Chapitre 4 Chapitre 4

Les jours passèrent sans que rien ne se résolve. Maëva se retrouvait coincée dans un tourbillon de pensées, hantée par les paroles de Noah et l'éclat de la douleur qu'elle y avait vue. Son cœur ne savait plus quel chemin emprunter. À chaque rencontre avec lui, il y avait cette tension dans l'air, ce silence lourd qu'ils semblaient tous deux porter sans le dire.

Khalil, lui, ne faisait qu'ajouter à son malaise. Chaque sourire, chaque geste qu'il lui adressait semblait chargé de sous-entendus. Il attendait, elle le savait. Il attendait qu'elle fasse un choix. Mais elle n'en était pas capable. Pas encore.

Aujourd'hui, elle se retrouva sur le banc du parc, seule. Son regard vagabondait, cherchant à fuir les pensées qui tournaient en boucle dans sa tête. Elle savait qu'elle ne pouvait plus fuir indéfiniment. Il fallait qu'elle prenne une décision. Mais pourquoi était-ce si difficile ?

Les voix des enfants qui jouaient près d'elle la tirèrent de ses réflexions. Elle ferma les yeux un instant, essayant de se vider la tête, mais tout lui revenait. Les regards échangés, les mots non dits, le poids du choix qui l'alourdissait.

Elle inspira profondément, se leva, et se dirigea vers le café où elle savait qu'elle pourrait le trouver. Noah. Elle avait besoin de lui parler. Mais elle n'était pas certaine de ce qu'elle voulait vraiment.

Lorsqu'elle entra dans le café, il était là, assis à une table au fond, un livre ouvert devant lui mais il ne semblait pas vraiment le lire. Il leva les yeux en la voyant approcher et lui offrit un sourire timide. Ce sourire qu'elle connaissait bien, celui qu'il lui offrait sans fard, sans artifice.

Elle s'assit en face de lui.

– Salut, dit-elle doucement.

– Salut, répondit-il, son regard fuyant.

Le silence entre eux se prolongea un moment. Aucun d'eux ne savait vraiment par où commencer. Finalement, c'est Maëva qui brisa la glace.

– J'ai réfléchi. Beaucoup réfléchi.

Noah la regarda, attendant la suite, mais il ne disait rien. Il était là, juste là, en face d'elle, mais il semblait étranger.

– J'ai besoin de savoir... ce que toi tu ressens vraiment, Noah. Pas de cette distance que tu mets, pas de ce silence qui te pèse. Je veux comprendre ce que tu ressens pour moi. Parce qu'en ce moment, je ne sais plus où je suis.

Noah la fixa, les yeux pleins de cette tristesse qu'il cachait toujours. Il n'était pas prêt à dire ce qu'il ressentait. Pas encore.

– Je suis désolé, Maëva. Je suis désolé d'avoir dit ce que j'ai dit. Je... je voulais pas te mettre dans cette situation. C'est juste que... je t'aime, et je pensais qu'en le disant, ça pourrait alléger tout ça. Mais je crois que j'ai fait plus de mal que de bien.

Elle secoua la tête. Ce n'était pas ce qu'elle voulait entendre. Pas encore. Elle avait besoin d'un choix, pas d'une excuse.

– Je ne veux pas de tes excuses. Je veux comprendre. Pourquoi tu ne peux pas juste être avec moi, Noah ?

Il se leva brusquement, s'éloignant d'un pas, comme si la conversation devenait trop intense pour lui. Il se dirigea vers le comptoir du café, prit une tasse de café noir, puis revint s'asseoir en face d'elle. Son regard était devenu dur, distant.

– Parce que je sais ce que ça va engendrer, répondit-il. Parce que je sais que ça va tout briser. Si tu choisis d'être avec moi, tu vas perdre Khalil. Et moi, je ne veux pas ça. Je ne veux pas que ce soit à cause de moi que votre amitié se brise.

Maëva sentit son cœur se serrer. Ce qu'il disait, c'était exactement ce qu'elle craignait. Mais est-ce que ça signifiait qu'il voulait abandonner ? Abandonner tout ce qu'ils avaient vécu ensemble ?

– Et toi ? murmura-t-elle. Tu n'as jamais pensé à ce que tu ressens, toi ?

Noah détourna les yeux, comme s'il évitait de la regarder.

– Je ressens trop de choses pour ça, Maëva. Trop de confusion. Trop de douleur. Et je ne peux pas te demander de choisir entre Khalil et moi. Pas après tout ce que vous avez partagé. Je ne veux pas être celui qui détruit ce lien entre vous.

Maëva ferma les yeux, une larme échappant de son œil gauche. Elle l'essuya rapidement, mais la douleur était déjà là. Ce n'était pas juste un dilemme entre deux hommes. C'était un dilemme entre ce qu'elle ressentait pour eux deux et ce qu'elle croyait être juste.

– J'ai envie d'être avec toi, Noah, mais je ne veux pas te faire souffrir. Je ne veux pas choisir entre vous deux. Et c'est ça, le problème.

Il se leva à nouveau, cette fois sans regarder Maëva.

– Alors, peut-être qu'il est temps de cesser de se mentir à nous-mêmes, murmura-t-il. Peut-être qu'il est temps que l'on accepte que tout ça ne fonctionnera jamais. Parce que peu importe combien je t'aime, je ne peux pas être celui que tu veux que je sois.

Elle se leva précipitamment, attrapant son bras pour l'empêcher de partir.

– Noah, attends, je... Je veux te dire que je suis prête. Mais il faut que tu me laisses le temps de comprendre.

Mais il la regarda, son regard empli de résignation.

– C'est trop tard, Maëva. Trop tard pour nous deux. Ce n'est pas à toi de choisir. Ce n'est pas à toi de faire ce sacrifice. C'est moi qui doit me sacrifier. Parce que je sais que tu ne peux pas choisir.

Il tourna les talons et partit, laissant Maëva seule, figée, ses mains tremblantes. Elle se laissa tomber sur la chaise, son esprit tourbillonnant. Elle avait tout perdu.

Khalil était déjà sur le terrain, comme s'il savait qu'il devait être là ce soir. Il attendait. Attendant que Maëva vienne, attendant peut-être un signe d'elle. Il avait toujours cru que tout serait simple entre eux. Mais la vérité, il la voyait maintenant. Tout était compliqué, tout était emmêlé.

Lorsqu'elle arriva enfin, il ne dit rien tout de suite. Il la laissa s'installer à ses côtés.

– Ça s'est bien passé avec Noah ? demanda-t-il, sans cacher une pointe de curiosité.

Maëva resta silencieuse, le regard perdu dans le vide.

– Je crois qu'on a tout gâché, murmura-t-elle enfin.

Khalil la regarda, interloqué, mais il n'eut pas le courage de répondre tout de suite. Il savait ce que cela signifiait. Il savait que tout allait changer. Et que, quoi qu'il arrive, il serait toujours là pour elle.