Son violon, sa vengeance
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Chapitre 3

Jacques ne l'a pas seulement laissée dans le hall. Il a demandé aux femmes de chambre de la traîner au sous-sol. C'était une cave à vin humide et sombre, l'air épais d'une odeur de terre et d'alcool rassis. Il lui a pris son téléphone, son sac à main, tout.

« Tu resteras ici jusqu'à ce que tu apprennes le respect, » avait-il dit, sa voix dénuée de toute émotion avant de claquer et de verrouiller la lourde porte en chêne.

Elle y est restée deux jours. Pas de nourriture, seulement une bouteille d'eau. Le froid s'infiltra dans ses os. Son corps lui faisait mal, et une crampe sourde commença dans son bas-ventre. C'était la peur, se dit-elle. Juste la peur. Mais elle grandissait, une pulsation persistante qui faisait écho au vide en elle.

Le troisième matin, la porte s'ouvrit. Une femme de chambre se tenait là, le visage impassible. « Monsieur de la Roche a dit que vous pouviez partir maintenant. Mais vous devez aller directement à l'hôpital. »

Annabelle ne demanda pas pourquoi. Elle hocha simplement la tête, son corps trop faible pour discuter. Elle enfila les vêtements simples que la femme de chambre avait apportés et sortit en titubant du manoir, clignant des yeux sous la lumière vive du soleil.

Elle devait se rendre à la clinique. Celle qu'Adam avait trouvée pour elle. Ce bébé... elle ne pouvait pas amener un enfant dans ce cauchemar. C'était une décision cruelle et douloureuse, mais c'était la seule qui lui restait.

Elle arriva à la clinique, les jambes tremblantes. L'infirmière à l'accueil était gentille mais ferme.

« Je suis désolée, madame. Pour cette procédure, nous avons besoin de la signature d'un conjoint ou d'un membre de la famille directe. C'est une exigence légale. »

Un conjoint. Un membre de la famille. Jacques était son fiancé. Adam était à des heures de route. Elle n'avait pas le choix. Ses mains tremblaient en composant le numéro de Jacques.

Il répondit à la deuxième sonnerie. « Qu'est-ce que tu veux, Annabelle ? Je suis occupé. »

En arrière-plan, elle pouvait entendre la voix douce d'Évelyne. « Jacques, qui est-ce ? C'est elle ? Dis-lui de ne pas appeler, ça aggrave mon anxiété. »

« C'est juste un appel professionnel, ma chérie, » la voix de Jacques était douce comme du miel pour Évelyne, puis se transforma en gravier pour elle. « Qu'est-ce que c'est ? Crache le morceau. »

« Jacques, je suis à l'hôpital, » commença Annabelle, sa voix se brisant. « J'ai besoin que tu viennes. J'ai besoin de ta signature pour une... une procédure. »

« Une procédure ? » se moqua-t-il. « Quoi, tu t'es mise dans le pétrin ? Tu essaies de faire de la chirurgie esthétique pour réparer cette vilaine cicatrice ? Oublie ça. Je ne paierai pas pour ta vanité. »

Il ne lui a même pas demandé de quel genre de procédure il s'agissait. Il s'en fichait.

« Jacques, s'il te plaît... »

« Je dois y aller. Évelyne ne se sent pas bien. »

Il a raccroché.

La tonalité bourdonna à son oreille, un son final et définitif. Elle fixa le téléphone, une vague de nausée la submergeant. Elle se souvint d'une fois où elle avait eu une petite fièvre, et il avait fait venir un spécialiste d'une autre région. Il lui avait tenu la main pendant des heures, lui épongeant le front avec un linge frais, murmurant qu'il ne supportait pas de la voir souffrir.

Où était cet homme ? Qui était cet étranger froid et cruel qui portait son visage ?

L'amour qu'elle avait ressenti pour lui, la dévotion profonde et inébranlable, se transforma finalement en quelque chose de froid et de mort. Il n'y avait plus rien à sauver.

Elle se tourna pour quitter la clinique, son plan en ruines. Elle devrait trouver un autre moyen. En poussant la porte vitrée, elle se figea.

Une Bentley noire s'était arrêtée au bord du trottoir. Jacques en sortait, ouvrant la portière passager pour Évelyne. Évelyne avait l'air pâle et délicate, s'appuyant sur son bras alors qu'il l'aidait à sortir de la voiture. Ils étaient au même hôpital.

Jacques la vit. Un sourire cruel tordit ses lèvres. « Tiens, tiens, qui voilà. Tu nous suis, Annabelle ? Je savais que tu ne pouvais pas rester loin. »

Elle ne dit rien, essayant juste de passer devant eux. Il lui bloqua le chemin.

« Pas si vite, » dit-il. « C'est un timing parfait, en fait. Évelyne a eu une autre de ses crises. Le médecin a dit qu'elle est anémique. Elle a besoin d'une transfusion sanguine. »

Il la toisa de haut en bas, ses yeux cliniques et froids. « Vous avez le même groupe sanguin. J'ai vérifié. Tu vas donner. »

« Quoi ? Non, » dit Annabelle, sa main se posant instinctivement sur son ventre. « Je ne peux pas. Je... je ne vais pas bien. »

« Ne sois pas égoïste, » lança-t-il sèchement. « Évelyne a essayé de se couper les veines ce matin à cause de ce que tu as dit. C'est le moins que tu puisses faire. »

« Jacques, je suis enceinte, » murmura-t-elle, les mots un plaidoyer désespéré de la dernière chance. « Je ne peux pas donner de sang. »

Il la fixa, puis rejeta la tête en arrière et rit. Un son rauque et laid. « Enceinte ? Ne sois pas ridicule. Tu dis ça juste pour t'en sortir. Tu es toujours si dramatique. »

Des larmes coulaient sur son visage, mais elle ne fit aucun bruit. Elle resta là, son cœur se brisant encore et encore.

Il lui attrapa le bras, sa prise meurtrière. « Tu vas le faire. »

Il la traîna de nouveau dans la clinique, ignorant ses protestations. Il la poussa dans une petite pièce, la forçant à s'asseoir sur une chaise. Une infirmière entra avec une aiguille.

« S'il vous plaît, » supplia Annabelle en regardant Jacques. « S'il vous plaît, ne faites pas ça. »

Il ne la regardait pas. Il fixait juste la fenêtre, la mâchoire serrée. « Prenez-lui 400 ml, » dit-il à l'infirmière.

L'aiguille glissa dans sa veine. Elle sentit une vague de vertige alors que son sang, la force vitale même dont elle avait besoin pour son bébé, était tiré de son corps. Elle se sentit faible, sa vision se brouillant sur les bords.

Quand ce fut fini, il ne la regarda même pas. Il prit juste la poche de sang et sortit de la pièce. Elle le regarda s'éloigner dans le couloir, son bras autour d'une Évelyne à l'air triomphant, et la laissa là, vidée et vide.

            
            

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