Chapitre 5 Chapitre 5

Sasha lui lança un regard d'excuse. « Je suis désolée », dit-elle, « Il y avait beaucoup de clients au camion... Et j'ai eu un peu de mal à choisir ma tenue. En parlant de tenues, la tienne est juste... tu sais... waouh. Pourquoi n'es-tu pas habillée ? Ou bien l'es-tu ? »

Tilly leva les yeux au ciel. « Bonne question ! Je suis habillée comme ça parce que, comme une idiote, j'ai proposé d'aider à organiser la stupide fête de Kaleb, et il m'a confié toute l'organisation. Crois-moi, si je ne suis pas là pour surveiller tout le monde, rien ne se fait. »

Sasha sourit. Elle n'était pas du tout surprise. Tilly était une vraie maniaque du contrôle, et elle aimait faire les choses comme elle le voulait et quand elle le voulait. « Je suis sûre que tu te fais des idées », dit-elle. « Tu devrais peut-être les laisser s'occuper du reste et t'habiller. Tu mérites de profiter de la fête que tu as organisée. Elle est vraiment géniale, au fait. Tu as fait un super boulot. »

« Bien sûr que oui, pardi ! » dit Tilly avec un sourire fier. « Que ferait Kaleb sans moi ? Mais évidemment, il n'admettra jamais qu'il est incapable de se débrouiller seul. »

Sasha a ri : « Je suis absolument certaine qu'il le sait. »

« Bien. Pourquoi ne lui dis-tu pas de le dire maintenant ? » dit Tilly, mais elle fixait maintenant quelqu'un derrière Sasha, et Sasha n'avait pas besoin de se retourner pour savoir de qui il s'agissait.

« Me dire de dire quoi ? » demanda la voix de Kaleb derrière elle.

Sasha se retourna. Kaleb était là, en chair et en os, du haut de son mètre quatre-vingt-huit, la dominant de toute sa hauteur. Il était vêtu avec une élégance décontractée, d'une chemise à manches courtes ouverte au col, dévoilant la colonne vertébrale de son cou. Un pantalon de lin, ample et décontracté, lui tombait sur les hanches, maintenu par une ceinture de cuir passée dans les passants, dont la boucle, un discret rectangle d'argent, reposait sur son ventre plat... Non, elle n'irait pas plus loin...

Soudain, elle releva la tête, son regard parcourant son visage. Ses cheveux noirs étaient plus courts qu'il y a quelques semaines, coiffés d'une raie sur le côté, quelques boucles rebelles encadrant son large front. Il était toujours aussi beau, mais plus de la manière juvénile dont elle se souvenait. Ses traits ciselés s'étaient durcis. Ses pommettes saillantes étaient plus marquées, une petite ride marquait le coin de ses yeux noirs et ses lèvres fermes et sensuelles étaient pincées. Dur et accompli, il dégageait une aura de puissance et d'assurance que peu d'hommes pouvaient égaler.

Elle leva les yeux vers lui, ouvrit la bouche pour dire quelque chose, mais aucun mot ne sortit.

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Pendant quelques secondes, Kaleb a presque souhaité que Sasha ne se retourne pas. Il avait une vue imprenable sur son postérieur. Et quel postérieur ! Son regard ne quittait pas le spectacle alléchant qui s'offrait à lui. Sa robe épousait à merveille sa silhouette et ses hanches voluptueuses. Il n'avait jamais vu assez de courbes dans sa vie. Certaines des mannequins qu'il croisait étaient si maigres qu'il avait envie de leur préparer des pâtes. Il ne l'avouerait jamais, mais ces femmes n'étaient pas vraiment son genre. Un sacrilège, certes, mais que faire ? Il aimait les femmes qui avaient l'air naturelles. Avec des formes. Des femmes contre lesquelles il pouvait se blottir.

Et Sasha était exactement cela... Du moins, son corps. Elle avait toujours été belle, il le savait, mais un changement s'était opéré en elle, un changement qu'il ne pouvait s'empêcher de remarquer. La jeune fille qu'il avait connue était devenue une femme... Une très belle femme, en effet.

Elle parlait à Tilly, et il s'est approché suffisamment pour entendre leur conversation avant de réaliser qu'elles parlaient de lui.

« Me dire de dire quoi ? » demanda-t-il.

Sasha se retourna pour lui faire face, et le cœur de Kaleb rata un battement. Elle était l'incarnation même de la féminité voluptueuse, vêtue d'une robe rouge qui lui coupa la gorge. Ses cheveux, relevés en chignon, semblaient indisciplinés, comme après une nuit d'amour passionnée, et ses yeux brillaient d'une malice mêlée à quelque chose d'indéfinissable. Mais ce sont ses lèvres qui le fascinaient.

Rouge, comme la robe, pulpeuse, comme sa poitrine. Il avait envie de l'attirer à lui, de caresser son corps des épaules aux genoux et de l'embrasser à en perdre la raison.

« Oh... Non... Rien », dit Sasha au bout d'un moment, avançant une jambe et se balançant d'un mouvement lascif des hanches. « Tu connais ta sœur. Elle parle beaucoup... De beaucoup de choses. Je ne sais pas comment ça s'est passé depuis ton retour, mais d'habitude, on ne la laisse pas parler aux gens sans son Prozac », ajouta-t-elle d'un ton enjoué.

Tilly leva les yeux au ciel et lança un regard noir à son frère. « Tu ferais mieux de trouver un moyen de me remercier comme il se doit pour tout le travail que j'ai fait pour toi », dit-elle. « C'est ta fête, mais tu n'as quasiment rien fait pour l'organiser correctement. »

Kaleb haussa les épaules : « Tu as insisté, ma chère sœur. Alors je t'ai laissé faire. Ne me dis pas que tu te plains maintenant. Je pense que nous sommes tous d'accord pour dire qu'il est trop tard pour ça. N'est-ce pas, Sasha ? »

Sasha cligna des yeux. Elle était tellement perdue dans ses pensées qu'il lui fallut un instant pour revenir à la réalité. « Je suis sûre que Tilly est bien intentionnée. Elle est juste de mauvaise humeur, et puis, on est toutes les deux d'accord pour dire qu'elle a fait un travail formidable. »

Kaleb sourit. « Oui, elle l'a fait », acquiesça-t-il, puis il se tourna vers Tilly. « Nommez ce que vous désirez et il vous sera accordé. »

Tilly sourit à son frère. « C'est tout ce que je voulais entendre », dit-elle. « À plus ! »

Tilly partit, laissant Sasha et Kaleb seuls. Un silence gênant s'installa un instant avant que Kaleb ne se tourne à nouveau vers elle. Il porta son verre à ses lèvres et savoura le whisky vieilli qui lui réchauffait la gorge. Quand s'était-il senti aussi mal à l'aise et aussi gêné en présence d'une femme pour la dernière fois ? Il ne s'en souvenait plus, mais il y avait quelque chose chez Sasha qui le paralysait, et il craignait de dire une bêtise.

Elle était belle, pensa Kaleb en sentant son désir s'éveiller et en fronçant les sourcils. Il se comportait comme un jeune homme naïf, pensa-t-il avec exaspération. Elle était belle, certes, mais il avait déjà vu de belles femmes. Il n'avait pas atteint l'âge mûr de trente-deux ans sans avoir lui aussi couché avec un certain nombre d'entre elles, et le fait de désirer ainsi cette femme, l'amie de sa sœur, l'irritait au plus haut point. Elle se lécha alors les lèvres, et son estomac se noua sous l'effet d'une émotion soudaine.

Mince alors, pensa-t-il, l'intensité de sa réaction lui rappelant qu'il jouait avec le feu.