Morgan(e)
img img Morgan(e) img Chapitre 3 Face à face
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Chapitre 6 Une rencontre bien répartie img
Chapitre 7 Un cinéma img
Chapitre 8 Une colère irréelle img
Chapitre 9 Tornado img
Chapitre 10 Firefly img
Chapitre 11 Plus fort que nous img
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Chapitre 3 Face à face

Morgane

Ayant enfin fini de ranger le plus gros de mes affaires, je décide de me rendre dans la salle de bain pour me rafraichir. Il fait une chaleur plus qu'écrasante dans ce bled, et je ne parle pas du fait, que j'ai l'impression de fondre comme si j'étais dans un four. Prenant un essuie, mon nécessaire de toilettes et une tenue de rechange, je me rends dans le couloir. Je passe devant la chambre de ce qui doit être « le fils », pas compliqué de ne pas s'en douter, vu le panneau « interdiction d'entrer » qui est sur la porte en bois. Tout cela semble bien gamin à mon goût... mais qui suis-je pour critiquer ? N'ai-je pas pris mes guirlandes lumineuses que papa m'avait offert, quand nous avons refait ma chambre. Un souvenir bien nostalgique, alors que je me rends dans la salle de bain. Je suis assez surprise de la touche féminine qui s'y trouve. La couleur du carrelage, de la faïence de la baignoire et de l'évier, est saumonée, ce qui ne ressemble pas vraiment à une garçonnière. Si maman m'entendait, elle me ferait certainement de gros yeux, avant de se mettre à rire de mon humour. Si on appelle bien cela ainsi... Tout en entrant dans la douche, qui me semble bien grande, même pour moi, je repense à la façon dont tout ceci est arrivé. Je vais devoir recommencer tout depuis le début, alors qu'il me reste quelques mois de lycée, avant de pouvoir m'envoler pour l'université. Car oui, bien que je ne sache toujours pas ce que je veux faire, il est clair que j'ai pris cette situation avec une idée bien précise. Et celle-ci est de réussir haut la main mon année, avant de retrouver un climat serein, et une université qui ne risque pas de s'écrouler, quand la nature le décidera. Cinq mois... juste le temps que je supporte le bonheur de maman et de son fiancé... Je ferme les yeux, laissant l'eau rincer mon visage, en pensant que je devrais peut-être dire la vérité à maman, sur ces fiançailles précipitées. Après tout, je ne le connais pas et si j'ai bien compris, son fils n'a pas l'air enchanté de notre présence. Ayant revêtue une robe brune que maman m'a ramenée à son retour à l'appartement, je décide d'aller montrer un peu de bonne volonté, en descendant de mon plein gré. Qu'ils en profitent, juste le temps que je prenne de quoi boire et manger avant de remonter. Mais arrivée dans le séjour, je remarque que ceux-ci ne sont pas là, et tout en glissant ma main dans mes cheveux, je regarde par la fenêtre de celui-ci, pour apercevoir un jeune homme blond, qui soigne les chevaux plus loin.

- Faisons preuve de politesse, me fais-je en décidant d'aller le trouver.

Mais ce sont surtout les chevaux qui 'intéressent, ces animaux m'ont passionné durant mon enfance. Mais les seuls que j'ai pu toucher, se trouvaient être ceux u manège en bois, dans le parc, non loin de l'appartement. Je m'avance, en remettant ma mèche qui vole derrière mon oreille, et je me rends compte que le coup de la politesse est déjà en train de se carapater. Il va aussi bien me juger du regard, ou autre...

- Salut, tu dois être la fille de Jessie ?! me lance le jeune homme alors que je me suis arrêtée assez loin.

- Cela ne se voit pas ? lancé-je un peu froidement.

Le jeune homme esquisse un sourire, en sautant de la barrière en bois, et il s'avance vers moi en me fixant. Un regard océan, qui j'avoue, me met plus que mal à l'aise.

- Je trouve que vous vous ressemblez énormément, finit-il par dire et je grimace.

- Ouais, si je mets des lentilles, teins mes cheveux et si je perds beaucoup de kilos, dis-je sur un ton narquois.

Soyons réaliste, ma mère est une grande blonde aux yeux bleu, et je suis un boudin de petite taille aux yeux vert...

- Je dirais dans la façon dont tu aspires l'intérieur de ta joue.

Pour le coup, je sens mes joues s'empourprer et je me rends compte que je recommence, et je relâche aussi vite, avant de sourire.

- Je m'appelle Rod, se présente-t-il en me tendant la main.

- Ah, Morgane, dis-je un peu tendue en lui présentant la mienne qu'il prend sans réfléchir.

Je me rends compte que c'est bien le premier garçon avec qui j'entre en contact... si rapproché.

- Tu sais où il y aurait un magasin dans le coin ? lui demandé-je.

- Je peux t'y emmener si tu veux, je dois aller faire une course, s'empresse-t-il de dire.

Bon, en temps normal, je me serais enfuie d'un pas certain, mais je ne connais rien dans le coin et je pense que ma mère doit fêter ses retrouvailles avec son fiancé. J'esquisse d'un mouvement de tête, et il me fait un signe de le suivre telle une princesse. Sympa ce gars...

Drazic

Peter demande aux femmes à ses côtés de nous laisser enfin seul, alors que je joue avec la bouteille de bière entre mes doigts. Je suis conscient de ce que je viens faire ici, mais si je veux de l'argent pour réparer ma jeep et payer mes cours en ligne, je n'ai pas d'autres choix. Mon père possède une bonne partie de Wichita, que ce soit le cinéma en plein air, ou le supermarché. Il a des actions dans tout ce bled, sauf ici. Et même si Rod est contre mon choix, je sais que c'est le meilleur que j'ai... et puis, ce n'est qu'un travail.

- Donc, le job t'intéresse ? me demande Peter en se servant un nouvel alcool.

- Euh, ouais, affirmé-je.

- Tu es bien jeune, non ? me fait-il remarquer, mais les femmes, tout comme les hommes, aiment la viande fraîche. Bien que dans ton cas, tu ne feras que leur tenir compagnie.

- J'en suis conscient. Et je peux être de très bonne compagnie, affirmé-je.

Peter se redresse, et son regard se porte sur moi de haut en bas. Je me rends compte que je ne suis pas du tout présentable, en étant venu avec mon froc en jeans troué, et en sweat à capuche. Je passe ma langue sur mes lèvres, alors qu'il a un rictus qui se dessine sur ses lèvres.

- J'étais...

- Donc, tu veux devenir chasseur de tornade ? me demande-t-il en se remettant à l'aise, et ton père, il en pense quoi ?

- Je ne serais pas là, s'il était pour, lui dis-je un peu froidement.

Un rictus se forme à nouveau sur ses lèvres, alors qu'une femme élégante nous rejoint et lui chuchote quelque chose à l'oreille. Je passe ma langue sur mes lèvres, ayant l'impression de les déranger, et je porte la bouteille à ma bouche, en espérant qu'il ne me juge pas à la première impression. J'ai vraiment besoin de ce travail, et c'est le seul dans la région que mon père ne pourra pas soudoyer.

- Gisèle, tu penses qu'il fera l'effet escompté ? demande Peter à la blonde qui me scrute du regard.

- Les femmes aiment les jeunes, affirme-t-elle, et en plus il est connu.

Je déglutis nerveusement à ces mots... effectivement, je suis connu dans la région, mais cela ne freinera pas mon désir d'avenir. Je suis venu ici, en connaissant toutes les conséquences que cela engendrerait, et je n'ai rien à perdre. Sauf ma dignité...

Peter se lève et il me fait signe de le suivre, tout en m'expliquant les demandes que je devrai accomplir. En soi, rien de stressant et surtout il met une condition sur le fait, que je ne dois avoir aucune relation sexuelle avec les clientes. Quelque chose qui m'arrange en soi... j'aime jouer le gars accessible, mais de là, à me faire de vieilles, toutes ridées, très peu pour moi. J'aime comme tout homme de mon âge se faire désirer, et surtout avoir de la chair fraiche à conquérir. Peter et moi, nous nous séparons donc sur cet accord, et il me demande de garder mon portable allumé, le temps qu'il m'en fournisse un personnel. J'acquiesce et je fais mon plus beau regard à Gisèle, qui en quelque sorte, est celle qui m'a accordé cet emploi. Je sors du bar, m'allumant une cigarette et je regarde vers le ciel qui semble trouble.

- Maman, ne m'en veux pas, murmuré-je, je suis conscient de te décevoir, mais un jour, tu seras fier de moi.

J'expire ma fumée de cigarette, tout en remettant la capuche sur ma tête, alors que des gens arrivent. J'envoie un message à Rod pour voir s'il peut m'amener de quoi fêter mon emploi, et je monte sur ma moto, pour rejoindre les autres de mon lycée, qui se trouvent à Harrison parc pour une beuverie d'enfer.

Morgane

Sortant du magasin d'alimentation, je regarde le ciel qui semble se couvrir et tout mon corps frissonne, à l'idée qu'une de ces fameuses bourrasques de vents, qui me fait déjà trembler, n'apparaisse. Serrant mon sac de courses contre moi, je suis totalement à l'arrêt en regardant le ciel.

- Morgane ? me hèle Rod et je mords ma lèvre.

- Ce n'est pas...

Je n'arrive même pas à prononcer le nom, étant totalement pétrifiée à cet instant. Sérieusement, si cela arrive dès le premier jour, je ne suis pas prête de tenir cinq mois...

- Non, c'est juste un changement d'atmosphère, m'informe-t-il simplement.

Je détourne mon regard du ciel, pour le juger et il se met à rire.

- Tu t'y habitueras ! me lance-t-il en ouvrant son véhicule tout terrain.

- Ou pas, rétorqué-je.

- Dis-toi que tu cis dans la maison la plus sure de la ville, me fait-il remarquer une fois montée.

- Il y a un bunker sous la maison ? lui demandé-je en essayant d'en rire.

Mais sérieusement, je n'en ris pas du tout intérieurement. Rod sourit, tout en sortant son portable de son jeans, et je penche mon regard pour voir le ciel s'éclaircir à nouveau.

- Cela te dérange si je fais un détour ? me demande-t-il.

Bien que je meure de faim, je ne fais aucune objection et nous rejoignons un parc, où il semble y avoir une ambiance de feu. Des vingtaines de voitures sont là, et la musique bat pus que son plein, alors que nous descendons de la voiture. Bien entendu, je ne compte pas me mêler à ce monde, qui semble être tout ce que je n'ai jamais fréquenté au Michigan. Je signale donc à Rod que je surveille la voiture, et celui-ci me promet de se dépêcher. Regardant autour de moi, je me sens du coup mal à l'aise, quand une blonde passe non loin de moi avec ses amies, et me juge avant de se mettre à rire. J'ouvre la portière de la voiture, et je retourne sur le siège, me faisant la plus petite possible. J'inspire profondément, essayant de calmer les battements de mon cœur, qui me signalent que je ne suis pas à ma place. Mais je manque de faire un arrêt quand une tête apparait à ma vitre, et je pousse un cri de stupeur, pire qu'un film d'horreur, devant ce gars à la capuche noire qui me toise...

            
            

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