Entre DEUX FRÈRES : L'Élu de mon Cœur
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Chapitre 3 Chapitre 03

•••Maeve

Vendredi soir, Le Jardin Secret...

- Table 12, deux couverts » annonce Diego en passant près de moi comme une tornade parfumée à l'eau de Cologne. « Et Maeve ? Souris un peu plus. Les clients payent aussi pour l'ambiance.

Je force un sourire sur mes lèvres et lisse ma robe noire réglementaire. Vendredi soir au Jardin Secret, c'est toujours l'effervescence totale. Le restaurant huppé de Green Point attire la crème de la société capétownienne, avocats, médecins, hommes d'affaires, tous ceux qui peuvent se permettre de dépenser en un repas ce que je gagne en une semaine.

L'endroit porte bien son nom. Des plantes grimpantes courent le long des murs de briques apparentes, des guirlandes lumineuses créent une atmosphère feutrée, et chaque table est ornée d'un petit bouquet de roses blanches. C'est le genre d'endroit où j'aurais rêvé d'emmener quelqu'un, avant. Quand j'avais encore le luxe de rêver.

- Maeve ! » Clara Parks, ma collègue serveuse, me fait signe depuis le bar. « Tu peux prendre mes tables 8 et 9 ? J'ai un client difficile à la 15.

Clara est la seule ici à connaître ma vraie situation. Une fille de Langa Township qui a gravi les échelons à force de charme et de détermination. Elle a vingt-huit ans, trois enfants et un ex-mari qui ne paie jamais la pension alimentaire. Nous sommes liées par cette solidarité particulière des femmes qui se battent pour survivre.

- Pas de problème » dis-je en ajustant mon plateau.

Je me dirige vers la table 8, un couple d'âge mûr qui étudie le menu avec une concentration de chirurgiens. L'homme porte une Rolex qui vaut probablement plus que notre loyer annuel. Sa femme arbore un collier de perles qui scintille sous les lumières tamisées.

- Bonsoir, bienvenue au Jardin Secret. Puis-je vous offrir quelque chose à boire en attendant ?

Ils commandent une bouteille de champagne Dom Pérignon à huit cents rands. Huit cents rands. De quoi payer notre épicerie pendant deux semaines. Je note leur commande en souriant, mais mon estomac se tord de frustration.

- Table 12, Maeve ! » Diego claque des doigts depuis le bar. « Ils attendent !

Je me dirige vers la table 12, située dans l'alcôve la plus exclusive du restaurant. C'est là que s'installent généralement les VIP, ceux dont les noms apparaissent dans les pages peuple des magazines. En m'approchant, je distingue deux silhouettes masculines de dos.

- Bonsoir, messieurs. Bienvenue au...

L'un des hommes se retourne et mes mots meurent dans ma gorge.

Il est... magnifique. Pas beau dans le sens conventionnel, mais magnétique d'une façon qui me coupe le souffle. Cheveux noirs légèrement ondulés, yeux d'un vert émeraude intense, mâchoire carrée avec une barbe de trois jours parfaitement taillée. Il porte un costume gris anthracite qui épouse parfaitement sa silhouette athlétique, et une montre qui scintille à son poignet quand il bouge.

Mais c'est son sourire qui me désarçonne complètement. Un sourire lent, confiant, comme s'il savait exactement l'effet qu'il fait. Ses yeux me détaillent de haut en bas, pas de façon vulgaire, mais avec une intensité qui me fait rougir.

- Bonsoir » dit-il d'une voix grave, légèrement rauque. « Vous êtes nouvelle ici ?

- Non, je... j'y travaille depuis plusieurs mois.

- Étrange. Je suis sûr que je me serais souvenu de vous.

Son compagnon, un homme blond aux traits plus fins, ricane.

- Tristan, tu ne changes jamais. Excuse-le, mademoiselle. Il ne peut pas s'empêcher de faire du charme à toutes les jolies femmes.

Tristan. Même son nom sonne comme une promesse dangereuse.

- Marc, voyons » dit Tristan sans me quitter des yeux. « Où sont tes manières ? Mademoiselle... ?

- Maeve, Maeve D'Almeida » je murmure, troublée par son regard persistant.

- Maeve. » Il fait rouler mon nom sur sa langue comme s'il en testait la saveur. « C'est irlandais, non ? "Celle qui enivre". Très approprié.

Mon cœur s'emballe dans ma poitrine. Personne ne m'a jamais parlé comme ça, avec cette assurance mêlée de séduction. Les quelques garçons que j'ai fréquentés avant étaient des gamins comparé à cet homme. Car c'est bien un homme, pas un garçon, il doit avoir dans les vingt-huit ans, peut-être trente.

- Qu'est-ce que... qu'est-ce que je peux vous servir ? » je bafouille.

- Une bouteille de votre meilleur champagne pour commencer » dit Marc. « Et la carte des vins. Nous célébrons.

- Que célébrez-vous ?

- Mon ami vient de signer le plus gros contrat de sa carrière » explique Tristan. « Trois cent millions de rands.

Je manque de lâcher mon bloc-notes. Trois cents millions. C'est plus d'argent que je ne peux même l'imaginer.

- Félicitations » dis-je faiblement.

- Merci. » Tristan se penche légèrement vers moi. « Et vous, Maeve ? Qu'est-ce que vous célébrez dans la vie ?

La question me prend au dépourvu. Qu'est-ce que je célèbre ? Le fait d'avoir réussi à payer l'électricité ce mois-ci ? D'avoir trouvé des heures supplémentaires pour éviter l'expulsion ?

- Je... je ne sais pas. Chaque jour qui passe, j'imagine.

Quelque chose passe dans ses yeux, une lueur d'intérêt renouvelé, comme si ma réponse l'avait intrigué.

- Une philosophe » murmure-t-il. « J'aime ça.

- Monsieur Tristan ! » Diego apparaît soudain à côté de notre table, le sourire commercial aux lèvres. « Quel plaisir de vous revoir ! Votre table habituelle vous convient ?

- Parfaitement, Diego. Et votre service est toujours impeccable. » Tristan glisse un billet de cent rands dans la main du maître d'hôtel. « Prenez bien soin de nous ce soir.

- Bien sûr, bien sûr ! Maeve va s'occuper de vous personnellement. » Diego me lance un regard appuyé. « N'est-ce pas, Maeve ?

- Oui, monsieur Santos.

- Parfait. » Tristan me sourit à nouveau. « Nous sommes entre de bonnes mains.

Quand Diego s'éloigne, Marc se penche vers son ami.

- Tu es sûr que c'est une bonne idée ? Elle a l'air... innocente.

- Justement » répond Tristan à voix basse, mais pas assez pour que je n'entende pas. « L'innocence, c'est rafraîchissant.

Ils parlent de moi comme si je n'étais pas là. Je devrais être offensée, mais quelque chose dans le ton de Tristan, dans la façon dont ses yeux s'attardent sur moi, me fait frissonner d'une manière que je ne comprends pas.

- Je vais chercher votre champagne » dis-je en m'éloignant rapidement.

Au bar, Clara m'attrape par le bras.

- Eh bien, ma fille ! Tu as fait forte impression.

- Quoi ?

- Tristan Johnson ne te lâche pas des yeux depuis que tu es partie. Tu sais qui c'est ?

- Johnson ?

- L'héritier de l'empire Johnson Enterprises. Immobilier, mines, vignobles... La famille vaut des milliards. » Clara baisse la voix. « Et lui, c'est le genre d'homme qui collectionne les femmes comme des trophées. Méfie-toi.

Des milliards. Mon cerveau a du mal à traiter l'information. Et cet homme, cet homme incroyablement riche , semble s'intéresser à moi.

- Maeve ! » Chef Philippe Dubois sort de sa cuisine, le visage rouge de colère. « Table 12 attend toujours son champagne !

Je me dépêche de préparer la commande, mes mains tremblant légèrement. Quand je reviens à leur table, Tristan et Marc interrompent leur conversation.

- Ah, notre belle serveuse revient » dit Tristan. « J'ai cru que vous vous étiez enfuie.

- Désolée pour l'attente. » Je sers le champagne avec des gestes que j'espère assurés. « Avez-vous choisi vos plats ?

Ils commandent les mets les plus chers de la carte, homard de la côte ouest, filet de bœuf de Karoo, truffe noire. Un repas qui coûte plus que mon salaire mensuel.

Pendant le service, je ne peux m'empêcher de jeter des coups d'œil vers leur table. Tristan me regarde souvent aussi, et chaque fois que nos yeux se croisent, il me sourit de ce sourire qui fait battre mon cœur. Une fois, il me fait même un clin d'œil qui me fait rougir jusqu'aux oreilles.

- Il te plaît » constate Clara en me croisant près de la cuisine.

- C'est ridicule.

- Pourquoi ? Tu es belle, intelligente, tu travailles dur. Tu vaux largement ces filles gâtées qu'il fréquente d'habitude.

- Clara, regarde-moi. Regarde-le. Nous ne vivons pas dans le même monde.

- Justement. Peut-être qu'il a envie de changer de monde.

Vers vingt-deux heures, le restaurant commence à se vider. La table 12 est l'une des dernières occupées. Marcus consulte sa montre.

- Je dois y aller. Sarah m'attend.

- Sa femme » m'explique Tristan quand Marc se lève. « Une sainte pour supporter un mari comme lui.

Marc rit et serre la main de son ami.

- Sage. N'oublie pas notre réunion lundi matin.

- Comment pourrais-je ? Tu me le rappelles tous les jours.

Quand Marc s'en va, Tristan reste seul à sa table. Il commande un cognac et continue de boire tranquillement, sans montrer aucune intention de partir. Les autres serveurs rangent déjà les chaises sur les tables vides.

- Monsieur Johnson ? » j'ose finalement m'approcher. « Nous fermons dans quinze minutes.

- Je sais. » Il me regarde intensément. « J'attendais d'être seul avec vous.

Mon cœur manque un battement.

- Pourquoi ?

- Pour vous inviter à prendre un verre. Quelque part de plus... intime.

- Je... je ne peux pas. Je dois rentrer.

- Bien sûr. » Il ne semble pas surpris. « Une autre fois, peut-être.

Il se lève, pose un billet de cinq cents rands sur la table, un pourboire qui représente près du quart de mon salaire mensuel et s'avance vers moi.

- Puis-je vous raccompagner ?

- Non, merci. Je prends le taxi.

- Le taxi ? » Il fronce les sourcils. « Une jeune femme comme vous ne devrait pas prendre le taxi seule à cette heure. C'est dangereux.

- J'ai l'habitude.

- Ce n'est pas une raison. » Il sort son téléphone. « Franck ? Viens me chercher au restaurant. Et tu raccompagneras Mademoiselle Maeve chez elle.

- Ce n'est pas nécessaire !

- J'insiste. » Son ton ne souffre aucune discussion. « Une femme comme vous mérite d'être traitée avec respect.

Dix minutes plus tard, une Mercedes noire s'arrête devant le restaurant. Un homme imposant en costume sombre en descend et ouvre la portière arrière.

- Franck, voici Mademoiselle D'Almeida. Tu la ramènes chez elle sain et sauve.

- Bien, monsieur Johnson.

- Ce n'était vraiment pas nécessaire » je proteste encore.

- Pour moi, si. » Tristan prend ma main et y dépose un baiser léger. « Bonne nuit, Maeve. J'espère que nous nous reverrons bientôt.

Le contact de ses lèvres sur ma peau me fait frissonner. Même après qu'il ait lâché ma main, je sens encore la chaleur de son baiser.

Dans la voiture, Franck est silencieux et professionnel. La Mercedes glisse dans les rues du Cap comme un nuage. Je n'ai jamais été dans une voiture aussi luxueuse, cuir crème, climatisation parfaite, musique classique en sourdine.

- Ici, c'est parfait » dis-je quand nous arrivons dans ma rue.

Franck descend pour m'ouvrir la portière, comme si j'étais une princesse.

- Bonne nuit, mademoiselle.

Je monte les escaliers vers notre appartement, encore étourdie par cette soirée surréaliste. Cinq cents rands de pourboire. Un trajet en Mercedes. Un baiser sur la main de l'homme le plus séduisant que j'aie jamais rencontré.

Elias dort déjà quand j'entre. Je pose les billets sur la table de la cuisine, avec mon salaire et ce pourboire inespéré, nous pourrons payer le loyer à temps. Pour une fois, l'angoisse du lendemain s'estompe.

Mais dans mon lit, je n'arrive pas à m'endormir. Je revois sans cesse le sourire de Tristan, ses yeux verts, la façon dont il a dit mon nom. La chaleur de ses lèvres sur ma main. Clara a raison. Il me plaît. Il me plaît terriblement. Et c'est exactement le genre de problème dont je n'ai pas besoin en ce moment.

            
            

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