Chapitre 5 Chapitre 4

Pendant tout le trajet, le mec du bar n'a pas cessé de hanter mes pensées. En fait, c'est plus son attitude envers moi qui me tracassait. Son arrogance passe encore, mais le fait qu'il se soit permis d'exiger de moi que je monte dans sa voiture, puis de s'en aller avec mes clés juste parce que j'ai refusé, m'irritait sérieusement.

Mais j'ai fait de mon possible pour ne plus y penser ne serait-ce que le temps de cette nuit. Je garde toutefois une petite pensée pour ma voiture, et espère de tout cœur que ce type ne soit pas un voleur même si à son allure et au vu de la voiture qu'il a, de la forme de celle-ci et de son intérieur luxueux, il ne semble pas en être un.

Arrivé devant le club, je descends lentement du taxi après avoir bien évidemment payée, et fixe une fraction de seconde le dessin de la fille aux jambes écartées, aux mains qui compressent sa poitrine généreuse et vêtu de simples sous-vêtements qui représente le A de ''APHRODISIAQUE '' sur la devanture du club. Je fais toujours ça, je ne sais pas vraiment pourquoi. Peut-être est-ce machinal.

Je pénètre ensuite à l'intérieur sans plus de cérémonie après avoir brièvement salué Jérémy l'agent de sécurité. Retrouvant ainsi l'endroit où je passe tous mes mercredis, jeudi, samedi et dimanche. Un endroit constitué d'un bar, des fauteuils, des tables, d'un DJ pour mettre de l'ambiance et d'un jeu de lumière un peu comme une boîte de nuit en fait, sauf qu'il y a en plus, un podium qui ressemble presque à celui d'un défilé de mode, mais qui n'a pas la même longueur et dont se trouve vers le bout, une barre de fer sur laquelle se dandine des filles à moitié nues. Ce n'est pas seulement à cet endroit-là, mais aussi un peu partout dans ce lieu.

Dès le premier regard, je constate rapidement que le club est assez plein, presque tous les hommes sont occupés à discuter et à se faire draguer par des filles habillées de tenues microscopiques. Pendant que d'autres se laissent séduire par la danseuse accrochée à la barre de fer sur le podium.

En regardant plus attentivement celle-ci, je remarque qu'il s'agit en fait de mon amie. Enveloppée d'une chemise blanche à manche longue qui lui recouvre à peine les fesses, elle se déhanche comme une folle pour chauffer au max ces hommes qui, de toute façon, ne sont là que pour ça.

J'admire sa manière d'être décontractée et à la fois à l'aise sur ce podium. Ça semble si facile pour elle de se laisser baver dessus de la sorte. Moi, ça me stresse toujours.

Après un dernier regard vers elle, je décide de me rendre dans les vestiaires du club pour me changer. Je n'y trouve personne, alors je suppose immédiatement que toutes les filles sont occupées. Je fouille quelques minutes entre mes vêtements disposés sur mon portant à la recherche de quoi me mettre. Et finis par opter pour un ensemble sexy de lingerie noir qui comporte 3 pièces.

Un soutien-gorge d'une dentelle fine avec réglage des bretelles qui passent autour du cou ; un bijou de cristal en toc est présent entre les seins ; un porte-jarretelles aussi en dentelle avec les mêmes bijoux au milieu puis un string assorti.

Je retire rapidement mon body puis le jean que je porte avant de m'attaquer à mon soutien-gorge. Mais je sursaute soudainement quand je sens des doigts me le dégrafer à ma place. En me retournant, un profond soupir de soulagement s'échappe de mes lèvres lorsque je vois le visage quelque peu vieilli de mon manager. Madame Agnès Genest.

- Madame Genest, vous m'avez fait peur, je lâche une main sur la poitrine.

- Savez-vous l'heure qu'il est ? Demande-t-elle en ignorant mon état.

- Euh... Non, 22 heures peut-être.

- 22 heures et 46 minutes plus précisément.

- Oh ! Je suis vraiment désolée madame. J'ai eu un petit problème qui...

- Épargnez-moi vos excuses stupide mademoiselle Diallo, et écoutez bien ce que je vais vous dire. Il est vrai que vous êtes une danseuse indépendante dans ces lieux, mais il ne faut pas en oublier les règles. Dès que nous avons besoin d'une danseuse, vous avez pour obligations de venir ici immédiatement sous peine d'être renvoyée. Vous le savez ça, non ?

- Oui, Miria m'a tout expliqué. Mais ce n'est pas de ma faute j'ai...

- Alors j'espère de vous que cela ne se répète plus, elle poursuit lorsqu'elle me voit me taire et hocher la tête. Bien, mademoiselle Costa a été de demander dans le Vip room alors vous prendrez sa place sur le podium, me dit-elle d'une voix ferme, comme si j'allais refuser.

- OK, c'est compris Madame.

- Le DJ ne va pas tarder à vous annoncer faites donc vite.

Elle s'en va enfin, me laissant de nouveau seule. Un long et incontrôlable tchip s'échappe aussitôt d'entre mes lèvres.

Cette femme me tape franchement sur les nerfs avec ses airs de patronne.

Je retire mon dernier sous-vêtement et me dépêche d'enfiler ceux que j'ai choisis pour ce soir. Entre-temps mes pensées naviguent lentement vers Miria. Ça fait plusieurs fois que j'apprends qu'elle est demandée dans le Vip room depuis que j'ai commencé ce boulot. Et j'en viens à me demander parfois comment elle fait.

Voilà déjà trois mois que je suis ici, mais personne ne m'a jamais demandé. Et à vrai dire, je ne m'en plains pas car les principes de ce lieu -C'est-à-dire se retrouver en tête à tête avec un client dans une pièce pour une danse d'une demi-heure ou plus- me font très peur. Je ne peux pas m'empêcher de craindre que le client trop excité et n'arrivant plus à se contrôler me viol.

Malgré qu'elle m'ait expliqué mainte fois qu'il a des caméras partout là-bas et que le manager veille à ce qu'il n'y ait aucun contact physique grâce à elles, je n'arrive toujours pas à me débarrasser de cette peur. Mais il va bien falloir pourtant, tôt ou tard je vais finir par y aller, et je le sais très bien.

Je souffle faiblement et secoue la tête pour ne plus y penser. Là, j'ai une autre préoccupation qui est pour le moment la seule à laquelle je dois me soucier. Comme l'a dit Madame Genest, je serai sur le podium d'une minute à l'autre alors mentalement je me prépare à voir tous ses regards affamés de chair humaine sur moi.

Je mets mes talons aiguilles et porte par-dessus ma lingerie un kimono très court fait d'un tissu fin dont les bas de ses larges manches courtes sont faits de dentelle. Je noue rapidement ses liens puis me regarde un instant dans mon miroir tout près de mon portant.

Je m'apprête à m'assois à la chaise en face de celle-ci lorsque la voix du DJ me parvient faiblement aux oreilles. Je l'entends à peine m'annoncer en utilisant mon pseudonyme. Je me dépêche donc de passer du rouge-à-lèvres sur mes lèvres et d'emprunter la voie qui me mènera directement au podium.

Un gros stress me lamine aussitôt le cœur comme à chaque fois que je prends cette direction. Mais il est hors de question que je fasse machine arrière. Ce n'est pas la première fois que je me présente là et ce ne sera sûrement pas la dernière, alors il faut que je le surpasse.

Cette idée bien en tête, je m'arme de courage et entame le premier pas sur la piste prête à mettre Mercy Noëlle Diallo la fille pudique de côté, et à me laisser aller dans la peau de ce personnage que j'incarne lorsque je suis ici. Le personnage de Mélodie, la petite pilule aphrodisiaque de ses mecs ici présents.