***Loraine***
Moi (hurlant) : Jess, Sam dépêchez-vous de venir
prendre votre petit déjeuner sinon vous serez en retard à
l'école.
Ils descendent les escaliers presqu'en courant et me
rejoignent dans la cuisine où est déjà servi leur petit
déjeuner.
Eux : Bonjour m'man.
Moi : Bonjour mes bébés. Vous allez devoir faire un peu
vite parce que vous êtes déjà en retard. C'est la dernière
fois que vous restez tard devant la télé ou encore devant
vos appareils.
Jess (mangeant) : Mais maman demain est samedi donc
on n'a pas cours.
Moi : Mais aujourd'hui si, quoi tu l'avais oublié ? Et puis
j'attends toujours vos dernières notes pour voir où vous
en êtes. Je ne veux pas être surprise par une moyenne
désastreuse en fin de trimestre donc ce soir je veux
toutes vos feuilles de devoir sur mon lit et ce n'est pas à
discuter. Bon pour ce midi je vous ai fait des pattes.
Sam : Mais maman on peut très bien manger à la
cantine.
Moi : Même pas en rêve. Vous voulez vous intoxiquer
avec ces conneries qu'ils vous préparent sans hygiène
en plus ? Hors de question que mes enfants mangent
dehors alors que je sais utiliser mes dix doigts.
(Déposant leurs paquets) Voici vos repas, comme
d'habitude il y a des fruits et du jus dedans pour le
dessert. Bon debout maintenant, il est temps d'y aller.
Jess : Mais maman on n'a pas encore fini.
Moi : Fallait donc te réveiller tôt maintenant lève ton
popotin et dans la voiture.
Ils s'exécutent et je range rapidement les assiettes salles
dans la machine à vaisselle. Nous montons dans la
voiture et les conduits à l'école. Je gare devant l'école et
je vois un jeune sourire en regardant en direction de la
voiture, je me retourne et vois Jess sourire aussi.
Moi : Ok je veux rencontrer ce jeune.
Jess : Hein ? Quoi ?
Moi : J'ai dit que je voulais le rencontrer à la maison.
Faudrait que je connaisse celui que ma fille fréquente.
Jess : Maman je ne le fréquente pas, c'est juste un ami.
Moi : Raison de plus pour le rencontrer et si c'est un
voyou je lui montrerai sa place.
Elle fronce les sourcils et descend de la voiture Sam la
suivant.
Moi : Quoi il n'y a pas de bisou aujourd'hui ?
Ils montent à tour de rôle dans la voiture à l'avant et
m'embrasse sur la bouche avant de redescendre. Je les
observe partir un moment puis démarre pour le boulot.
Une longue journée m'attend.
Mes journées se déroulent toujours de la même manière.
Je fais le petit déjeuner, je dépose les enfants à l'école,
je file à ma boutique. Le soir venu je fais le même
parcours mais à l'inverse. J'arrive à ma boutique, salut
les filles et file dans mon bureau où je me mets à vérifier
mes dernières commandes. J'ai une boutique de vente
de chaussures que je dessine moi-même. Ma marque
s'appelle Lo' comme Loraine. Mais j'y ai ajouté des
accessoires d'homme (montre, chaussure, ceinture)
dans un endroit de la boutique juste pour diversifier un
peu sinon la boutique entière est rempli de chaussure de
femme, des hauts talons en générale, aussi des
bottillons supers classes. Mes clients sont en générale
des femmes nantis. Soit elles viennent ici les acheter soit
elles commandent en ligne et on leur livre. Je dispose de
4 employées et 2 livreurs. Bon je ne suis pas super riche
mais je m'en sors très bien.
Pourquoi la mode ? Eh bien parce que j'ai vite arrêté
l'école lorsque je suis tombé enceinte de ma fille. Je ne
pouvais plus continuer et comme le père avait un bon
travail il m'a demandé de venir vivre avec lui. Lorsque le
bébé a eu 1 an nous nous sommes mariés et il a refusé
que je reprenne l'école disant que je devais m'occuper
de sa maison et de son enfant. Je n'ai pas trouvé
d'inconvénient puisqu'il me donnait tout ce que je
voulais. Les choses se sont déroulées ainsi jusqu'à ce
que je tombe enceinte de Samuel et que quelques
années plus tard on divorce.
Ne voulant pas toujours dépendre de lui et attendre qu'il
paye la pension des enfants pour vivre j'ai décidé de me
tourner vers mon ancienne passion qui était la mode plus
précisément dans le domaine des chaussures. J'adore
les chaussures, c'est mon dada. J'en ai même toute une
collection qui occupe toute une penderie. Je m'y plais
parce que ça me permet de m'exprimer et de m'évader.
On toc à la porte. C'est surement une de mes
employées. Je lui dis d'entrer.
Sophie : Madame il y a une cliente qui désire que ce soit
vous qui vous occupiez d'elle.
Moi : Ok j'arrive.
J'espère que ce n'est pas une femme qui ne sait pas ce
qu'elle veut parce qu'il y en a qui viennent et c'est à ce
moment qu'elles vont réfléchir et moi je n'ai pas de
temps à perdre.
Je sors à la suite de Sophie et vais rejoindre la cliente.
C'est une jeune fille du genre pipelette.
Moi (souriant) : Bonjour mademoiselle que puis-je faire
pour vous ?
Elle : C'est madame.
Moi : Oh désolé ! C'est juste que je n'ai pas vu d'alliance
donc...
Elle : Ce n'est pas une alliance qui fait de moi une dame,
je le suis et c'est tout.
Ok bon je pense que cette fille ne va pas sortir d'ici
vivante, en tout cas si elle continue ainsi. Je respire un
grand coup et continue la conversation avec un sourire
qui je suis sûr ne va pas tarder à disparaitre.
Moi : Ok, vous avez fait un choix ? Ou avez-vous
quelque chose en tête ?
Elle : Hum qu'est-ce que vous avez ?
Moi : Tout ce que vous voulez. Il y en de toutes les
sortes ici.
Elle : C'est vague comme réponse.
Moi : Ok bon je vais vous demander de sortir de ma
boutique puisque vous ne savez pas quoi faire de votre
journée. Moi j'ai des chaussures à dessiner et une
boutique à faire tourner sur ce bonne journée.
Elle : Non mais c'est une manière de s'adresser à ses
clients. Le client est roi ou vous l'ignorez.
Moi : Allez donc faire votre royauté ailleurs. Les seuls
rois ici sont ceux qui se comportent comme telle. Vous
vous n'êtes qu'une pauvre fille qui a été surprise par une
forte somme d'argent venant sûrement du mari d'une
pauvre dame qui se demande chaque jour si son mari va
bien lorsqu'il est dehors alors que celui-ci est en train de
fourrer son bangala dans un vagin trop petit pour lui.
Maintenant vous sortez de ma boutique où je m'en
occupe moi-même et je peux vous assurer que vous
n'allez pas aimer.
Je la fixe sans cligner des yeux et elle tourne les talons
après avoir pris le temps de bien me lorgner.
Moi (derrière elle) : Merci pour ce compliment. (Voix
basse) Mtchrrrr n'importe quoi.
Je retourne dans mon bureau sous les éclats de rire de
mes employées. Elles savent que quand on exige que ce
soit moi qui fasse l'hôte il faut aller droit au but donc
avant de venir m'appeler elles demandent à la cliente
d'être bien sûr de ce qu'elle va me dire parce qu'on ne
me dérange pas pour rien.
La journée s'achève et je retourne prendre les enfants à
l'école pour ensuite rentrer. Je leur prépare le diner vite
fait qu'ils engloutissent avant que leur salaud de père ne
vienne les prendre pour le week-end. C'est comme ça
qu'on fonctionne. Après notre divorce les enfants n'ont
pas voulu aller vivre avec lui et sa nouvelle femme donc
on a décidé qu'ils restaient avec moi la semaine et les
week-ends ils les passaient chez lui. Les enfants
n'aiment pas trop sa femme mais comme ils aiment leur
père ils font des efforts pour s'entendre avec elle.
On sonne à la porte, c'est lui. Je vais lui ouvrir pendant
que les enfants vont chercher leurs sacs. J'ouvre et lui
tourne le dos le laissant entrer.
Moi : Bonsoir Charles
Charles : Bonsoir Loraine. Comment ça va ?
Moi : Bien.
Je le laisse assis au salon et vais dans la cuisine. Lui et
moi n'avons rien à nous dire donc je ne vais pas faire
semblant d'être super accueillante et tout et tout. Je ne
suis pas hypocrite et je ne le serai jamais. Je fais la
vaisselle et je sens une présence derrière moi.
Charles : Alors tu vas m'éviter comme ça tous les jours
Lo ?
Je me retourne pour lui faire face afin qu'il voit bien mon
visage.
Moi : Primo tu ne m'appelle plus Lo et secundo ne te
crois pas tellement important pour que je puisse t'éviter.
Je n'ai rien à te dire donc je ne vais pas creuser dans
mon esprit pour chercher un sujet de conversation.
Charles : Mais nous sommes des amis.
Moi : Hon hon nous ne sommes pas amis. Nous
sommes les parents de Jess et Sam et c'est tout. Je ne
fais pas partie de celles qui tiennent coute que coute à
être ami avec leur ex-mari juste pour faire bien. Je t'ai
certes pardonné de m'avoir trompé avec ma meilleure
amie et même de l'avoir épousé mais ça ne veut pas dire
pour autant qu'on devient ami.
Il reste encore là à me regarder tandis que moi je lui
tourne le dos pour continuer à ranger mes assiettes. Les
enfants descendent aussitôt et viennent me dire au
revoir en me faisant des bisous à tour de rôle sur la
bouche puis ils partent.
Moi (criant) : Vous allez me manquer mes bébés.
Jess (criant) : Toi aussi maman.
Puis la porte se claque. A chaque fois qu'ils quittent la
maison je ressens un énorme vide. Ils sont toute ma vie
et sans eux je ne suis plus personne. C'est grâce à eux
si j'ai tenu le coup après la trahison de Charles. Quand je
l'ai surpris dans notre lit conjugal avec ma meilleure amie
j'ai senti mon monde s'écrouler mais quand j'ai appris
par la suite qu'ils allaient se marier c'était encore pire. Je
ne savais pas que j'allais retrouver le sourire et même
reprendre goût à la vie. Mais j'y suis arrivée et ça fait
plus de 3 ans que je vis seule avec mes enfants et que je
me suis prise en charge.
Je me sers une coupe de glace et m'installe devant la
télé pour regarder la série Empire que j'ai téléchargé. J'ai
pris toutes les trois saisons et je les regarde chaque soir
après que les enfants soient montés dans leurs
chambres. J'adore Cookie Lyon, son caractère et son
courage mais surtout la manière dont elle met les gens à
leur place. Ça me rappelle vachement quelqu'un.
Je ne sors jamais genre les boites de nuit et autre. J'en
ai passé l'âge et mes seules distractions sont mes
enfants, mon travail et la télé. Je n'ai d'ailleurs pas
d'amis juste des connaissances et ça me va comme ça.
Après le coup de l'autre je pense que je ne suis plus
prête à faire confiance à qui que ce soit. J'aime ma vie
telle quelle est même si un peu de piment ne me ferait
pas de mal mais bon je fais avec ce que j'aie.