Mes supplications étaient brutes, dépouillées de toute fierté. Je lui avais tout dit. À quel point je détestais l'influence de Brandon, à quel point je me sentais seule, comment son mépris constant érodait mon estime de moi. J'avais déversé toutes mes peurs, toutes mes angoisses, toute la douleur de me sentir comme une lointaine seconde place derrière son meilleur ami.
« Je veux juste être ta priorité », avais-je étouffé, les larmes coulant sur mon visage. « Juste une fois. Choisis-moi. Choisis-nous. »
Il avait dégluti difficilement, son regard fixé sur mon visage inondé de larmes. Pendant une seconde fugace, j'ai vu une lueur du Damien dont j'étais tombée amoureuse – celui qui était tendre, compréhensif, qui me serrait dans ses bras et promettait que tout irait bien. J'ai retenu mon souffle, l'espoir fleurissant, fragile et féroce, dans ma poitrine. Il allait me choisir. Je le savais. Il le devait.
Puis, son téléphone a vibré.
Il l'a sorti, un rapide coup d'œil à l'écran. Le nom de Brandon a clignoté, accompagné d'un message frénétique. *Mec, ils sont sur le point de dévaler le Strip ! Si t'es pas là dans cinq minutes, on part sans toi ! Fais pas ta chochotte !*
L'expression de Damien s'est durcie. La tendresse a disparu, remplacée par un vieux ressentiment familier. Il m'a regardée, puis le téléphone, puis de nouveau moi. Il a pris une inspiration brusque.
« Brandon a raison », a-t-il marmonné, sa voix froide, distante. « Tu n'es pas raisonnable, Cécile. N'essaie pas de me contrôler. Je t'ai dit que j'y allais. »
Il a ouvert la porte.
« Attends, Damien, s'il te plaît ! » ai-je crié, me précipitant pour lui barrer le passage. « Ne fais pas ça ! Si tu sors, c'est fini ! »
Il m'a regardée avec une expression presque apitoyée. « Tu es vraiment une drama queen, n'est-ce pas ? Tu dis toujours ça. Et tu me reprends toujours. Tu vas te calmer. » Il a franchi le seuil. « Je te ramènerai un truc sympa d'Ibiza. »
Puis, il est parti. La porte a claqué avec un bruit écœurant, vibrant dans tout l'appartement. Le son a résonné dans le silence soudain et caverneux.
Je suis restée dans l'embrasure de la porte vide, l'odeur du dîner que j'avais préparé avec amour pour son retour maintenant froide et moqueuse. Deux assiettes, encore fumantes sur la table. Mes bougies préférées, allumées et vacillantes. Tout ça pour rien.
Plus tard dans la nuit, les premières photos sont apparues sur l'Instagram de Brandon. Damien, bras dessus bras dessous avec Brandon, des photos d'eux buvant des bières, jouant au casino, riant avec un groupe de femmes légèrement vêtues. Les légendes de Brandon étaient moqueuses, presque jubilatoires. *Ibiza, baby ! Pas de drame ici !* Puis, une pique directe : *Certains savent juste comment vivre. D'autres savent juste comment s'accrocher.*
J'ai regardé les photos, la nourriture que je m'étais forcée à manger me remontant à la gorge. J'ai couru aux toilettes, vomissant jusqu'à ce que mon estomac soit vide et brûlant. Les larmes sont venues alors, violentes et incontrôlables, secouant mon corps de sanglots jusqu'à ce que je ne puisse plus respirer.
C'est cette nuit-là que j'ai fini aux urgences, luttant pour respirer, mon cœur s'emballant de manière incontrôlable. Crise d'angoisse aiguë, ont dit les médecins. Provoquée par un stress extrême. Ils m'ont donné des sédatifs, ont surveillé mon cœur et m'ont renvoyée chez moi avec une ordonnance et un avertissement d'éviter les déclencheurs.
Pendant mon séjour, j'avais compulsivement parcouru les réseaux sociaux de Brandon. Plus de photos. Plus de vidéos. Damien, l'air vibrant et insouciant, vivant sa meilleure vie, complètement inconscient du fait que j'étais branchée à une perfusion, luttant simplement pour exister. Les mises à jour constantes de Brandon étaient un cruel florilège de mes pires cauchemars.
Brandon (légendant une photo de Damien riant avec une femme à une fête au bord de la piscine) : *Damien s'éclate comme jamais, enfin libre !*
La section des commentaires était pleine de gens les acclamant, louant leur « code entre mecs », fustigeant la « copine control freak » de Damien. Et puis, le coup de poignard final : l'une des publications de Brandon, une photo de groupe à une table de flambeurs, avait été likée par Damien lui-même.