Chapitre 5 De surprises en surprises

Séléna

- Ma chérie. Commence Léna alors que je la regarde perplexe comprenant que quelque chose ne va pas. Léna ne m'appelle jamais par de petits surnoms sauf quand elle a un service à me demander mais vu son état de stress, je ne pense pas que ce soit ça.

- Il y a eu un accident chez toi. Dit-elle alors que je regardais ses mains avec lesquelles elles jouent comme si elle était mal à l'aise de me parler. Ce qui ne la ressemble absolument pas.

- Un accident ?! M'exclamé-je alors que Dany me tient toujours la main.

- Il y a un incendie...

Je n'attends pas qu'elle continue de m'expliquer. Ma poitrine est déjà en train de se déchirer de douleur et de panique en pensant à Alizée. Mon dieu, cela ne peut pas arriver. J'ai pris toutes mes précautions pour que ce genre de choses n'arrivent jamais chez moi. Je fonce dans la loge et je cherche cette foutue clé que je ne trouve pas. Je tape dans le casier après avoir essayé de l'ouvrir en vain.

- Putain ! Gueulé-je en m'attrapant les cheveux. Je me retourne et j'attrape le peignoir qui traine sur une chaise avant de sortir percutant Léna qui arrive.

- Ma chérie, les pompiers sont déjà en route. M'explique-t-elle mais je ne l'écoute pas J'e fourre les billets des clients que j'ai reçu dans ma poche et je fonce à la porte arrière de service pour héler un taxi. Les gens dehors me regardent étrangement vu ma tenue sur le bord de la rue dans la neige. Mais je m'en fous, la panique est en train de me submerger. Je ne peux pas la perdre, pas comme ça ! Un taxi s'arrête enfin et je lui donne l'adresse en lui filant un billet en plus pour qu'il aille le plus vite possible. Je m'assois dans le fond de mon siège en me mordant les ongles. Faites qu'elles soient sorties. Faites qu'elle n'ait rien ! Arrivé au niveau de la station, je remarque de la fumée venant de l'immeuble rouge que nous apercevons maintenant ainsi que des voitures de police, des ambulances et des pompiers. Voyant que le chauffeur de taxi n'arrivera pas à aller plus loin, je sors de la voiture la peur au ventre et je me mets à courir totalement terrifiée en regardant les flammes qui sortent de mon appartement.

- Mademoiselle ! Crie une voix et je continue de courir pour passer sous la barrière de sécurité voyant que les pompiers ont l'air de regarder la porte comme s'ils attendaient quelque chose et je comprends que ma princesse n'est pas encore sortie. Je passe à côté du camion en courant et au moment où j'arrive devant la porte des bras m'attrapent pour m'empêcher de rentrer dans l'immeuble et me tirent en arrière.

- Non ! Hurlé-je en me débattant. Ma fille est là-dedans ! Ma fille est toujours dans le bâtiment !

- Calmez-vous ! Me crie les hommes. Mes meilleurs hommes sont à l'intérieur. Ils vont vous la ramener !

- Lâchez moi ! Hurlé-je de tout mon corps alors que je me débats comme un diable. Lâchez moi !

- Ils sont là ! Crient un des hommes qui me tient et mon regard quitte les flammes qui sortent de mon appartement pour se poser sur le pompier qui porte mon bébé dans ses bras. Il fait glisser la couverture de sa tête et ma gorge se noue voyant qu'elle est saine et sauve. Tout mon corps cède après ce moment de terreur et j'ai du mal à avancer vers elle alors qu'elle me sourit en m'appelant. Le pompier s'avance vers moi et arrivé à ma hauteur, je lui prends Alizée des bras pour la serrer contre moi totalement en pleurs.

- Mon bébé. Pleuré-je en la couvrant de bisous. Maman est désolée ! J'aurais dû faire changer la cuisinière plus tôt au lieu d'acheter ce tacot !

Je pleure de rage contre moi d'avoir laissé cela trainé si longtemps.

- Mademoiselle, vous pouvez venir avec nous dans l'ambulance. Me fait gentiment l'ambulancière et j'acquiesce en cherchant le pompier qui m'a ramené Alizée pour le remercier. Mais il y a des pompiers partout et je ne saurais pas dire c'est lequel car dans leur uniforme, ils se ressemblent tous.

- Maman. Me fait Alizée en posant sa main sur mon visage et je reviens vers elle en souriant.

- Oui ma chérie, allons voir la madame dans l'ambulance. Lui dis-je en déglutissant. Ils vont regarder si tu n'as rien.

Je la serre contre moi en la couvrant à nouveaux de baiser dans ses cheveux tout en rejoignant l'ambulance.

Daryl

J'enlève mon casque une fois l'ambulance emmenant Mystique et cette petite fille partir pour l'hôpital. Que dis-je ? Cette petite fille n'est autre que sa fille et ça, je ne m'y attendais pas.

- Super sauvetage ! Me lance Scott et je jette un coup d'œil pour voir après Andy qui a emmené la femme qui était dans l'appartement jusqu'à l'autre ambulance.

- Je t'assure que c'était Mystique. Lance Rony à Jensen tandis que je pose mon casque dans le camion.

- Je t'avoue que pour le coup, je n'ai pas fait attention. Lui répond Jensen. J'étais plutôt en train de l'empêcher de rentrer dans l'immeuble. Elle a pas mal de force d'ailleurs.

Andy qui arrive enfin avec un grand sourire me faisant comprendre qu'il a encore fait jouer ses charmes sur la femme regarde Rony surpris en comprenant maintenant que c'était l'appartement de Mystique.

- Sacré coïncidence ! Me lance-t-il en montant dans le camion à l'arrière avec moi pour retourner à la caserne.

- Ouais. Répondé-je simplement en posant ma tête contre la vitre. Une coïncidence qui remet chaque chose à sa place entre nous. Elle a un enfant...

Une fois arrivé à la caserne et que le camion est prêt à repartir, nous nous rendons aux douches où j'ai du mal à croire que cette femme qui me semble bien jeune ait un enfant. Mais après tout, nous avons déjà vu des filles plus jeunes avec des enfants donc il n'y a rien d'étonnant à cela. Mais est-ce la raison pour laquelle elle ne m'en a pas parlé l'autre jour ? Ou a-t-elle estimée que je n'avais pas besoin de le savoir vu que de toute façon, je n'étais qu'un coup d'un soir ? Je ne sais pas et honnêtement, je n'ai pas de raisons d'en savoir plus puisque nous ne nous reverrons jamais.

- Ambulance septante sept ! Camion à pompe septante sept ! Un feu a été déclaré dans un entrepôt sur Howard Street !

- Allez c'est reparti ! Me lance Andy en sortant en vitesse de la douche.

- Go ! Go ! Les gars nous crient le chef. L'ambulance vous rejoindra directement sur place !

En l'entendant parler de l'ambulance, le souvenir du regard terrifié de Mystique me revient en tête alors que je rejoins le camion en enfilant mes bottines en courant. Il faut que je me reprenne !

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Séléna

Je suis rassurée d'apprendre qu'Alizée se porte bien mais ils préfèrent la garder en observation cette nuit à cause de la fumée qu'elle a inhalée. Je joue avec ses petits doigts alors qu'elle dort tout en remerciant le ciel de ne pas me l'avoir enlevée. Mon dieu, je n'aurais jamais survécu sile pire lui était arrivée.

- Séléna ?

Je me retourne et Paola se tient devant le lit d'Alizée hésitant à s'approcher.

- Je suis tellement désolée. Pleure-t-elle. Je suis certaine d'avoir coupé le gaz.

- C'est de ma faute. Admis-je en caressant les cheveux bouclés de ma princesse. J'aurais dû faire ces frais beaucoup plus tôt. Maintenant, j'ai tout perdu et je ne dois m'en prendre qu'à moi-même.

Je frotte les larmes qui coulent de mes yeux.

- Nous avons tout perdu mais nous sommes toujours ensemble. Continué-je avant de m'effondrer en larmes sur le bras de ma princesse. Ta maman a perdu toutes les pauvres affaires qu'elle a eu du mal à t'offrir. Je vais devoir tout recommencer et je ne sais même pas par où commencer ? Comment allons-nous faire quand tu sortiras demain ? L'argent que j'ai gagné cette semaine est partie en fumée et je n'ai plus que ce qui me reste dans mes poches. Je suis à nouveau au plus bas. Moi qui pensais que nous remontions tout doucement la pente, nous revoilà au point de départ.

Daryl

L'intervention enfin finie, Andy propose de prendre la camionnette des pompiers pour aller prendre des nouvelles de la fille de Mystique mais surtout de son amie. Il me propose de l'accompagner et je ne vois pas d'inconvénients tant que je peux mettre charger mon portable voyant qu'il est presque vide. Ce serait dommage de rater l'appel de Brit.

- Franchement, elle ne t'a pas appelé de la semaine. Tu ne penses pas que tu devrais laisser tomber ?! Me lance Andy alors que nous arrivons dans le hall de l'hôpital.

- Et si tu te mêlais de tes affaires ! Lui lancé-je à mon tour pour qu'il arrête de m'emmerder avec ça.

- Ok ! Ok ! Me fait-il en levant ses bras comme s'il était résigné.

Nous entrons dans les urgences et après avoir discuté avec une infirmière, nous nous rendons au lit de la femme de l'appartement de Mystique alors que je la cherche du regard mais en vain.

- Bonsoir, on vient prendre de vos nouvelles. Fait Andy tout gêné à la femme bonde rousse assise dans le lit.

- Oh, vous êtes les pompiers qui nous ont sauvées dans l'appartement.

- Oui, je suis Andy et voici mon collègue et meilleur ami ; Daryl. Nous présente-t-il et je lui fais un signe de la tête en souriant.

- Je vous remercie beaucoup pour ce que vous avez fait. Sans vous, je n'ose imaginer ce qui aurait pu nous arriver. Pleurniche-t-elle et nous savons que les émotions sont fortes après ce genre de situation.

- Je suis désolée. S'excuse-t-elle en essuyant ses yeux.

- C'est normal après ce genre d'évènements. Lui dit Andy. Il faut que la pression du stress redescende.

- Oui mais ce n'est pas moi qui suis la plus à plaindre. Nous dit-elle toujours en sanglot. C'est Séléna qui...

- La petite ne va pas bien ? Lui demandé-je inquiet et Andy me regarde étonner mais il ne me fait aucune remarque.

- Si, si. Alizée se porte bien. Mais Séléna a perdu tout ce qu'elle avait dans cet appartement et je sais qu'elle n'a aucun endroit où aller quand elles sortiront de l'hôpital. Nous explique-t-elle en se remettant à pleurer de plus belle.

Séléna

Je m'assois accroupie dehors contre le mur des urgences après avoir gratté une cigarette à un parent de patients des urgences. Les infirmières m'ont donné une de leur tenue pour que je sois plus l'aise, mais je pense surtout qu'une femme nue et en peignoir n'est pas la bien vue dans un hôpital. Je souffle la fumée en l'air en regardant les nuages menaçant de neige en me demandant ce que je vais faire demain. J'ai gagné presque deux cents dollars en dansant ce soir mais je vais devoir louer une chambre de motel à notre sortie. Paola n'a pas de place chez elle pour nous et je ne veux pas devoir plus à Léna alors qu'elle avait payé la caution de l'appartement. Je n'ai vraiment aucune solution durable et je vais devoir travailler tous les soirs pour récupérer toutes les affaires d'Alizée qui ont brûlées. Mon dieu, je ne m'en sortirai jamais !

J'ai l'impression que le monde s'écroule à nouveau autour de moi. N'ai-je vraiment pas le droit de vivre normalement ? Pourquoi le monde s'acharne-t-il toujours contre moi ? Qu'ai-je pu faire dans une autre vie pour mériter une telle vie ? J'aimerais une fois dans ma vie avoir un peu de chance.

- Séléna.

Je tourne le regard vers la voix qui vient de prononcer mon prénom et j'ouvre mes yeux plus grands étonnée de découvrir ce regard émeraude qui me regarde plein de compassion.

- Oh, salut ! Fais-je en détournant mon regard pour frotter mes larmes et en me levant.

- Tu as dû passer voir une victime que tu as sauvé. Lui fais-je en montrant du doigt sa tenue de pompier. J'ai la gorge nouée du malaise qui me traverse tout le corps de me trouver devant lui telle une loque après ce qui s'est passé entre nous qu'il doit d'ailleurs regretter.

- Oui on peut dire ça mais elle se porte bien. Me dit-il et je tire un coup sur ma cigarette en serrant mon bras contre ma poitrine alors que j'ai l'impression qu'il dévisage ma tenue.

- C'est cool. Répondé-je espérant qu'il s'en aille vite quand un détail me vient à l'esprit et je le scrute perplexe.

- Comment sais-tu que je m'appelle Séléna ? Lui demandé-je. Je ne t'ai jamais donné mon nom.

- Une des victimes que j'ai sauvée tout à l'heure m'a donné ton nom. M'explique-t-il.

- Oh, je vois. Fais-je en ramenant mon visage sur le trottoir en sautillant limite sur place sentant le froid me piquer d'un coup.

- Tu viens de dire quoi ?! M'exclamé-je d'un coup après avoir répété dans ma tête ce qu'il vient de me dire.

Il ne me répond pas mais il me sourit chaleureusement et je plisse mes yeux avant de faire le lien entre lui, Paola et ma princesse.

- C'était toi le pompier ! M'exclamé-je surprise de la coïncidence.

- Oui mais tu étais tellement heureuse de retrouver ta fille que je n'ai pas voulu t'ennuyer. M'explique-t-il alors que je le regarde hébétée de ne pas l'avoir reconnu.

- Tu ne m'aurais pas ennuyée. Je suis reconnaissante pour ce que tu as fait. Enfin ce que vous avez fait. Lui dis-je sentant les larmes monter dans mes yeux tellement je le pense. Je n'aurais jamais survécu si elle était morte dans cet incendie.

- Tu n'as pas à me remercier, c'est mon travail. Me dit-il en souriant voyant mon émotion.

Je n'arrive pas à déglutir tellement je suis encore sous le choc de ce qui s'est passé et de cette coïncidence incroyable de nous retrouver ici dans ces circonstances.

- En fait, je venais te voir. Me fait-il en s'allumant une cigarette.

- Me voir ? Lui demandé-je. Oh, tu veux dire prendre des nouvelles d'Alizée.

- C'est un très beau prénom. Me dit-il en soufflant sa fumée en l'air tout en regardant le ciel comme je le faisais il y a quelques minutes.

- J'ai un appartement assez grand et avec deux chambres. Commence-t-il alors que j'acquiesce me souvenant que son appartement était quatre fois plus grand que le mien rien que pour le séjour.

- Et si vous veniez habitez avec moi le temps que tu trouves un nouvel appartement ?

Si j'étais surprise de le voir ici et que ça soit lui qui ait sauvé Alizée et Paola, la surprise n'était rien contre celle qui me fige à cet instant.