Chapitre 4 Chapitre 4

À cet instant, Céleste était pleinement éveillée.

Elle savait que Liam se tenait à côté de la gouvernante. Elle connaissait par cœur l'emplacement de tous ses vêtements.

Comment pouvaient-ils ne pas les trouver ?

« Si vous ne les voyez pas, cherchez mieux. Fouillez chaque placard, un par un. Et si vous ne trouvez toujours pas, prenez autre chose ! »

Sur ces mots, elle raccrocha.

Elle jeta un coup d'œil à l'heure : six heures du matin.

Liam avait vraiment dépassé les bornes. L'appeler si tôt juste pour une chemise ? Il avait perdu la tête.

De l'autre côté, la gouvernante, terrifiée, balbutia :

« M... monsieur, madame a raccroché. »

Liam la fixa, impassible. Il entendait bien la tonalité d'occupation.

« Monsieur, souhaitez-vous toujours porter la chemise bleue ? » demanda prudemment la gouvernante.

Le visage de Liam se crispa. Après un silence, il répondit d'un ton froid :

« Demande-lui quelle cravate porter avec cette chemise. »

La gouvernante resta muette.

C'était sans doute la cravate beige à motifs. Elle l'avait vue plusieurs fois, elle s'en souvenait parfaitement.

Mais comment pouvait-elle en être sûre ?

Pourtant, elle n'osa pas désobéir et, à contrecœur, rappela Céleste.

Cette fois, la sonnerie retentit longuement avant que Céleste ne décroche.

« Madame, nous avons trouvé la chemise, mais quelle cravate doit-il mettre ? D'habitude, c'est vous qui choisissez, et je ne veux pas faire d'erreur.

J'ai peur que M. Reed se fâche », ajouta-t-elle, hésitante.

Céleste se massa les tempes.

« Celle à motifs beiges, dans le quatrième compartiment du tiroir de gauche, troisième emplacement. »

Un léger bruit se fit entendre à l'autre bout, puis la voix de la gouvernante revint, hésitante :

« Je ne la trouve pas... »

Céleste marqua une courte pause.

« Passe-moi Liam. »

« Ah, M. Reed n'est pas encore réveillé », répondit la gouvernante.

« Alors va le réveiller ! » s'emporta Céleste.

Un silence suivit, puis une voix grave, encore enrouée de sommeil, retentit :

« Quoi de neuf ? »

Le ton détaché de Liam la fit douter un instant. Peut-être qu'elle s'était montrée trop méfiante.

Elle pinça les lèvres et prit une inspiration avant de dire :

« Je vais vous envoyer dans quelques jours une liste avec l'emplacement de vos affaires. Vos vêtements, vos objets. J'espère que vous ne me dérangerez plus pour ce genre de futilités. »

« Des futilités ? » répéta Liam avec ironie.

« Céleste, ce n'est pas ton passe-temps favori, ça ? Tu veux même contrôler les sous-vêtements que je porte. Ce n'est pas le but de ta vie ? »

Le souffle de Céleste se coupa. Ses doigts se crispèrent tandis qu'une douleur lui serra la poitrine.

Elle s'était préparée à ce genre de mots, mais les entendre réellement était bien différent.

Même le cœur le plus solide ne pouvait rester impassible devant une telle cruauté.

Un silence pesant s'installa entre eux.

Puis Céleste finit par dire, la voix rauque :

« Tu as raison, je n'ai aucune ambition. Alors, à partir de maintenant, je m'en fiche. Signe les papiers, et tout sera fini. »

Le sujet du divorce relança la colère de Liam.

« Tu as terminé ton petit spectacle ? » cracha-t-il.

Céleste esquissa un rire amer.

« Ai-je seulement le droit d'en avoir un ? »

« Tu vas le regretter ! » lança Liam avant de raccrocher brusquement.

Céleste eut un sourire forcé.

Toutes ses attentions, ses efforts, n'étaient donc que des blagues à ses yeux.

Quand elle préparait avec soin ses vêtements pour chaque occasion, il la méprisait sans doute en secret.

Quelle valeur pouvait avoir une femme qui ne se consacrait qu'à ces détails insignifiants ?

Même elle finissait par se mépriser.

« Monsieur, souhaitez-vous toujours porter celui-ci ? » demanda timidement la gouvernante.

Elle avait déjà vu le couple se disputer, mais jamais de cette façon.

Liam n'avait jamais été aussi dur, ni aussi froid.

Il jeta un regard vers le dressing. Les affaires de Céleste occupaient plus de la moitié de la penderie.

Elle n'avait même pas pris ses affaires malgré le divorce. C'était donc ça, sa manière d'agir ?

Un ricanement lui échappa.

« Portez simplement ce qu'elle a dit. »

À peine eut-il parlé que son téléphone se mit à sonner.

Il décrocha en marchant.

« Monsieur Reed, il y a un problème avec Mlle Sydney », annonça une voix.

Un grave accident venait de se produire sur un viaduc : onze morts, neuf disparus et plus de soixante blessés.

Un drame sans précédent à J City depuis vingt ans.

Plus de vingt-quatre heures s'étaient écoulées, et les opérations de secours continuaient.

Partout, on priait pour les victimes.

Mais en ligne, les fans de Sydney se disputaient violemment avec les internautes.

Tout était parti d'une vidéo montrant la scène de l'accident : Sydney, indemne, sortait de sa voiture et était aussitôt prise en charge par les secours, tandis que de nombreux blessés graves restaient sans aide.

Le contraste avait choqué.

Certains s'étaient demandé pourquoi une personne légèrement blessée avait été sauvée avant les autres. Avait-elle profité de sa notoriété ?

Les fans de Sydney avaient aussitôt réagi, traitant les détracteurs de haineux.

Les débats s'étaient enflammés, alimentant la colère du public et déclenchant une vague de critiques.

L'affaire s'était amplifiée lorsque les méthodes de son équipe avaient été exposées : utilisation de l'accident pour faire le buzz, incitation des fans à saturer les messages officiels de condoléances, et abus de privilèges pendant le sauvetage.

Quelqu'un avait même révélé qu'elle avait été mariée avant de devenir célèbre.

L'histoire avait atteint le sommet des tendances nationales.

Trisha ricana :

« Elle aime tant attirer l'attention, qu'elle en profite cette fois ! »

Céleste, les yeux rivés sur l'écran, murmura :

« J'ai l'impression d'avoir déjà vu ce compte la dénoncer. »

Trisha marqua un temps avant de répondre :

« Beaucoup de gens utilisent cet avatar. C'est normal d'avoir l'impression de l'avoir déjà vu. »

Puis elle changea de sujet :

« Quels sont tes plans pour aujourd'hui ? »

« Je vais chez Galaxy Games pour une balance son, puis je récupère ma voiture. Tu viens ? » demanda Céleste.

« J'ai un shooting en extérieur aujourd'hui », répondit Trisha.

« On se parle après le travail. »