Quand vient l'amour 5
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Chapitre 4 Chapitre 4

Hardin Le barman chauve me regarde méchamment, prend un verre vide sur le présentoir et le remplit de glace. Dommage, je n'ai pas pensé à inviter Vance. On aurait pu partager un moment père-fils ! Putain, c'est vraiment le bordel. – Un double plutôt. – Compris, répond le gars, sarcastique. Mes yeux captent la vieille télé sur le mur sur laquelle défile un bandeau en bas de l'écran. C'est une pub pour une compagnie d'assurances et l'image est celle d'un bébé qui gazouille. Putain, pourquoi choisissent-ils de mettre des bébés dans toutes les pubs ? Je ne le comprendrai jamais.

Sans un mot, le barman fait glisser mon verre sur le bois du bar juste au moment où le bébé émet un son censé être encore plus « adorable » qu'un gazouillis. Je porte le verre à mes lèvres et laisse mon esprit s'échapper très loin d'ici. – Pourquoi tu as rapporté des produits pour bébé à la maison ? Elle était assise sur le bord de la baignoire, les cheveux attachés en queue de cheval. J'avais commencé à m'inquiéter de son obsession pour les enfants, en tout cas, ça y ressemblait foutrement bien. Elle s'est mise à rigoler. – Ce ne sont pas des produits pour bébé. Il y a juste une image d'un bébé et de son père sur le produit. – Je ne comprends vraiment pas en quoi c'est attrayant. J'ai enlevé l'emballage du kit de rasage que tessa m'avait acheté et j'ai examiné les joues rebondies du mioche en me demandant quel lien pouvait bien exister entre un gnome et un truc pour se raser. – Je ne comprends pas non plus, mais je suis sûre que mettre une photo de bébé sur la boîte doit aider les ventes. – Peut-être pour les femmes qui achètent ces merdes pour leur mec. Pas un seul homme sain d'esprit n'aurait attrapé ce truc dans un rayon de supermarché. – Si, je suis certaine que des pères aussi auraient pu l'acheter. – Mais bien sûr. J'ai déchiré l'emballage et posé son contenu devant moi, puis j'ai scruté son regard dans le miroir face à elle. – Un bol ? – Oui, c'est pour la crème. Tu obtiendras un meilleur résultat avec un blaireau. – Et comment sais-tu ça, toi ? Je l'ai regardée en levant un sourcil, espérant qu'elle n'ait pas su ça d'expérience, de son passé avec Noah. Elle m'a répondu dans un grand sourire : – J'ai regardé sur Internet ! – Évidemment. Viens me donner un coup de main, puisque tu as l'air d'être experte en matière de rasage. Ma jalousie a disparu et Tessa m'a donné un petit coup de pied, pour rire. J'avais toujours utilisé un rasoir et de la mousse à raser tout simplement, mais puisqu'elle avait visiblement cherché le bon truc, j'ai voulu lui faire plaisir. Et, franchement, cette idée géniale d'elle me rasant le visage était plus qu'excitante. Tessa a souri et s'est levée pour s'approcher de moi. Elle a pris le tube de crème et fait de la mousse dans le bol en tournant le blaireau. Puis elle m'a tendu le tout, un sourire aux lèvres. – Voilà. – Non, fais-le, toi. Je lui ai rendu le blaireau et j'ai passé mes bras autour de sa taille pour l'asseoir sur le bord du lavabo. – Allez hop. Une fois assise, j'ai écarté ses jambes et me suis installé au milieu. Elle a pris l'air prudent et concentré en trempant le pinceau dans la mousse pour me l'étaler sur la joue. – Je n'ai pas envie de sortir ce soir, lui ai-je dit. J'ai trop de boulot. Et tu m'as empêché de bosser. J'ai attrapé ses seins à pleines mains et les ai doucement serrés. Ses mains ont eu un mouvement incontrôlé, me balançant de la mousse à raser dans le cou. – Encore heureux que tu n'aies pas eu le rasoir entre les mains. – Oui, encore heureux. Son ton moqueur s'est transformé en sourire quand elle a attrapé l'objet du délit. Puis, elle s'est mâchouillé la lèvre inférieure. – Tu es sûr que tu veux que je le fasse ? J'ai peur de te couper sans faire exprès. – Arrête de t'inquiéter. De toute façon, je suis sûr que tu as aussi fait des recherches sur ce chapitre-là ! Elle m'a tiré la langue comme une gamine et je me suis penché en avant pour l'embrasser avant qu'elle n'entame les hostilités. Elle n'a rien répondu, c'est bien que j'avais raison. – Mais sache que si tu me coupes, tu as plutôt intérêt à courir vite... – Ne bouge pas, s'il te plaît. Au début, sa main a un peu tremblé, mais elle a pris de l'assurance en passant doucement la lame sur ma mâchoire. Me faire raser par Tessa était réconfortant et étonnamment apaisant. – Tu devrais y aller sans moi. Je n'avais pas envie d'aller dîner chez mon père, mais Tessa devenait folle à rester tout le temps dans l'appartement, alors lorsque Karen avait appelé pour nous inviter, elle avait sauté sur l'occasion. – Si on ne sort pas ce soir, je veux qu'on reprogramme ce dîner pour le week-end. Tu auras fini ton travail d'ici là ? – Je crois... – Alors, appelle-les pour les prévenir. Je préparerai le dîner quand j'aurai terminé et tu pourras bosser. Elle a tapoté sous mon nez pour me demander silencieusement de pincer mes lèvres avant de me raser doucement autour de la bouche. Lorsqu'elle a eu fini, je lui ai proposé : – Tu devrais finir la bouteille de vin dans le frigo. On l'a ouverte depuis plusieurs jours, il va bientôt tourner au vinaigre. – Je... je ne sais pas. Je savais pourquoi elle hésitait. J'ai ouvert les yeux et elle a tendu la main derrière son dos pour ouvrir le robinet et humidifier une serviette. J'ai appuyé mes doigts sous son menton. – Tess. Tu peux boire devant moi. Je ne suis pas un alcoolique en manque. – Je sais, mais je ne veux pas que ce soit bizarre pour toi. En fait, je n'ai pas besoin de boire du vin. Si tu ne bois pas, je n'en ai pas besoin. – Mon problème, ce n'est pas l'alcool. C'est juste que quand je suis en colère, je bois et c'est à ce moment-là que ça se complique. – Je sais. Elle savait. Elle a passé la serviette chaude sur mon visage, retirant le surplus de crème à raser. – Je ne suis qu'un connard quand je bois pour essayer de gérer mes emmerdes mais, ces derniers temps, il n'y a pas eu d'emmerdes, alors ça va. (Même moi, je savais que ce n'était pas gravé dans le marbre.) Je ne veux pas être un de ces nazes comme mon père qui boivent à en devenir plus que cons et mettent en danger leur entourage. Et puisque tu es la seule personne qui compte à mes yeux, je n'ai plus envie de me pinter la gueule quand tu es dans les parages. – Je t'aime. Rompant là ce si précieux moment et parce que je n'avais pas envie de creuser le sujet plus avant, j'ai maté ses courbes perchées sur le lavabo. Elle portait l'un de mes t-shirts blancs et rien d'autre qu'une culotte noire. – Je vais peut-être devoir te garder, maintenant que tu sais correctement me raser. Tu sais cuisiner, tu fais le ménage... – Et moi, je gagne quoi dans cette histoire ? Tu es bordélique, tu ne m'aides en cuisine qu'une fois par semaine en gros, et encore dans le meilleur des cas, tu es grincheux le matin... Je l'ai fait taire en mettant ma main entre ses jambes et en déplaçant sa petite culotte sur le côté. Lorsque j'ai glissé un doigt en elle, elle a souri et ajouté : – Je le concède, tu es doué pour un truc. – Seulement un truc ? J'ai ajouté un second doigt et elle a grogné tandis que sa tête partait en arrière. La main du barman s'écrase sur le comptoir sous mon nez. – Hé ! J'ai demandé si vous vouliez un autre verre. Mon regard passe du bar à son visage. Je lui tends mon verre, laissant le souvenir s'estomper à mesure qu'il me ressert. – Ouais. Un autre double. La vieille raclure chauve qui tient le bar s'éloigne, et j'entends la voix d'une femme s'exclamer, surprise : – Hardin ? Hardin Scott ? Je me retourne pour découvrir le visage plus ou moins familier de Judy Welch, une vieille copine de ma mère. Bon, ex-copine. Visiblement, les années n'ont pas été tendres avec elle. – Ouais. – Putain de merde ! Ça fait quoi... six, sept ans ? Tu es tout seul ? Elle pose sa main sur mon épaule et se juche sur le tabouret à côté du mien. – Ouais, c'est ça et oui, je suis là tout seul. Ma mère ne va pas te pourchasser. Judy a le visage triste d'une femme qui a bien trop bu. Ses cheveux sont toujours du même platine que quand j'étais adolescent et ses faux seins paraissent trop gros pour sa frêle silhouette. Je me souviens de la première fois où elle m'a touché. J'avais l'impression d'être un homme en baisant la copine de ma mère. Et maintenant, en la regardant, je ne la baiserais pas même avec la bite du barman chauve. Elle me fait un clin d'œil : – Effectivement, tu as grandi. Le verre devant moi est vidé en quelques secondes. – Toujours aussi bavard. Elle me tapote l'épaule, fait un signe au serveur pour passer commande, puis se tourne vers moi. – Tu es là pour noyer ton chagrin ? Des problèmes de cœur ? – Aucun des deux. Je fais rouler mon verre entre mes doigts, écoutant le bruit des glaçons qui s'entrechoquent. – Eh bien, moi, je suis là pour noyer tout ça comme il faut. Alors trinquons, toi et moi. Elle commande deux whiskys au rabais. Surgi de mon passé, le sourire qu'ébauche Judy me revient en mémoire.

            
            

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