Genre Classement
Télécharger l'appli HOT
img img Aventure img Les héritiers du phénix
Les héritiers du phénix

Les héritiers du phénix

img Aventure
img 5 Chapitres
img Mister fly
5.0
Lire maintenant

Résumé

Dans le monde brisé de Nyvarn, jadis uni par un Chant primordial et gouverné par les Voix du Feu, un cataclysme ancien a fracturé la réalité, dispersant les fragments d'un pouvoir oublié : la Flamme Originelle. Depuis, des civilisations entières vivent dans l'ombre de cette perte, tandis que des cultes, des empires et des peuples errants cherchent à contrôler les vestiges du passé. C'est dans ce contexte qu'émergent les Héritiers du Phénix, quatre jeunes âmes marquées chacune par les cendres d'un héritage perdu : • Kaël, fils d'un peuple exilé, porteur d'un feu intérieur qu'il ne comprend pas. • Liora, mystique liée aux flux de l'Ancien Chant, hantée par des visions d'un monde oublié. • Sareth, enfant des ombres, en proie à un double esprit et aux murmures d'un autre lui-même. • Thäros, ancien gardien du Cercle, fuyant sa propre chute, rongé par les silences du passé. Réunis par des rêves convergents et une série de résonances mystiques, les Héritiers entreprennent une quête à travers ruines, cités-fantômes et royaumes divisés. Leur but : retrouver les Fragments du Chant Originel et comprendre ce qui, autrefois, fit tomber le Phénix.

Chapitre 1 Le feu oublié

La plaine s'étirait comme une cicatrice ancienne, vaste et nue, figée dans un silence si dense qu'il semblait étouffer le vent lui-même. Le ciel, pâle, hésitait entre nuit et jour, et l'air avait ce goût de poussière mêlée de regrets que seuls les lieux oubliés par les vivants conservent. Au loin, quelques monts déchiquetés griffaient l'horizon, et entre eux serpentaient des restes d'aqueducs effondrés, de tours sans nom, de routes fendues où les pas ne laissaient plus de trace.

C'était un lieu sans nom. Ou plutôt, un lieu dont le nom avait été effacé.

On racontait que le feu s'y était tu. Non pas éteint. Tu. C'est-à-dire réduit au silence. Non pas par le vent, ni par le temps, ni même par la faute des hommes. Mais par une fracture plus vaste. Plus ancienne. Quelque chose que les mots ne savaient plus contenir.

Là, au centre exact de cette étendue pétrifiée, se dressait une silhouette.

Un homme.

Seul.

Vêtu d'un manteau d'ombre et de poussière, il marchait d'un pas lent, solennel, comme si chacun de ses gestes pesait plus que la terre sous ses pieds. Dans ses mains, il tenait un fragment. Une petite chose rougeoyante, vaguement sphérique, qui semblait battre comme un cœur, à peine perceptible. Elle éclairait peu, mais sa lumière pénétrait la brume, révélant à chaque pas les vestiges d'un monde enfoui sous les siècles.

Il ne regardait pas autour de lui. Il n'en avait pas besoin. Il connaissait cet endroit, même si ses yeux ne l'avaient jamais vu. Il le portait en lui, depuis toujours. Chaque pierre, chaque fissure, chaque murmure silencieux du sol sous ses bottes lui parlait d'un passé qu'il n'avait pas vécu, mais qu'il comprenait pourtant mieux que sa propre existence.

Il s'appelait Anaryon. Ou du moins, c'était le nom qu'on lui avait donné. Il l'avait abandonné depuis longtemps. Car ici, dans les Terres Brisées, les noms n'avaient plus de sens.

Ce qu'il cherchait, ce jour-là, ce n'était pas un lieu. C'était une résonance. Une trace.

Quelque chose qui persistait malgré la chute.

Il s'arrêta.

Devant lui, le sol s'était fendu. Une grande balafre dans la pierre, profonde comme une plaie qui ne cicatrise pas. On l'appelait la Faille des Premiers, bien que peu osaient encore en prononcer le nom. Certains disaient qu'elle avait été ouverte par le cri d'un dieu. D'autres, par la dissonance d'un Chant qu'on avait tenté de retenir alors qu'il se brisait.

Anaryon s'agenouilla. Il tendit les mains, et la sphère rouge se mit à pulser plus fort.

Il ferma les yeux.

Et il écouta.

Au début, rien. Que le silence. Un silence dur, étiré, comme un mur sans faille. Puis, lentement, quelque chose perça.

Un son.

Non. Un souffle.

Le monde soupirait.

C'était un son ancien, un frisson dans l'échine du réel. Une plainte de cendre. Une note unique, soutenue, fragile, mais tenace.

Il ouvrit les yeux. La lumière du fragment vibrait.

Il posa la sphère contre le sol. Une seconde passa. Deux.

Puis la terre s'éclaira.

D'abord à peine : une lueur fine courant entre les failles, dessinant d'antiques symboles enfouis sous les couches du temps. Ensuite, plus fort : des flammes pâles jaillirent comme des échos du passé, formant un cercle autour de lui. Des visages apparurent dans les braises. Des voix aussi, indistinctes, murmurant en une langue qu'il ne connaissait pas, mais que son cœur comprenait.

Le Chant Originel.

Il savait ce qu'il venait de réveiller.

Pas tout. Juste un écho. Un fragment. Une cicatrice sonore.

Mais c'était suffisant.

- Ils vont revenir, dit-il à haute voix.

Et la terre sembla acquiescer.

Tout avait commencé là. Pas dans ce lieu précis. Mais dans cette mémoire.

Le monde de Nyvarn, jadis uni, n'avait pas toujours été ainsi. Il avait été tissé comme une symphonie. Chaque peuple, chaque vallée, chaque étoile même, chantait sa note propre, harmonisée avec les autres. Le Chant primitif - qu'on nommait Chant du Phénix - parcourait l'univers comme une veine de feu et de sens, liant tout dans une danse sacrée.

Mais un jour, quelque chose s'était brisé.

Nul ne savait pourquoi. Certains parlaient d'un excès d'orgueil, d'un Accord brisé entre les Gardiens. D'autres évoquaient une entité qui, tapie au-delà du monde visible, avait semé une dissonance, une note noire, dans l'âme même du Chant.

Peu importait. Le fait restait.

Le Phénix était tombé. Et avec lui, les Voix s'étaient éteintes.

Depuis, le feu avait disparu des cieux. Les peuples s'étaient repliés sur eux-mêmes, oubliant jusqu'aux noms de leurs étoiles. Le silence avait conquis les terres, lentement. Insidieusement.

Jusqu'à aujourd'hui.

Anaryon se redressa. Autour de lui, les flammes mouraient déjà. Mais leur trace persistait, gravée dans la pierre comme dans sa mémoire.

- Qu'ils entendent, murmura-t-il. Qu'ils se souviennent.

Il récupéra le fragment. Sa chaleur lui brûla la paume, mais il ne recula pas. La douleur faisait partie du chant.

Il releva la tête.

Le vent s'était levé. Doucement, mais fermement. Il portait avec lui une odeur oubliée : celle du bois brûlé, mêlée à la sève des arbres d'altitude, aux ronces de Felyen. Une odeur de mémoire. Une odeur de foyer.

Il sourit. Pour la première fois depuis longtemps.

Le Chant n'était pas mort. Il s'était tu. Mais le silence n'était jamais total. Dans ses failles, quelque chose persiste. Quelque chose lutte.

Et maintenant, ils allaient venir.

Pas des guerriers. Pas des rois.

Des enfants. Des échos. Des flammes sous la cendre.

Les Héritiers.

Il s'en alla, sans se retourner. Le fragment à la main, le cœur lourd, mais vivant.

Derrière lui, dans la faille, la lumière reprenait. Faible. Mais réelle.

Une pulsation.

Une attente.

Une promesse.

Continuer

COPYRIGHT(©) 2022