Chapitre 2 Sa nouvelle cible

Point de vue de Meadow

« Juni est l'amour de ma vie. »

Juni.

Est.

L' Amour.

De.

Ma.

Vie.

« Tu pensais que je t'aimais ? »

Je n'ai plus réussi à respirer. Ma bouche s'est ouverte, mais aucun son n'en est sorti. Mon cerveau n'a pas réussi à assimiler ce que je venais d'entendre.

Ma poitrine m'a fait mal lorsque Tyler a brusquement relâché ma mâchoire.

« Pourquoi ? », ma voix était si faible que j'ai ressemblé à une enfant. « Pourquoi m'as-tu fait ça ? »

Juniper a laissé échapper un petit rire ravi tandis qu'elle s'approchait de moi, complètement nue et parfaitement indifférente. « Oh, ma sœur, tu ne comprends toujours pas ? » Elle a penché la tête, les yeux brillants de malveillance. « Tu n'étais qu'un pion sur l'échiquier. Au fait, ça faisait longtemps. »

Mes narines se sont dilatées. « Tu étais censée rester loin de ma vie », ai-je dit.

« Et je l'ai fait la plupart du temps. » Elle a claqué la langue. « Mais ensuite, j'ai compris que tu ne méritais pas d'être heureuse. C'est là que mon précieux petit ami est entré en scène. »

Elle a caressé la joue de Tyler, un sourire narquois aux lèvres.

« Ce n'est pas vrai ! », ai-je lâché entre mes dents en me tournant vers Tyler, la voix implorante. « Dis-moi que ce n'est pas vrai, Tyler. Dis-moi que tu ne t'es pas moqué de moi. » J'ai inspiré profondément.

La mâchoire de Tyler s'est contractée, mais il m'a ensuite adressé un rictus, les yeux assombris. « C'est vrai, Meadow. Tu te demandes pourquoi je n'ai jamais voulu te baiser ? Tu croyais que c'était parce que tu voulais attendre le mariage ? »

« Tu crois que Tyler t'a trouvée par hasard ? », a demandé Juniper d'un ton moqueur. « Qu'il est tombé amoureux de toi, espèce de vierge ennuyeuse ? »

Tyler se tenait désormais près du lit, les bras croisés, un sourire cruel flottant sur les lèvres. « Juni m'a tout dit sur toi avant même que je ne te rencontre. Tes habitudes, tes insécurités, tes goûts en matière d'hommes. Putain, j'en ai eu marre de faire semblant d'être un mec bien avec toi. Mais cela a été plutôt facile. »

J'ai reculé en titubant. Tout me faisait mal : la tête, la poitrine, le cœur, etc.

« Tu... avais tout prévu depuis le début ? »

Le sourire de Juniper s'est élargi. « Bien sûr que oui. »

« Pourquoi ? », ai-je sangloté. « Pourquoi m'avoir fait ça ? »

Sa voix est devenue venimeuse. « Parce que te voir brisée est la seule chose qui me fasse me sentir entière. »

Je me suis écroulée à genoux cette fois, sans rien pour me retenir, sanglotant de manière incontrôlable. « Je t'aimais... je l'aimais. »

Juniper s'est accroupie à mes côtés, repoussant mes cheveux avec une tendresse factice. C'était déchirant de voir que quelqu'un qui avait exactement le même visage que moi puisse me faire ça.

Mais Juniper n'avait jamais été autre chose qu'une garce depuis notre naissance.

« Je sais », a-t-elle soufflé, se penchant assez près pour que je sente sur sa peau ce mélange de sexe et de sueur. « C'est justement ce qui rend tout ça délicieusement satisfaisant. »

Puis elle s'est redressée et a éclaté d'un nouveau rire sec. « Honnêtement ? Je suis presque déçue qu'il ne t'ait pas baisée. Cela aurait été tellement plus jouissif de savoir que tu lui avais tout donné... pour rien. »

Je me suis relevée et j'ai avancé vers Tyler. « Tyler ? Tyler, je t'en prie... dis-moi que ce que nous avons vécu n'était pas une mascarade. Dis à Juniper qu'elle ne sait pas ce qu'elle raconte. »

Mais même en le regardant, les yeux noyés de larmes, j'ai compris qu'il était irrécupérable.

Il a grimacé avant de se tourner vers Juniper. « C'est complètement dingue de vous voir toutes les deux ici. C'est comme regarder une seule et même personne. Mais... », il a tendu la main vers elle. « Je n'en aime qu'une seule. »

Ils se sont embrassés à nouveau et j'ai commencé à reculer. Juniper s'est tournée vers moi une dernière fois et a dit : « Tu permets ? Nous devons terminer ce que nous avons commencé. Je suis en chaleur. » Elle a penché la tête. « Tu peux rester pour regarder, si tu veux. »

Je suis restée là, à les regarder s'embrasser, souhaitant pouvoir faire quelque chose. Trouver une action à entreprendre contre eux.

Mais il n'y avait rien.

Tout ce que j'ai pu faire, c'était d'essuyer les larmes de rage qui me brouillaient la vue, tout en me sentant pitoyable. Puis j'ai quitté la pièce en trombe.

•••••*•••••*•••••

« Encore. »

Le barman n'a pas hésité à me resservir une tournée de shots que j'ai descendus immédiatement, laissant l'alcool me brûler la gorge une énième fois et savourant cette sensation.

Je ne savais plus depuis combien de temps j'étais là. Après avoir quitté l'hôtel, sans mes affaires au passage, j'avais erré dans les rues avant d'entrer dans le premier club trouvé.

J'ai ricané.

J'aurais dû être en train de boire et de danser avec mon nouveau mari. Pas en train de boire pour oublier les gémissements de ma sœur qui criait son nom.

Et encore moins pour effacer le fait que je m'étais fait avoir comme une idiote. Que j'avais été stupide au point de laisser mes sentiments pour Tyler m'aveugler sur sa véritable nature.

J'ai avalé un autre shot, savourant la brûlure et la musique assourdissante qui m'envahissait au point de faire trembler tout mon corps.

« Attends... Non. »

Ce n'était pas la musique qui venait de me parcourir d'un frisson.

Quelqu'un m'observait. Je sentais son regard me brûler la nuque, au point de me faire dresser les poils.

Je ne me suis pas retournée.

« Je me demande bien ce que tu as fait pour mériter ça », a lancé le barman d'un ton distrait en essuyant un verre avec une serviette.

« Quoi ? » J'ai penché la tête, me demandant s'il s'adressait bien à moi.

Le barman m'a adressé un sourire en coin, hochant la tête vers l'arrière. « Tu as l'homme le plus inaccessible du pays qui est en train de te mater. » Sa voix s'est faite plus forte. « Je me demande juste ce qu'il te trouve. »

Malgré la musique assourdissante, j'entendais les battements sourds de mon propre cœur dans mes oreilles.

J'ai retenu mon souffle, hésitant un instant.

Puis je me suis retournée, levant les yeux dans la direction indiquée par le barman.

La première chose que j'ai remarquée, c'était sa montre.

Je n'arrivais pas à distinguer la marque, mais je savais qu'elle était sertie de diamants noirs, vu les reflets projetés par les stroboscopes.

La montre enveloppait une grande main, et avec ma vue perçante, j'ai distingué un tatouage qui disparaissait sous la manche d'un costume noir.

Et c'est tout ce que je pouvais voir.

Le reste de lui n'était qu'une ombre, appuyée contre la rambarde comme s'il régnait sur le monde. Et même si je ne voyais pas son visage, je savais pertinemment qu'il me fixait.

Ce n'était pas un regard furtif.

De la curiosité ? Non, c'était plus que cela.

J'ai senti une force magnétique m'attirer vers lui. Une envie de l'affronter et de lui demander pourquoi il me regardait. Mais j'étais incapable de bouger.

Mon cœur s'est emballé. Je me suis tournée de nouveau vers le barman. « Qui est-ce ? », ai-je soufflé, l'alcool me donnant déjà la tête qui tourne.

Le sourire du barman s'est figé. « C'est Alaric Ashford. »

Un nœud s'est formé dans mon ventre.

Je connaissais ce nom.

Le barman a incliné la tête. « On dirait qu'il a trouvé sa nouvelle cible. »