Le Plan de Divorce à Cent Points
img img Le Plan de Divorce à Cent Points img Chapitre 2 2
2
Chapitre 5 5 img
Chapitre 6 6 img
Chapitre 7 7 img
Chapitre 8 8 img
Chapitre 9 9 img
Chapitre 10 10 img
Chapitre 11 11 img
Chapitre 12 12 img
Chapitre 13 13 img
Chapitre 14 14 img
Chapitre 15 15 img
Chapitre 16 16 img
Chapitre 17 17 img
Chapitre 18 18 img
Chapitre 19 19 img
Chapitre 20 20 img
Chapitre 21 21 img
Chapitre 22 22 img
Chapitre 23 23 img
img
  /  1
img

Chapitre 2 2

Le lendemain matin, Caroline n'alla pas à l'hôpital. Elle alla voir une avocate. Le cabinet se trouvait au 30ème étage d'un gratte-ciel de verre, avec une vue sur toute la ville. C'était approprié. Elle prenait enfin une nouvelle perspective.

Elle remit un dossier contenant son contrat de mariage et un résumé de ses biens.

« Je veux demander le divorce », déclara-t-elle, la voix calme et égale. « Je veux préparer les papiers maintenant, pour qu'ils soient prêts à être signés au moment où je le déciderai. »

L'avocate, une femme vive nommée Maître Dubois, la regarda avec une sympathie professionnelle. « Bien sûr, Madame Lefèvre. Nous pouvons tout rédiger et attendre votre signal. »

En quittant le cabinet de l'avocate, Caroline ressentit une étrange sensation de légèreté. Ce n'était pas du bonheur, mais c'était une libération. Elle s'arrêta dans un petit café et acheta un bol de soupe de poule au vermicelle et un thermos de thé chaud, le genre que Bastien aimait quand il était malade. C'était une force de l'habitude, le fantôme d'un devoir qu'elle avait accompli pendant des années.

Quand elle arriva à l'hôpital, elle s'arrêta devant la chambre de Bastien. À travers la vitre de la porte, elle vit Ariane assise près de son lit. Elle essayait de lui donner de la soupe, mais ses mouvements étaient maladroits. Elle renversa une cuillerée sur sa blouse d'hôpital, puis une autre sur les draps d'un blanc immaculé.

« Oh, je suis tellement désolée, Bastien ! » s'écria Ariane en tamponnant le désordre avec une serviette. « Je suis si nulle. »

« Ce n'est rien », la voix de Bastien était rauque mais douce. Il leva la main et essuya une larme sur sa joue. « Ce n'est que de la soupe. »

« Mais tu es blessé à cause de moi », sanglota-t-elle, les épaules secouées. « Le médecin a dit que l'inhalation de fumée était sévère. Ça aurait pu endommager tes poumons, tes mains... ta carrière... »

« Chut », la calma-t-il. « Ça en valait la peine. Tant que tu es en sécurité. »

Ariane le regarda, les yeux grands ouverts et brillants d'adoration. « Tu as toujours voulu être neurochirurgien. Tu as abandonné ton rêve d'être peintre pour ça. »

Le regard de Bastien s'adoucit. « Je n'ai pas abandonné. Je suis devenu chirurgien à cause de toi. »

Ariane parut confuse. « Qu'est-ce que tu veux dire ? »

« Tu te souviens de ce jour au lycée ? » demanda-t-il à voix basse. « Tu es tombée des gradins et tu t'es cogné la tête. Tu as été inconsciente pendant presque une minute. Je n'ai jamais eu aussi peur de ma vie. C'est ce jour-là que j'ai décidé que je voulais être médecin. Le meilleur médecin. Pour pouvoir toujours être là pour te sauver si tu en avais besoin. »

Le bol de soupe glissa des mains de Caroline, tombant sur le sol avec un bruit sourd. Elle ne le remarqua pas. Les mots résonnaient dans sa tête, un rugissement assourdissant.

Toute sa carrière. L'ambition de sa vie. Tout était pour Ariane.

Ariane haleta, la main sur la bouche. « Bastien... Je n'ai jamais su. »

Elle se jeta dans ses bras, enfouissant son visage dans sa poitrine. « Oh, Bastien. »

Il n'hésita qu'une seconde, ses yeux se dirigeant vers la porte comme s'il sentait quelque chose. Mais ensuite, ses bras s'enroulèrent autour d'elle, la serrant fort. Un tableau parfait et douloureux d'amour et de dévotion.

Caroline sentit une douleur aiguë et suffocante dans sa poitrine. Sa vision se brouilla. Elle se retourna et s'éloigna, ses pas silencieux et engourdis. Elle laissa la soupe et le thé sur le sol devant sa porte.

En bas, dans le hall de l'hôpital, elle tomba sur un des collègues de Bastien, le Dr Martin. Il était pressé, une pile de dossiers dans les mains.

« Caroline ! Je venais justement voir Bastien. Comment va-t-il ? »

« Il va bien », dit-elle, la voix creuse.

« Bien, bien. Écoute, j'ai une opération d'urgence. Peux-tu lui donner ça ? » Il lui tendit un dossier cartonné. « Ce sont ses papiers de démission du conseil de recherche. Il doit les signer. »

« Démission ? » demanda Caroline, confuse. Bastien adorait son poste au conseil de recherche.

« Ouais, il se retire pour financer une nouvelle clinique privée. Fou, non ? Sacrifier ses propres recherches... mais il a dit que c'était pour quelqu'un d'important. » Le bipeur du Dr Martin sonna. « Je dois y aller ! »

Il disparut dans le couloir. Caroline resta seule dans le hall animé, tenant le dossier. Ses mains tremblaient en l'ouvrant. À l'intérieur se trouvait la lettre de démission officielle de Bastien. Et agrafée à celle-ci, la proposition commerciale pour la nouvelle clinique.

C'était un centre de bien-être et de santé mentale ultramoderne. La principale bénéficiaire et directrice mentionnée sur la proposition était Ariane de Valois.

Le monde bascula. Ce n'était pas seulement son passé. C'était son avenir aussi. Chaque partie de sa vie était construite autour d'Ariane. Il était devenu médecin pour elle. Maintenant, il abandonnait son prestigieux poste de recherche pour lui construire un sanctuaire.

Caroline n'était qu'un nom sur un certificat de mariage. Une remplaçante. Un fantôme dans sa propre vie.

Elle pensa au jour où il avait été célébré pour une technique chirurgicale révolutionnaire. Elle avait été si fière, son cœur gonflé d'amour pour cet homme brillant et dévoué. Maintenant, elle réalisait, avec une clarté écœurante, que même ce moment appartenait à Ariane. Chaque réussite, chaque succès, n'était qu'une autre étape sur son chemin de retour vers son premier amour.

Il était temps de quitter ce chemin. Il était temps de trouver le sien.

Elle sortit de l'hôpital et entra dans la lumière crue et impitoyable du soleil. Elle sortit son téléphone et composa un numéro qu'elle n'avait pas appelé depuis des années.

Brigitte Keller. Sa meilleure amie de l'école d'architecture. Celle qui lui avait toujours dit qu'elle était destinée à plus que d'être simplement Mme Bastien Lefèvre.

Brigitte décrocha à la deuxième sonnerie. « Caroline ? C'est toi ? »

« C'est moi », dit Caroline, sa voix étonnamment stable. « Tu te souviens de ce cabinet d'architecture que nous rêvions d'ouvrir ? »

Il y eut une pause, puis la voix de Brigitte, pleine d'excitation. « Tu es sérieuse ? »

« Je suis sérieuse », dit Caroline, un léger sourire effleurant ses lèvres pour la première fois depuis ce qui semblait être une éternité. « Je quitte Bastien. Je suis prête à commencer. »

« Oh, Dieu merci ! » s'exclama Brigitte. « Je commence à chercher des bureaux ! Quelque chose à Lyon, près de chez toi, pour que ce soit pratique ? »

Caroline leva les yeux vers la ligne d'horizon, vers les gratte-ciels qu'elle avait autrefois rêvé de concevoir.

« Non », dit-elle, la voix claire et ferme. « Pas à Lyon. Ailleurs. Loin, très loin d'ici. »

            
            

COPYRIGHT(©) 2022