Bref, étant déjà dans les locaux, elle ne peut plus faire machine arrière. Le mieux serait donc qu'elle aille jusqu'au bout. Après tout, qu'a-t-elle à perdre ?
Si, tu le peux ! Lui souffle sa conscience. Ici c'est son lieu de service, tu n'as pas le droit de venir faire un scandale ici... Elle ajoute.
D'un air déterminé, elle fait taire cette voix qui essaye de la décourager et se résout à aller jusqu'au bout.
-Ça y est, j'y suis ! Elle murmure et cogne à deux reprises sur la porte. Suzanne lui demande d'entrer. Ce qu'elle fait d'ailleurs sans tarder.
-Oh Mme Bello, ravie de t'avoir parmi nous. dit Suzanne avec un sourire accueillant en voulant se lever pour lui tendre la main.
-Ne te donne pas cette peine Suzanne, ou je dois plutôt dire voleuse de mari ?
Refroidi par la question de Raima, l'aspect de son visage change instantanément et elle réplique.
-Je peux savoir de quoi tu parles ?
-Elle se tape mon mec et elle joue à l'ignorante.
Suzanne rigole pendant un instant, tellement elle trouve cela drôle et ridicule.
-Écoute, si tu suspectes ton mari d'infidélité, ce n'est certainement pas avec moi qu'il te trompe. Je te conseille d'aller chercher ailleurs.
-Et le message... ? Demande Raima en sortant son téléphone de son sac pour lire le fameux message...
Suzanne se retient de rigoler pendant que Raima lit le message à haute voix. Elle comprend sa douleur, mais elle n'en est pas la cause.
-Écoute, je vais te parler de femme à femme... En plus du fait que ce numéro n'est pas le mien, ce message ne vient pas de moi ma belle...L'idéal serait que tu appelles pour vérifier s'il est mien.
Je reconnais que ton homme a vraiment changé. Je lui ai d'ailleurs fait la remarque.
Cette idée ne lui avait pas du tout traversé l'esprit, Raima décide donc d'appeler le numéro en question. Au bout du fil, c'est une femme autre que Suzanne qui parle. Raima raccroche donc instantanément.
Elle s'assoit et avec les yeux embués de larmes, elle s'excuse auprès de Suzanne.
-Je ne comprends pas pourquoi il a enregistré le numéro de cette femme avec ton nom. Pourquoi a-t-il fait ça ?
- Je ne saurais te dire pourquoi. Mais peut-être qu'elle s'appelle aussi Suzanne.
- Non, je ne pense pas. C'est écrit "Suzanne collègue". Vous n'avez pas une autre collègue ici au nom de Suzanne ?
-Rassure-toi ma belle, je suis la seule.
L'âme abattue et le cœur en miette, Raima se lève et prend la direction du bureau de son mari. Elle cogne et personne n'ouvre. Elle essaye d'ouvrir la porte, mais celle-ci est fermée à clé. Un collègue à Éric passant par là l'interpelle pour la saluer et lui informe que Eric est sorti depuis plus de 04 heures pour une destination inconnue.
Raima prend le chemin retour pour sa maison. Après avoir vérifié si sa fille de ménage a fait tout ce qu'elle lui avait recommandé de faire, elle prend soin de David, se lave et file chez sa meilleure amie Élisabeth.
Une fois chez cette dernière, on lui fait comprendre que son amie est allée à l'église et qu'elle ne sera de retour que la nuit. Connaissant le lieu où se situe l'église, Raima d'une volonté ferme décide de s'y rendre. Elle a besoin de parler à sa copine. Son cœur est tellement chargé qu'elle a besoin de se vider, se confier à quelqu'un.
Elle se gare et décide d'entrer. C'est la séance de louanges, tous les fidèles sont donc debout en train de louer le Seigneur sous la direction d'un chantre. Raima n'a pas la tête à louer le Seigneur, elle cherche Élisabeth du regard dans toute la salle. Un sourire se dessine sur son visage lorsque ses yeux se posent sur son amie. Elle se faufile dans la foule, passe entre les chaises et marche jusqu'à l'endroit où se trouve cette dernière. Les deux se font un câlin, Raima entraîne sa copine dehors. Les deux partent prendre place sur les bancs d'accueil de l'église.
-Qu'est ce qu'il y a ? Pourquoi tu es si triste et abattue ? On dirait que tu as perdu quelqu'un.
-C'est Éric, ça va de mal en pire.
Raima lui fait un bref résumé de toute la situation.
-Je t'avais dit qu'il te trompait, mais tu m'as dit que c'est faux. Tous les hommes sont comme ça. Laisse moi te dire que si tu ne fais rien, cette fille te prendra ton homme et toutes tes richesses...
-À Dieu ne plaise ! réplique brusquement Raima en faisant passer sa main sur sa tête( pratique locale qui veut dire "jamais ça n'arrivera ").
-Tu dis à Dieu ne plaise hein, Dieu a trop de choses à faire c'est pourquoi il nous a donné l'intelligence... Si tu ne fais rien, tu perdras tout. Quand je pense à tout ce que tu as traversé avec cet homme, j'ai envie d'aller lui faire la peau.
-Je ne sais plus quoi faire, j'ai déjà tout fait. J'ai prié, je l'ai conseillé, j'ai même renouvelé ma garde robe et changé plusieurs de mes habitudes de femmes...Malgré tout cela rien n'a changé.
-Tu es sûre que tu as tout fait ? Demande Élisabeth avec un sourire en coin.
- Quoi ? Raima réplique
-Tu sais très bien de quoi je parle. Ajoute Élisabeth en fronçant un sourcil.
-Tout sauf ça Élisabeth, tu veux me tuer ?
-Ok, quand tu vas perdre ton gars tu vas comprendre. Même la bible dit "aide toi et le ciel t'aidera".
-Oui, mais moi je n'aime pas fréquenter les marabouts.
-Est-ce que tu pars là-bas pour tuer quelqu'un ? Tout ce qu'il fera, c'est de séparer ton homme de cette pimbêche afin qu'il te revienne.
-Non, il est hors de question que je fasse ça.
-Okay, si tu le dis.
" Une heure plus tard à Bastos "
Allongé dans le lit de sa maîtresse, Éric savoure le plaisir que lui procure la langue d'Anaïs sur sa verge. S'il y a bien une chose qu'il apprécie chez elle, c'est sa façon à elle de faire l'amour. Elle lui fait découvrir des sensations sexuelles qu'il n'avait jamais connu auparavant. Elle réalise tous ses fantasmes. Au premier regard, il pensait qu'elle était une fille superficielle à cause de son apparence, mais au fur et à mesure qu'il la côtoie, il découvre des choses plutôt agréables qui font qu'il s'attache petit à petit à elle.
Anaïs quant à elle s'applique, elle veut le rendre fou de plaisir. Elle est prête à jouer toutes les cartes pour le pousser à l'épouser après bien sûr qu'il aurait divorcé de sa femme. Elle n'a pas de sentiments pour lui, mais ça n'empêche pas qu'elle le mette au petit soin et le traite comme un roi. Tout ça pour atteindre son objectif.
Lorsque Raima à appelé tout à l'heure, elle a su qu'il s'agissait de la femme d'Eric. Elle avait eu à prendre son numéro dans le téléphone d'Eric pendant que ce dernier dormait. Elle fait toujours exprès d'asperger son parfum sur les vêtements d'Eric pour provoquer Raima. Jusqu'ici, elle ne s'était limitée qu'à ça. Elle compte passer à la vitesse supérieure.
Alors, après l'acte sexuel, Éric s'affale dans le lit et ne tarde pas à être emporté par morphée. Anaïs réfléchit à ce qu'elle peut bien faire pour provoquer Raima. Elle affiche un sourire narquois en prenant son sous-vêtement qu'elle dépose sur la tête d'Eric, elle s'allonge ensuite prêt de lui. En lui faisant un bisou sur la joue, elle fait un selfie. Elle prend le soin de cacher son visage avec un smiley avant d'envoyer la photo à Raima. Elle ne manque pas d'écrire en dessous de la photo "N'ose plus appeler mon numéro la vieille, reste à ta place".
Une fois le message envoyé, elle sourit et prend son sous-vêtement de tout à l'heure et le met dans la poche interne du costume d'Eric.
" Raima Bello "
À table en train de dîner en compagnie de ses enfants et de sa grande sœur, le téléphone de Raima signale l'arrivée d'un nouveau message. Elle décide de finir son repas avant de le lire. Une fois l'estomac plein, sa fille débarrasse la table, tandis que Raima et sa sœur partent s'asseoir au balcon pour avoir une discussion. Une trentaine de minutes plus tard, sa grande sœur prend congé d'elle. Raima se souvient donc de ce message qu'elle a reçu pendant qu'elle dînait avec les siens. Elle retourne au salon prendre son téléphone, une fois déverrouillé, elle entre dans WhatsApp et...
Tac... tel est le bruit que vient de faire le téléphone de Raima lorsqu'il est tombé après qu'elle ait lu le message de la maîtresse de son mari. Perdue dans ses pensées et encore sous le choc de ce qu'elle vient de voir, elle ne réagit pas.
Elle a mal, son être entier est déchiré...
-Maman que se passe-t-il ? Demande Diana qui vient de sortir de la cuisine
Au même instant, elle se courbe pour ramasser le téléphone de sa mère, mais celle-ci l'interrompt.
-Non, laisse, je vais le faire. Elle réplique en se courbant promptement pour le ramasser et commence à monter les escaliers en vitesse.
Elle ne veut pas que sa fille voit cette image. Le téléphone n'est pas endommagé à cause de la glace et la pochette.
-Maman c'est quoi ? Qu'est-ce qu'il y a ? Elle demande en suivant sa mère.
Raima ne lui accorde aucune attention et entre dans sa chambre, ferme la porte à clé et s'affale dans son lit pour pleurer. Diana fait machine arrière et entre dans sa chambre.
Raima se lamente en pleurant, pendant que la morve et les larmes remplissent son visage. Elle se demande où est ce qu'elle à échoué ? Qu'à t'elle fait pour subir ça ? Des tas de questions lui taraudent l'esprit. Elle est traumatisée par ce qu'elle vient de voir. Elle ne sait pas si elle pourra s'en remettre. Après tout ce qu'elle à traversé avec Éric, il ose lui faire ça.
"Le lendemain matin "
Ses enfants sont déjà allés à l'école, Raima n'a pas trop la tête à sortir. Elle a envoyé un message au lycée pour dire qu'elle est malade et qu'elle ne pourra pas être là.
Allongée dans son lit, les yeux rouges et le visage bouffi, on toque à la porte de sa chambre.
Elle sait que c'est son homme, elle se lève donc nonchalamment et va lui ouvrir. Elle retourne aussitôt se coucher et tourne le visage vers le mur. Ce dernier entre et lui dit bonjour. Elle ne répond pas, il lui jette un coup d'œil et entre ensuite dans la douche pour prendre son bain. Il revient quelques minutes plus tard et se met à faire son sac de voyage avec lequel il va souvent en mission hors de la ville.
Raima se lève au même moment et ferme la porte à clé, enlève la clé de la serrure et retourne se coucher. Elle a mal, mais elle ne peut pas se laisser faire.
-Ça veut dire quoi ? Demande Éric à Raima, elle ne répond pas.
Une fois son sac prêt, il l'interpelle.
-Raima ouvre la porte, je dois partir !
-Tu ne sors pas !
-Pardon ?
-J'ai dit que tu ne sors pas de cette chambre, encore moins de cette maison.
Il rigole un instant, avant de répliquer.
-Et je peux savoir pourquoi ?
-Demande à ta maîtresse.
-Raima pardon, ne me fait pas rire. Donne-moi la clé, je dois partir. Je suis très en retard.
Au bout d'une quinzaine de minutes, Raima n'a toujours pas réagit. Éric en colère se dirige vers elle pour arracher la clé. Dans le processus, il ne manque pas de la gifler. Elle arrête sa joue pendant que les larmes remplissent son visage, Éric prend la clé et s'en va. Son mari n'avait jamais posé la main sur elle jusqu'à ce jour. Être anéantie serait un euphémisme pour décrire son état d'âme à cet instant.