Chapitre 3 Chapitre 3

Les jours suivant la confession de Noah à Maëva furent marqués par un silence lourd, presque insupportable. Noah se sentait comme un étranger dans sa propre peau. Chaque regard échangé avec Khalil, chaque phrase prononcée par Maëva semblait résonner dans sa tête, amplifiée par l'incertitude qui l'envahissait.

Ce soir-là, il se retrouva à nouveau sur le terrain de basket, seul cette fois. Il avait besoin de cette libération, de courir jusqu'à ce que ses pensées s'effacent, jusqu'à ce que son cœur arrête de battre si fort. Mais même là, il ne pouvait échapper à l'écho de sa propre confession.

Il s'arrêta un moment, les mains sur les genoux, essoufflé. Son regard se posa sur la ligne de fond, où il aperçut une silhouette familière. Khalil. Il était là, seul aussi, comme si le destin avait décidé de les confronter à leurs choix.

– T'as besoin de parler ? demanda Khalil en s'approchant lentement.

Noah se redressa, essuyant la sueur de son front. Il ne répondit pas immédiatement. Les mots semblaient l'étouffer.

– De quoi on parle ? finit-il par lâcher, avec un léger sourire amer.

Khalil s'assit à côté de lui. Il ne répondit pas tout de suite. Les deux hommes restèrent là, dans un silence presque paisible, comme s'ils cherchaient à se comprendre sans parler.

– J'ai vu ton message, dit Khalil finalement. Maëva m'a dit ce que tu lui as dit.

Noah se tendit. Il n'avait pas anticipé que cela devienne un sujet de conversation entre eux. Il aurait voulu éviter cela.

– Je pensais que tu m'avais dit que tu... Tu savais ce qu'il fallait faire, souffla Khalil, sans vraiment poser une question, mais plus comme une affirmation.

Noah se tourna vers lui, son regard dur.

– Et toi ? Tu savais quoi faire quand tu l'as vue, cette première fois ? Ce n'était pas comme ça pour nous. Je ne l'avais pas vue comme toi.

Khalil sembla sur le point de répondre, mais il se tut, observant Noah avec un mélange d'incompréhension et de frustration.

– C'est ça le problème, tu sais ? reprit Noah. On ne l'a jamais vue de la même façon. Je savais, en la voyant, que j'étais déjà trop en retard. Mais j'ai pas pu m'empêcher de l'aimer.

Le silence s'intensifia. Il y avait des non-dits, des choses qu'aucun des deux n'osait dire, mais qui pesaient sur l'atmosphère comme une brume épaisse.

Noah se leva d'un coup, repoussant la balle qui traînait sur le sol.

– On s'est tous les deux fait avoir. Parce qu'on a voulu être là pour elle, et maintenant, c'est moi qui vais partir. C'est trop tard.

Khalil se leva à son tour, visiblement contrarié, mais sans savoir comment répondre.

– Tu ne peux pas faire ça, Noah. Pas maintenant. Pas quand tout ça est encore... en suspens. Ce n'est pas une fin.

– Pour toi peut-être, mais pas pour moi. Elle m'a choisi, Khalil. Elle m'a choisi... après tout ça.

La colère monta en lui, une frustration qu'il n'arrivait pas à contenir.

– Tu veux dire après ce que j'ai fait, dit Khalil, mais pas comme tu penses. Ce n'était pas prévu. Mais toi et moi, on est coincés. Tous les deux. Et là, Maëva... elle, elle doit faire son choix.

Noah secoua la tête, le cœur de plus en plus lourd. Il se détourna et s'éloigna du terrain. Il n'y avait plus rien à dire.

Maëva, de son côté, se retrouvait à un carrefour qu'elle n'avait pas prévu. Elle avait l'impression de perdre pied, de se retrouver entre deux mondes qui se télescopaient. D'un côté, il y avait Noah, sa douceur, sa manière de comprendre sans juger, et de l'autre, Khalil, avec sa présence magnétique et son charisme qui la rendait folle. Mais elle ne pouvait pas continuer à jouer sur deux tableaux. Elle ne pouvait plus nier la vérité.

Elle ne savait pas pourquoi elle avait retardé le moment de faire un choix. Peut-être qu'elle espérait que tout finirait par se résoudre de lui-même. Peut-être que l'un d'eux finirait par la comprendre sans qu'elle n'ait à prendre de décision.

Elle savait que Noah attendait une réponse, mais elle ne pouvait pas lui donner ce qu'il voulait. Pas sans se trahir elle-même.

Ce soir-là, elle se rendit sur le terrain. Elle avait besoin de le voir. Les mots qu'il lui avait dits lui trottaient dans la tête depuis trop longtemps. Il fallait qu'ils en parlent, qu'ils règlent cette situation une bonne fois pour toutes.

Elle arriva et aperçut les deux hommes, là-bas, sur le bord du terrain. Mais quelque chose n'allait pas. Les regards entre eux étaient tendus, plus qu'à l'ordinaire.

Elle hésita un instant, puis s'avança. Dès qu'ils la remarquèrent, tout s'arrêta. Khalil détourna les yeux, visiblement mal à l'aise. Noah, quant à lui, la regarda sans rien dire, mais l'intensité de son regard en disait long. Il attendait.

– Il faut qu'on parle, dit Maëva, brisant le silence.

Les deux hommes échangèrent un regard, et c'est Khalil qui, le premier, se décala.

– Je vais vous laisser, dit-il d'un ton presque froid, avant de s'éloigner.

Maëva ne dit rien. Elle se tourna vers Noah. Il était là, juste devant elle, mais l'espace entre eux semblait infiniment grand.

– Ce que tu m'as dit, la veille, je ne m'y attendais pas, dit-elle, sa voix tremblante. Je pensais que ça... allait être plus simple.

Noah baissa les yeux, comme si chaque mot qu'elle disait lui enfonçait encore un peu plus la lame.

– Tu m'as demandé de choisir. Mais tu n'as pas vu ce qui se passait, Maëva. C'est trop tôt pour moi. Trop compliqué.

Elle soupira, sa gorge serrée par une vague de tristesse.

– J'ai besoin de temps, Noah. Pas juste pour toi, mais pour moi. Pour savoir ce que je ressens vraiment.

Noah acquiesça lentement, sans rien dire. Ce silence entre eux était la seule chose qui faisait encore sens dans ce chaos.

Il n'avait plus de mots. Rien d'autre à dire. Juste le poids de ce qu'il venait de confier, et le vide qui s'installait dans son cœur.

Elle posa une main sur son bras, doucement, hésitante. Mais Noah la repoussa doucement, sans force, mais avec la certitude que tout cela était trop tard. Il tourna les talons, s'éloignant à son tour, et disparut dans l'obscurité.

Maëva resta là, sur le terrain, seule avec ses pensées. Elle savait que tout avait changé. Mais comment revenir en arrière, quand on a fait trop de choix ?