La douleur dans ma tête était un marteau implacable, chaque pulsation faisant écho au vide dans ma poitrine. Mes membres étaient lourds, insensibles. Mon souffle venait en halètements saccadés, les lumières scintillantes au-dessus tourbillonnant en un vortex terrifiant. La sensation d'être piégée, étouffée, m'a submergée. Ma phobie, dormante depuis si longtemps, a refait surface. Je me noyais.
Juste au moment où j'essayais de me relever, un coup de pied sec a atterri dans mes côtes. « Salope ! » a sifflé Audrey, son visage tordu de fureur, son maquillage parfait maculé. Son collier d'émeraudes, miraculeusement toujours attaché à sa gorge, brillait avec défi. « Tu croyais que tu pouvais t'en tirer comme ça ? Tu croyais que tu pouvais gâcher ma soirée ? »
Un autre coup de pied a atterri, celui-ci plus fort, juste sous mes côtes. Un hoquet m'a échappé, l'air chassé de mes poumons. Mon corps s'est convulsé, une vague de nausée s'abattant à nouveau sur moi. Mon estomac s'est soulevé, mais il n'y avait plus rien à donner. Juste des spasmes secs et déchirants qui m'ont laissée faible et haletante.
« Côme ! » ai-je étouffé, un appel désespéré et rauque s'échappant de mes lèvres avant que je puisse l'arrêter. Le son était pathétique, même à mes propres oreilles. Un cri désespéré pour l'homme même qui venait de me repousser.
Les yeux d'Audrey se sont aiguisés, un sourire cruel se formant sur ses lèvres. Elle s'est agenouillée à côté de moi, sa robe de créateur bruissant. « Côme ? Oh, ma chérie, il est parti. Et il ne reviendra pas pour toi. » Sa main, ornée d'une énorme bague en diamant, s'est refermée sur ma mâchoire, forçant ma tête sur le côté. « Il m'a tout raconté. Sur ton précieux frère, Léo. Comment tu ne valais rien sans lui. Comment tu t'accroches à Côme parce qu'il t'a "sauvée". Pathétique. »
Les mots m'ont frappée plus durement que n'importe quel coup physique. C'étaient les mots de Côme, tordus et crachés par la langue venimeuse d'Audrey. Mon esprit a vacillé, un torrent de souvenirs se précipitant, menaçant de me faire sombrer.
L'accident de voiture. Le métal tordu, l'odeur de caoutchouc brûlé et de sang. Léo, si plein de vie, si vibrant, réduit au silence en un instant. Et moi, la survivante, piégée dans l'épave, regardant sa lumière s'éteindre, incapable de l'aider. La culpabilité avait été une chose vivante, me rongeant de l'intérieur, me laissant creuse, une coquille vide. Mes parents, consumés par leur propre chagrin, m'avaient repoussée, incapables de regarder le rappel vivant de leur fils perdu. « Tu aurais dû être plus prudente », avait murmuré ma mère, ses yeux dépourvus de chaleur. « Tu étais plus âgée. Tu aurais dû le protéger. » Leurs mots, comme un poison, s'étaient insinués dans la blessure de ma culpabilité, s'infectant pendant des années. J'étais complètement seule, à la dérive dans une mer de chagrin et de reproches.
Puis Côme était apparu, un phare dans mes ténèbres. Il m'avait trouvée, une fille brisée hantant le conservatoire délabré où Léo et moi jouions. Il a écouté patiemment pendant que je déversais mon cœur, ma culpabilité, mes rêves brisés. Il a vu la musique en moi, les restes d'un talent que je pensais perdu à jamais. Il m'a relevée des cendres, m'a donné un nouveau but, une nouvelle raison de vivre. Il était mon sauveur, mon ancre, mon tout. Il m'a promis une vie, un avenir, une famille. Il a promis de me protéger.
Et maintenant, il avait trahi cette confiance, non seulement avec son corps, mais avec ma blessure la plus profonde, la plus sacrée. Il avait donné à Audrey les munitions pour me détruire, pour se moquer du fondement même de mon existence. Il avait tourné en dérision la mémoire de Léo.
Une douleur brûlante, plus vive que tout ce que j'avais connu auparavant, a traversé le bas de mon dos. Ma vision s'est obscurcie une seconde. Mon corps me lâchait, rapidement maintenant. Le tremblement dans mes mains s'était propagé, tout mon côté gauche était maintenant un poids de plomb.
« Jeanne ! » Une voix, lointaine et étouffée, a percé la brume. Côme. Il m'appelait, frénétiquement.
J'ai essayé de répondre, de crier, de tendre la main. « Côme... ! » Mais seul un croassement rauque s'est échappé de ma gorge, à peine un murmure. Mes mains ont gratté le sol poli, essayant de trouver une prise, essayant de bouger.
Le corps d'Audrey s'est raidi. Elle a attrapé mon téléphone là où il était tombé, son écran fissuré toujours allumé. « Ne te fatigue pas, ma chérie », a-t-elle sifflé, sa voix un triomphe bas et rusé. « Il est avec moi. » Ses doigts ont volé sur l'écran, tapant rapidement. Puis elle a pressé le téléphone contre mon oreille. « Côme ? Oui, chéri, je vais bien. Juste un peu secouée par l'agitation. Jeanne ? Oh, elle boude probablement quelque part. Tu sais comment elle est. Partons, je suis épuisée. » Sa voix était écœurante de douceur, une performance pour lui.
J'ai entendu la réponse étouffée de Côme, puis le son lointain de sa voix s'estompant, s'éloignant. Il partait. Il partait vraiment. Encore. Avec elle. Il ne m'a même pas cherchée.
Audrey a retiré le téléphone, un sourire triomphant sur le visage. « Tu vois ? Je te l'avais dit. » Elle a jeté le téléphone sur le sol, où il a atterri avec un bruit sourd. Juste au moment où elle se tournait pour partir, l'écran a vacillé, un nouveau SMS de Côme apparaissant.
« Jeanne, où es-tu ? Ne joue pas à ces jeux avec moi. Rentre à la maison. Il faut qu'on parle. »
J'ai fixé le message, puis le dos d'Audrey qui s'éloignait, sa robe scintillant alors qu'elle disparaissait. Un rire amer et brisé a jailli de ma poitrine, sec et rauque. L'ironie était un coup de poing dans le ventre. Il voulait parler maintenant ? Après tout ça ?
Mes yeux me brûlaient, mais je ne pleurerais pas. Pas maintenant. Pas pour lui. J'ai vu le schéma, clair comme le jour. Son cycle de trahison, ses remords feints, ses tentatives manipulatrices pour me ramener dans son orbite. C'était un maître marionnettiste, et je n'étais que sa poupée préférée. Mon cœur s'est durci, se transformant en glace.