- Il ya quoi ici ? demande sa mère qui emportait des sacs dans la maison.
- Maman, Yvan m'a menti pendant près de cinq ans alors qu'il est en couple. Il va me le payer !
- Nana, je prépare la dot de ma belle fille qui arrive de la France demain. Donc je ne veux pas de scandale chez moi. Est-ce que je me fais bien comprendre ? Ne t'avais-je pas virée? Tu reviens faire quoi ici ?
- Je suis venue voir Yvan, Madame.
- Yvan est donc occupé. Il n'a pas de temps me réplique-t-elle... Puis se tournant vers son fils, elle lui dit :
"S'il te plaît, j'ai des personnalités importantes qui arrivent demain donc dépêche-toi d'arranger tes conneries ci. Okay?
- Okay Maman.
Il me tire à l'extérieur, et m'emmène devant le portail.
- Est-ce que tu as perdu la tête toi ? Qu'est ce qui te prend de venir jusqu'ici pour faire ce genre de scène devant ma mère et ma grand-mère ?
- Donc tu te maries demain Yvan ?
- Je ne me marie pas. Eva est une bonne amie d'enfance et mes parents pensent qu'on ferait un beau couple donc demain, ce sont les présentations officielles.
- Et moi je suis où dans tout ça ? hein Yvan ? Je suis où dans tout ça ?
- Nana, je t'ai déjà dit : tu es une bonne fille mais je ne peux pas t'épouser ! Du moins pas maintenant !
- Hein ? Tu ne peux pas m'épouser maintenant ? Okay... Et quand est-ce que Monsieur le fera ?
- Je t'expliquerai tout plus tard. Mais Rentre chez toi s'il te plait. Je ne veux pas que ma mère te retrouve ici quand elle va sortir du salon.
- Je ne rentre pas !
- Nana, voilà ce que je n'aime pas du tout chez toi. Quand on te parle une fois, tu n'écoutes jamais ! Tu veux quoi au juste bon sang !? Tu débarques chez mes parents pour faire des scènes de jalousie... Tu es ma femme ?
- C'est ce que tu me dis ? Ce n'est pas ce que tu disais ce matin quand tu montais sur moi. N'est-ce pas ? Je suis ton "souffre douleur", ton "papier hygiénique" dont tu te sers quand tu veux. Mais Yvan, sache qu'un jour tu rendras compte de tout le mal que tu me fais subir.
- Nana, je t'ai déjà dit que je t'expliquerai les choses plus tard (...)
Sa mère l'appelle à l'intérieur puis elle sort nous retrouver là dehors...
- Tu fais quoi encore plantée ici ? Me demande-t-elle. Si tu veux venir faire la cuisine demain, tu es la
bienvenue.
J'ai pitié de moi même à cet instant...
Elle s'approche de moi et me dévisage :
- Ma fille, écoute-moi très bien : je ne sais pas ce que Yvan t'a fait croire mais tant que je serais en vie, mon fils n'épousera jamais une cuisinière ! Encore moins une braiseuse de poissons ! Tu m'entends ? Mon mari est un ancien ministre. "On ne fait pas dans la rue ici" donc tu vas te prendre un taxi et rentrer tranquillement dans ta misère. Si tu veux regagner ton poste de cuisinière, tu peux venir demain. Y'a pas de soucis à cela. Au cas contraire, je ne veux plus te revoir ici. Et toi Yvan, tu as des choses plus importantes à faire plutôt que de te faire distraire par ce vieux torchon. A-t-elle lancé.
Yvan m'a lâché et est rentré avec sa mère, me laissant toute seule dehors après avoir ordonné au gardien de dresser les chiens contre moi au cas où je retenterais d'entrer chez eux.
J'étais à la fois choquée, dépassée, abasourdie, hors de moi-même (...) En fait, j'avais du mal à croire ce qui m'arrivait. Elle a dit quoi ? Que son fils n'épousera jamais une fille comme moi ??! Je suis restée planter pendant au moins une trentaine de minutes comme si j'avais perdu connaissance. C'est le klaxon de leur voiture qui m'a sorti de ma torpeur lorsque sa mère, baissant le vitre m'a dit :
- Tu es encore là ? T'inquiètes, tu peux passer demain cuisiner.
Et la grand-mère assise à côté d'ajouter :
- C'est qui cette idiote ? Qu'est-ce qu'elle fait devant chez vous ?
- C'est notre boniche, Mami. Répond Yvan à l'arrière de la voiture.
Ils vont certainement faire des courses ou des essayages.
Je hute un taxi pour la maison. Dedans, mes larmes ne cessent de couler mêlées de pensées qui tourmentent ma tête (...) : C'est quoi cette humiliation ? comment peut -il me traiter ainsi et accepter que sa mère me parle de la sorte ??! (...)
J'arrive à la maison toute en sanglots... Je trouve mes frères et soeurs attablés pour le dîner mais je cours droit vers ma chambre. Je ne veux pas qu'ils me voient dans cet état.
Je rabats la porte après moi et je pleure toutes les larmes de mon corps. Seigneur, qu'est-ce que j'ai mal!
L'amour ; c'est comme une cigarette. Ça brûle et ça monte à la tête, ça pique aux yeux, ça fait pleurer, et ça s'envole en fumée (...)
On dit toujours : "ça n'arrive qu'aux autres jusqu'au jour où les autres, c'est toi..."
"Essayer d'oublier une personne que tu aimes, c'est comme essayer de te rappeler d'une personne que tu n'as jamais rencontrée." Parce que bien souvent les personnes pour qui tu pourrais prendre une balle sont derrière la gâchette. Avant de rencontrer Yvan, je ne savais pas ce que c'était d'aimer.Je savais le conjuguer mais pas l'appliquer. C'est trop dur je ne sais pas si je pourrais l'oublier un de ces jours mais c'est clair qu'après la scène de cet après-midi, je dois vraiment tourner la page et me conformer à la réalité : ...Yvan n'est pas fait pour moi! Je ne peux pas faire ma vie avec lui.
Nous n'appartenons pas la même classe sociale. Il finira certainement avec une fille de ministre ou une autre de sa classe sociale. Je pense que je devrais une fois pour toutes mettre dans ma tête qu'il ne pourra jamais avoir une relation vraie entre Yavan et moi.
Nous ne sommes pas faits pour être ensemble. Je me suis couchée avec tous mes vêtements sur moi et je me suis réveillée plus tard lorsque j'ai senti que tous mes frères sont venus dormir avec moi. Ils m'ont certainement entendue pleurer hier. Les voir là, me fait réaliser la lourde responsabilité que j'ai et ce que je représente pour eux.
C'est fou comme j'ai besoin de mes parents à cet instant "T"pour qu'ils me disent ce que je dois faire (...). Je mets une couverture sur eux. Ensuite, je fais le ménage dans la maison. Je m'allonge sur le canapé essayant de suivre "Esprits criminels" à la télévision. Le lendemain, ils vont aux cours et je profite de l'occasion pour me rendre chez Michou en Taxi. Je sais qu'elle va me bouder mais je dois lui parler. Après quelques quelques minutes de route, j'arrive chez eux au quartier Bastos et je sonne à leur porte. C'est sa mère qui vient m'ouvir la porte.
- Hey !? Bonsoir Nana, ça va ?
- Oui Maman, ça va. Michou est là ou elle donne des cours aujourd'hui ?
- Non, elle est dans son appartement derrière.
En effet, Michou vit toujours chez ses parents dans une dépendance à l'arrière de la cour familiale. C'est une fille bien rangée dans la tête. Je toque à sa porte et elle vient m'ouvrir.
-Toi ? Tu as dû te perdre ou quoi !?
- Tu comptes me laisser entrer ou pas ?
- Je n'ai rien à te dire Nana ! J'ai des tas de feuilles à corriger.
- Laisse-moi entrer s'il te plait ! Michou, j'ai enfin compris...
- Compris quoi ? Toi tu ne comprends que pendant quelques heures (...) Pardon on se connait là !
- Non ! Cette fois, je crois que les balles sont mortelles. En fait, Yvan se marie très prochainement avec une fille qu'il doit doter demain.
-Aha aha haha ! Et c'est ça qui va te faire quoi Nana ? S'il t'appelle, tu ne vas pas décrocher ? Lol. Tu te moques de toi même. Ma chérie, je t'ai dit tant que Yvan ne te tape pas sérieusement pour t'entraîner dans un coma profond, tu ne vas vraiment pas t'arrêter.
- Je ne suis pas venue pour ça !
Elle me laisse entrer et me demande de m'assoir
- Tu as mangé ? Avec tes yeux que je vois, j'ai la forte impression que tu as pleurée toute la nuit comme toujours d'ailleurs. Regarde ce que tu deviens ! Pour quelqu'un qui ne te "calcule" même pas ! (...)
Puis, Elle me fait un bon bol de céréales et se met à m'écouter... Je lui dis comment j'ai enfin compris tout ce qu'elle me disait. Je lui raconte la scène qui s'est passée chez les parents d'Yvan. Bref... Je pleurs et elle me console comme d'hab. À son tour de s'asseoir...
- Nana, je veux t'aider mais tu dois m'écouter. Okay?
- Okay Michou. J'ai besoin de tourner la page.
- Okay. Prends un bout de papier et écoute bien tout ce que je vais te dire, tu prends note.
*Primo, tu n'as pas confiance en toi !
Eh oui, tu es une fille superbe et ça, tu l'as prouvé maiiinnnnntes fois ! Alors, fais une liste de tout ce qui fait de toi une balèze, et grave bien ces points, là, dans ta tête ! De quoi te donner sacrément envie de redresser le menton sans prendre le melon et d'arrêter d'utiliser à outrance des formules hésitantes du type : "Je crois que...", "Il me semble que...", "Je l'aime tellement..." , "je ne peux pas vivre sans lui..." Non, non et non ! Tu vaux mieux que ça Nana. Et tu passes encore sur le marché !
*Segundo, Rétablis la balance des responsabilités :
Ce que tu dois garder en tête pour éviter de culpabiliser ou de te faire prendre pour un pigeon boiteux : c'est qu'il existe une balance des responsabilités très stricte, comme le souligne le psychologue Yves-Alexandre Thalmann. Soit on est à 0% "responsable" d'une situation, soit à 100%, mais il n'y a jamais d'entre-deux. Si je fais tomber mon café sur mon collègue Albert, je suis à 100% responsable de cet incident et je dois l'assumer avec honnêteté.Si je fais un travail qui est validé par mon supérieur, et que son supérieur se rend compte que j'ai fait une bourde, c'est mon supérieur qui en est responsable et qui se doit de l'assumer, mais pas moi. Eh oui ! C'est le principe de l'échelle hiérarchique. Donc à chaque conflit, on remet chaque chose à sa place. On rétablit la balance pour éviter de se faire manipuler ! Dans ton cas ici présent, ce n'est pas Yvan le problème car c'est un CON (con aujourd'hui et con pour toujours). c'est toi le problème !
* Tercio, Tu ne dois faire aucun compromis sur tes principes.
S'il y a une chose sur laquelle il ne faut JAMAIS faire de compromis, c'est bien nos valeurs. Parmi elles, on inclut automatiquement "le respect". On ne laisse JAMAIS en quelque circonstance que ce soit, quelqu'un nous manquer de respect. Car comme un chien qui mord, la limite serait franchie et cette personne pourrait recommencer. Si quelqu'un dépasse les bornes, on exige des excuses et on prend des mesures s'il le faut. En notant 5 "principes personnels" sur une feuille et en ne faisant aucun compromis dessus, on sera plus solide et plus apte à s'imposer ! Non mais oh là, Nana! Combien de fois ce chien galeux t'a manqué de respect ? Tu peux compter ? évidemment que NON !!! Tu te vends moins chère, on t'achète donc en solde.
* Quatro , On n'hésite pas à dire non :
Si on laisse la porte grande ouverte au détriment de nos principes, de nos envies, de notre bien-être... Alors pas donc étonnant que les autres ne s'y jettent ! C'est ce qu'on appelle le principe du vide : tout vide est appelé à être comblé. C'est en cela qu'on ferme notre porte, mais pas à clef. Le plus souvent, on l'ouvre, mais si on ne veut pas, on la laisse fermée et on explique le pourquoi.En plus, ce n'est pas si difficile que ça ! Nana tu n'as pas besoin de Yvan pour te sentir femme, il n'est en rien la clef de ton bonheur ! Bien au contraire il t'empêche de vivre le bonheur dans ta vie de jeune femme épanouie. Reprends ta vie en main et montre à ce fils de p*** que tu peux vivre sans lui.
* Cinquo , Il faut rester entière.
Non seulement tu ne laisses pas les autres empiéter sur tes principes mais tu appliques aussi tes valeurs. En clair, tu évites de faire ce qui t'énerve chez les autres et que tu trouves décrédibilisant... comme types : "être la reine du commérage, réagir au quart de tour, ne pas savoir prendre des décisions, se gratter les fesses devant tout le monde,...etc." Sois ferme Nana ! Tu laisses Yvan te faire des choses que tu ne pourras au grand jamais faire, même à un fou. Tu lui lèches carrément le c**.
*Tu ne te respectes pas.
Tu ne peux pas respecter les autres si tu ne te respectes pas toi-même, et tu ne peux pas non plus te respecter toi-même si tu ne respectes pas les autres : c'est réciproque. Tel est le cycle du respect ! Quand tu es trop dur envers les autres, cela sous-tend que tu es trop dur avec toi même ! Et pour le bien de tous, mieux vaut lâcher du lest ! Ouf ! Ça va mieux. Nana respecte toi ! Tu es un chef de famille, tu as des responsabilités, tu es une femme avec un grand "F". C'est un titre honorifique !Yvan Tristan, je ne cesserais de le crier : il ne te mérite pas ! Tu es trop bien pour ce malabar ! Impose ton respect et donne toi de la valeur. Apprends dès lors à rester zen. Si les choses ne se passent pas comme prévu, au pire des cas, on en tirera des enseignements. Donc go, go, go ! Tu n'as rien à perdre ! On avance avec zénitude et le reste basta (...)
- Ouf... J'ai compris Michou. Je vais essayer d'appliquer tout mais j'aimerais aller voir ma grand-mère au village. Ça fait maintenant six mois que je n'y suis pas allée. Je pense bien que j'ai besoin de la voir avant de repartir sur de nouvelles bases.
- Okay. C'est comme tu veux. Mon seul problème est que tu dois tenir tête à Yvan et avancer car tu mérites mieux et tu peux compter sur moi.
- Puisqu'on y est, je voudrais que tu gardes mes frères et soeurs car je compte y passer environ une semaine.
- Okay. Y'a pas de soucis à cela. Aussi, mets tout ça en prière...
Nous sortons de chez elle et elle me dépose chez moi.
Une fois rentrée à la maison, je fais à manger pour mes frères ensuite je pars faire des courses pour "Mama sita" ma grand-mère ; la maman à mon Papa qui malgré ses 75 ans déjà écoulés, reste toujours jeune et belle. En effet, Mama Sita a été très choquée par la mort de son fils ( Notre père) et a décidé de rester au village pour veiller sur toutes les richesses que mon père avait laissées.
De retour à la maison, je fais ma valise puis je donne les directives à suivre à mes frères surtout au plus grand Thierry car je sais que demain matin je partirai très tôt avant qu'ils ne soient debouts. Je leur dis que Michou passera de temps en temps les voir.
Le lendemain matin très tôt vers 6h, Michou passe me chercher à la maison et me dépose à la gare routière "l'ancien stationnement de Douala" juste à la montée de la chapelle Elig-Effa. Je monte dans le véhicule et je fais des "au revoir" à Michou qui me promet de veiller sur ma famille. Elle aussi en retour, me demande d'être forte et de transmettre ses salutations les plus chaleureuses à Mama sita.
Mon père était un bon Eton et vient du petit village appelé Nkol-Odou à quelques kilomètres près de la capitale. Aux environs de 9h30 par là, le véhicule me dépose au carrefour Leboth pour continuer le reste du chemin à faire (la voie rurale) à pieds pour Nkol-Odou car les véhicules ont du mal à y arriver surtout en saisons pluvieuses. Je fais donc le trajet qui dure plus de deux heures de marche à pieds et vers 13 heures je suis enfin devant la petite résidence que Papa a construite il ya dix ans maintenant. Mama sita m'aperçoit et court directement vers moi pour me prendre dans ses bras. La chaleur de son corps me fait un bien fou. J'ai vraiment besoin d'elle (...).
- O ne voy ? ( tu vas bien ? )
- Oye a mema. ( oui Mami)
Après ce bref échange, elle m'aide à porter les bagages. Après quoi je lui donne les provisions de la ville et elle appelle directement les femmes du village pour partager.
Ensuite, elle me sert un bon plat du pays Beti "Le sanga" fait à base de maïs, la pulpe des noix et de feuilles vertes appelées "Zom".
Plat que je savoure avec grand appétit. Peu après cela, Mama sita et moi faisons le tour du propriétaire pour voir...
Elle me dit que je devrais engager quelqu'un pour surveiller les biens de papa car elle est déjà vieille et assez fatiguée et qu'elle peut "partir" du jour au lendemain. Je lui dis que je sais. Elle demande les nouvelles des autres restés en ville ; je lui réponds qu'ils vont à merveille.
Le soir venu, on finit par se coucher. Je n'ai pas pu joindre Michou car ici au village, il n'y'a pas de réseau. Il faut marcher jusqu'au carrefour pour avoir la connection au réseau mobile. Pas étonnant car 'Nkol'signifie Colline et donc pas de réseau dans les collines.
Le lendemain, Mama sita me fait une bonne bouillie de maïs et ensuite me demande de l'accompagner au champ pour semer. Ça me fait tellement de bien de passer du temps avec elle. Elle me demande quand est ce que je la rendrais "Arrière grand-mère." Cette question me fait directement penser à Yvan mais je serre mon coeur et je lui dis que je n'arrive pas à trouver "l'homme idéal". En plus celui avec qui je croyais le faire m'a laissée tomber parce que je suis pauvre. Elle me dit tout de suite 'de ne pas gérer tout ça'et de prier car lorsqu'un homme est tien, tu n'as pas besoin de faire trop d'efforts. Aussi, dit-elle, l'amour : ce n'est pas la mélancolie mais le bonheur (...)Un homme qui te fait pleurer tout le temps n'est pas bien pour toi.
L'après midi étant, je fais un tour sur la tombe de mes parents. Je pleure autant que je veux et je leurs promets de changer, de reprendre ma vie en main afin qu'ils soient fiers de moi.
Les jours qui suivaient, j'ai essayé de recruter un jeune du village pour aider Mama sita et j'ai aussi visité les plantations ; les cacaoyères de mon défunt père. L'ambiance était vraiment au top. Mama sita prenait bien soin de moi. Et quelques jours plus tard je devais rejoindre la ville. Je sais que j'ai demandé à Michou de prendre soin des enfants mais elle a aussi sa vie et je ne veux pas abuser de sa générosité.
Partir et la laisser là me fait mal ! Mais ma grand-mère n'a jamais aimé la ville elle y vient uniquement en cas d'urgence. Et après un ou deux jour(s) passé(s), son petit cocon lui manque (...). Je refais donc la marche jusqu'au carrefour après quoi j'emprunte un véhicule pour Yaoundé et Dieu merci je reçois le réseau depuis 4 jours. J'appelle donc Michou pour l'informer que je suis en route pour la ville. Elle me promet d'être là à mon arrivée.
Après deux bonnes heures passées dans le véhicule, nous voilà enfin dans la capitale. Très vite je fais la nostalgie de mon beau village surtout avec les taxis, les bruits et les embouteillages. Michou me récupère et me dit que mes frères vont bien.
- Alors comment c'était ?
- Très bien ! Je ne voulais même plus rentrer...
- Ah ça ! On dirait même que tu as pris des joux là bas hein?!.
- Oui, lol. Trop de prunes, avocats, mangues et consorts...
- On sort ce soir ? Me demande-t-elle.
- Oui bien sûr ma puce ! J'ai besoin de changer d'air.
- D'accord je viens avec quelqu'un que j'aimerais bien te présenter. Aussi je peux demander à Jonathan de se joindre à nous pour qu'on soit à 4 ?
- D'accord ! Je dois lui dire merci d'ailleurs pour l'argent et le téléphone qu'il m'a offerts.
- Okay. Je passe te chercher vers 23h.
- D'accord. Je lui donne des provisions et je descends.
Mes frères quant à eux, sont très contents de me voir, ils m'aident à faire entrer les provisions et me demandent les nouvelles de Mama-sita. Je leurs fais promesse qu'on ira la voir ensemble pendant les grandes vacances. On rigole bien. Toute cette ambiance écoulée, je me repose donc pour prendre une bonne douche et me préparer pour la sortie...
Je suis excitée de voir le nouveau copain de Michou. J'aimerais bien qu'elle rencontre quelqu'un de bien car elle s'est réservée jusque là pour le mariage.
23h pile, ils sont là !
- Je te présente Mike. Il est prof. comme moi.
- Enchantée. Lui dis-je.
Pas très mal, il est noir plutôt beau gosse. Je fais un clin d'oeil à Michou (...) de toutes les façons, on fera le kongossa après. Elle me dit que Jonathan va nous retrouver.
Pour l'occasion je me suis mis une robe fine bretel de MNM couture collection 2014 avec des escarpins de chez Zara. Bref je suis belle ... Une fois devant la Sanza night club, Jonathan nous y attendait déjà et nous fait signe de la main qu'il a déjà tout géré à l'intérieur. Il me fait une bise et nous entrons tous les quatres. Nous nous installons sur notre table. La boisson est à gogo. Jusque là l'ambiance est bonne et je me sens vraiment bien ! Mais il ne manquait plus que ça (...).
Le Dj annonce l'entrée du futur couple Lebou. Entendre ne serait-ce que ce nom, me rend nerveuse. Yvan fait son entrée accompagnée d'une fille métisse sûrement la fameuse Eva, suivis de sa petite soeur Maya et l'un de ses amis. Cette fois, pas de Lupita aux alentours. Apparemment leur table est juste en face de la nôtre. Yvan me dévisage.
- Tu vas bien Nana ? On peut changer de boite si tu veux. Me dit Michou.
- Non ma chérie, je dois vivre je ne vais pas passer toute ma vie à le fuir.
- Si tu le dis !
Ensuite on lance le tube "Bank alert" des Psquare, je me lève et je vais me déhancher avec Jonathan qui me dévore du regard depuis le début de la soirée. Yvan et sa dulcinée nous rejoignent mais on ne le gère pas du tout. Ensuite, dans la foulée, Yvan me saisit par le bras et me demande si on peut sortir (...) Jonathan s'y oppose :
- Elle est avec moi !
- Alors laissez la répondre ! Elle est assez grande pour me répondre non ?
Michou qui a suivi la scène depuis notre table se déplace pour la piste...
- Qu'y'a-t-il ici ? Demande-t-elle.
- Je voudrais aller discuter avec Nana. Ajoute Yvan.
Michou me fixe du regard et je lui réponds par un signe de la tête, de laisser car j'ai le contrôle. Je sors donc avec Yvan malgré la colère de Jonathan. Et on s'installe dans sa voiture
- Tu veux me parler de quoi ?
- Tu vas bien ?
- Je ne pense pas que ça soit tes oignons !
- Je suis désolé pour tout Nana. Je ne voulais pas te faire du mal...
- Écoute Yvan, j'ai fini par réaliser que nous ne sommes pas faits pour être ensemble. J'ai laissé cet épisode de ma vie, alors fais-en pareil !
Pendant que je parle, il me demande de mettre la ceinture et monsieur démarre le véhicule comme un voleur....
- Yvan arrête toi ! Où allons-nous comme ça ?
- On va chez moi !
- Mais non ! Dépose-moi maintenant s'il te plait ! Arrête le véhicule !!!
J'essaye de le bousculer pour qu'il arrête le véhicule mais il roule à cent à l'heure en plein Yaoundé.
- Stoppe, arrête ! Tu vas nous tuer à cette allure.
- Nana, je vais certes me marier... Mais, ça ne te donne pas le droit de te pavaner avec n'importe qui. Tu m'appartiens ! Disait-il en sprintant
Je n'ai rien compris tellement il conduisait à vive allure en grondant au même moment. Ça se voyait qu'il n'était pas dans tous ses états. Il était complètement ivre. Pendant que j'essayais de le persuader d'arrêter le véhicule, un car venant de Douala n'a pas pu nous esquiver... C''est la collision ! Je sais juste que j'entendais des voix qui disaient : "Est-ce qu'ils vont s'en sortir? Le garçon est très touché ! Appelez les urgences ! S'il vous plait, à l'aide !. J'avais le sang de partout sur le corps...