J'ai donc passé la soirée dans ma chambre, enfermée à clé, j'avais besoin d'être seule et de réfléchir, je n'ai même pas pris la peine de descendre manger, je suis resté à pleurer sous ma couette et à chercher une solution pour sortir de ce cauchemar, mais y'en avais aucune! Je pouvais plus avorter, ça fait plus de trois mois, ma seule solution était d'accoucher sous X ou de perdre le bébé, mais même en accouchant sous X, je n'allais pas pouvoir cacher ma grossesse pendant neuf mois, c'était impossible!
[...]
Je prend mon petit déjeuné, ma mère arrive dans la cuisine, elle m'embrasse sur le front et me demande:
- Bonjour ma chérie! T'as bien dormi?
- Oui super! Bon moi je dois y aller, je vais être en retard.
Lui dis-je avant de finir ma tasse de café.
- Mais t'as pris que du café, tu dois avoir faim comme t'as pas mangé hier soir?
Me demande-t-elle.
- Non non, c'est bon! À ce soir!
Répondis-je à ma mère.
- Oui a ce soir, bonne journée ma chérie!
Me crie ma mère.
- Merci, à toi aussi!
Lui répondis-je avant de quitter la maison.
[...]
Je sors du cours de math, cette fois je n'ai pas écouté le cours parce que je n'arrêtais pas de regarder Estebane, mais pour une fois je me disais pas "il est trop beau!", mais plutôt "comment je vais lui dire?".
En sortant, je me fais bousculer par Quentin, je renverse mon sac par terre. Je me baisse donc pour ramasser mes affaires qui sont tombé, et je cris:
- Eh merde! Tu peux pas faire attention?!
- Désolé! Attends je vais t'aider!
Me répond-t-il en se baissant pour m'aider à ramasser mes affaires.
- Non mais ça va, c'est bon, retourne avec tes potes là, ça va faire TÂCHE si tu m'aide!
Lui dis-je en insistant bien sur le mot tâche.
Pourquoi j'ai dis ça? Parce que Quentin j'ai toujours été sympas avec lui, je pensais même qu'on était potes, mais depuis quelques semaines, il est devenu populaire! Estebane aussi est populaire, mais Quentin ne traîne pas avec. Y'a deux groupe de populaire, celui d'Estebane, c'est le groupe "méchant", et celui avec lequel Quentin traine, c'est le groupe "gentil", si vous voulez vous faire un peu une idée des populaires de mon lycée. Bref, donc depuis que Quentin traine avec les populaires "gentil", malgré qu'ils soient gentils, ça le mettrait mal de parler avec les "boloss" comme ils nous appellent.
Quand je dis gentil, ça veut dire ils nous insultent pas et ils nous respectent, mais ça veut pas dire pour autant qu'ils nous apprécié, loin de là. Et les "méchants", c'est ceux qui, au contraire, nous insultent et savent nous rappelez qu'on est "que des merdes" comme ils disent.
- Pourquoi tu dis ça?
Me demande Quentin.
- Genre tes potes ils vont rien dire en voyant que t'aides une bolosse?
Répondis-je.
- Bah non!
Me répond-t-il.
- Mais arrête, toi t'es nouveau de cette année, moi ça fais quatre ans que je suis dans leur classe, et je t'assure qu'ils sont comme ça!
Ne lui dis-je pas très gentiment.
- Et mais ça va, je t'ai rien fais, désolé de t'avoir bousculé, je l'ai pas fais exprès!
Me dit-il sans s'énerver contrairement à moi.
- Non mais c'est moi, désolé, je suis sur les nerfs en ce moment, je ne sais pas ce qu'il m'arrive...
Lui dis-je en me calment.
- Un bébé?
Me dit-il à voix basse.
- De quoi tu parles?
Lui demandais-je sans comprendre comment il sait ça.
- De ça!
Me répond-t-il à voix basse en me montrant le test de grossesse.
"Et merde, je l'avais laissé dans mon sac!" pensais-je.
- Rend-moi ça!
Lui dis-je en lui prenant des mains.
Je me suis dépêché de prendre mes affaires et partir. J'ai commencé à courir vers les toilettes, mais Quentin me rattrape et me prend par le bras.
- Élise attends!
Me dit-il.
- Laisse-moi!
Lui dis-je en retirant violemment mon bras.
- T'es enceinte?
Me demande-t-il à voix basse pour que personne n'entende.
- N'importe quoi, tu me prends pour qui?
Lui répondis-je.
- Élise, je vais pas te juger, j'ai vu ton test de grossesse, et il était positif!
Me dit-il.
Je lui réponds pas, je n'avais pas à me justifier, je me contente finalement de lui répondre:
- Oublie ce que t'as vu OK? C'est pas tes affaires.
- Élise, tu peux me faire confiance, je dirais rien!
Me dit-il.
- Et pourquoi je te ferais confiance? Je te connais que depuis quelques semaines, et en plus tu traine avec les populaires maintenant, donc non je te fais pas confiance, et puis j'ai pas à me justifier de toute façon!
Lui dis-je.
- Non, c'est vrai, t'as pas à te justifier, mais maintenant que je sais, tu peux plus me le cacher!
Me dit-il.
Je soupire avant de dire:
- Je suis dans la merde!
- Mais non dis pas ça, tu peux avorter si tu veux pas le garder!
Me dit-il.
- Bah évidement que je veux pas le garder, tu crois que j'y ai pas pensé? C'est trop tard! Ça fait plus de trois mois!
Répondis-je.
- À merde!
Me dit-il.
- Putain! Comment je vais faire? Je ne vais jamais y arriver toute seule!
Dis-je.
- Mais t'es pas toute seule, il a un père cet enfant?
Me dit-il.
- Non, il a pas de père!
Répondis-je à Quentin.
- Comment ça il a pas de père? Tu l'as pas fais toute seule?
Me dit-il.
- Non, mais son père...
Répondis-je.
- Quoi son père? C'est qui le père, si c'est pas indiscret?
Me demande Quentin.
- C'est... C'est... Estebane!
Répondis-je.
- Il faut que tu lui dises!
Me dit-il.
- Non, impossible!
Lui dis-je.
- Mais pourquoi?
Me demande Quentin.
- Parce que je veux pas de cet enfant, parce qu'il m'aime pas et parce qu'il déteste les enfants! Voilà, ça te va comme ça?
Lui dis-je.
- Mais tu peux pas lui cacher qu'il va être papa!?
Me dit-il.
- Crois-moi, Estebane c'est même pas la peine de compter sur lui pour s'occuper d'un gamin! Et puis de toute façon, je vais accoucher sous X, donc il sera pas obliger de savoir que c'est lui le père!
Répondis-je.
- Mais tu sais il fait le mec et tout comme ça, mais peut-être que quand tu vas lui dire il voudra prendre ses responsabilités de père.
Me dit Quentin.
- Estebane? Mais non impossible! Et même, moi je veux pas le garder, il sera mieux dans une famille qui saura l'élever!
Lui dis-je.
- Moi je pense qu'un enfant a toujours besoin d'être avec ses parents, ses vrais parents!
Me dit-il.
- Y'a plein de parents qui veulent des enfants mais qui n'en n'ont pas, et moi je veux pas d'enfants et Estebane non plus, et pourtant on va en avoir un!
Lui dis-je.
- Élise, tu dis ça parce que t'es perdu, mais s'il te plaît, réfléchit bien avant d'abandonner ton enfant, parce que quand il va être en âge de comprendre, il aura l'impression que tu l'aimais pas!
Me dit-il.
- Temps mieux parce que c'est vrai, je l'aime pas!
Répondis-je.
- C'est normal que tu dises ça, t'es qu'au début de ta grossesse, mais... mais tu peux pas dire que tu l'aimes pas, tu réfléchis à l'instant présent, tu pense à toi et ta vie, mais la vie de ton enfant t'y a pensé? À ton avis, il va réagir comment quand il apprendra qu'il a été abandonné?
Me dit Quentin.
- Pourquoi tu dis ça? Qu'est ce que t'y connais aux enfants nés sous X?
Lui demandais-je.
- Bien plus de chose que toi!
Me répond-t-il.
- Comment ça? T'as déjà accouché?
Lui demandais-je en me moquant un peu de lui.
- Non, mais je suis né!
Me répond-t-il.
- Oui bah normal, comme tout le monde!
Lui dis-je en moquant encore un peu.
- Non mais tu comprends pas?
- Comprends pas quoi?
Lui demandais-je sans comprendre où il voulait en venir.
- Je suis né sous X!
Me dit-il.
J'étais choqué, je comprends mieux maintenant pourquoi il veut pas que j'abandonne mon enfant, et moi comme une conne qui savait pas quoi dire, je lui dis:
- Sérieux?
- Oui sérieux, et crois-moi quand t'apprends que tes parents voulaient pas de toi, ça fait mal, t'as l'impression d'être seul et de pas être aimé!
Me dit-il.
- C'est ce que t'as ressentit quand t'a appris que t'étais né sous X?
Lui demandais-je.
- Ouai.
- Et t'as jamais pensé à retrouver tes vrais parents?
Lui demandais-je.
- Si, mais j'ai appris que mon père est mort dans un accident de moto, et ma mère j'ai essayé de prendre contact avec elle, mais quand elle m'a vu, elle m'a dit que je n'étais qu'une erreur et que c'était du passé, pour elle j'étais un inconnu alors qu'elle m'a porté pendant neuf mois.
M'explique-t-il.
- Ah merde, je suis désolé, je savais pas que...
- Mais non, t'as pas à être désolé, tu pouvais pas savoir.
Me dit-il.
Je n'ajoute rien, mais il me dit:
- Élise, t'es la première personne à qui j'en parle, et si je te parle de ça c'est pour t'éviter de faire une connerie que tu pourrais regretter par la suite, alors s'il te plaît promets-moi de penser à ton avenir mais aussi à celui de l'enfant que tu mettras au monde dans quelques mois?
Me demande Quentin.
- Toi aussi t'es les premières personnes à qui je parle de ma grossesse, et ça m'a fait du bien d'en parler, et je te promets de prendre le temps de réfléchir à ce que je vais faire.
Lui dis-je.
- Merci, moi aussi ça m'a fait du bien de parler de ma naissance, et faut que tu le dises à Estebane!
Me dit-il.
- Non! Jamais de la vie! Il va me détester de lui faire un enfant, déjà qui m'aime pas beaucoup alors là laisse tomber!
Lui répondis-je.
- Mais il peut pas te détester de lui faire un enfant, il est aussi fautif que toi, Élise, ce bébé, tu l'as pas fait toute seule!
Me dit-il.
- Sauf que tu connais pas Estebane, il va rejetter la faute sur moi, comme à chaque fois!
Lui dis-je.
- Dis lui comme même, il a le droit de savoir qu'il va être papa!
Me dit-il.
Je ne réponds rien et il me demande:
- Et t'es parents, ils savent?
- Ça va pas? Je peux pas leur dire, ils vont me tuer!
Répondis-je.
- Bah tu vas pas pouvoir leur cacher pendant neuf mois, ça va bientôt se voir!
Me dit-il.
- Oui je sais, mais j'arrive pas à leur dire!
Lui dis-je.
Au même moment, la sonnerie retentit, "ouf, sauvée par le gong!".
1 mois plus
Je suis déjà à quatre mois de grossesse, Axelle est au courant, je pouvais pas lui cacher ça, elle était à la fois contente pour moi et à la fois gêné pour moi! Les seuls au courant, c'est Quentin et Axelle, et oui Quentin n'a rien dis, il a tenu sa parole. En revanche, j'ai toujours rien dis à Estebane, et je sais toujours pas quoi faire, si je le garde comment je vais faire pour l'élever, et si je le garde pas est-ce que je pourrais me le pardonner?"
J'écoute en boucle ces chansons là:
Aurélie - Colonel Reyel
Le choix d'une vie - Kayliah
Les paroles sont pas exactement ce que je vis, mais le sujet reste le même, une adolescente enceinte, mon cas en ce moment, quoi faire? Je me dis que ma vie ne sera plus la même, que je le garde ou pas.
Je descends dans le salon, il est 20h, je stresse, j'ai les mains moites, mon cœur qui s'accélère, "Aller, courage, ils le sauront tôt ou tard" pensais-je. Je m'avance donc vers mes parents, ils sont tous les deux sur le canapé, ils parlaient tout les deux et j'interromps la conversation.
- Il faut que je vous parle.
Leur dis-je.
- Bah vas-y on t'écoute ma chérie!
Dit mon père.
- En fait, c'est pas facile à dire, je...
Leur dis-je en hésitant, j'avais tellement peur de leur réaction, surtout celle de mon père.
- Bah qu'est ce qu'il se passe, y'a un problème? Ça va pas ma chérie?
Me demande ma mère.
- Je...suis...en...enceinte!
Leur dis-je.
- Oh mon dieu!
Dit ma mère en faisant son signe de croix.
Mon père, lui, s'est levé, il me regardait pas comme d'habitude, j'ai bien vu qu'il était énervé. Je l'ai regardé et là, bim, mon père me fout une de ces claques, je risque pas de l'oublier celle là, je l'ai bien sentit passer. Je m'attendais pas à ce qu'il me félicite, mais j'espérais quand même qu'il me soutienne, mais au lieu de ça, il me gifle, en même temps j'aurais dû m'y attendre.
- De combien de temps?
Me demande ma mère.
- 4 mois.
Répondis-je à ma mère.
- Qui? Qui est le petit con qui t'as mise enceinte?
Me demande mon père en s'énervant.
- Papa arrête! Je te dirais pas!
Lui répondis-je.
- Non mais Élise, tomber enceinte, à 16 ans, t'es tombé sur la tête ou quoi?
Crie mon père.
- Non mais ça te va bien de dire ça, toi t'es jamais là de toute façon, même à noël ou à mon anniversaire, t'es jamais là, donc que je sois maman ou pas, ça va te faire quoi? T'auras même pas le temps voir mon enfant ou de l'entendre pleurer, parce que y'a que ton travail qu'existe, mais nous aussi on existe, moi, ta fille, Élise, tu te rappelle? Même à ma naissance t'étais pas là!
Lui dis-je.
- Bon c'est bon j'en ai assez entendu comme ça, monte dans ta chambre, je veux plus te voir!
Me crie mon père.
- Tant mieux, parce que moi non plus je veux te voir!
Dis-je à mon père avant de courir dans ma chambre pour éviter de m'en reprendre une.
Je claque la porte derrière moi, je m'enferme à clé, je vais sous ma couette, et j'écoute les deux musiques (Aurélie - Colonel Reyel et le choix d'une vie - Kayliah).
[...]
Ma mère a prévenu le proviseur de mon lycée, et, étant donné que je suis presque à cinq mois de grossesse, ça commence vraiment à se voir, ça à vite fais le tour du lycée, et les moqueries et insultes à mon égard, je les compte même plus, je passe pour une pute et une salope, c'est pire que ce que je craignais.
[...]
Je suis en cours d'anglais, je gribouille dans le coin de mon cahier, quand je reçois une boulette de papier. Je défais la boulette de papier, et vois inscrit en gros dessus: GROSSE PUTE! Je ne dis rien, je rechiffonne le papier et le laisse sur coin de la table. J'essaie tant bien que mal d'écouter le cours, mais évidement c'est impossible, le groupe des populaire "méchant", passe leur cours, eux, à m'insulter.
- Élise?
Crie une voix derrière moi.
Je n'y prête pas attention, et je continue d'écouter la prof.
- Oh la pute?
Crie encore une voix derrière.
- Mince, j'ai pas fais assez de photocopies, bon vous restez sage, je vais faire des photocopies et je reviens!
Dit la prof en quittant la classe.
- Eh Élise? T'es à combien là?
Me demande Arthur, un des populaires "méchants".
- Hé Élise? C'est une fille ou garçon?
Me demande Hugo, un autre populaire "méchant".
- Élise? Je pourrais être le parrain?
Me demande Lucas, lui aussi un populaire "méchant".
Ils rigolaient tous ensemble, c'était pitoyable, le pire c'est que ça faisait marrer toute la classe. D'habitude y'a toujours Axelle qui prend ma défense, mais aujourd'hui elle est absente, et comme c'est ma seule amie, je suis aujourd'hui seule contre toute classe.
- Élise?
Dit quelqu'un de derrière, mais pas n'importe quelle personne, Estebane, le père du bébé, mais je lui ai toujours rien dis.
- Oh Élise?
Insiste Estebane.
- Quoi?
Dis-je agacée, en me retournant.
- Tu peux me dire qui a pu accepter de coucher avec toi?
Me dit-il comme si c'était impossible.
"Toi, connard!" pensais-je.
- Qu'est ce que ça peut te faire?
Lui demandais-je.
- Bah le mec il devait être aveugle et débile pour coucher avec toi!
Me dit-il avant d'éclater de rire avec ses potes.
- Ah non il est pas débile, il est très con, c'est un gros CONNARD!
Répondis-je.
La prof revient, elle nous distribue les feuilles et la sonnerie retentit.
[...]
Deux heures plus tard
Depuis ce matin, je me demande si je dois lui dire ou pas, je réfléchis à dire à Estebane que c'est lui le père. Je sors de cours, et le dernier à quitter la classe c'est Estebane, je l'ai donc attendu devant la porte, j'étais décidé à tout lui dire, lui dire qu'il allait bientôt être papa, j'appréhendais sa réaction. Il sort enfin mais ne fais pas attention à moi, il trace son chemin, donc je l'appelle.
- Euh Estebane?
Lui dis-je.
- Quoi?
Me répond-t-il choqué que je l'appelle.
- Euh...euh...tu...c'est pour quand le DM d'anglais, j'ai pas noté?
Lui demandais-j finalement.
- Pour lundi.
Me répond-t-il.
- OK merci!
Lui dis-je.
Il ne dit rien de plus, et part rejoindre ses potes.
"Et merde! J'ai pas réussi à lui dire!" pensais-je.
[...]
Je suis en étude, j'ai rien à faire comme je me suis déjà avancée dans mes leçons, alors j'ai pris une copie, un stylo et j'ai écris une lettre.
À la fin de l'heure, je glisse discrètement ma lettre dans la trousse d'Estebane, ouf, personne m'a vu, et je sors donc de la salle d'étude.
[...]
PDV Estebane
18h00
Je suis dans ma chambre, je prends ma trousse et cherche un stylo, quand je vois une feuille pliée dans ma trousse. Je sors donc cette feuille, et je vois que c'est une lettre. Je n'aime pas lire, mais comme c'est une lettre, j'imagine que c'est une fille qui m'a écrit une lettre d'amour, donc je prends la peine de lire cette lettre, pour pouvoir mieux me moquer de la fille après.
Je commence donc à lire la lettre, et plus je lis, moins je rigole...