L'Épouse, L'Amant et L'Argent
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Chapitre 3

De retour dans ma chambre d'hôtel, mon refuge temporaire, j'ai reçu une notification sur mon téléphone sécurisé. Un simple message d'Isabelle : « Ils sont là. »

J'ai allumé mon ordinateur portable et j'ai ouvert le logiciel de surveillance. Pas les caméras de l'appartement cette fois, mais une caméra qu'Isabelle avait réussi à placer dans la chambre d'hôtel que Marc louait au mois, celle où il emmenait Chloé. L'image était granuleuse, mais suffisamment claire. J'ai vu Chloé, encore dans sa robe rouge, se jeter dans les bras de Marc.

« On a réussi, » a-t-elle dit, sa voix excitée captée par le micro. « Tu as vu la tête des gens ? Ils ont tout gobé. »

« Je te l'avais dit, » a répondu Marc en l'embrassant. « On est les meilleurs. »

Je les ai regardés s'embrasser, se déshabiller. Chaque geste était une nouvelle blessure. Ils parlaient de moi, de mon argent, de leurs projets. Ils se moquaient de ma naïveté. J'ai regardé jusqu'au bout, me forçant à absorber chaque détail de leur trahison. Je voulais que cette image soit gravée dans ma mémoire, pour ne jamais oublier pourquoi je faisais tout ça.

Soudain, le téléphone de Chloé a sonné sur la table de chevet. C'était l'alarme qu'elle avait programmée pour ne pas rentrer trop tard. Une alarme pour ne pas éveiller les soupçons de son mari. Une alarme qui rythmait sa double vie. Elle a sursauté.

« Merde, il faut que j'y aille. Alexandre va bientôt m'appeler. »

« Reste encore un peu, » a dit Marc en essayant de la retenir.

« Non, je ne peux pas. Il est bizarre en ce moment. J'ai l'impression qu'il se doute de quelque chose. »

Elle s'est rhabillée à la hâte, paniquée. En se penchant pour ramasser son sac, elle a heurté une petite lampe sur la table de chevet, qui est tombée au sol. La lampe qui cachait la caméra d'Isabelle. La caméra a basculé, offrant une vue plongeante sur le sol avant que l'image ne se coupe. Mon cœur s'est arrêté. L'avaient-ils vue ?

Quelques minutes plus tard, mon téléphone a sonné. C'était Chloé. Sa voix était faussement enjouée.

« Mon amour ! La soirée était incroyable ! Tu me manques tellement. Tu rentres quand ? »

Je jouais le jeu.

« Bientôt, chérie. Je suis content que ça se soit bien passé. »

« Je suis sur le chemin du retour. Je t'appelle dès que je suis à la maison. Je t'aime. »

Elle a raccroché. Elle essayait de vérifier si j'étais suspicieux. Elle était rentrée chez nous, agissant comme si de rien n'était. Elle a fait couler un bain, a mis de la musique. Elle m'a rejoint au lit, son corps sentant le savon et la culpabilité. Elle a essayé de m'embrasser, mais je me suis détourné.

« Je suis fatigué, » ai-je menti.

Le lendemain soir, nous avions un dîner avec des amis. Marc était là, bien sûr. Il était odieux, faisant des allusions à peine voilées à notre situation.

« Alors, Alexandre, pas trop dur la vie de mari à distance ? Faut faire attention, une femme comme Chloé, ça attire les convoitises. »

Les autres ont ri, pensant qu'il plaisantait. Chloé était livide.

J'ai posé ma fourchette et je l'ai regardé droit dans les yeux.

« C'est drôle que tu dises ça, Marc. L'autre jour, en passant devant l'hôtel Périclès, j'ai cru voir ta voiture sur le parking. C'est bizarre, c'est pas vraiment ton quartier. »

Le silence est tombé sur la table. Le visage de Marc a perdu toute couleur. Chloé a failli s'étouffer avec son verre d'eau.

« Je... je devais voir un client dans le coin, » a balbutié Marc.

« Un client ? Intéressant. »

Chloé s'est levée brusquement.

« Je ne me sens pas très bien. Je crois qu'on va rentrer. »

Elle m'a presque traîné hors du restaurant, sans même dire au revoir. Dans la voiture, le silence était glacial.

Une fois à la maison, elle a essayé de faire comme si de rien n'était.

« C'est ridicule, ce que tu as dit. Tu sais bien que Marc ne ferait jamais... »

« Je ne sais rien du tout, Chloé. »

Je me suis approché d'elle. J'ai humé son cou.

« Tu as changé de parfum ? »

« Non, c'est le même que d'habitude. »

« Non. Il y a une autre odeur. L'odeur de Marc. »

Elle a reculé, les yeux écarquillés par la panique. Elle a commencé à pleurer.

« Comment peux-tu penser ça de moi ? De nous ? »

C'était une performance magistrale. Mais je ne ressentais plus rien. Ni colère, ni tristesse. Juste un froid glacial. Dans ma tête, le compte à rebours continuait. Plus que trois jours. Trois jours avant la fin de ce cauchemar. Je l'ai laissée pleurer dans le salon et je suis allé me coucher. Le sommeil ne venait pas. Je pensais à la montagne, à la neige, au silence. À ma nouvelle vie.

            
            

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