Chapitre 4 Chapitre 2 [Version finale]

_ Déjà ! Pas même une demi-heure ne s'est écoulée depuis que je vous ai laissé !

_ Je n'aime pas trop m'attarder sur la merde ou n'importe quoi !

_ J'imagine.

_ C'est pour cela que vous m'avez fait venir, n'est-ce pas ? Pour m'occuper de lui à votre place et non pour vous servir juste de moi en vue de lui forcer la main ?

Debout face au vitre qui donnait sur l'espace dédié à l'entraînement de ses hommes ou certains s'activaient aussi tard, Ibra les regardait faire, mains dans le dos. Imperturbable, il ne se retourna pas en entendant la porte s'ouvrir ou même parler à Ndeye.

Il ne se retourna finalement qu'à cette question pour venir s'asseoir sur la table, en face d'elle.

_ Est-ce une question ou vous voulez une confirmation ?

_ Un peu des deux.

_ Alors, oui, tu n'as pas atterri ici pour servir de moyen de pression sur ton mari à qui je n'ai quasiment rien fait. En effet, j'ai longtemps perdu tout désir de récupérer l'argent et comptais envoyer de mes hommes éliminer Saliou quand mon bras-droit est tombé sur une très intéressante information. Sa chère femme est de la famille des Dieng, celle-là qui a le monopole du contrôle de la région de Saint-Louis. J'ai donc changé d'avis et ai organisé la rencontre d'aujourd'hui sans intention de vous faire du mal mais plutôt vous donner l'opportunité d'en finir avec votre monstre.

_ Il n'est pas mort.

_ Ah ouais ? Et pourquoi ?

_ Parce que veux qu'il me voit en finir l'un après l'autre avec sa famille, ses amantes et finalement Zeyna eysa maîtresse attitrée. Ah, cette dernière ! Je me ferai un plaisir de la torturer sur la longueur en commençant par lui arracher son délicat utérus, ses doigts ensuite l'un après l'autre, ses mains, yeux, tout en lui accordant un répit empoisonné entre chaque session qui l'emprisonnera dans le cercle infini de l'alternance entre espoir et désespoir jusqu'à ce que ses neurones lâchent et qu'elle perde la raison.

_ Sublime ! J'ai presque envie d'y être, d'assister à la réalisation de ce chef d'œuvre !

_ C'est une affaire privée.

_ Malheureusement ! Quand même, entre ton arrivée et maintenant, tu sembles métamorphosée !

_ Il n'y a pas eu de métamorphose, Ibrahima Thioye. Ceci est ce que je suis vraiment. J'avais renoncé, enfoui la terreur que j'étais pour un idiot menteur doublé de traître mais plus besoin. Croyez-moi, l'amour rend aveugle.

_ Je le garderai en tête.

_ C'est quand même dommage que nous ne nous soyons pas rencontrés plus tôt et en d'autres circonstances ! J'aime beaucoup l'énergie que vous dégagez !

_ Je suppose.

_ Permettez-moi quand même de vous offrir un petit présent !

_ Une carte de visite ?

_Ce n'est pas n'importe laquelle. C'est celle du docteur Hann, le meilleur vénérologue*** de la sous-région. Je vous ai déjà trouvé un rendez-vous pour demain et les frais de votre traitement seront à ma charge. Il ne faudrait surtout pas que bébé ait à payer pour les déboires de papa.

_ Un présent vous dites ? Sérieusement ? Dites-moi plutôt ce que vous voulez en retour de votre acte de gentillesse.

_ Enfin, vous parlez le langage qui me sied. Je veux Saint-Louis.

_ Saint-Louis ?

_ L'entreprise familiale a peut être fait faillite mais votre "clan" garde toujours le contrôle sur la région. Ce contrôle est un leg de vos ancêtres, après tout et il se trouve que je veux la région. Grâce à elle, je paracheverai la prise de contrôle des nord et centre du pays.

_ Et pourquoi devrais-je accepter ? Votre petit présent ne suffit pas pour contrepartie, vous savez.

_ Parce que contrairement aux lâches voleurs et escrocs qui essaient de vous arracher ce leg à défaut de vous contraindre à le leur céder, je compte vous laisser sur vos terres et ramener à la vie l'entreprise familiale. Considérez les vingt millions que cachait votre cher mari dans votre maison aux Almadies comme un début dans ce sens. Selon vos besoins, j'injecterai par la suite progressivement tout l'argent qu'il faudra dans l'entreprise pour lui redonner sa gloire d'antan et même plus.

_ Sans prendre une part des bénéfices ?

_ Non.

_ Non ? Ce serait clairement à votre désavantage dans ce cas et à ma connaissance, Ibrahima Thioye est reconnu pour ne jamais faire d'affaires en sa défaveur.

_ C'est vrai et si je vous propose ce marché, c'est parce que ce n'est pas en ma défaveur. Vous comprendrez le moment venu.

_ Hmmm ! Laissez-moi d'abord en discuter avec mes frères, dans ce cas. Je ne peux prendre une telle décision sans leur aval

_ Ce qui est tout à fait normal. Emmenez donc ces exemplaires du contrat que j'ai fait rédiger avec vous. Vous pourriez l'étudier en même temps et prendre votre décision. J'attendrai votre appel.

_ Mais je n'ai pas...

_ Le verso de la carte de visite du médecin. Il y a mon numéro personnel. Tâchez de ne pas laisser ce papier tomber entre de mauvaises mains.

_ J'y veillerai.

_ Mouhamed !

Celui-ci qui était devant la porte entra de suite.

_ Ramène madame chez elle, tu veux bien ? Lui demanda Ibra, même si c'était indirectement un ordre

_ Veuillez me suivre, Madame Niang, dit-il alors à Ndeye

_ Madame Dieng ! Le rectifia-t-elle en se levant.

_ Mes excuses. Veuillez me suivre Madame Dieng.

Mouhamed ouvrit la porte pour Ndeye qui sortit en première et s'apprêtait à la suivre quand Ibra parla.

_ Assigne-lui également des hommes pour sa sécurité dans la plus grande discrétion. Elle va en avoir besoin, dit-il.

_ Entendu.

Mouhamed quitta alors le bureau laissant seul Ibra qui retourna à l'observation de ses hommes pour un moment avant de finalement quitter le bureau et les rejoindre.

Une heure plus tard et huit de ses hommes à terre, en train de penser le pour et le contre entre aller à l'infirmerie se soigner et risquer qu'en soit mis au courant ou endurer la douleur, Ibra se sentant enfin fatigué regagna sa chambre où il prit un long bain avant de passer au lit.

Malheureusement pour lui, le sommeil ne vint à lui que plus d'une heure plus tard et pas pour l'emmener au monde des cauchemars, pour une fois, mais plutôt aller revisiter un souvenir profondément enterré en soi du passé, le souvenir à l'origine de ce qu'il était devenu .

***Vénérologue : Spécialiste de la vénérologie, des maladies vénériennes c'est-à-dire sexuellement transmissibles de même que les infections sexuellement transmissibles.