Chapitre 4 Chapitre 4

Elle fouilla du regard chaque recoin du restaurant, l'inquiétude montant à mesure que la petite restait introuvable. Elle héla un serveur.

« Excusez-moi, vous savez où est passée la fillette qui est entrée avec moi tout à l'heure ? »

Le serveur hocha doucement la tête. Il se souvenait bien de cette gamine au visage de poupée, surtout à cause de sa voix claire et douce.

« Ne vous en faites pas, mademoiselle. Elle est juste partie se laver les mains. »

Soulagée, Gwendolyn le remercia d'un hochement de tête. Elle se rappela avec satisfaction que Juliette avait retenu l'une de ses règles de base : se laver les mains avant de manger. Juste devant les toilettes se trouvait un lavabo commun. Juliette s'y trouvait, en train de se savonner les mains tout en chantonnant pour elle-même :

« Si tu frottes bien, tu deviendras plus belle au matin ! »

Un homme grand, aux épaules larges, sortit des toilettes et se plaça à côté d'elle pour se laver les mains lui aussi. En le voyant dans le miroir, Juliette écarquilla les yeux. Il était si beau qu'elle en resta bouche bée.

Il ressemble à mes frères... pensa-t-elle, fascinée. Et il est magnifique !

Elle le fixa si fort qu'elle finit par loucher. Sans détour, elle demanda :

« Vous avez des enfants, Monsieur Beau ? »

On n'a pas de papa... Alors, s'il en a, mais qu'ils ne vivent pas avec lui, peut-être qu'on est les siens !

Patrick se tourna lentement vers la petite voix. Son visage resta impassible, et sa voix, froide.

« Non. »

Juliette poussa un petit soupir.

« Moi non plus, j'ai pas de papa. »

Il fronça légèrement les sourcils en la regardant, troublé par cette enfant qu'il ne connaissait pas. Il n'avait aucune idée de comment consoler un enfant.

Juliette, elle, venait d'avoir une idée brillante. Pourquoi ne pas lui présenter Gwen ? Elle allait sûrement l'aimer ! Elle se mit à rire toute seule en s'essuyant les mains avec une serviette en papier, fière de son plan.

« On peut être amis, Monsieur Beau ? Donnez-moi votre numéro, et je vous inviterai à dîner un jour. »

Elle avait entendu cette phrase dans une série télé, où les gens partageaient des repas pour apprendre à se connaître. Normalement, c'est l'homme qui paie, mais puisque Gwen s'occupe de nous trois, c'est moi qui prendrai les choses en main !

Patrick allait s'éloigner, mais ses mots l'arrêtèrent. Il plissa les yeux, surpris par la spontanéité de la petite, un léger sourire flottant sur ses lèvres. Quelle gamine intrigante... Elle sait même proposer un dîner.

Il sortit une carte de visite dorée de sa poche et la lui tendit.

« Voilà mon numéro. »

Il n'aurait su dire pourquoi, mais quelque chose dans cette enfant lui semblait étrangement familier. Il la trouvait attachante, sans raison précise.

Juliette prit la carte avec sérieux et la glissa soigneusement dans son petit sac en bandoulière. Elle tapota le sac comme pour sceller un pacte.

« Faut que je la garde en sécurité. »

Dans un salon privé, Felicia se leva aussitôt en voyant Patrick arriver. Elle ne pouvait détacher les yeux de lui.

« Bonjour, Monsieur Lowen ! »

En la voyant, Patrick ne put s'empêcher de remarquer sa mâchoire un peu trop anguleuse, ce qui lui donna un frisson.

Felicia, elle, était en état d'alerte. C'était un homme puissant, chef de la famille la plus influente d'Avenport. Si elle parvenait à se marier avec lui, elle pourrait tout obtenir. L'excitation la submergea. Ce n'est pas ma faute si je suis irrésistible...

« Bonjour, Madame Ashton. J'ai une question. Avez-vous déjà vécu quelque chose d'étrange... comme un rêve ? »

Elle ne comprenait pas bien, mais ne comptait pas laisser passer cette chance. Il était beau, influent... alors elle saisit la perche.

« Oui, quand j'étais petite, j'ai rêvé que ma dent tombait... et le lendemain, elle est vraiment tombée. Étonnant, non ? »

Patrick resta de marbre. Il croisa les doigts sur la table et continua :

« Avez-vous déjà reçu une bague d'un homme ? »

Elle secoua la tête.

« Non. Je n'ai jamais eu de petit ami. Donc jamais eu de bague non plus. »

Elle se félicita intérieurement de cette réponse. Il me teste, mais je suis plus maligne que lui. J'ai eu plein de petits copains, mais il n'en saura rien.

Le visage de Patrick se referma. Il avait cru qu'elle était la femme dont son grand-père avait parlé. Peut-être qu'Hector avait tout orchestré... Mais il s'était visiblement trompé.

« Si je vous ai fait venir aujourd'hui, Madame Ashton, c'est pour vous proposer un accord. »

Il sortit un contrat et le lui tendit. Felicia le prit, intriguée. Elle pensait qu'il l'avait invitée parce qu'elle lui plaisait. Pourquoi parlait-il maintenant de marché ?

Elle parcourut les trois pages rapidement, ne comprenant que les grandes lignes.

« Vous me proposez un mariage fictif, c'est bien ça ? »

Il hocha la tête.

« Un contrat d'un an. Je peux y mettre fin à tout moment. Pendant ce temps, vous bénéficierez des privilèges liés à mon nom. Et à la fin, vous recevrez trente millions de dollars. »

Trente millions... Elle sentit son cœur s'emballer. Être l'épouse de Patrick Lowen, même temporairement, ferait d'elle la femme la plus enviée d'Avenport. Toute sa famille la verrait autrement. Et si elle réussissait à le séduire d'ici un an...

Elle reprit contenance, le regarda avec assurance.

« Pourquoi moi, Monsieur Lowen ? »

C'est sûrement à cause de mon charme.

Elle redressa les épaules et afficha un sourire aguicheur. Il répondit simplement :

« C'est le vœu de mon grand-père. Il est gravement malade, et je veux l'exaucer. »

Patrick était toujours à la recherche de la femme qu'il avait vue en rêve. Il n'était plus certain de ce qui relevait du songe ou de la réalité. Mais il savait une chose : il devait la retrouver.

Felicia remarqua le changement dans son regard et crut qu'il s'impatientait.

Tant pis, je signe. Ce sera mon point d'entrée.

Elle apposa sa signature rapidement, puis lui rendit le contrat. Il signa à son tour.

« Nous irons voir votre famille vendredi prochain pour la demande officielle. »

Felicia rangea le contrat, rayonnante.

« J'ai hâte, Monsieur Lowen. »

Elle se leva et quitta la pièce, l'excitation la faisant presque flotter. Mais en sortant, elle s'arrêta net. Une femme au loin attira son attention.

Elle ressemblait à Gwendolyn. Comme deux gouttes d'eau.

« Un... fantôme ? » murmura-t-elle, tremblante.

Gwendolyn est morte... Elle a été poignardée, puis percutée par une voiture. C'est impossible.

Mais elle s'approcha prudemment et appela :

« Gwendolyn ? »

Gwendolyn se retourna. Elle l'avait vue depuis un moment déjà. Elle n'était pas surprise. Son regard se durcit. Si elle l'avait pu, elle l'aurait étranglée sur place.

Juliette, entendant quelqu'un appeler sa mère, jeta un œil vers la femme élégamment habillée.

« Ton amie t'appelle, Gwen. »

Felicia resta figée, les yeux écarquillés. Elle est en vie... Gwendolyn est vivante !

Elle mit quelques secondes à reprendre ses esprits.

« C'est cette sale gosse ? Elle a bien grandi. »

Juliette, fidèle à elle-même, répondit joyeusement, pensant que Felicia était une amie.

« Oui ! J'ai cinq ans. Et j'ai deux frères aussi, ils ont cinq ans eux aussi. On est triplés. »