« Alors Sacha, bien évidemment, comme tu peux t'en douter, après chaque intervention en dehors de l'établissement, je reçois un rapport du lieutenant L. Hortal. Je te rassure, il n'y a rien à signaler.
Néanmoins, j'aimerais tout de même avoir ton avis sur cette nouvelle condition ? » m'expliqua-t-elle.
- Ben comme si, comme ça.
Elle sourit « tu peux m'en dire plus ?» Elle prenait des notes dans son carnet, toujours munie de son fameux stylo rouge.
Pour elle, ma réponse n'était pas assez suffisante.
« Que voulez-vous que je vous dise », ai-je répondu.
Elle adressa un regard compatissant. « Tu sais Sacha, tu leur as été d'une grande aide pour cette enquête.
Sans toi, ils n'auraient jamais pu conclure l'affaire dans les temps, et ce sont les propres mots du lieutenant L. Hortal».
- Ouais, ouais, ai-je répondu sur un ton nonchalant.
- Cela ne te fait pas plaisir, tu as sauvé la vie d'une jeune fille tout de même.
- Ce n'est pas ça le problème. Je n'ai pas confiance en lieutenant L. Hortal.
Elle ne me connaît pas, et rien de me dit que je ne finirai pas dans un centre pour cobaye.
- Je t'ai donné ma parole, cela n'arrivera jamais. Il y'a une clause de confidentialité, si elle divulgue quoi que ce soit, nous pouvons porter plainte contre elle et le FBI, ce qui serait mal vu auprès de ses supérieurs.
- Quoi qu'il en soit, je ne lui fais pas confiance. La seule raison de mon engagement, c'est vous.
- Et cela me convient parfaitement, il est bientôt midi. Bulle doit t'attendre impatiemment à la cantine, j'espère que vos nouveaux plateaux sont bien garnis dorénavant.
- Ouais super. Maintenant, Bulle partage notre nourriture avec tout le monde, vu la quantité.
- C'est honorable de sa part.
- Un peu trop même.
Au fond, dans la cantine.
En pleine discussion très intéressante sur les différentes sortes de bulles, d'air, de papier, de chewing-gum et même d'excommunication, un rapport avec le sceau du pape, mon nom fut prononcé, ou plutôt hurler par le lieutenant Elena L. Hortal. Et je n'étais même pas repu.
« En route Sacha, on a une affaire sur le feu. »
Sur la route,
Elle m'explique que nous nous rendons immédiatement sur le lieu de l'affaire en cours.
- Comment ça, quelle affaire en cours ? lui demandai-je.
- A Chinatown, la banque du crédit financier s'est faite braquée.
- Oh popop ! j'suis pas flic, j'suis juste consultant. Je plonge dans aucun feu moi !
- Tu es là pour observer seulement, tu resteras dans le QG mobile. Mais tu mettras un gilet par balle, juste par précaution.
- Quoi ?
- On y est, ouvre tes oreilles. Je veux tout savoir.
Coop avait l'air nerveux, il semblerait qu'il faisait face à son premier hold-up.
« Bon, fais-moi un bilan sur la situation ». Lui demanda-t-elle.
- Alors, nous avons deux individus qui se sont pointés peu après l'ouverture de la banque.
Mais ils ont foiré puisque l'un des caissiers a eu le temps d'appuyer sur l'alarme. Ils détiennent huit otages dont un blessé. C'est le gardien qui a tenté de l'empêcher, mais il s'est fait tirer dessus.
Comme à leur habitude, ils demandent une voiture, et un avion qui les attend à l'aéroport.
Et s'ils n'ont pas ce qu'ils veulent, ils tueront un otage toutes les trente minutes.
- Ok, il est où le négociateur ?
- Dans le QG, il est en contact avec les preneurs d'otage.
L'ambiance était super tendue.
- Bonjour. Agent spécial Hortal et voici Sacha notre consultant. Nous sommes les négociateurs du FBI.
- ils sont sur notre juridiction, on s'en occupe.
- Très bien, mais la maire veut qu'ils soient traduits en justice et donc qu'il n'y ait pas de vagues.
Alors, on va rester là en observation.
- Comme vous voulez ! Mettez-moi en communication avec eux.
Le téléphone mit une éternité à répondre, mais après cela une voix à couper au couteau répondit :
- Alors, elles en sont où mes revendications, ça fait déjà vingt et une minutes. Je ne vois aucune amélioration.
- On fait de notre possible, mais il nous faut du temps.
- Il ne vous reste plus que huit minutes, le temps s'écoule.
- Il a raccroché.
« Waouh, je suis sûr qu'il a fait science po celui-là. Un vrai tueur. »
- Calme-toi, Ebène, on est là pour observer.
- « Ouais, ben, c'est une merde. Et déjà pourquoi, ils disent qu'ils sont deux ? Le gars, il est tout seul.
Mes revendications et non nos revendications. Et il dit : je ne vois aucune amélioration.
Tu as capté quand même frangin ?
- Ouais, mais on est là pour observer.
- Oh Sacha, s'il te plait. Fais quelques choses, ce négociateur, c'est un abruti. »
- Euh, lieutenant. Comment sont-t-ils sûrs qu'ils sont deux dans la banque.
Vu qu'au niveau de la situation ; A part le téléphone, ils ne voient rien, ni n'entendent rien ?
- Pas faux, tu vois que tu peux servir quand tu veux.
« Elle est sérieuse là. Et nous, on ne dit rien ? Posa Ebène ayant une veine sortant de son front prêt à exploser.
- Tu es tendu frangin, laisse Sacha gérer »
- Les gars, comment savez-vous qu'ils sont deux ?
- Aux deux premiers appels qu'on a eus avec eux. La première fois, le gars était super tendu, et les autres fois, c'est clairement, une autre personne. Plus posée, plus réfléchie et sûre de soi.
- Bon, on va prendre la main. Je vais aller voir ce qu'il en est. Au moins négocier pour sortir le gardien.
Ça doit faire un bon moment qu'il se vide de son sang et ça va nous faire gagner du temps.
- Es-tu sûr Lieutenant ? Le preneur d'otage doit avoir un problème psychologique.
- T'inquiète pas Sacha, je n'en suis pas à ma première fois, ça va aller.
« Moi, je dis, on envoie l'abruti de science po. Tant qu'à se prendre une balle, autant que ce soit lui.
- Ebène, tu ne peux pas dire ça. »
Cinq minutes plus tard,
Le lieutenant sorti de la banque. La situation avait dû la remuer.
Elle avait l'air d'être sur les nerfs. Le genre de situation où il ne vaut mieux pas être la première personne qu'elle croise, sinon on prendrait tout sur la gueule sans sommation.
« Alors ? lui demanda le négociateur.
- Il est tout seul dans la banque et le gardien est mal en point. C'est la première chose que vous auriez dû négocier. Les autres otages vont bien, mais ils sont terrorisés. J'ai négocié de prendre au moins le gardien en guise de bonne foi. Sacha enfile l'uniforme de l'ambulancier, j'ai besoin de toi.
On va aller les récupérer et tu feras ce que tu sais ok ? »
- Euh chef ! Ce n'est pas que je ne veux pas, même si en fait, pour être sincère. Je ne veux vraiment pas.
Je ne suis pas qualifié pour ce genre d'opération, je suis juste consultant.
Je serai bien plus utile ici avec les autres en observation.
- Écoutes moi bien, j'ai besoin de toi et tu sais pourquoi. Et d'ici, tu ne me sers à rien.
Il faut que l'on rentre là-dedans, que tu me fasses ta magie et après, on avise. Ok ?
- OK.
« Voilà Ethan, je suis là avec l'ambulancier. On va juste prendre le gardien et je te ramène ta voiture. Donnant-donnant, comme on a convenu. Lui dit-elle. »
Il a fondu en larmes.
« Ouais, mais dépêchez-vous. Je vous laisse dix minutes à partir de maintenant, comme on s'est dit », en pleurnichant.
Nous prîmes le gardien et l'évacuâmes.
Le gardien mis à l'abri auprès des véritables ambulanciers. Le lieutenant L. Hortal se précipita dans le QG.
« Ça ne sent pas bon les gars, il a l'air de plus en plus à cran. Il faut que l'on fasse quelque chose au plus vite ou la situation va nous péter entre les doigts.
- Comment va-t-on faire ? lui ai-je demandé.
- Dis-moi d'abord, ce que tu as comme infos pour moi ?
- Ben déjà, il est bipolaire et schizo comme on a pu le remarquer. Il a deux personnalités, comme le bon et le mauvais flic. J'ai l'impression que le mauvais apparait quand il est sous tension.
- Quoi d'autres ?
- Les dix minutes écoulés, il va en tuer un, c'est sûr. Du moins, la mauvaise personnalité va s'en charger.
Mais il fait tout ça pour son fils qui est malade, il lui faut une transplantation d'un rein. Et vu qu'ils n'ont pas d'assurance maladies, le petit n'a pas pu être mis sur la liste des receveurs.
Néanmoins, il y a autre chose. Il n'arrêtait pas de penser à sa femme, une certaine « Jessica Harper » en ayant des remords.
- Les gars, trouvez-moi sa femme « Jessica Harper » dans les cinq minutes. On a peut-être une carte à jouer.
Et appeler Ethan pour lui dire qu'elle est en route et qu'elle veut lui parler. Vous allez aussi me placer des snipers en équipe verte ayant un angle de tir sur l'entrée. Il faut le faire venir à la porte, si jamais on doit le neutraliser.
- Elle est escortée par nos agents, mais elle ne sera là que dans dix minutes, on ne peut pas faire mieux.
- Et Ethan, il a dit quoi ?
- Il a décroché et aussitôt raccroché. On a eu à peine le temps de lui dire pour sa femme.
- Sacha, tu es sûr qu'il va en tuer un, quand les dix minutes seront écoulées ?
- Malheureusement oui, chef, j'en suis certain. Pour son fils, il est déter.
- OK, magnez-vous pour ramener sa femme.
Quelques minutes plus tard,
Avant la fin du décompte, sa femme entra dans le QG mobile. On lui fit le constat de la situation.
Mais elle n'avait pas l'air d'une femme qui est prête à coopérer. Elle avait l'air blasée par la justice et son système. Une femme ayant tout tenté pour son fils dans les limites du possible.
« Madame Harper, je vous en supplie, aidez-nous à convaincre votre mari, lui a demandé le lieutenant L. Hortal avec piété.
- Je ne peux rien faire malheureusement. On a tout essayé, on a consulté plusieurs médecins afin qu'ils nous aident, on les a suppliés, mais en vain. Notre fils n'a que neuf ans et on est arrivé à un point auquel il ne peut même plus se nourrir et il va mourir s'il ne reçoit pas vite un nouveau rein. Alors non, je sais que cela n'est pas moral, mais c'était le seul moyen pour nous d'avoir les ressources pour pouvoir sauver notre fils. »
- Sacha, tu es sûr de toi ?
« Sacha, il doit y a avoir une autre solution. Répliqua Eden.
- Il n'y en a pas frangin, tu vois aussi très bien que moi, qu'ils sont déterminés et que rien ne leur fera changer d'avis. Il faut que Sacha dise : oui. Sinon c'est certain, toutes les dix minutes une tête va tomber.
Et dans la logique des choses, il vaut mieux une que sept. »
- Oui, je suis sûr lieutenant.
- Équipe verte, tenez-vous prête.
- Que se passe-t-il lieutenant ?
- Nous mettons juste en place notre dispositif Madame Harper.
Cependant, on va essayer de l'appeler et de le convaincre tout de même.
Demandez-lui de venir vous voir à travers la porte pour lui montrer que vous êtes bel et bien avec nous. Il changera peut-être d'avis en vous voyant.
- Le téléphone sonne lieutenant.
- Prenez le combiné madame Harper.
Ils s'entreprirent une discussion sans fin sur les différentes possibilités encore existantes. En débattant sur le pour et le contre de leur acte. Mais leur intention était toujours aussi claire, la vie de leur fils passe avant tout.
- Lieutenant, l'équipe verte à une fenêtre sur Ethan, que fait-on ?
Il répéta encore une fois la phrase et elle finit par prendre sa décision et par dire : abattez-le !
Le reste de la scène tourna au ralenti dans la tête. Jessica s'écriant de toutes ses forces : noooon.
Et la chute d'Ethan tombant au sol en ayant reçu une balle en pleine tête à quelques centimètres de celle de l'otage qu'il tenait fermement de son bras gauche en pointant son Glock sur sa tempe, le marteau déjà armé de son pouce droit. Le genre de situation que je ne voulais plus jamais revivre de ma vie.
« Ça va Sacha ? me demanda-t-elle d'un regard défiant.
- Non, je veux rentrer au centre. Je crois que j'ai assez donné pour la journée.
- Il faut d'abord que tu m'accompagnes au bureau pour faire le rapport pour m'assurer que je n'oublie aucun détail de l'intervention. »
Sur le chemin du retour, l'ambiance était plombée, personne ne parlait et pour compte, on venait quand même de tuer quelqu'un.
Et j'avais la haine, comment peut-on en arriver là ? Je conçois qu'il prenait des gens en otages mais la cause était litige, c'était tout de même pour sauver la vie de son fils.
Il a à peine neuf ans miskin, la société est tout de même mal foutue dans ce pays de merde.
Arrivé dans son bureau,
Je m'assis sur l'un des fauteuils d'un air dégouté, histoire de bien lui faire comprendre que j'étais blasé.
« Tu veux un café ? me dit-elle.
- Ouais, je veux bien.
- Je nous fais ça, tu le veux noir ?
- Non, avec deux sucres et du lait.
- S'il te plait, tu veux qu'on parle de ce qui s'est produit ?
- Ça changera quoi, un pauvre type s'est pris une balle par notre faute.
- Tu sais, parfois, nous devons prendre des décisions et ce ne sont pas pour autant toujours les meilleures.
Et je dois aller me coucher chaque soir avec certaines choses que je dois m'efforcer d'accepter.
- ça ne change rien au fait que c'est une journée de merde.
Et avec tout ça, il se passe quoi maintenant avec le ptit ?
- On ne peut rien n'y faire Sacha, cela n'est plus de notre ressort. On a les pieds et poings liés.
Je t'assure que j'aimerais moi aussi que la situation soit toute autre.
- On peut me ramener, à présent ?
- Je vais te conduire, laisse-moi juste le temps de clôturer le dossier. »