Dans le bureau de madame Lopez, ils étaient tous droits comme des piquets, ça sentait le peloton d'exécution.
« Qu'est-ce que j'ai encore fait ? ai-je exprimé.
- Bonjour Sacha, ne t'inquiètes pas, ce n'est qu'une formalité en se forçant à sourire. »
« Pourtant, je n'avais pas le sentiment que la situation était si banale que ça. »
- Dans ce cas, puis-je savoir ce que je fais là ?
- On aimerait que tu nous éclaires sur une situation, qui s'est déroulé durant l'atelier en début de semaine.
- Je ne vois pas trop ce dont vous voulez parler, tout s'est déroulé dans le calme, il n'y a eu aucun incident.
Daisy rajouta : « C'est par rapport à Sam, la façon dont tu t'y es pris pour le calmer. Personne d'autre n'y était parvenu. Et surtout, comment as-tu su que ce qui l'embêtait , était le fait qu'il n'était pas assis sur sa chaise habituelle ? »
- Ben, durant chaque cours. J'ai remarqué qu'il se balançait de l'avant à l'arrière comme les jeux d'enfants que l'on peut voir dans les parcs. Il le faisait tout le temps, ça avait l'air de l'apaiser.
Mais mardi passé, j'ai constaté que lorsqu'il le faisait. La chaise n'était plus bancale, alors je suis allé la chercher.
- Ok, ça je peux le concevoir, mais comment as-tu su quelle chaise prendre dans la pile de chaises rangées au fond de la classe ?
- ben, il y avait son nom dessus.
« Bien tenter Sacha, mais on a vérifié, il n'y avait pas le nom sur la chaise de Sam ! répliqua Doc Lopez sur un ton légèrement énervé. »
- On a droit à un avocat, ici ?
- Non Sacha. Ici, je suis l'avocat, le juge et le bourreau.
- Dans ce cas, j'aimerais vous parler seul à seul Docteure.
- Très bien. Veuillez nous laisser, je vous prie ; Et Sacha, je veux que tu m'expliques tout dans les moindres détails. Et au passage, j'ai également une confidence à te faire. Tu te souviens, il y a trois semaines, je t'ai demandé comment cela se passe avec tes hallucinations et tu m'as répondu mots pour mots : « Non Docteure, toujours rien à l'horizon ».
Or, il s'avère que j'ai demandé que l'on diminue tes doses de médicaments de moitié. Ce qui veut dire qu'au lieu d'avoir deux gélules de 1g 3x/jour, tu n'as plus que deux de 500mg 3x/jour.
Et tu vas me faire croire qu'il n'ya aucun changement dans ton métabolisme ainsi qu'au niveau de ta santé mentale ?
« S'il parle, on est dans la merde. On va finir sur le billard, c'est sûr
- Non, on peut faire confiance à Sacha, il sait ce qu'il fait.
- Je ne mettrai pas ma main au feu.
- Tu ne peux pas de toute façon ! »
J'avais l'impression d'être dans un cul-de-sac. Je n'avais qu'une envie de me barrer en courant.
Je déteste ce genre de situation dans laquelle je me sens pris au piège. Mais si je me casse, je sais comment cela va se terminer. Retour à la case maison, entre quatre murs, pire encore entre quatre planches. Super comme dilemme.
- Je vais tout vous expliquer, mais promettez-moi de ne pas augmenter les doses.
Je n'ai pas envie de finir comme un légume.
Ainsi ont commencé mes aveux sur le fait que les hallucinations étaient perpétuelles.
Que non seulement, ils s'agissaient bien de voix que j'entendais dans ma tête mais qu'en plus de ça, Je les voyais, ils étaient présents avec moi à chaque instant. La seule chose qui régule effectivement mon contrôlesur eux. Ce sont les pilules.
Si je n'en ai pas, ils prennent le contrôle et si j'en prend trop, je deviens un légume et eux finissent dans l'Olympe ou je ne sais où, et si je prends le bon dosage, j'ai le contrôle sur eux.
- Encore heureux que l'on ne t'a pas donné du placebo.
- Super ! J'aurais fini à l'isolement comme à mon arrivée.
- OK, mais ça ne m'explique toujours pas, comment tu as su, du premier coup, quelle était la chaise bancale de Sam.
- C'est Éden qui me l'a dit.
- Pardon ?
- Je vous avais dit que vous allez me prendre pour un fou, en même temps, on est dans un hôpital psychiatrique, je ne vois pas où d'autre je pourrais finir.
« Ben, le billard. Des gens seront surement intéressés de savoir ce qu'il y a dans votre petite tête ! dit-elle avec un petit sourire moqueur. »
« Et voilà, on va tous crever !
- C'est une blague de médecin, parce que ce ne s'est pas drôle du tout »
- Bien sûr, je plaisante Sacha. Ne t'inquiète pas, nous sommes liés au secret professionnel.
Mais j'aimerais mieux comprendre, comment se déroule le dialogue entre Éden et toi ?
- Alors, comment vous dire cela sans vous faire paniquer.
Pour commencer, ils sont deux. Avec chacun son caractère et sa vision du monde.
Ils sont totalement indépendants, ils réfléchissent tous deux par eux-mêmes.
Mais ils ont besoin l'un de l'autre, l'un ne va pas sans l'autre quoi.
Et moi, je suis leur masse corporelle, plus précisément mon cerveau.
Pour être encore plus précis, je dirais que les deux sont deux atomes qui forment un noyau.
Et ce fameux noyau et ben, c'est ma conscience.
- Ce n'est pas commun, je n'ai jamais rencontré ce genre de cas. Tu dois comprendre que c'est plutôt alarmant comme situation, il va falloir que j'en réfère à mes collègues.
Bien évidemment sans te citer, cela va de soi. Mais pour le moment, je vais devoir réaugmenter tes doses pour que tu ne puisses plus subir ce fardeau, je suppose que cela doit être pénible pour toi.
« Et voilà, il va finir à l'isolement et nous dans un p*** de trou noir, on va se faire chier ! » s'écria Ébène.
« J'avoue. Écoute Sacha, Ébène n'a pas totalement tort sur ce coup-là. Il faut que tu fasses quelque chose. »
- Ok, si je vous dis que je sais où se trouve votre bic rouge que vous affectionnez tant ?
- Et comment tu pourrais le savoir, et puis d'abord comment sais-tu que je l'ai perdu ?
- Parce que Éden me l'a dit, vu que depuis mon arrivée dans votre bureau, vous n'arrêtez pas de répéter en boucle, je cite : Où est ce p*** de stylo ?
- Dans la poche avant de votre autre veste qui est dans l'armoire.
- Comment tu savais, c'est un tour de magie ou quoi ? ou même comment ce Éden le savait.
- Vous y pensez fortement, il l'entend. Ensuite, il fouille dans votre mémoire et il le trouve.
Ce n'est pas parce que vous ne vous en souvenez plus que ce n'est pas enfui dans votre conscience.
Éden ou Ébène vont juste à la pêche aux infos.
- Ok, donc tu sais lire dans mes pensées ?
- Lol non, on n'est pas dans « Ce que veulent les femmes ? ».
Je vous donne un exemple : là, à cet instant précis, je ne pourrais pas vous dire quelle est votre couleur préférée.
En revanche, si je vous pose la question, vous allez y penser. Et maintenant, comme vous venez de le faire. Je sais vous dire que votre couleur préférée est le rouge. En même temps, vu que votre bic fétiche est rouge, même sans ça, j'aurais pu le deviner.
- En conséquence, tu ne lis pas vraiment dans les pensées ?
- C'est plus complexe que ça, je n'entends pas tout ce dont les gens pensent. Il faut que la personne y pense intensément, comme vous avec votre bic. Ou que je lui pose une question et forcément, vous êtes obligé d'y penser, ça malheureusement, vous ne pouvez pas me le cacher. Et paf, je le sais. Via Éden ou Ébène, évidemment.
- On va faire une pause pour aujourd'hui, tu te doutes que cela fait beaucoup d'informations pour moi.
Je ne suis plus sûr d'avoir les idées claires. Je te donne rendez-vous mercredi à 13 h, si tu veux bien.
Finalement, on ne sait pas fait charcuter. La Docteure Lopez a trouvé préférable de garder le diagnostic pour elle, mais en échange, je devais l'assister lors de ses consultations journalières. Ce qui a augmenté son quota de guérisons au sein de l'hôpital. C'était du donnant-donnant.
Néanmoins, les choses ne pouvaient pas être aussi simplespour elle. Elle avait un plan derrière la tête, et voilà le deuxième jour qui a changé ma vie.
Je toque à la porte du DocteureLopez pour l'accompagner à l'une de ses séances et je tombe nez à nez avec une jeune femme propre sur elle, d'origine latine. Il devait surement y avoir un lien avec la Doc.
- Bonjour Sacha, je vous présente le lieutenant Elena L. Hortal du FBI. Si elle est là aujourd'hui, c'est pour une raison particulière qui suscite ton ..., comment pourrait-on qualifier ça ?
- Mon problème, vous voulez dire ?
-J'aurais plutôt dit ton talent, qui a fait ses preuves ces dernières semaines ; Grâce à toi, on a pu aider un bon nombre de patients.
- Et je suis censé faire quoi ?
- Le lieutenant aurait besoin de tes services pour un interrogatoire au sein de son enquête, mais je vais la laisser t'expliquer cela mieux que moi.
- Bonjour Sacha. Tout d'abord, il faut que vous sachiez que tout cela reste confidentiel et rien de ce qui sera dit, ici ou lors de nos déplacements, ne sera divulgué à qui que ce soit.
- Super ! c'est ce que la Doc m'avait indiqué aussi et vous voilà.
- Sacha, je t'en prie. C'est un cas de force majeur, la vie d'une enfant est en jeu. Le lieutenant L. Hortal s'est confié à moi lors de l'une de nos séances, puisque cette affaire l'affecte particulièrement et tu es le seul à pouvoir l'aider. Tu peux nous faire confiance, il n'y a que nous qui sommes au courant et je te l'ai prouvé en ajustant ton diagnostic, n'est-ce pas ?
- D'accord, mais je gagne quoi dans tout ça ?
- Une chambre individuelle avec tout le confort d'un patient VIP, télé, sanitaire privé et une cantine généreuse. Mais par-dessus tout, le droit de sortir de l'établissement lors de tes interventions sous la surveillance du lieutenant L. Hortal. Et qui sait mieux que toi que la liberté, ça a un prix !
- Très bien, mais j'ai une seule condition. Non en fait deux, je veux que Bulle soit avec moi dans cette chambre de luxe, et qu'il aittous les mêmes privilèges que moi au sein de votre bulle.
- Accordé.
En route pour le bureau fédéral,
Le trajet dure plus ou moins une trentaine de minutes, le temps qu'il faut pour que le lieutenant L. Hortal me fasse un topo sur les individus en question.
« Alors, il s'agit de deux suspects, l'un est un homme de race blanche, d'une cinquantaine d'années, faisant 1,80 m, et de grosse corpulence. Son acolyte lui est de race noire, moins de vingt ans, plus petit dans les 1,70 m. C'est lui que l'on a su capturer hier soir, il se rendait dans un night-shop pour faire quelques provisions pour eux deux et la victime, je suppose. Me dit-elle avec mépris. »
- ce n'est pas un peu radical tout ça, race blanche, race noire ?
- On n'est pas là pour des formalités. Dès qu'on arrive au bureau, tu seras assigné comme consultant.
Tu ne dis pas un mot, tu observes et tu me fais ta conclusion après que je l'ai interrogé. C'est tout.
- Oui, chef !
« Col, voici Sacha, c'est notre assistant.
La capitaine Strauss est au courant de sa venue au sein de nos bureaux.
- Enchanté Sacha, Lieutenant Cooper Mac Collins. Mais tout le monde ici m'appelle Col.
- Enchanté Col, mais pourquoi pas Coop dans ce cas ?
- Très bonne question, mais je ne serais pas te répondre, ce sont les collègues qui choisissent. J'avoue, j'aurais aussi préféré Coop, ma mère m'appelle ainsi, son petit Coop.
- je trouve que ça plus de gueule Coop, je peux t'appeler Coop, moi ?
- Vous avez fini tous les deux, les présentations sont faites, c'est bon ?
- En fait, je voulais juste savoir, où sont les... ? Non, c'est bon. Ça peut attendre.
- Il est où le suspect, Col ?
- En salle d'interrogatoire.
- On y va Sacha ! »
Le pauvre, il avait l'air affamé. Il est maigre comme un clou.
De sales vêtements déchirés, j'avais l'impression que son interrogatoire avait duré toute la nuit.
Finalement le FBI venait subitement de descendre dans mon estime, pourtant le lieutenant Coop m'avait fait fort bonne impression.
Elle commence son interrogatoire, mais il ne dit pas un mot dixminutes durant. Ensuite. Elle me demande de l'accompagner dans le hall.
Alors, que peux-tu me dire sur lui ? me demande-t-elle.
- Ben rien.
- Comment ça rien, pas le moindre indice. Un nom, une rue, une date, quelque chose ?
- Non rien.
- Lopez m'a dit que tu savais lire dans les pensées et là, tu me dis que tu ne me sers à rien ?
On n'a pas de temps à perdre Sacha, chaque minute compte. Et ça fait déjà 24 h que la gamine a été kidnappée. Et passé ce délai, le pourcentage de la retrouver diminue considérablement.
- Un sandwich.
- Comment ça, Sandwich.
- Cela fait plusieurs heures que vous l'interrogez. Miskin, il crève de faim.
Et forcément, pour le moment, les seules pensées qu'il a, c'est la bouffe.
Si vous lui donnez un truc à manger. Un sandwich au thon, il adore le thon et un petit café, je suis sûr que vous aurez les réponses que vous cherchez.
- Ramenez-moi un sandwich au thon et un café !
- Je pourrais aussi avoir un petit... euh ? non, c'est bon, ça va aller.
« Tient un sandwich au thon et un café. C'est tout ce que j'ai pu te trouver ».
Il faut vraiment que tu nous dises ce que tu sais ? lui dit-elle.
- Je ne sais pas grand-chose, il nous bande les yeux la plupart du temps. Les seuls moments où ce n'est pas le cas, on se retrouve dans une cave. Mais c'est toujours dans un endroit différent. C'est tout ce que je sais.
- Tu es sûr de nous dire toute la vérité ?
- Oui, je vous jure. Ça fait une semaine qu'il me retient, et il est arrivé avec Lina qu'avant-hier.
Et il m'a déposé au coin de la rue pour aller prendre à manger, et je devais le rejoindre de l'autre côté du bâtiment. Il m'a bien précisé que si je m'enfuis, il lui mettrait une balle dans la tête.
Et c'est là que vous et votre équipe me sont tombées dessus.
- Et pourquoi, tu ne nous as pas dit hier qu'il t'avait aussi kidnappé.
- J'avais peur, je ne savais pas quoi faire, ni que dire.
Au début, il était gentil. Il m'a recueilli lorsque je faisais la manche devant l'église.
Il m'invitait chez lui après la messe pour le repas du midi, et me donnait un sac de nourriture pour tenir la semaine jusqu'au prochain dimanche. Je pensais que c'était vraiment une personne bienveillante, honnête, au cœur blanc.
- Tu sais, comment il s'appelle ?
- Bob, Bob, Neil.
- Col, fais-moi une recherche au nom d'un certain Robert Neil. Et dis-moi ce que tu peux trouver.
C'est bien mon garçon. Et toi, comment t'appelles-tu ?
- Patrice.
« Alors toi, seigneur, du haut du ciel où tu habites, écoutes, pardonnes-leur et agis.
Traite chacun selon ses actes, puisque tu connais le cœur de chacun. Oui, toi seul, tu connais le cœur de tous les humains. Ai-je dit en quittant la pièce. »
Elena sorti de la salle à son tour, le regard dubitatif.
- Tu peux m'expliquer, ce qui vient de se passer ?
- Je ne pouvais plus rester là.
- Et puis-je savoir pourquoi ?
- Il ment, le tatouage qu'il a à l'intérieur de son poignet gauche. « Pldr 8 :39. »
- Ouais et alors, on a épluché toutes les possibilités, et rien ne concorde.
Le seul lien que l'on a trouvé est une action d'investissement à la bourse.
Mais elle n'ouvre qu'à 9 h 00 et son poignet indique 8 h 39.
- Il ne s'agit pas d'une heure, mais du chapitre 8, verset 39 du premier livre des rois.
C'est ça, la citation que je lui ai dite en sortant de la pièce. Pour lui faire comprendre que s'il nous mentait à nouveau, Dieu le traitera selon ces propres actes. C'est un extrait de la bible qui lui tient à cœur.
Je pense que maintenant, il te dira tout.
Mais pour ma part, je n'y retournerai pas, je crains d'y faire des bêtises. D'ailleurs, j'ai besoin que tu me files mes deux pilules du midi.
Cinq minutes plus tard,
Elle ressortit dans la pièce d'un pas engagé.
« Il nous a donné les coordonnées d'une de ces maisons secondaires à Riverhead, c'est à plus ou moins 1 h 40 d'ici, il faut que l'on se dépêche.
Et merci pour ton aide, Col va te ramener au centre, me dit-elle. »