Chapitre 4 LA VOYANTE

Je dormais paisiblement lorsque quelqu'un commença à frapper sauvagement contre la porte.

- Ehh ça ne va pas là ? Hurlais-je, énervée.

Je sortis de mon lit complètement paumé et partis ouvrir la porte.

- Qu'est-ce que tu fais là ? Lançait une voix toute fine et en même temps agressive.

Je passais ma main sur mon visage par deux fois, ignorant tout bonnement les remarques de ma mère.

-JE TE PARLE ERICKA!! Criait-elle.

-Oh, mais tu vas réveiller les gosses ! Dis il est quelle heure ?

- Qu'est-ce que j'ai faite pour avoir une fille pareille !! Après Cédric qui nous a carrément raillé de sa vie... Il y'a toi!

-Ouais je suis une sale drogué, honte de la famille... Merci maman! Maintenant dis-moi ce sue tu fais là ! Répondis je.

- Les jumeaux devraient être à l'école à cette heure ! Mais au lieu de ça, j'apprends que tu as tapé la porte de la nounou à 2h et lui a donné sa journée de libre !

-Je voulais être avec mes enfants, récupérer tout ce temps perdu !

- Ah pas mal, mais pour cela, il faudrait que tu apprennes à être une mère ! Une mère ! Et non une junky égoïste... Lança-t-elle en entrant dans ma chambre.

Elle se déplaça jusqu'à mon lit et réveilla doucement les jumeaux.

- Bella.... Ma chérie...

-Qu'est-ce que tu essaies de faire là ? Dis-je, très énervée.

-Ça ne se voit pas ? Me balança-t-elle avant de continuer à réveiller mes enfants.

Cependant, j'étais décidé à ne pas la laisser faire.

-Sors de là maman ! Un jour .... Ils vont sécher un jour ! Putain ! Ce n'est pas une année !

- LENNY!!! Viens ma belle, prends Isabelle et va l'apprêter pour l'école.

- Lenny... Dis-je en voyant impuissante, ma petite sœur emmener ma fille.

- Je suis désolé, me répondit ma petite sœur en emmenant Isabella hors de la pièce.

Ma mère fit de même avec Ilkay tout en m'adressant un grand sourire, je commençais aà vraiment m'agacer de son comportement, chaque fois que j'essayais de passer un moment avec mes enfants, elle s'y opposait, prenait tout les décisions comme si elle était leur mère !

J'en avais marre, tellement marre que je passai ma colère sur les meubles de ma chambre, lampes, ordinateur, chaise, rideaux, livres ou autres... Tout et bien tout y était passé.

Lorsque je finis, je me sentais incomprise et mal dans ma peau, en effet, comme toujours, mon acte donnait raison à ma mère et a tous ceux qui ne me voyaient à la hauteur. J'avais 28 ans, mais je n'étais foutu d'être une mère pour mes enfants. J'étais pitoyable et je le savais, c'était une des douleurs les plus intenses que je connus et elle me donnait une raison de plus de me droguer. Oublier que je n'étais digne de mes enfants... Oublier que j'étais pitoyable. Je n'avais qu'à me regarder dans un miroir et me rendre compte que je n'étais plus cette jeune fille belle et lumineuse... Il n'y avait plus de lumière en moi.

Ma douche avait été brève... je dis le nécessaire pour paraître bien et aller acheter de la drogue. Je portais alors une belle robe bleue volante avec un nœud à la taille.

Je pris dans un tiroir de ma commode blanche, un parfum floral qui donnait à ce beau désordre une odeursi douce.

Enfin je rejoins le salon mon sac Celine noir à la main.

-Tu sors? M'interrogea mon père d'un ton calme et condescendant.

- Oui... Et toi tu ne devais pas être au boulot ?

-Toujours la tête dans les nuages hein.... Je suis mon propre patron maintenant tu as déjà oublié ?

-Ah non.. L'argent d'Ilya t'a bien aidé pas vrai ?

- Effectivement... Je voulais te prévenir que tu n'es plus autorisée à sortir d'ici toute seule.

-Qu'est-ce que tu racontes ? Disais en ricanant doucement.

Il posait le journal qu'il avait en main puis croisa ses pieds en me fixant. Je remarquais chaque trait de mon père comme jamais auparavant, il avait vraiment vieilli. De nouvelles rides avaient apparu, sur ses joues et son front.

-Tu as pris un coup de vieux, toi ! Et tu crois que je suis toujours un enfant ?

- Tu ne peux conduire et d'ailleurs tu as un conducteur attitré pourquoi tu ne t'en sers jamais ?

-Parce que je tiens à ma liberté ? Je ne veux pas de votre espion !

- Si tu refuses, je préviendrai Ilya... Simple.

- Toi et maman !!.... Grrr

Je grognais en quittant le salon aussi vite possible,

-J'y crois pas... Venir là et me gâcher ma journée... Quelle plaie... Putain. Dis en voyant Honoré, un chauffeur aussi naze que chauve.

-Bonjour mademoiselle, où allons-nous. Dit il enthousiaste.

-Roulez vers le centre-ville ! Je ne sais pas encore où on va mais on y arrivera. Répondis je, agacée.

-Ok...

Le trajet jusqu'au centre-ville se passa très silencieusement même si mon nouveau boulet cherchait à converser... Il en était pas question.

- On y est, mademoiselle.

Je fis OK de la tête, mais je ne savais quoi faire... Où aller ? Comment le fuir pour aller payer ma dose? J'ai tellement besoin de lui parler... De pouvoir me... Confier! Med yeux sur la boutique Mme Lee me fit un tilte.

- Honoré? Vous voyez la boutique là-bas ?

-Oui mademoiselle.

-C'est là... C'est là que je vais.

-Ok...

Il roula donc jusqu'à la boutique.

-Ok, attendez-moi là.

Je sortis de la voiture toute heureuse puis entra dans le magasin.

-Salut...

-Bienvenue ma fille! Je savais que et reviendrai, disait-elle.

-Oh... Oui je...

- Ahh encore toi !

Je souris à l'entente de sa voix, je ne comprenais pas comment je pouvais être aussi troublé par une simple voix, une simple présence... Luwayne m'apaisait grandement.

Alors que je sentais ses pas encore plus proches, j'eus presque peur de me retourner... Je sentais mes jambes se crisper, ma gorge se nouer et des centaines de papillons voler dans mon ventre.

- Alors cette fois dis-moi.. Que fais tu là?

Je me tournai en vue de lui faire face tandis que Mme Lee prenait la parole.

-Je lui ai demandé de venir... J'ai besoin d'aide moi pauvre vielle dame.

- Tu m'as moi non... Je ne sais pas quelle aide, de si petite main pourrait nous donner.

- Bonjour Luwayne... J'ai un nom et je m'appelle Ericka... C'est vrai, je n'ai pas tes muscles et ta taille grandiose mais j'ai un truc que tu n'as sûrement pas, je suis douce minutieuse et très, mais très agile.

-Voilà ! Tout ce dont on avait tant besoin... Viens avec moi ma grande.

Je suivais Mme Lee sans oublier d'adresser un dernier regard à Luwayne, je fus surprise de le voir esquisser un petit sourire, ça me faisait tout bizarre. Mais je n'avais pas le temps de trop y penser car d'entrer madame Lee me demandait de l'aider à confectionner des serviettes en papier faites mains.

-Je savais qu'il te plairait, lança Mme Lee après de bonnes minutes de silence.

-Qui? Demandais-je, un peu paumé.

- Le bel homme perdu.

- Comment? Homme perdu?

Elle me regarda d'un oeil exasperé,

- Quoi?... Luwayne? Non... Non.. Disais-je, toute gênée.

-Sérieusement ? Regarde comment tu es toute rouge... Sinon je sais qu'il t'aime bien aussi! Disait elle en ricanant.

Les Chinoises étaient réputées pour être très pudique, mais là, Mme Lee était tout le contraire, elle me mettait presque mal à l'aise. Dieu merci avant qu'elle ne dise un mot de plus, une jeune femme l'air asiatique mais bronzé se pointa. Je pu remarquer vite fait sa queue de cheval de cheveux brun, son haut vert olive et son jeans pété bleu. Ses petits yeux et lèvres pulpeuses embellissaient parfaitement son visage.

-Mme Lee!! Comment allez-vous? Disait-elle avant de lui faire la bise.

- Ça va, qu'est-ce que tu fais là ?

- Je venais voir L...

-Il n'est pas là ! Tu repasses plus tard?

-Pourquoi je sens que vous me mentez ? Avança-telle, très contrarié.

Mme Lee se déplaça jusqu'à comptoir et prit deux ou trois bricoles.

-Tiens, tu me saluera ta mère !

- Non.. Pas besoin... Non...

Elle sortit en claquant la porte d'une force.. Bruhh.

Quelques minutes plus tard, j'osai poser la question qui me torturait l'esprit jusqu'à maintenant.

-Mme Lee?

-Oui?

-Pourquoi vous êtes comme ça avec elle ? Elle n'a pas l'air mauvaise !

-Peut être, mais elle l'est. Jun a un côté noir qui pourrait raviver les ténèbres en mon filleul... Je ne veux pas de mauvaise compagnie pour lui. Me lança -t-elle.

- Mais moi j'ai pleins de vice... Si vous voyez vraiment, vous devriez savoir que je ne suis pas une bonne fréquentation non plus.

- Oui... Je sais que tu as des addictions et tout mais je sais aussi que tu es la lumière de mon filleul... Tu n'es pas mauvaise, tu as juste subit tellement de choses. Vous deux pourrez vous compléter et vous aider... C'est sûre.

-Marraine ? Tu n'aurais pas vu Jun?

-Non ... Bien sur que non...

- Pourquoi tu me réponds en fuyant mon regard ?

-Ah oui... Je dois prendre un appel, merci encore pour l'aide Ericka. À plus...

Elle a carrément fuit la conversation, bon Dieu.

- Elle lui a mal parlé ? Me demandait-il.

-Je ne sais pas, lui répondis-je.

-Ah, tu entres dans son jeu.

-Luwayne, ce serait mieux que tu me laisses en dehors de tout cela. Je ne veux pas de problème.

- Escuse moi... Je ne voulais pas t'indisposer.

-Ok... Bim j'y vais.

- Tu reviens demain ? Ton talent de plieuse de papier nous est précieux.

- Pourquoi tu le dis avec ce ton-là ? On dirait un gosse qui demande un rencard.

-On n'y est pas, mais déjà j'ai 33 ans, je ne suis pas un gosse et d'ailleurs je ne crois pas qu'ici serait bien pour un rencard...

-Attends... Je me fais des idées ou tu as dit rencard avec un air bizarre ? Demandais je toute émoustillé.

- Tu ne te trompes pas, j'aimerais bien un de ces jours, mais pas demain et pas ici.

Il me caressa ensuite doucement la joue droite puis la lèvre inférieure... Je fermai instinctivement les yeux tandis que ses mains descendirent le long de mon cou. J'eus la chaire de poule tellement ça faisait longtemps qu'un homme ne m'avait touché comme ça... Ensuite, et bien rien du tout... Il me prit juste la main, j'ouvris mes yeux protestant presque... Je voulais tellement goûter encore une fois ses lèvres.

- À demain alors ?

Je lui fis une grimace en mode, je ne sais pas trop avant de sortir de la boutique. Je croisais Honoré du regard, je l'avais oublié celui-là... Le pauvre galérer tout seul pendant toit ce temps. Toutefois, je n'avais le temps de m'apitoyer sur son sort... J'étais tellement heureuse, il avait clairement envie de me revoir, je n'étais pas la seule attirée... Trop heureuse.