Chapitre 5 Chapitre 5

Maëva se leva tôt ce matin-là, comme si quelque chose l'avait poussée à agir. Peut-être la promesse qu'elle s'était faite à elle-même la veille : celle de comprendre enfin ce qu'elle voulait. Après la conversation avec Noah, elle n'avait pas trouvé la paix. Le goût de la décision qu'elle n'avait pas prise l'avait hantée toute la nuit. Elle savait que tout serait différent désormais. Mais était-ce une mauvaise chose ? Elle ne savait plus.

Elle se leva, se dirigea vers la fenêtre, et observa la ville qui s'éveillait lentement sous les premiers rayons du soleil. Elle ressentait ce même vide qui l'avait envahie depuis le début de cette histoire. Quelque chose d'incomplet, un puzzle dont les pièces n'arrivaient plus à s'emboîter. Elle n'avait jamais été une personne qui fuyait les difficultés, mais cette situation-là, avec Noah et Khalil, la dépassait.

Ses pensées s'arrêtèrent brusquement quand son téléphone vibra sur la table. Un message de Noah.

Noah – 08:14 :

Je ne peux pas continuer comme ça. On doit parler.

Elle prit une profonde inspiration. Elle savait ce que cela signifiait. Il fallait qu'ils aient cette conversation, cette conversation qui ne viendrait jamais si elle ne la provoquait pas. Elle savait qu'elle n'avait plus le choix. Tout comme Noah.

Elle enfila une veste, attrapa son sac et sortit sans plus de réflexion.

Le café était plus fréquenté que d'habitude. L'air semblait plus lourd aujourd'hui. Peut-être parce qu'elle savait qu'elle allait croiser Noah. Peut-être parce qu'elle savait que cette rencontre allait marquer un tournant dans leur relation.

Elle le repéra tout de suite, seul à une table, le visage pensif, comme s'il attendait depuis des heures. Quand il la vit, il se leva immédiatement, ses yeux brillaient, mais il n'était plus le même qu'auparavant. Il avait changé.

– Tu es là, dit-il, sa voix plus douce qu'elle ne l'avait été lors de leur dernière rencontre.

– Oui, répondit-elle, prenant place en face de lui. On doit parler.

Ils restèrent un instant à se regarder, chacun cherchant le bon mot, la bonne manière d'aborder ce qui semblait désormais inévitable.

– Je ne veux pas que tu crois que je me détourne de toi, Noah. Mais je dois te dire la vérité.

Il la fixa intensément, presque comme s'il cherchait à lire chaque mot dans ses yeux.

– Vas-y, répondit-il. Je t'écoute.

Elle prit une grande inspiration.

– Je ne peux pas te dire ce que je ressens en ce moment. Je suis perdue. Mais il y a une chose que je sais avec certitude : je ne veux pas perdre notre amitié, Noah. Je ne veux pas te perdre, mais je ne suis pas prête à faire ce choix. Pas maintenant.

Il sembla déstabilisé par sa réponse. Son visage s'assombrit un instant, puis il baissa les yeux.

– Alors, tu choisis Khalil ? dit-il, d'une voix presque cassée.

Elle secoua la tête, désolée.

– Non, je ne choisis personne. Je veux juste un peu de temps. Et je te demande de me laisser ce temps, Noah. Je sais que ça te fait mal, mais je ne peux pas agir sous pression. Ce n'est pas juste pour toi, et ce n'est pas juste pour moi.

Un silence pesant s'installa entre eux. Maëva ne savait plus quoi ajouter. Elle avait dit ce qu'elle pouvait. Maintenant, il fallait attendre.

– Si tu veux vraiment du temps, alors prends-le, répondit-il, le regard sombre. Mais sache que je ne peux pas rester à attendre indéfiniment. Je t'aime, Maëva. Mais je ne serai pas celui qui va te forcer à faire ce choix.

Elle hocha la tête, reconnaissant son honnêteté. Mais à l'intérieur, elle savait que tout ça allait les changer à jamais.

Ils restèrent encore quelques minutes dans le silence, avant que Noah ne se lève brusquement. Il sembla hésiter un instant, puis il parla.

– J'ai besoin de m'éloigner un peu. C'est trop pour moi.

Maëva ne répondit pas tout de suite. Elle le regarda partir, se sentant étrangère à cette scène, perdue dans cette atmosphère glacée. Mais quelque chose en elle la poussait à le comprendre. Elle savait qu'il n'y avait pas de solution facile. Et peut-être que la seule façon d'y arriver, c'était de prendre du recul.

Elle resta là, assise, seule à sa table. Elle avait l'impression d'être figée dans le temps, comme si rien autour d'elle ne pouvait plus bouger. Ses pensées se tournaient encore et encore autour de la même question : Pourquoi n'arrivait-elle pas à choisir ?

Le soir, elle se rendit au terrain de basket. Elle n'avait pas parlé à Khalil depuis quelques jours. Elle savait que la situation entre eux se détériorait. Mais ce n'était pas par manque d'amour ou de volonté. C'était juste... compliqué.

Elle aperçut Khalil sur le terrain, dribblant seul, son regard concentré. Quand il la vit, il s'arrêta, lui souriant.

– Salut, dit-il simplement.

Elle s'approcha, hésitante.

– Salut.

Ils restèrent là, un instant, dans un silence lourd. Puis Maëva décida de briser la glace.

– Khalil, je... je crois que je vais devoir te parler de quelque chose.

Il la regarda, sans dire un mot, l'invitant à poursuivre.

– Je suis perdue, Khalil. Je suis perdue et je ne sais pas quoi faire. Je... je n'ai pas su comment gérer ce qui se passe avec Noah. Je ne veux pas te blesser, mais je sais que j'ai déjà fait souffrir quelqu'un. Et je n'ai pas les réponses que tu attends.

Khalil la fixa longuement, puis, d'un ton calme, il répondit :

– Tu n'as pas à tout porter toute seule, Maëva. Je comprends que tu sois perdue. Mais tu sais quoi ? Ce n'est pas toi seule qui souffre. Moi aussi, j'ai mal. Parce que je t'aime, mais... je vois bien que ce n'est pas aussi simple que ça.

Elle tourna la tête, ne supportant plus de le regarder dans les yeux.

– Ce n'est pas juste pour nous deux, ajouta-t-il. Mais je ne vais pas t'obliger à faire un choix. Fais-le quand tu seras prête. Juste... ne me laisse pas dans l'ombre, d'accord ?

Elle acquiesça, la gorge serrée. Elle ne savait plus quoi dire. Elle se sentait épuisée, démoralisée, comme si elle avait perdu le contrôle de tout ce qui comptait pour elle.

Ce soir-là, elle rentra chez elle, son cœur lourd de décisions non prises. Mais quelque chose en elle commençait à se dessiner, lentement. Elle savait que, tôt ou tard, elle devrait se libérer de ce fardeau. Mais à quel prix ?

                         

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