Son ultime acte de vengeance
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Son ultime acte de vengeance

Gavin
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Chapitre 1

Mon mari, Côme, m'a sortie de l'abîme après la mort de mon frère, me sauvant alors que je n'avais plus rien. Il a promis de me protéger pour toujours. Mais depuis dix ans, ses infidélités sans fin et ses jeux psychologiques cruels ont été un poison lent, me laissant avec une maladie en phase terminale et l'esprit brisé.

Le coup de grâce est tombé pour notre dixième anniversaire. Il a offert mon cadeau – un collier d'émeraudes dont je rêvais depuis notre lune de miel – à sa maîtresse, Audrey.

Mais ce n'était pas assez. Il lui a ensuite donné la dernière chose qu'il me restait de mon frère : sa dernière symphonie. Elle a gribouillé sur les partitions, s'en est servie comme sous-verre et a qualifié l'œuvre de sa vie de « merde ».

Alors que mon corps me lâchait, j'ai compris que l'homme qui avait juré de me sauver avait transformé mes traumatismes les plus profonds en armes pour me détruire. Mon amour s'est mué en une rage froide et silencieuse.

Aujourd'hui, noyé dans la culpabilité, il a détruit Audrey pour expier ses péchés. Il est à genoux au pied de mon lit de mort, suppliant mon pardon, promettant de faire n'importe quoi pour l'obtenir.

Il ignore que mon ultime vengeance exige sa dévotion absolue.

Et sa vie.

Chapitre 1

Mon téléphone a vibré. Un SMS d'un numéro que je ne connaissais pas. « Il est à moi maintenant. Tu croyais vraiment que tu pouvais gagner ? » Les mots me brûlaient, mais le feu était familier, émoussé par d'innombrables autres incendies.

Le hurlement de Côme a déchiré l'air, faisant trembler les œuvres d'art hors de prix sur les murs. Il n'était pas juste en colère ; il était une tornade de fureur pure, sans fard. Le vase en cristal, un cadeau de mariage de sa mère, a volé en éclats contre la cheminée. Un écho de la fracture de nos vies. Des éclats ont volé, de minuscules couteaux scintillant dans la pénombre, reflétant ce que je ressentais à l'intérieur alors qu'il pointait un doigt tremblant vers les draps froissés.

« Comment as-tu pu, Jeanne ? Après tout ça ? Après que je sois revenu ? Lui ? » Sa voix s'est brisée sur le dernier mot, épaisse de dégoût.

Je le regardais, mon cœur battant sourdement dans ma poitrine, un tambour usé. Mon corps était lourd, déconnecté, comme une marionnette dont on aurait coupé les fils. J'ai tiré sur un fil lâche des draps de soie.

« C'était une expérience, Côme », ai-je dit, ma voix plate, presque ennuyée. La vérité de ces mots semblait à la fois creuse et profonde.

Il a ri, un son rauque, guttural, qui m'a écorché les tympans. « Une expérience ? C'est comme ça que tu appelles le fait de baiser un inconnu dans notre lit ? C'est ton jargon de compositrice sophistiquée pour dire "Je te déteste" ? » Il a reculé en titubant, passant une main dans ses cheveux parfaitement coiffés, maintenant en désordre, sauvages. « Tu me détestes à ce point pour faire ça ? »

J'ai haussé les épaules, un petit mouvement involontaire. Qu'est-ce que la haine pouvait bien signifier, à ce stade ? Tout mon être ressemblait à un arbre creux, pourrissant de l'intérieur. Il ne me restait plus assez d'énergie pour la haine, seulement une lassitude profonde et douloureuse. Mes mains, autrefois agiles sur les touches du piano, tremblaient parfois, un tremblement que j'essayais de cacher, un sombre secret dans mes os.

« N'est-ce pas toi qui disais que ce n'était pas grave, Côme ? » ai-je demandé, ma voix à peine un murmure. « Tant que ça ne signifiait rien ? Ce sont tes mots, pas les miens. » J'ai contemplé le vase brisé, sa beauté délicate transformée en un désordre dangereux. La pièce était un champ de bataille de confiance brisée et d'années perdues. Des verres étaient renversés, une chaise retournée bloquait la porte, et la vague odeur de sexe rassis flottait lourdement, témoignage de mon propre acte de rébellion.

Dans un coin, Mathis, mon « expérience », était recroquevillé sur le bord du pouf, les yeux écarquillés de terreur. Il ressemblait à un chevreuil pris dans les phares, complètement déplacé dans notre chambre, cette cage dorée. Il était censé être parti depuis longtemps.

Les yeux de Côme, flamboyants d'un feu vert, se sont posés sur Mathis. « Dégage ! » a-t-il grondé, sa voix un grondement bas et dangereux. Il s'est avancé vers Mathis, sa carrure puissante irradiant la menace. Mathis s'est relevé en se précipitant, trébuchant sur ses propres pieds, et a pratiquement volé par la porte sans un regard en arrière. Bon débarras. Il n'était qu'un moyen pour arriver à mes fins.

Puis, Côme est revenu, son ombre s'abattant sur moi. Il a attrapé mon bras, ses doigts s'enfonçant dans ma chair, une accusation silencieuse. Il m'a tirée vers le haut, me tordant le bras dans le dos jusqu'à ce qu'une douleur aiguë me traverse l'épaule. Mon souffle s'est coupé.

« Tu trouves ça drôle, Jeanne ? » a-t-il murmuré, sa voix dangereusement douce, contrastant violemment avec la force brutale qu'il exerçait. Il m'a plaquée contre le mur, son corps se pressant contre le mien, me piégeant. « Tu crois que tu peux jouer à ces jeux ? » Son souffle était chaud sur mon oreille, un mélange nauséabond de menthe et de quelque chose d'acide, comme du lait caillé. Mon estomac s'est retourné.

L'humiliation m'a submergée, épaisse et écœurante, mais ce n'était qu'une couche de plus sur un manteau de honte déjà lourd. Je n'ai rien ressenti de nouveau, juste une douleur plus profonde, la reconnaissance de la profondeur de notre chute. J'ai essayé de le repousser, un effort futile. Mon corps pesait une tonne.

Il a frappé du poing le mur à côté de ma tête, assez fort pour faire craquer le plâtre. Ses jointures étaient à vif, saignaient déjà, mais il n'a pas bronché. Il me fixait, les yeux grands ouverts, presque suppliants. Il y avait une lueur de quelque chose d'ancien et de désespéré en eux, une peur primale de la perte. C'était troublant.

J'ai reculé, mais il a été trop rapide. Il a cloué mes poignets au-dessus de ma tête, son corps un poids suffocant contre le mien. La pièce a commencé à tourner, les bords de ma vision se brouillant. Une vague de nausée m'a frappée, violemment. Ma tête me lançait, une invitée familière et indésirable.

« Qui c'était, Jeanne ? » a-t-il exigé, sa voix épaisse d'un mélange tordu de jalousie et de rage. « Un frisson bon marché ? Qu'est-ce qu'il avait que je n'ai pas ? C'était sa jeunesse ? Son manque de bagages ? Ou juste le pur plaisir de me voir m'effondrer ? » Son emprise s'est resserrée, mes os hurlant de protestation.

« Tu veux savoir ce que je pense ? » a-t-il hurlé, son visage à quelques centimètres du mien, des postillons volant. « Je pense que tu es une garce narcissique. Je pense que tu as savouré chaque seconde de tout ça, en sachant que ça me détruirait ! Tu veux me tuer, c'est ça ? »

La douleur dans mon abdomen a flambé, vive et soudaine, comme un éclair. Ma vision s'est brouillée. J'ai eu un haut-le-cœur, un goût métallique inondant ma bouche. Je ne le voulais pas, mais mon corps m'a trahie. Je me suis éloignée de lui, mon estomac se convulsant, et j'ai vomi sur le tapis blanc immaculé, manquant de peu ses souliers italiens de luxe. C'était un soulèvement pathétique, involontaire, la bile et l'acide gastrique me brûlant la gorge. Je ne pouvais même pas le regarder.

Il a reculé en titubant, s'éloignant du désordre, son visage pâle de choc et de répulsion. « Jeanne ? Mais putain, c'est quoi ce bordel...? » Sa voix était empreinte d'incrédulité, une lueur de quelque chose qui ressemblait à de la peine. « Tu fais ça juste pour me faire chier, n'est-ce pas ? Tu es en train de tout gâcher. »

Je ne pouvais pas répondre. La douleur était trop intense, un nœud de feu dans mes entrailles, se tordant et se retournant. Mes membres étaient faibles, ma tête un battement de tambour d'agonie. Tout ce que je pouvais faire, c'était haleter, essayant d'aspirer assez d'air dans mes poumons en feu.

« C'est la fin, Jeanne », a-t-il dit, sa voix dure, presque résignée. Il a essuyé sa bouche d'un revers de main, ses yeux fixés sur la flaque sur le tapis. « C'est fini entre nous. Pour de bon cette fois. Tu veux être indépendante ? Très bien. Vis avec tes choix. À partir de maintenant, nous ne sommes plus que des étrangers. » Sur ce, il est sorti de la pièce en trombe, la lourde porte en chêne claquant derrière lui avec un bruit final et retentissant qui a vibré à travers le plancher. Le silence soudain était assourdissant, un vide aspirant tout l'air de la pièce.

Après un long moment, mon corps s'est lentement déroulé de sa position fœtale. Le martèlement dans ma tête s'est calmé, remplacé par une douleur sourde. Mes yeux ont balayé les débris de la pièce, un miroir des débris en moi. Puis je l'ai vu. Sur ma table de chevet, soigneusement rangé à côté de ma pile habituelle de revues médicales, se trouvait un petit écrin de velours. Doré à l'or fin.

Je l'ai attrapé, mes doigts tremblant légèrement. À l'intérieur se trouvait un délicat collier de diamants, dont la pièce maîtresse était une petite émeraude parfaitement taillée. C'était le même que j'avais admiré des années auparavant, dans la vitrine de cette petite boutique à Nice, pendant notre lune de miel. Une dépense frivole, avais-je dit à l'époque, mais une partie secrète de moi avait aspiré à son élégance froide. Je me souvenais avoir tracé l'émeraude avec mon doigt, imaginant son poids contre ma peau, un symbole d'un avenir auquel je croyais.

Côme avait dû y retourner. Après tout, il y était retourné. Je me suis souvenue de notre dernière réconciliation, il y a quelques mois à peine. Il avait semblé si sincère, si déterminé à faire en sorte que ça marche, me comblant d'attention, de cadeaux, de promesses. Il a toujours été doué pour les promesses. Il m'avait préparé le dîner, joué mes morceaux classiques préférés sur le piano à queue en bas, était resté éveillé à me parler toute la nuit, écoutant mes peurs, mes angoisses, mes rêves. C'était le Côme que je pensais avoir épousé, celui qui m'avait sauvée de l'abîme après la mort de Léo. Il était attentif, dévoué, presque obsessionnellement. Il couvrait toutes les bases, anticipait chaque besoin. Il était parfait.

Mais même alors, un soupçon froid avait commencé à se frayer un chemin dans mon cœur. Était-ce réel ? Ou n'était-ce qu'une autre performance ? Un autre mouvement calculé pour reprendre le contrôle ? Il avait toujours été si doué pour jouer le rôle, pour me faire croire au conte de fées après l'avoir brisé.

L'ombre d'Audrey Neal, sa dernière liaison, planait toujours. Son fantôme était dans chaque contact doux, chaque mot murmuré, chaque cadeau somptueux. J'étais hantée par l'idée qu'il était juste un meilleur acteur que moi. Ma maladie, encore un secret, me rongeait, me privant de ma capacité à créer, de ma capacité à vivre. La peur, la douleur, la trahison – tout s'enroulait ensemble, de plus en plus serré, jusqu'à ce que je me sente suffoquer. J'avais atteint ma limite.

Mes actions de ce soir, avec Mathis, étaient une parodie désespérée et laide de ses propres trahisons. Œil pour œil, un test de sa propre philosophie tordue. Il prêchait que les actes physiques ne signifiaient rien, que seule la connexion émotionnelle comptait. Je voulais voir s'il le croyait vraiment quand la situation était inversée.

Mes doigts tremblants se sont refermés sur la petite carte nichée dans l'écrin de velours. L'écriture élégante épelait une date : « Notre 10ème Anniversaire. Pour toujours, ma Jeanne. » Demain. Le collier, la carte, le vase brisé, les blessures à vif sur les jointures de Côme, la bile sur le tapis, et l'odeur persistante de l'étranger – tout cela s'est fondu en une douleur aiguë et angoissante dans ma poitrine. Un cri silencieux a déchiré mon âme.

Juste à ce moment-là, mon téléphone a de nouveau vibré, illuminant l'obscurité. C'était ce numéro, celui du message provocateur. L'écran a affiché un autre SMS.

Audrey Neal : « Il est à moi maintenant, Jeanne. Tu croyais vraiment que tu pouvais gagner ? »

            
            

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