Maxime a immédiatement tourné toute son attention vers elle, son inquiétude précédente pour moi complètement oubliée. Il lui a frotté le bras, son visage marqué par l'anxiété.
« Tu vas bien, mon amour ? Alix, c'était quoi ça ? » a-t-il lancé, sa voix sèche et accusatrice.
Camille, avec un reniflement délicat, a pris le médaillon de ma main. Ses doigts parfaitement manucurés ont joué avec la chaîne en argent un instant, ses yeux brillant d'un amusement malveillant.
« C'est un peu... tape-à-l'œil, n'est-ce pas, Maxime ? » a-t-elle dit, sa voix dégoulinant de dédain.
Elle l'a soulevé, le laissant se balancer de manière moqueuse, comme si c'était une babiole bon marché.
Avant même que je puisse réagir à ses mots, elle l'a simplement laissé tomber. Le médaillon a heurté le sol en marbre poli avec un cliquetis à peine audible, roulant une fois avant de s'immobiliser près du pied d'une table à champagne. Il gisait là, oublié et abandonné, un symbole de mon amour rejeté. Mon sang s'est glacé, se solidifiant dans mes veines. Ce n'était pas seulement le médaillon qu'elle jetait ; c'était cinq ans de ma vie, mes espoirs, mes rêves.
Maxime, inconscient ou indifférent, a simplement resserré son bras autour de Camille.
« Allez, tout le monde ! » a-t-il claironné, une gaieté forcée dans la voix. « Ne laissons pas un petit malentendu gâcher la fête ! La nuit est jeune ! »
Il a fait un geste ample, exhortant les musiciens à jouer plus fort, les serveurs à servir plus de champagne.
« Non », ai-je dit, ma voix coupant le bruit, plate et résolue. « Je ne reste pas. »
Mes jambes semblaient de plomb, mais je me suis forcée à bouger. Je ne fuyais pas ; je m'éloignais, la tête haute, laissant derrière moi les décombres de mon passé.
Le visage de Maxime s'est assombri, une tempête se préparant dans ses yeux. Il m'a regardée partir, son expression un mélange d'incrédulité et de rage contenue. La façade du marié parfait s'est effritée, révélant le tyran en dessous. Mais j'ai refusé de croiser son regard. Sa colère n'avait plus aucun pouvoir sur moi.
Je suis sortie de la salle de bal, j'ai traversé les couloirs dorés et je suis sortie dans l'air frais de la nuit. Mon téléphone a vibré dans ma main. Je l'ai vérifié, une lueur d'espoir irrationnel vacillant en moi. Rien. Pas d'appels, pas de SMS de Maxime. Pas un seul mot. Il n'avait même pas tenté de m'arrêter, d'expliquer, de s'excuser. Le silence était assourdissant, confirmant ce que je savais déjà : j'étais complètement seule là-dedans.
Plus tard dans la nuit, alors que je fixais le plafond de mon appartement vide, une notification est apparue sur mon téléphone. C'était Maxime. Une vidéo. Lui et Camille, dansant intimement, sa tête nichée contre sa poitrine, son bras enroulé fermement autour de sa taille. Il lui chuchotait quelque chose, quelque chose qui la faisait rire, un son authentique et joyeux. Mon estomac s'est noué. Cette danse lente et intime, ces doux murmures, la façon dont il la tenait... tout était si familier. C'étaient nos moments, nos danses, nos mots. Il les avait simplement transférés, sans effort, à elle.
Un rire amer m'a échappé. Je n'arrivais même plus à être en colère. Seul un vide profond et douloureux subsistait. J'ai appuyé sur l'icône « cœur », aimant la publication. Une dernière bénédiction sarcastique sur leur vie parfaite et publique.
Le lendemain matin, avec une douleur sourde dans la poitrine, j'ai méticuleusement emballé mes affaires de la villa moderne et élégante que Maxime et moi avions partagée. Chaque objet que je touchais ravivait une nouvelle vague de souvenirs, des fragments d'une vie qui n'avait jamais été vraiment la mienne. Les photos encadrées, les tasses à café assorties, les livres que nous avions lus à voix haute. J'ai tout trié, ne gardant que ce qui était sans équivoque à moi, laissant derrière moi le fantôme d'un avenir partagé.
Combien de fois lui avais-je demandé, l'avais-je supplié, de simplement nous reconnaître ? « Maxime, quand pourrons-nous le dire aux gens ? » « Mes amis commencent à poser des questions. » « Mes parents veulent te rencontrer correctement. » Chaque fois, il avait une nouvelle excuse, une nouvelle promesse. « Bientôt, mon amour. Juste un peu plus de temps. L'entreprise est à un stade critique. Mes investisseurs sont conservateurs. » Ses mots, autrefois réconfortants, ressemblaient maintenant à une tromperie cruelle.
Il n'avait jamais été réticent à se montrer en public ; il avait juste été réticent à se montrer en public avec moi. La prise de conscience m'a frappée avec la force d'un coup physique. Il n'avait pas peur de l'engagement ; il avait peur de s'engager avec moi. La douleur était vive, mais avec elle est venu un étrange et exaltant sentiment de liberté. L'illusion était brisée. J'étais enfin libre.
Je suis retournée à mon petit appartement, celui que j'avais gardé même après avoir emménagé avec Maxime, une petite partie de moi sachant toujours que j'aurais peut-être besoin d'une issue de secours. Les murs familiers, les meubles usés, me semblaient être une étreinte chaleureuse. C'était vraiment à moi. Pas de secrets, pas de mensonges, juste moi.
Mon téléphone a sonné, me surprenant. C'était ma mère, sa voix vive et joyeuse.
« Alix, ma chérie ! Ton père et moi parlions justement de toi. Tu te souviens de Côme de Villiers ? Des de Villiers d'en face ? Une si belle famille. Sa mère a mentionné qu'il est de retour en ville, cherchant à s'installer. Nous lui avons tout dit sur toi. »
Elle a continué à bavarder, inconsciente de la tempête qui faisait rage en moi.
Je me souvenais de Côme. Un garçon calme et intense, quelques années plus âgé que moi. Mes parents avaient essayé de nous arranger un rendez-vous une fois, il y a des années, quand j'avais seize ans, avant Maxime. J'avais poliment décliné, mon cœur battant déjà pour le charismatique et ambitieux Maxime Dubois. Quelle ironie.
« Maman », ai-je interrompu, un calme étrange s'installant en moi. « Dis à Côme que j'adorerais le rencontrer. »
Ma mère a haleté de plaisir.
« Oh, Alix ! C'est une nouvelle merveilleuse ! Je vais le dire à sa mère tout de suite ! »
J'ai raccroché, un petit sourire résolu sur mon visage. Un nouveau chapitre. Un nouveau départ.
Le lendemain matin, j'ai tapé ma lettre de démission. Courte, concise, professionnelle. « Veuillez accepter cette lettre comme notification formelle de ma démission de mon poste d'assistante de direction chez Dubois Tech, avec effet immédiat. » Je l'ai jointe à un e-mail, mon doigt planant au-dessus du bouton d'envoi. Mon esprit est retourné aux premiers jours, quand Maxime m'avait embauchée, à peine dix-huit ans, fraîchement sortie du lycée. Il avait été si charmant, si attentionné. Il m'avait tout appris, me comblant d'éloges, me traitant avec une déférence particulière qui rendait les autres au bureau verts de jalousie. J'avais cru que c'était de l'amour, une romance éclair avec mon patron brillant et puissant.
Un rire creux m'a échappé. Tous ces « privilèges spéciaux », l'attention supplémentaire, les sessions de travail tardives qui se transformaient en moments d'intimité volés. Il ne s'agissait pas de mon talent ; il s'agissait de contrôle, de m'avoir exactement là où il me voulait : assez proche pour être à lui, mais assez distante pour être jetable. Je savais, avec une certitude écœurante, que tous ces « avantages » seraient maintenant transférés à Camille. Elle ne serait pas seulement sa femme ; elle serait sa nouvelle « assistante de direction », endossant le rôle que j'avais si amoureusement, si naïvement, façonné pour moi-même.
Mon téléphone a de nouveau sonné. C'était Maxime. Sa voix était froide, sèche.
« Alix. Qu'est-ce que c'est que ça ? » a-t-il exigé, sautant les politesses. « Mes RH viennent de me transférer ta démission. Qu'est-ce que tu crois que tu fais, bordel ? »
« Je démissionne, Maxime », ai-je déclaré, ma voix calme, inébranlable. « Je pense que c'est assez clair. »
« Tu démissionnes ? » a-t-il ricané. « Après tout ? Tu penses que tu peux juste t'en aller ? Quoi, tu essaies de me punir ? C'est ta façon d'attirer l'attention ? »
Ses mots étaient empreints d'un mépris familier, un soupçon de l'homme contrôlant que j'avais appris à craindre.
« Si tu essaies de me quitter, Alix, je te jure, tu le regretteras. »
Ses menaces, autrefois si puissantes, n'avaient plus aucune prise sur moi. J'avais toujours été celle qui cédait, qui s'excusait, qui arrangeait les choses. Mais plus maintenant.
« Maxime », ai-je dit, ma voix stable, « je n'essaie pas de te punir. Je pars. Et il n'y a rien que tu puisses faire à ce sujet. »
Les mots semblaient libérateurs, une déclaration d'indépendance. Mon cœur, bien que toujours meurtri, battait à un nouveau rythme, un rythme de liberté.
« C'est fini. »