L'héritier qui ne voulait pas aimer
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Chapitre 5 Chapitre 5

Chapitre 5

À 19 h 45 précises, Chloé Collins franchit la porte vitrée de la salle des ventes. Sa tenue, d'une sobriété presque austère, jurait avec l'opulence des invités ; pourtant, les regards se tournaient vers elle comme attirés malgré eux.

Heijii, qui avançait un pas derrière elle, pencha la tête vers son oreille :

- *Patronne, une bonne trentaine de prédateurs vous dévisagent comme s'ils venaient d'apercevoir l'ultime trésor de la soirée.*

L'humeur de Chloé était aussi terne que le marbre sous ses pieds. Elle vit les silhouettes masculines se rapprocher et souffla :

- *Je vais me rafraîchir. Occupez-vous d'eux.*

- *Patron, attendez-*

Elle avait déjà disparu entre deux colonnes.

Et Heijii, en se retournant, tomba nez à nez avec une procession d'hommes trop enthousiastes.

- *Monsieur Lowell !* lança l'un d'eux avec une poignée de main triomphale. *Quelle surprise de vous croiser ici.*

Heijii répondit d'un sourire poli.

Un autre s'en mêla aussitôt :

- *La jeune femme qui vous accompagnait... elle appartient à quelle famille ? Vous êtes un homme comblé, Monsieur Lowell. Une compagne aussi ravissante...*

Heijii eut un sourire crispé. Il savait qu'à chaque sortie, son patron le laissait servir de paratonnerre humain. Plus il parlait, plus il risquait de s'enfoncer ; il se contenta donc de hocher la tête, l'air vaguement gêné.

Cette scène fut observée de loin par Alexander Foster et son assistant, qui venaient de pénétrer dans le hall.

L'assistant écarquilla les yeux. Au début, il avait pensé s'être trompé en les apercevant. Mais non : Chloé Collins semblait bel et bien en couple.

Il glissa un discret regard vers son patron. Comme toujours, Alexander Foster ne trahit rien : expression impassible, regard insondable, calme glacial. En quelques secondes, il s'était déjà tourné pour saluer plusieurs dirigeants, comme si de rien n'était.

L'assistant ajusta ses lunettes, peu étonné. Son patron, en dehors de l'entreprise, ne manifestait jamais le moindre intérêt pour les affaires sentimentales d'autrui.

S'ils assistaient à la vente aux enchères ce soir, c'était pour une seule raison : un parfum rare, signé Miles White, devait être vendu. Et Alexander Foster comptait bien utiliser cette fragrance pour remonter jusqu'à son créateur.

-

Après son passage aux toilettes, Chloé Collins se dirigea vers la terrasse. Le vent nocturne glissait entre les balustrades, adoucissant l'attente.

Elle venait à peine de s'appuyer sur la rambarde qu'une voix stridente fendit l'air :

- *Cousine ?!*

Elle tourna la tête d'un millimètre, un éclat glacé dans les yeux.

Raine Nolan déboula, gonflée dans une robe dont l'ampleur frôlait le ridicule. Ses yeux brillaient d'un mélange de surprise et de satisfaction.

- *C'est bien toi !*

Comme si elle venait de découvrir une célébrité, elle se retourna et appela à tue-tête :

- *Maman ! Papa ! Venez voir, c'est ma cousine !*

Chloé ignorait déjà son existence et reprit son observation de la ville éclairée en contrebas.

Rosalind Taylor arriva au bras de Tristan Collins. Tous deux s'arrêtèrent à quelques pas, déconcertés.

- *Comment se fait-il que Chlo-Chlo soit ici ?* murmura Rosalind.

Le visage de Tristan Collins se durcit. Son expression habituelle, déjà sévère, vira à l'ombre totale. Le simple fait de voir la jeune fille semblait lui peser.

Raine, profitant de l'ambiance, prit une voix tremblante :

- *Papa... cet après-midi, maman et moi avons vu cousine monter dans la voiture d'un inconnu. Elle n'est pas rentrée chez les Foster hier soir, ni chez nous. Peut-être qu'elle s'est installée ailleurs...*

Elle guettait la réaction de son beau-père du coin de l'œil.

Et lorsque son visage s'assombrit davantage, un sourire presque imperceptible se dessina sur les lèvres de Raine.

À cet instant, un homme s'approcha de Chloé, assez près pour lui parler à voix basse.

Raine s'empressa de pointer du doigt :

- *C'est lui !*

Rosalind, faussement affligée, soupira longuement :

- *Si cet homme l'a accompagnée ici, tout s'explique. Les invitations pour cette vente sont presque impossibles à obtenir. Comment Chlo-Chlo aurait-elle pu entrer seule ?*

Puis elle prit un air compatissant, presque théâtral :

- *Depuis la mort de sa mère, elle n'a plus aucun repère. Elle désobéit, elle se montre hautaine... passe encore. Mais fréquenter un homme ? Elle court à sa perte.*

Elle n'eut pas le temps de terminer : Tristan Collins la coupa d'un ton glacial.

Il fixa successivement Chloé, sa femme, puis Raine, avant de déclarer :

- *Aucune de vous deux n'aura le moindre échange avec elle. À partir de maintenant, vous l'ignorez.*

Puis il tourna les talons sans même jeter un second regard à sa fille.

Rosalind et Raine échangèrent un sourire de connivence, avant de toiser Chloé de loin, comme on observe une intruse.

- *Maman,* souffla Raine, radieuse, *papa la déteste au point de ne même plus vouloir entendre parler d'elle.*

Rosalind leva les yeux avec satisfaction.

- *C'est pour ça que je te répète de toujours viser l'excellence. Quand ton père verra tes efforts, il pensera à toi lorsqu'il faudra distribuer ce qu'il possède.*

Raine, agitant déjà mille projets, s'exclama :

- *Dès que j'aurai touché l'argent du concours, je lui offrirai un cadeau splendide. Et je montrerai enfin à ma chère cousine la distance qui nous sépare.*

Lorsque les trois quittèrent la terrasse, Chloé releva lentement la tête.

Ses yeux se posèrent sur l'endroit où ils disparaissaient, une ombre ironique glissant dans son regard.

                         

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