tant que chauffeur alors tu n'as aucune ambition!
Moi : moi je n'ai aucune ambition?
Lui : si tu en avais tu n'allais pas aller lécher les pieds des gens toute la journée!
Je commence à hausser le ton tellement son raisonnement m'agace.
Moi : je fais tout pour te placer mais tu ne le mérites pas en fait! Tu es là assis comme un vaut rien!
Il se tourne et me prend brutalement par le cou.
Je me débats pour qu'il me lâche mais il ne s'arrête pas d'appuyer mon cou.
Lui : qui t'a dit que tu pouvais me parler comme ça? Tu me dis quoi faire en tant que qui? Tu as quoi toi pour me dire quoi faire? Tes miettes? Ta bordelerie que tu fais avant de rentrer le soir, tu penses que je ne sais pas? Tu me prends pour qui?
Je tape ses mains afin qu'il me laisse tranquille et quand il a mal il me lâche.
Je quitte le lit et :
Moi (criant) : tu n'as pas honte? C'est comme ça que tu veux vivre? Tu fais quoi avec la bordelle que je suis alors? C'est pas l'argent de cette même bordelle là qui t'aide à te nourrir?
Il quitte également le lit pour me toucher mais je ramasse le gros bois qui me permets de fermer la porte de la douche.
Quand il voit ça il recule d'un pas et :
Lui : tu es une pute! Tu ne fais que ça! Tu me mens!
Moi : pute? Tu es vraiment bête toi là!
Il est énervé, Tom n'aime pas se faire reprendre sauf que moi je ne peux plus me taire. Trop c'est trop.
Je cherche des solutions mais lui rien.
Moi : tu es intellectuellement limité, trop même!
Lui : toi qui ne l'es pas, tu es là? Tu vois où tu vis?
J'ai mal quand il parle comme ça. J'ai mal qu'il dénigre le peu que j'ai. J'ai mal, mal de me savoir avec quelqu'un comme lui.
Je vais vers la porte et je l'ouvre.
Moi : sors! Tu sors de chez moi! Je ne suis pas ta vache laitière.
Il rigole et :
Lui : mais tu as quoi pour être ma vache laitière? Tolanie qui t'a dit que tu étais indispensable? Si je sors là je peux avoir une autre femme. C'est pas moi qui vais pleurer. Tu le sais, tu ne peux pas vivre sans moi mais moi si.
Moi : vas-y, je vais te montrer que si.
Il reste sur place et me regarde.
C'est pas la première fois que je veux le mettre dehors. C'est encore moins la première fois qu'il m'étrangle.
Lorsque je le mets face à la vérité il est dans cet état. Tom est paresseux! Il ne veut rien faire!
Moi : vas-y!
Il me regarde et :
Lui : tu étais sans papier ici, quand la police venait je te cachais et puis tu oses me parler?
Moi : dehors!
Lui : tu n'as pas honte? C'est ce que tu appelles maison?
Moi : raison de plus pour sortir non?
Il parle mais depuis il ne bouge pas.
Je ne sais pas pourquoi il faut toujours en arriver là. Je ne sais pas pourquoi avec lui ce n'est pas simple.
Moi : la bordelle que je suis désire que tu sortes de sa maison.
Lui (croisant ses bras) : ...
Il ne se remet donc jamais en question? Il compte sur quoi?
Moi : tous les jours tu me rappelles que je suis étrangère mais cette même étrangère est ici pour se chercher. Toi, Gabonais, tu fais quoi dans ton pays?
Comme il sait que je suis à deux doigts de le foutre dehors il ne dit plus rien.
Je ne peux pas espérer rentrer et dormir.
Il y a des jours où je regrette!
C'est vraiment à cause de lui que j'ai ce logement. Non seulement j'allais dormir chez mes patrons mais n'ayant pas d'amis dans la ville je n'allais pas chercher à sortir le week-end.
J'allais avoir des sous de côté. Je n'allais pas être comme ça!
Je ferme la porte et je vais m'allonger. 15 minutes plus tard, il commence à s'excuser.
Lui : je suis désolé, je vais changer.
Il parle dans le vide.
Je suis habituée à ses excuses. C'est un refrain!
Lui : je vais faire des efforts.
Je tire le drap et je mets le ventilateur sur moi.
Lui : demain je dois aller à quelle heure?
Il parle seul! Le bruit de sa voix m'agace terriblement!
Je m'en dors sans faire attention à ce qu'il raconte.
Il fait ce qu'il veut, je ne vais plus me prendre la tête pour lui.
Je sais que je dis ça depuis trop longtemps mais cette fois c'est la bonne.
Je me réveille à 5h15 et je vais directement me préparer.
Je suis au boulot 45 minutes plus tard, juste au moment où mon patron descends pour son sport du dimanche.
Moi (allant à la cuisine) : bonjour monsieur!
Lui : bonjour Tolanie, ça va?
Moi : oui monsieur.
Lui : bon je vais au sport!
Je le regarde partir puis je vais faire ce qu'il y a à faire à la cuisine.
Mon patron est particulièrement gentil. Il est comme ça avec tout le monde.
Des deux, sa femme est la plus stricte et exigeante.
Il parle à tous ses employés avec de respect. Il n'hésite pas à donner une enveloppe quand un des employés a un quelconque problème.
Au début j'avais peur de lui, il est imposant. Il fait 1m98 en plus d'être costaud!
Je suis entrain de préparer le petit déjeuner quand mon téléphone se met à sonner.
Moi : allô?
Tom : Tolanie? Bonjour, je peux venir à quelle heure?
Moi : 10h
Tom : ok d'accord.
Moi : c'est tout?
Lui : tu as des sous ici? Je n'ai pas de quoi prendre le taxi.
Moi : dans mon sac blanc, j'ai 2000cfa
Avant qu'il ne rajoute quelque chose je raccroche.
Si je lui donne cet argent c'est parce que j'ai dit à ma patronne que j'avais quelqu'un pour elle. Sans ça il n'allait même pas voir mon argent.
Je vais faire la table et j'attends que mon patron rentre de son sport pour déposer la nourriture (saucisses, omelettes, salade de fruits, pancakes etc).
Lorsque la table est prête je monte les prévenir mais je trouve juste monsieur dans ma chambre.
Lui : elle doit être chez les enfants!
Moi (derrière la porte) : ok monsieur.
Je vais chez les enfants et je m'arrête quand j'écoute sa conversation.
Elle (au téléphone) : mais j'ai eu les enfants en simulant! Pierre est nulle au lit maman. Est-ce que je connais même l'orgasme avec lui.
Je recule d'un pas et je m'apprête à partir quand :
Elle (après la réponse de sa mère) : c'est l'amour maman. C'est parce que j'aime mon mari. Les femmes le voient dans Libreville là mais elles ne ratent rien! Maman je te dis que pendant les préliminaires j'ai l'espoir mais après? Rien, zéro, que dalle!
Elle (après la réponse de sa mère) : il sait, tu sais que je ne cache rien à Pierre. Une fois j'ai été honnête. En combien d'années? Aucun orgasme, qui peut supporter ça? On ne mange pas la beauté maman.
Elle (après la réponse de sa mère) : j'espère qu'il ne voit pas ailleurs parce qu'on va me voir en bas! Que celle-là c'est ce qu'elle subit dans son foyer? Oh non maman je suis dépassée!
Je fais tranquillement demi tour quand je tombe sur monsieur.
Lui : elle sait?
Moi (faisant tout pour qu'il n'aille pas là-bas) : elle arrive!
Lui : les enfants sont où?
Je l'embrouille et lorsqu'il redescend je vais appeler ma patronne.
Je n'y crois même pas!
Monsieur Pierre? Incapable de satisfaire une femme, sa femme?
Oh!
Je vais tranquillement rester à la cuisine tandis qu'ils mangent tous au bungalow.
Lorsqu'ils terminent je regarde l'heure, il est 9h57.
Madame : il va venir non? Parce que je dois sortir.
Moi (débarrassant la table) : oui madame, il ne doit plus être bien.
Elle : d'accord, bon je vais me préparer, quand il vient tu me dis.
Moi : d'accord.
Elle quitte la table, tire la main de son mari et les deux s'en vont, me laissant avec les enfants.
Je les accompagne au petit salon afin qu'ils jouent pendant ce temps je vais nettoyer la cuisine.
Quand je termine de regarder l'heure il est 10h34.